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Homélies des messes

Homélie du père Justin, IIème dimanche du TO, Jn 2,1-12

Chers frères et sœurs, nous sommes entrés dans le Temps Ordinaire, qui est un temps liturgique très important, très spécial, où nous sommes appelés à nous nourrir particulièrement de la Parole de Dieu et à faire résonner cette Parole dans notre vie de tous les jours, dans notre vie ordinaire.

C’est un temps durant lequel nous ne fêtons pas les grands évènements de la vie de Jésus, mais où nous recevons son enseignement à travers la lecture des quatre Évangiles et particulièrement de l’Évangile de l’année en cours.

C’est un temps aussi où nous lisons une grande partie des livres de l’Ancien Testament. Comme dans l’Évangile que nous avons proclamé, celui des Noces de Cana, nous sommes appelés à remplir les jarres de pierre avec de l’eau – c’est-à-dire à nous nourrir de la lecture de l’Ancien Testament – et cette eau sera changée en vin – nous obtiendrons une meilleure intelligence de l’Évangile.

Quand nous lisons et méditons la Parole, nous devons toujours tenir présent à l’esprit certains principes. L’un des plus importants est que nous devons nous laisser surprendre par l’Écriture, par la Parole.

Très souvent les auteurs bibliques nous surprennent, notamment les Évangélistes. Ils le font pour nous faire entrer dans le mystère, dans un enseignement plus profond qui vient de Jésus et qu’ils entendent nous transmettre.

Et j’ai cru remarquer que nous n’aimons pas être surpris, être déroutés à la lecture de l’Évangile, parce que cela signifie que nous n’avons pas la réponse à certaines questions et nous nous sentons en défaut. Bien souvent nous allons niés être surpris et nous allons essayer de passer outre, ou bien nous allons chercher une réponse rapidement pour mettre fin au malaise…

Au contraire ce malaise, cette incompréhension sont voulus par les auteurs bibliques et sont très riches et très importants pour la fécondité de notre lecture et de notre méditation. Il faut que nous acceptions de ne pas savoir, de nous laisser surprendre.

Et ce qu’il y a de très surprenant dans l’Évangile que nous avons proclamé aujourd’hui, c’est qu’il y a un signe qui nous parle de l’Eucharistie, dans le vin – l’eau transformée en vin anticipe un miracle plus grand qui est le vin transformé dans le sang du Christ – mais nous n’avons pas un signe eucharistique qui regarde le pain… Il ne s’agit pas de vouloir le trouver à tout prix, mais de se laisser surprendre, de se laisser désorienter.

Et puis une autre chose où nous devons accepter d’être surpris, c’est que Jésus emploie des paroles très dures pour parler à sa mère. Les paroles qu’il emploie sont vraiment dures. Cependant nous avons tellement de mal à accepter cette situation que nous avons atténué les paroles de Jésus dans la traduction.

Et pourtant Jésus emploie des paroles vraiment dures, il dit Femme, qu’est-ce qui est à moi et à toi ? comme pour dire Occupe-toi de ce qui te regarde…

Ces paroles sont dures et elles nous surprennent, cependant nous devrions aussi nous rappeler de l’Ancient Testament, en particulier du cycle d’Elie – Elie était un très grand prophète, très populaire, les épisodes bibliques de sa vie, peu nombreux, étaient très connus des contemporains de Jésus.

Et Elie un jour, durant une famine, se rend auprès d’une veuve, à Sarepta, qui vit dans la misère en compagnie de son fils – et Elie lui demande un pain. Elle lui répond qu’elle est tellement pauvre qu’une fois qu’elle aura confectionné un pain pour Elie, pour son fils et pour elle-même elle n’aura plus rien. Et Elie lui dit de ne pas s’en faire et de lui cuire malgré tout un petit pain pour lui.

Elle le fait et de jour en jour, de semaine en semaine, la farine dans la jarre ne désemplit pas et elle fait à manger pour eux trois pendant de nombreuses semaines – donc au passage on se retrouve avec un signe qui concerne aussi le pain !

Et puis, ensuite, le fils de cette veuve meure, et elle dit à Elie : Qu’est-ce qui est à moi et à toi homme de Dieu, tu es venu pour nous porter la ruine !?

C’était la croyance populaire que les prophètes apportaient plutôt des mauvaises nouvelles – et elle pense ça-y-est le prophète m’a apporté la ruine, mon fils est mort. Mais Elie ensuite le ressuscite…

Mais surtout nous nous rendons compte que Jésus a inversé les rôles. Ce n’est pas Marie, qui est veuve à ce moment et qui va perdre son fils bientôt comme cette femme, qui dit ces paroles que nous avons entendues, mais c’est Jésus qui les utilise. Jésus se met à la place de la veuve et Marie occupe par voie de conséquence la place du prophète Elie.

Et en effet on dit souvent que Marie est comme une prophétesse. Mais en réalité Marie est beaucoup plus qu’une prophétesse. Quand elle dit aux serviteurs Tout ce qu’il vous dira faites-le, ce sont les paroles de Dieu lui-même qu’elle emploie, ce sont les paroles de Dieu quand il envoie les prophètes dans le monde, et plus encore quand il envoie sa propre Parole, son propre Fils dans le monde : Tout ce qu’il vous dira faites-le…

Donc Marie occupe la même place que Dieu lui-même. Elle est Mère du Fils de Dieu, elle est épouse de l’Esprit Saint, et elle occupe la même place que Dieu le Père quand il envoie son Fils dans le monde.

Donc nous devons savoir quand nous lisons la Parole de Dieu que Marie est à nos côtés et nous dit Tout ce qu’il vous dira faites-le, ayez confiance en Dieu, ayez confiance en moi, ayez confiance en mon Fils, ayez confiance en vous par l’amour que Dieu a pour nous tous.

