Homélie du Père Josselin pour la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu (2021)

« Que tout se passe pour moi selon ta parole »

Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception. Nous voyons donc que tout se passe donc selon la parole de l’ange : celui qui a été conçu du Saint Esprit dans le sein de Marie prend bien le nom de Jésus, “Dieu-sauve”, il est donc bien le Sauveur. Marie l’avait bien dit : Que tout m’advienne selon ta parole (Lc 1, 38). Le Fiat de Marie à l’ange, acquiescement à la volonté divine, ouvre à la réalisation de la parole de l’ange, à l’accomplissement de la volonté du Père. Alors le Sauveur vient dans la chair, “Dieu-sauve” se fait l’un de nous, le salut arrive dans le monde. Quand la volonté de Marie qui dit son Fiat rejoint la volonté divine, alors le salut arrive. L’avènement du salut suppose d’entrer dans la volonté du Père. La question du salut apparaît comme une question de volontés qui se rejoignent, une question de convergence de volontés entre celle de Dieu et celle des hommes.

D’un côté il y a la volonté de Marie qui entre dans la volonté de Dieu lors de l’Annonciation, lors de la conception, et alors, elle devient la mère de Dieu, la mère du Sauveur, mère du Fils premier-né (cf. Lc 2, 7), Fils unique de Dieu. Parce qu’elle dit “oui” à la volonté divine, elle ouvre à l’avènement du Sauveur dans le monde.

Et il y a bien sûr la volonté humaine de Jésus à la Passion qui entre dans la volonté divine, la volonté du Père : Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne (Lc 22, 42). Et par là, par sa passion et sa résurrection selon la volonté du Père, le Christ devient le premier-né d’entre les morts (Col 1, 18). Le Christ soumet sa volonté humaine à celle de Dieu, et le salut s’accomplit, Dieu sauve de la mort.

Ces deux “oui” sont des consentements à la volonté du Père, deux “oui” qui ouvrent les portes du salut.

Si le “oui” de Marie est premier dans le temps, c’est bien le “oui” de Jésus dans sa passion qui est la source du “oui” de Marie. Marie bénéficie d’une grâce tout à fait particulière qui anticipe le “oui” de Jésus à son Père, mais qui provient déjà de ce “oui”. Le salut nous est donné par ce “oui” de Jésus à la volonté divine, par cette libre soumission de la volonté humaine à la volonté divine. Le Fiat de la Vierge Marie est contenu dans le “oui” de Jésus prononcé plus tard, car les grâces de la Vierge Marie proviennent du mystère pascal.

Pour nous aussi, accueillir le salut, permettre au salut de naître en nous, demande d’entrer dans la volonté divine. Que ta volonté soit faite. Nous savons par expérience que la volonté de l’homme est faible. Sans doute celle de l’homme moderne est-elle encore plus faible, et il se laisse mener par ses désirs. Pourtant, pour être sauvés, il faut une volonté forte pour consentir à soumettre notre volonté à celle de Dieu, vouloir ce que Dieu veut. Pour naître d’entre les morts à la suite du Premier-Né d’entre les morts, pour être fils dans le Fils, nous avons tous à redire personnellement : non pas ma volonté mais la tienne. Le Christ l’a dit pour nous, mais nous avons à ratifier ce choix. Avec force. A l’exemple de Marie.

Pour cela, il nous faut revenir souvent au Christ en sa Passion, la méditer, et voir que le Christ remet notre volonté dans celle du Père ; dans cette méditation contemplative nous trouvons la force nécessaire pour dire “oui”, avec sa grâce, en puisant à son sacré Cœur.

Et il nous faut aussi contempler Marie, apprendre auprès d’elle à faire la volonté de Dieu. Nous voyons en Marie qu’il est possible de dire “oui”, de se soumettre à la volonté divine. Pour cela, il est nécessaire, comme elle, de méditer tous les évènements et de les garder dans son cœur. Car c’est ainsi que nous pouvons discerner la volonté de Dieu et y consentir. Nous devons descendre dans notre cœur. Car dans le cœur se trouve la demeure de l’Esprit Saint. Et c’est lui qui nous fait discerner, c’est lui qui nous fait dire oui. C’est lui qui nous fait crier, Abba ! Père ! C’est lui qui fait de nous des fils plein d’amour, qui avec le Fils unique, disent : non pas ma volonté mais la tienne. Il nous faut descendre dans notre cœur, car c’est là que se joue la question du salut, c’est là que nous pouvons entrer dans la volonté du Père, dans son amour sauveur. Au fond de notre cœur nous trouvons la force, par l’Esprit, d’aimer la volonté du Père.

Puisse cette nouvelle année, qui commence auprès de la Vierge Marie qui médite toute chose en son cœur et les passe au crible de l’Esprit Saint, nous conduire à une plus grande intériorité, à regarder toute chose avec le cœur, à laisser l’Esprit Saint pousser en nous le cri des fils : Père ! Alors nous saurons un peu mieux faire la volonté du Père, alors le salut s’étendra en nous, et autour de nous.

Que Marie soit la mère de Dieu en chacune de nos âmes pour nous apprendre à dire “oui”.

Amen.