Le Fils exalte sa mère à un point que l’on peut à peine décrire, et en même temps il respecte son humilité et sa discrétion et cache l’exaltation extraordinaire de sa mère derrière des paroles dures en apparence envers elle.

Donc nous aussi nous devons savoir que seul le Fils peut vraiment exalter Marie, et en même temps si nous l’exaltons nous aussi c’est en accord avec le Fils et en cherchant toujours à ménager l’humilité et la simplicité de Marie.

C’est ainsi que nous ferons entrer véritablement Jésus et Marie dans notre vie de tous les jours, à travers la méditation de la Parole où nous découvrons qui ils sont réellement et qui nous sommes nous aussi – dans notre vie concrète.

Nous le voyons dans cet Évangile, le Seigneur a fait un premier signe pour quoi ? pour que les époux aient du vin, aient de la joie concrète à partager pendant leurs noces. Le Seigneur est glorifié et nous révèle sa gloire quand il entre dans notre vie la plus concrète et qu’il y participe, avec la médiation de Marie, pour nous donner la joie et que nous puissions la partager – même si tous ne savent pas d’où elle vient.

Homélie du père Justin, IIème dimanche du TO, Jn 2,1-122025-01-19T19:41:31+01:00

Homélie du Père Clément, fête de la sainte famille, année C (2024)

Frères et sœurs,
Nous célébrons aujourd’hui la Sainte Famille, ce modèle lumineux de foi, de confiance et d’amour que nous offre l’Église. En contemplant la vie de Jésus, Marie et Joseph, nous sommes invités à découvrir comment nos propres familles peuvent devenir des lieux de sainteté, même dans les défis et les épreuves de la vie quotidienne.

Les textes que nous venons d’entendre révèlent des dimensions profondes de la vie familiale : la gratitude et l’offrande, l’amour inconditionnel de Dieu- Père et sa priorité absolue dans toutes nos relations.

1. L’offrande de Samuel : une foi qui transforme la famille
Dans la première lecture (1 S 1, 20-22.24-28), nous rencontrons Anne, une femme qui avait imploré le Seigneur avec larmes pour avoir un enfant. Lorsque Dieu lui accorde un fils, Samuel, elle fait un acte d’une foi extraordinaire : elle l’offre au Seigneur en reconnaissance, en le confiant au prêtre Éli pour qu’il serve dans le Temple.
Ce geste nous enseigne que les enfants ne nous appartiennent pas. Ils sont un don précieux confié par Dieu, appelés à réaliser leur propre mission. La vocation de tout parent, tout éducateur, est de guider les enfants sur le chemin que Dieu a tracé pour eux, non de les façonner à notre image.

2. « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés ! »
La deuxième lecture (1 Jn 3, 1-2.21-24) nous transporte au cœur du mystère de notre identité : « Nous sommes enfants de Dieu ! » Cette réalité transforme tout. La famille chrétienne n’est pas seulement un lieu humain d’amour et de vie. Elle est aussi une « petite église », une icône vivante de la Trinité, où chacun apprend à aimer à l’image du Christ.
Quand nous parlons de la « Sainte Famille », nous contemplons le foyer de Nazareth, mais n’oublions pas que nous sommes, nous aussi, de cette famille divine. Nous sommes fils et filles du Père, et cela change tout dans notre manière de vivre : nous avons « confiance devant Dieu » (1 Jn 3, 21). Comme un enfant confiant, nous pouvons nous tourner vers Lui et Lui remettre nos joies, nos difficultés, nos projets, nos peines et nos espérances.
Cela nous invite à voir l’autre – le conjoint, l’enfant, le frère, la sœur, le parent âgé – comme un frère ou une sœur dans la grande famille de Dieu. Notre regard sur les imperfections ou les fragilités familiales peut alors changer : nous devenons plus accueillants, plus compatissants, plus patients, comme le Père l’est à notre égard.
Comme l’écrivait Saint Jean Chrysostome : « La maison est une petite église. C’est là que commence l’école de l’amour. » Aujourd’hui, demandons-nous : comment mes paroles, mes gestes, mon attitude peuvent-ils révéler l’amour du Père au sein de ma famille ?

3. L’évangile de la priorité : « Il me faut être chez mon Père. »
L’évangile (Lc 2, 41-52) raconte un épisode unique de l’enfance de Jésus : à l’âge de douze ans, il reste au Temple pendant trois jours, alors que ses parents le cherchent avec angoisse. Lorsque Marie et Joseph le retrouvent, il leur répond : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Cet épisode peut sembler étrange, voire douloureux pour ses parents. Pourtant, il révèle une vérité essentielle : Dieu doit être au centre de nos vies, même au sein de nos familles. Jésus, à douze ans, montre déjà que sa priorité absolue est de faire la volonté de son Père.
Pour nous aujourd’hui, cet évangile pose une question fondamentale : Dieu occupe-t-Il vraiment la première place dans ma famille ? Lui consacrons-nous un temps de prière ? Prenons-nous des décisions en fonction de ses valeurs, ou sommes-nous parfois plus influencés par les pressions du monde ?

4. La Sainte Famille : un modèle incarné
Frères et sœurs, la Sainte Famille n’est pas un idéal inatteignable. Elle est un modèle d’amour concret et incarné :
Marie : Elle garde toutes ces choses dans son cœur (Lc 2, 51), montrant une capacité d’accueil et de méditation profonde, même face à ce qu’elle ne comprend pas immédiatement.
Joseph : Il incarne la discrétion, le service, et l’obéissance silencieuse. Il protège la vie de la Sainte Famille avec un amour fort et dévoué.
Jésus : Il obéit à ses parents, tout en étant déjà tourné vers sa mission divine. Il nous apprend que l’obéissance n’est pas une faiblesse, mais une force qui libère.

5. Trois invitations pour nos familles aujourd’hui
Avant de conclure, voici trois invitations concrètes inspirées par la Sainte Famille :
1. La prière familiale : Prenons un temps régulier pour prier ensemble, même brièvement. La prière unit les cœurs et invite Dieu à être présent dans nos vies.
2. Le pardon et le dialogue : N’ayons pas peur d’exprimer nos sentiments, mais aussi de pardonner lorsque des blessures surgissent. C’est ainsi que grandit l’amour.
3. L’ouverture à la mission : Comme Anne qui offre Samuel, soyons ouverts à donner et à partager ce que nous avons reçu. Une famille chrétienne est appelée à rayonner de l’amour de Dieu autour d’elle.

Je voudrais finir par une lettre. C’est la lettre d’un personnage illustre et inoubliable de la littérature et de la société française et même au-delà. Il s’agit d’Antoine de St Exupéry. Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) était un écrivain, poète, aviateur et humaniste français, célèbre pour son chef-d’œuvre Le Petit Prince. Profondément marqué par sa foi et son humanisme, il a su allier poésie et réflexion dans ses œuvres inspirées de ses expériences de vie et de vol.Ce que je vais vous lire pour finir est la lettre de ce grand homme à sa Mère.
Lettre d’Antoine de Saint-Exupéry à sa mère/(Extrait de sa correspondance, 1923)
« Ma chère maman,
Je veux te dire aujourd’hui ce que je ne te dis pas assez souvent : combien je te suis reconnaissant, non seulement pour la vie que tu m’as donnée, mais surtout pour la manière dont tu l’as remplie. Tu as semé en moi, dès mon enfance, des trésors de lumière, de bonté, et de foi, et ces trésors continuent de me guider aujourd’hui comme les étoiles guident le marin dans l’obscurité de la nuit.
Quand je regarde ma vie, je vois que tout ce qu’il y a de meilleur en moi vient de toi : ce sens du devoir, ce respect des autres, et cette soif de quelque chose de plus grand, de plus élevé que moi-même. Tu m’as appris à prier, mais tu m’as surtout appris à aimer, et cet amour, je le porte en moi comme une flamme qui ne s’éteindra jamais.
Même loin de toi, dans mes voyages ou dans les moments où la solitude me saisit, je ressens toujours cette présence douce et réconfortante de ton amour maternel, ce lien qui me ramène à l’essentiel. Sache, ma chère maman, que ce que je fais de bon dans ma vie, je le fais un peu pour toi, en écho à ce que tu as fait pour moi. Merci, maman, pour tout ce que tu es, et pour tout ce que tu m’as transmis. Je t’embrasse avec tendresse et gratitude.Ton fils, Antoine »

Frères et sœurs, cette lettre d’Antoine de Saint-Exupéry à sa mère est un témoignage vibrant de reconnaissance envers une famille qui a su transmettre non seulement la vie, mais aussi les valeurs spirituelles et humaines qui la rendent précieuse. Comme Saint-Exupéry, nous sommes tous appelés à regarder avec gratitude ce que nous avons reçu et à le transmettre à notre tour. En cette fête de la Sainte Famille, prions pour que nos foyers soient des lieux où s’enracine et grandit la foi, l’amour et l’espérance. Que chaque parent, chaque enfant, trouve dans la Sainte Famille de Nazareth un modèle de tendresse et de fidélité. AMEN !

 

Homélie du Père Clément, fête de la sainte famille, année C (2024)2025-01-03T15:51:45+01:00

Homélie du Père Clément du IVe dimanche de l’Avent, année C (2024)

Thème : « Marie, porteur de Jésus et messagère de joie »
L’Esprit de l’Avent/ Alors que Noël est à nos portes, la liturgie de ce dimanche nous introduit dans un moment de joie profonde. Marie, porteuse du Sauveur, se rend en hâte chez sa cousine Élisabeth, et cette rencontre illumine nos cœurs d’espérance. Deux idées se dégagent de cette page d’Évangile : Marie est celle qui porte et offre Jésus, et tout chrétien, à son exemple, est appelé à devenir porteur de Christ et de joie.
1. Là où Marie arrive, Jésus est présent / Dans l’Évangile, dès que Marie entre dans la maison d’Élisabeth, sa salutation remplit l’espace de grâce. Comme le disait le pape Benoît XVI :
« Lorsque Marie entre dans la maison d’Élisabeth, sa salutation est pleine de grâce. Dans cette rencontre, le protagoniste silencieux est Jésus. Marie Le porte dans son sein comme un tabernacle et nous L’offre comme le don le plus sacré. Là où Marie arrive, Jésus est présent. »
Marie est donc un tabernacle vivant. En portant Jésus dans son sein, elle Le révèle déjà au monde. L’enfant qu’elle porte agit puissamment : il fait tressaillir de joie Jean-Baptiste dans le sein d’Élisabeth, et cette dernière, remplie de l’Esprit Saint, s’exclame : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »
• Pensons à un artisan qui transporte une lumière dans une pièce sombre. Partout où il passe, l’obscurité recule. Marie, en portant Jésus, apporte cette lumière au cœur de l’histoire humaine, une lumière qui dissipe les ténèbres du péché et de la mort.
Marie nous enseigne ici que lorsque nous portons le Christ en nous, sa présence transforme tout ce que nous touchons. Elle est le modèle parfait de celui ou celle qui reçoit Jésus avec foi et devient son messager. Cette vérité nous invite à poser une question : portons-nous Jésus dans notre vie quotidienne comme Marie ?
Lien avec Michée : Dans la Première Lecture, le prophète annonce qu’un chef sortira de Bethléem pour guider Israël. Ce roi est déjà là, caché dans le sein de Marie. Dieu opère dans l’humilité et le silence pour accomplir ses merveilles.
2. Le vrai chrétien est porteur de joie, car porteur de Christ
La visite de Marie à Élisabeth ne se limite pas à un simple acte de solidarité familiale. Elle est un geste missionnaire. Marie, habitée par la présence de Jésus, apporte la joie à sa cousine, à Jean-Baptiste, et même à la maison de Zacharie. La joie déborde là où Jésus est présent.
Un vrai chrétien, à l’image de Marie, est appelé à être porteur de joie, car il est porteur du Christ. Saint Paul, dans la Deuxième Lecture (He 10,5-10), nous rappelle que Jésus est venu pour accomplir la volonté du Père, en offrant sa vie pour notre salut. Cette bonne nouvelle est source de joie pour tous ceux qui l’accueillent.
Lors d’une mission en Afrique, un catéchiste laïc était connu pour sa joie contagieuse. Malgré les épreuves, il disait toujours : « Si Jésus est en moi, pourquoi devrais-je être triste ? Mon visage est le premier témoignage de ma foi. » Comme Marie, il portait Jésus dans son cœur et le rayonnait autour de lui.
Les obstacles à cette joie / Mais souvent, nous nous laissons submerger par les soucis, les peurs, ou le découragement. Ces obstacles éteignent la joie en nous. L’Évangile nous invite à revenir à l’essentiel : accueillir Jésus avec foi, comme Marie, et devenir porteur de sa paix et de son amour pour les autres.
Suivre l’exemple de Marie/ Marie nous montre le chemin : accueillir Jésus dans notre vie, le porter dans nos pensées, nos paroles et nos actes, puis le partager avec ceux qui nous entourent.
Prière finale (inspirée de Saint Ambroise) :
« Ô Marie, Mère de Dieu et porteuse de joie, apprends-nous à recevoir Jésus dans notre cœur comme toi. Fais de nous des messagers de son amour et de sa paix, pour que partout où nous allons, Jésus soit présent, et que nos vies soient un témoignage vivant de sa joie. Amen. ».

Homélie du Père Clément du IVe dimanche de l’Avent, année C (2024)2024-12-30T15:28:27+01:00

Homélie du Père Joseph, fête de la sainte famille, année C (2024)

Mes chers frères et sœurs !
En cette la fête de la Sainte Famille de Nazareth (Jésus, Marie et Joseph), je voudrais que nous parlions de l’un de trois membre, celle qui ne parle presque jamais et dont on parle pas beaucoup autour de Noël. Il s’agit de saint de Joseph. Ce choix n’est dû au fait que c’est mon saint patron. Il s’agit de parler de celui à qui Dieu confie la petite famille de Nazareth et c’est grâce à lui que Jésus Messie est dans la lignée et de la descendance du roi David. Je ne voudrais pas heurter les adeptes de cette l’idéologie qui veut que les hommes soient « déconstruits », que les pères et mères aient indifféremment les mêmes rôles au sein de la famille et dans l’éducation des enfants.
Que nous apprend saint Joseph, au sein de la sainte famille, au-delà de tout moralisme ? La montée d’un féminisme, parfois très idéologique, voudrait parfois détruire « l’autorité du père ». Or, en détruisant l’autorité du père, notre culture risque aussi d’éliminer l’esprit, l’autorité et la crédibilité du père de famille. Certains de nos enfants manquent de repère et se perdent à cause de ce déficit d’une « culture paternelle », des pères absents, ou n’assumant pas ou remplissant mal leur rôle dans la famille. Pas besoin de faire de vous donner des enquêtes sociologiques pour illustrer l’importance de la figure du père au sein de la famille, et cela n’enlève rien à la grande importance d’une maman ! Je le sais d’autant plus que j’avais douze quand papa est décédé… et donc que je sais la force d’amour d’une femme seule ses 7 enfants. Mais une idéologie féministe voulant évacuer, déconstruire les hommes ou la figure paternelle ne rend pas service à la structure familiale. Nous savons tous combien la famille est bousculée, malmené et attaquée par tout un tas d’idéologies dans nos sociétés.
Saint Joseph, qui a vécu il y a plus de deux mille ans reste d’actualité et a tellement de leçons et de grâces à nous donner aujourd’hui. Les pères de famille devraient le prendre pour modèle et se mettre à son école. Voici quelques traits qui caractérisent saint Joseph.
1. Saint Joseph, homme déterminé : devant un problème complexe, il agit avec détermination, et parfois contre l’opinion commune. Il épouse la Vierge Marie, une femme enceinte avant le mariage que la Loi juive punit par la condamnation à mort par lapidation. Il accepte d’élever, dans une culture légaliste, un enfant qu’il n’a pas engendré. Cela est une nouveauté radicale dans la culture juive loin de nos familles composées ou recomposées dans lesquelles beaux-enfants et beaux-parents vivent plus ou moins en harmonie.
Avec un père adoptif aussi déterminé et novateur, il n’est pas étonnant que Jésus soit porteur de la nouveauté de la Bonne nouvelle pour le monde. Pas étonnant que Jésus soit aussi déterminé, décidé, résolu, devant toutes les oppositions rencontrées en grandissant, jusqu’à donner sa vie en croix. Et moi père de famille aujourd’hui, comment suis-je présent dans la vie de mes enfants dans toutes ses dimensions. Pourquoi devrais-je me fâcher devant l’échec scolaire de mes enfants quand c’est sa maman qui va toujours toute seule aux réunions des parents d’élèves parce que « je n’ai pas envie, je suis fatigué ou occupé par autre chose ». Le comportement du père façonne positivement ou négativement la personnalité des enfants.
2. Joseph est courageux : Quand Hérode par jalousie décide de massacrer tous les enfants ( la fêtes des saints innocents célébrée hier samedi), Joseph prend sa famille pour la protéger en Egypte. Voilà pourquoi Jésus sera courageux, défiant même les autorités politiques et religieuses quand elles étaient dans l’erreur. Imaginez un peu cette scène. Vous êtes sur une terrasse avec votre fils en train de prendre un café et lui un jus de fruit. A côté de vous, deux hommes ont trop bu et se battent. Le papa dit à son fils : « allons-nous-en, ce ne sont pas nos affaires ! » Ne nous étonnons pas que cet enfant devienne plus tard quelqu’un de lâche … parce que son papa ne lui a pas transmis cette grande valeur qui s’appelle le courage !
3. Quand Jésus, adolescent dépasse les bornes et se perd dans le temple de Jérusalem, ses parents lui font des reproches. C’est l’évangile du jour ! Jésus répond de manière apparemment inappropriée comme le font les adolescents d’aujourd’hui. L’évangile nous dit cependant « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2, 51-52). Comme tout enfant, Jésus aussi a été façonné à travers l’éducation, la discipline, les valeurs, le travail, les relations, et le cadre reçu grâce à saint Joseph. Ce dernier a certainement dû lui dire, comme tant de parents à leur adolescent » : « écoute Jésus, aussi longtemps que tu seras dans cette maison, c’est moi qui fais la loi. Familiale n’est pas un hôtel ». Comme tout enfant, Jésus a appris de saint Joseph à respecter les règles, à ne pas dépasser les limites. Ainsi, plus tard Jésus était capable de nous fixer des règles et des limites à ne pas franchir dans la vie.
Faisons attention à toutes ces idéologies actuellement qui pensent qu’imposer des règles ou donner une petite punition à son enfant est incompatible avec l’amour parental ! Nous constatons une montée au sein de la société d’enfants-rois, pourris, gâtés et sans repères qui pensent qu’on peut tout permettre… On voit bien où cela conduit notre société.
4. Joseph aime au féminin : dans une culture juive très machiste où les femmes sont méprisées, Joseph est un père et un mari respectueux : il prend soin de la sainte Vierge Marie pendant tout le voyage de Nazareth à Bethléem. Il est à ses côté au moment de l’accouchement, accomplit avec Marie les devoirs religieux de la purification de Jésus au temple. Quand Jésus se perd au temple de Jérusalem et qu’on le trouve au milieu des docteurs de la Loi (l’évangile de ce dimanche), Joseph laisse Marie prendre le devant pour recadrer Jésus. Un papa, un mari devrait laisser à l’épouse, la mère, jouer son rôle ! Acceptons qu’il y a des choses que seules une femmes savent mieux faire que nous. C’est dans la nature de l’amour maternel.
Jésus a été témoin de cela et le laisse transparaitre dans l’amour, la tendresse, la délicatesse, le tact qui caractérisent ses relations, en particulier avec les femmes, comme la femme pécheresse, Marie-Madeleine, à la Samaritaine…
5. Saint Joseph reconnaît Jésus et donne le nom à son fils. Dans l’évangile de Matthieu, l’ange Gabriel dit à Joseph : « elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » Le fait de se sentir pleinement fils accueilli par Joseph rend Jésus capable d’accueillir tous les humains comme frères et sœurs. Il nous donne son Père qui devient aussi notre Père. En lui donnant le nom, saint Joseph apprend aussi son métier à Jésus, qui sera aussi appelé « charpentier et fils du charpentier » ou Jésus de Nazareth.
Ces quelques traits de la personnalité de Joseph comme père de famille nous invitent à prier pour tous les pères dont il est le modèle. Prions chacun pour le papa que nous avons ou que nous avons eu dans notre vie, et rendons grâce pour tout ce qu’ils nous ont donné et nous donnent chaque jour, malgré leurs fragilités et limites. Que la sainte famille de Nazareth vienne en aide à nos familles respectives. Amen.

Homélie du Père Joseph, fête de la sainte famille, année C (2024)2024-12-30T15:14:59+01:00

Homélie du Père Joseph du jour de Noël, année C (2024)

Mes chers frères et sœurs !
Bonne fête ! C’est Noël ! Nous voulons vivre Noël, pas seulement le fêter. Vivre Noël, c’est savoir accueillir sur la terre, dans nos maisons, la grande surprise qui vient du Ciel. C’est accueillir dans notre humanité ce Dieu qui, parce qu’il nous aime tellement, se fait l’un de nous, a pris chair de notre chait, à travers ce petit enfant que nous contemplons dans la crèche avec Vierge Marie et Joseph. Vivre Noël, c’est se laisser bousculer par cette surprenante nouveauté de l’Amour de Dieu pour chacun de nous. Célébrer Noël chaque année c’est rappeler le fait que l’amour de Dieu pour chacun de nous n’est jamais une routine, mais une nouveauté permanente ! Contrairement aux amours humains qui tombent malheureusement dans la routine parfois, (pensez è votre vie de couple !) l’amour de Dieu est un oui toujours nouveau. Noël n’offre pas seulement des lumières, des guirlandes, des cadeaux dans des paquets, des repas somptueux, des maisons réchauffées par nos familles rassemblées…. A Noël, Dieu nous invite à nous laisser toucher par la tendresse embrassant toute notre l’histoire : Dieu s’est fait chair pour nous, afin que chacun de nous reçoive la vie divine. De la méditation de Noël, je retiens trois choses : accueil, joie et paix.
Le premier mot de Noël est l’accueil. Jésus n’a pas été accueilli par tout le monde. Au premier Noël, hier comme aujourd’hui d’ailleurs, des gens ont refusé et refusent encore d’accueillir Jésus. Pensez à toutes ces personnes qui n’ont pas voulu venir célébrer la veillée parce qu’ils ont mis leur préférence sur un repas qui commence très tôt et se prolonge tard ! L’enfant-Jésus n’est pas né à Jérusalem, la ville sainte, le centre de la vie économique et religieuse du peuple d’Israël. Il n’est pas né dans une grande ville que nous rêvons tous de visiter un jour comme Paris, New York, Londres, Rome. Non ! Jésus est né dans un bled perdu, dans une grotte, non pas dans un lit bien confortable, dans une des meilleures maternités du coin. L’évangile nous dit que la Vierge Marie « e mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune ». C’est le drame de l’indifférence.
Noël donne réellement la vraie joie seulement s’il est vécu de façon moins superficielle et moins commerciale, en sortant des nos maisons en fêtes pour chercher l’Enfant Jésus , aujourd’hui encore perdu et dispersé dans nos rues parce que SDF, caché dans le cœur des personnes âgées mourant de solitude, des malades condamnés dans leurs lits, des personnes seules abandonnées, de ces hommes et femmes humiliées par la pauvreté croissante, le Mahorais qui a tout perdu après le cyclone, ces réfugiés renfermés dans ces camps tellement deshumanisants en Jordanie, au Sud Soudan, au Proche Orient, au Kivu, en Ukraine, toutes ces personnes écrasées par la violence. A Noël, nous devrions au moins penser au désir de Dieu qui veut que chaque être humain venant au monde ait un endroit accueillant dans lequel il se sent aimé et par un peu de chaleur humaine qui permet de vaincre le froid de l’indifférence qui devient de plus en plus une réalité globale.
Si pour l’Enfant de Bethléem il n’y avait pas de place chez les hommes, rappelons-nous que, pour nous, il y a et il y aura toujours une place dans le cœur de ce Dieu qui redonne dignité à tout être humain, à nous aussi ! Le Seigneur Jésus, prenant chair du sein de la Vierge Marie, nous rappelle que chaque être humain est accueilli, quelle que soit sa condition, dans le cœur de Dieu qui est amour. La conséquence concrète, c’est que Noël nous appelle à nous accueillir mutuellement, et pas seulement ce soir dans cette grande salle devenue une église, mais aussi dans nos familles, nos communautés malgré toutes les raisons qui nous inciteraient à nous repousser, à ne pas ouvrir nos cœurs et nos maisons, même à certains membres de la famille.
Le deuxième mot de Noël est la « vraie joie » que Jésus donne à qui l’accueille en vérité. « L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.
Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » La naissance de Jésus est une grande joie. La lumière est venue dans le monde, le Seigneur nous rend visite comme le soleil levant. La vraie joie vient du ciel nait du fait d’être visité. Il ne s’agit pas de n’importe quelle visite mais de celle qui porte qui m’apporte le plus beau des cadeaux : le salut par le Christ Jésus. Le mystère célébré à Noël, c’est-à-dire, l’incarnation du Seigneur m’apporte une joie telle que, si je l’accueille, elle chasse de ma vie la tristesse dans laquelle je me suis embourbé à travers les fausses et éphémères joies de ce monde qui n’ont pas maintenu leurs promesses. Nous ne sommes pas nés pour vivre de cette joie éphémère que nous propose le monde, mais de la joie chrétienne qui demeure et qui nous accompagne même dans les difficultés de la vie. Jésus nous redis aujourd’hui encore qu’il nous apporte, pas du tout une joie euphorique et superficielle, mais une joie profonde qui nous accompagne d sorte qu’aucune épreuve ne peut nous séparer de son amour.
Le troisième mot de Noël est la paix : « Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » La gloire de Dieu qui est au ciel se revêt d’humanité, elle descend sur notre terre pour porter la vraie paix aux hommes qu’il aime. La paix est donnée à tous parce que Dieu aime tous ses enfants. Dieu ne fait pas le tri pour décider des personnes, des populations qu’on peut moralement massacrer, tuer pour en sauver d’autres. Noël nous rappelle que Dieu veut la paix pour tous ses enfants parce qu’il les aime tous, sans préférence ni discrimination. A Noël, dans nos familles parfois, il y a des tensions parce que, même nous parents, nous préférons certains de nos enfants aux autres. Du coup, nous créons des divisions, des rivalités et des guerres entre eux. A Noël travaillons à la paix entre-nous ! Ce qui permet de bâtir la paix, c’est l’amour que nous avons les uns envers les autres, même ennemis. Si nous n’aimons que ceux qui nous aiment, ceux qui pensent comme nous… en quoi sommes-nous différents des païens ? Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes meilleurs que les autres, mais parce que nous sommes simplement ses enfants. Demandons cette grâce de l’Amour qui nous permet d’être des artisans de paix pour devenir vraiment semblables à Dieu qui donne son amour tous.
Noël n’est pas un appel à la bonne volonté des hommes, mais l’annonce de l’amour et de la bienveillance de Dieu pour nous. Rappelons-nous cependant que la paix apportée par Jésus ne signifie pas l’absence des problèmes dans vie. Il s’agit de la paix même au milieu des problèmes de la vie. Comme la joie véritable qui ne nous épargne pas des épreuves, de même, la paix du Christ ne nous vaccine pas contre les désaccords, des conflits et des tensions. Mais, dans les conflits, Jésus nous demande d’être des artisans de paix parce que nous sommes avec lui fils et filles d’un Dieu qui aime et qui donne la Paix.
A Noël, nous célébrons la naissance du Prince de la Paix. Jésus ne peut pas naître dans les cœurs qui s’enferment dans la violence, la rancœur, la haine et tous ces conflits que nous entretenons et qui ne peuvent produire que la mort. Car même si je ne donne pas physiquement la mort, ma haine et ma rancœur donne la mort car elles tuent la relation d’amour avec les autres. A Noël, le Seigneur nous appelle à accueillir sa paix pour en témoigner dans nos familles, pour devenir des artisans de paix, des bâtisseurs des ponts et pas de murs de la haine et des divisions.
Alors, ce soir, demain et chaque jour, accueillons-nous dans la joie et la paix. Ainsi le Christ viendra naître en nous et parmi nous. Amen.

Homélie du Père Joseph du jour de Noël, année C (2024)2024-12-30T15:12:48+01:00

Homélie du Père Joseph de la veillée de Noël, année C (2024)

Mes chers frères et sœurs !
Au premier Noël, personne ne s’est rendu compte de rien à Bethléem. A part quelques autorités comme César Auguste, Quirinus, très peu de gens étaient au courant de l’existence de Bethléem ! Les habitants de Bethléem ne se sont rendu compte de rien, tellement affairés à trouver de quoi loger tout ce monde qui arrivait pour se faire recenser ! Pourtant un événement tellement extraordinaire se produisait chez eux. La capacité d’accueil de Bethléem ne devait pas être particulièrement grande, et de ce fait, beaucoup d’habitants étaient obligés d’héberger les visiteurs dans les lieux de fortune ! C’est comme pendant les fêtes, si vous possédez une petite maison et que tous les enfants et petits-enfants débarquent, il faut bien se débrouiller pour dormir, qui sur le canapé, qui sur un tapis du sol, qui chez le voisin, trois dans le même lit…peu importe, en essayent de faire attention aux plus fragiles de la famille ! On se débrouille, on est un peu solidaires, dans la limite des moyens. Donc à Bethléem, il n’y a aucune discrimination délibérée contre Joseph et Marie ! Peut-être un manque de délicatesse et d’attention envers cette femme enceinte jusqu’au cou ! Là aussi, on ne sait pas prévoir exactement le moment de l’accouchement !
A Noël, personne ne s’est rendu compte de rien : et s’il a quelqu’un qui est intervenu pour rendre moins anonyme la naissance de l’enfant de ce jeune couple de Nazareth, un il y a ce groupe des bergers du coin, personnes simples, humbles, regardées avec méfiance parce que nomades, à qui fut annoncé la nouvelle de manière angélique. Au premier Noël, le Messie, celui qui venait sauver le monde, naît dans l’anonymat d’une ville où personne ne s’est rendu compte de rien sauf les bergers !
Ces bergers sont engourdis par le froid. Ils essayent de dormir, apeurés, éblouis et incrédules devant tant de lumière. La vie de ces bergers se consume dans une sorte de survie et de colère contre le destin cynique qui les a poussés aux marges de la société, obligés d’exercer un métier mal perçu, méprisé et mal payé. Des bergers, c’est-à-dire, « des gens qui ne sont rien », comme aurait pu le dire quelqu’un ! Des gens oubliés de tous. Errant avec leur troupeau dans les collines de la Judée, à deux cents pas du désert qui, la journée les suffoque avec la chaleur et la nuit les opprime avec le gel. Ils dorment à la belle étoile, brimés de ne pouvoir avoir une vie de famille, menant une vie impure aux yeux de la religion parce qu’incapables de respecter les prescriptions de la Loi et de fréquenter une communauté. Si un quelconque Messie devait un jour sauver Israël de l’oppression étrangère, on ne pouvait certainement pas l’imaginer chercher des bergers perdus dans leur sommeil.
Et pourtant ! Bergers, c’est pour vous qu’est né le Sauveur ! Non pas pour les autres, mais pour vous ! Non pour l’empereur de la lointaine Rome qui impose à ses sujets un recensement comme on compte son cheptel de troupeau. Il ne naît pas pour, Hérode, un roi criminel qui utilise la religion comme arme de propagande et qui voit en Dieu un concurrent. Il ne naît pas pour les prêtres affairés à célébrer la puissance du Dieu d’Israël et à se vanter de temple reconstruit, connaissant par les Ecritures le lieu où devait naître le du Messie mais qui sont incapable de sortir pas pour aller le voir ! Il n’est pas né pour les braves habitants de Jérusalem perturbés par la visite des mages, guidés par une étoile, à la recherche d’un roi qui venait de naître. Le Messie n’est même pas né pour le grand Rabbin de Jérusalem qui, avant de se coucher, avait prié avec force pour la venue du Messie : ce naissait pourtant à deux cents mètres de sa maison sans s’en apercevoir !
Non, il n’est pas né pour eux mais c’est pour vous que le sauveur est né par parce que vous ne vous y attendiez pas ! Parce que vous savez ce que veut dire « se sentir perdus », que vous avez besoin d’un sauveur, parce que, le désir du bien et de Dieu, dans votre cœur, est profond comme un abîme que vous n’osez même plus regarder ! Jésus est né pour vous parce que la dureté de la vie a rendu votre cœur dur comme une pierre et que vous avez besoin que Jésus vous donne un cœur de chair et de douceur ! C’est pour vous que le Sauveur est né parce que Dieu cherche les brebis comme les bergers qui se sentent perdus !
C’est pour vous et moi que Jésus est né ! Avons-nous encore un peu d’honnêteté pour reconnaitre que nous sommes un peu perdus dans un monde de fou où nous ne nous reconnaissons plus, un monde qui ne semble plus nous appartenir. Jésus est né pour nous si l’espérance d’un sens à la vie habite encore en nous. Il est né pour nous qui nous sentons parfois les perdants de la société parce que Dieu vient pour les derniers, les perdants. Il coure dans les déserts pour les débusquer, il envoie ses troupes d’anges pour les éclairer et les remplir de sa joie.
Noël est une création nouvelle, un aujourd’hui nouveau. En naissant parmi nous, en embrassant nos habitudes, nos fragilités, nos émotions ! Jésus veut que nous donnions un nouveau visage, un nouveau sens à nos émotions, même celles qui nous sont imposées par le marketing et la publicité. A Noël, Jésus nous demande d’aller au-delà de cette abondance de sucre et de bûche, de foie gras du vin blanc et de champagne, de cette atmosphère idyllique et magique qui risque d’exaspérer la douleur de tant de gens qui, pendant cette période, sont obligés d’endosser le masque du bonheur, de la joie, du sourire en espérant surtout que ces fêtes ne durent plus très longtemps.
C’est pour moi, ici et maintenant que Jésus est né. Dieu me redit que c’est pour moi, pour toi, qu’il a pris l’humanité. Pour toi qui n’en peux plus, pour toi qui te sens à plat actuellement. Tu vaux tellement que Dieu s’est incarné pour te montrer combien il t’aime. Pour toi, Dieu a parcouru les galaxies et le Cosmos pour te trouver, t’embrasser, te redire que tu es aimé. Dieu le fait en devenant petit enfant, un bébé fragile qui a besoin de tout, besoin d’être accueilli, qui ne demande qu’à être pris dans tes bras, l’envelopper d’une couverture d’amour et de joie comme seul Noël est capable de nous offrir.
Dieu s’est fait homme pour toi, pour que tu puisses devenir Dieu ! Dieu t’aime et attend que tu puisses l’aimer à ton tour. Ce soir, demande l’Enfant-Jésus de te sauver des ténèbres qui t’empêchent de voir le bien autour de toi, de ce sentiment de non-sens qui oppresse ta vie, du victimisme par lequel tu culpabilise les autres, du découragement qui t’empêche d’avancer, de cette arrogance et du narcissisme par lesquels tu fais le vide autour de toi.
Le signe qui est donné à Noël, c’est un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Dieu naît encore en moi et m’invite à le reconnaitre à travers des signes simples ! Dieu ne se cache pas, il ne fait pas le difficile, il ne se fait pas désirer ! Il nous invite seulement à le reconnaitre à travers les signes de vie quotidienne : un bébé, dans les bras de sa mère, les personnes que nous rencontrons dans les rues, un rayon de soleil qui traverse les nuages, un beau chant de noël, des bougies allumées, le coup de téléphone que je fais à quelqu’un ou que je reçois, cette personne qui t’offre un cadeau, cette réconciliation et ce pardon demandés et reçus, ces gens qui t’entourent, ceux qui travaillent même à Noël afin que nous vivions de belles fêtes. A eux et à nous tous, Joyeux Noël ! Seigneur Jésus, aide-nous à reconnaitre les signes de ta naissance, de ta présence, dans notre quotidien et donne-nous la joie de chanter ta gloire avec les anges et les bergers. Amen !

Homélie du Père Joseph de la veillée de Noël, année C (2024)2024-12-30T15:29:45+01:00

Homélie du père Justin, fête de la Sainte Famille (Année C), Lc 2,41-52

Chers frères et sœurs, les parents de Jésus le cherchent dans la caravane et puis dans Jérusalem et ils sont dans l’angoisse. Mais en réalité cette angoisse est déjà présente au préalable, en tout cas une angoisse similaire.

Elle est présente dans tout le peuple d’Israël, c’est cette angoisse qui est présente au fond du cœur de tout le peuple quand il monte chaque année au moment de la Pâque pour offrir des sacrifices dans le temple.

Vous vous souvenez que le peuple hébreu est sorti d’Égypte durant la nuit après que l’ange exterminateur est passé dans tout le pays d’Égypte et a fait périr tous les premiers-nés du peuple et du bétail. Mais les hébreux ont été épargnés parce qu’il leur a été commandé de badigeonner la porte de leur maison avec le sang de l’agneau.

Et depuis ils commémorent leur sortie d’Égypte en offrant un agneau au moment de la Pâque. Ils le font pour rappeler les hauts faits du Seigneur, pour exprimer leur reconnaissance, mais ils le font aussi pour continuer à éloigner le fléau de Dieu loin de leur propre famille – ils le font avec un fond d’angoisse.

Est-ce que Dieu ne va pas emporter mon enfant si je ne le fais pas ? l’angoisse dans le fond de leur cœur est toujours présente, elle peut même être le moteur principal de leur pèlerinage…

Par la suite, cette angoisse est conjurée par des rites, par un calendrier, par des sacrifices, par une routine et finalement par de l’indifférence. Il est paradoxal que l’on passe ainsi de l’angoisse à l’indifférence, mais c’est ce qui se passe souvent.

L’Évangile nous fait percevoir cette routine, il nous dit que les parents de Jésus se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque, que lorsqu’il eut douze ans ils montèrent comme c’était leur coutume, et une fois les jours écoulés ils s’en retournaient – une fois les jours écoulés, pas avant, pas après, tout est bien réglé…

A l’adolescent Jésus cette angoisse doublée de routine et d’indifférence ne va pas du tout. Comme tout adolescent qui se respecte il va mettre en crise cette belle construction. Il n’accepte pas que l’on soit en rapport avec Dieu à travers la peur, la routine ou l’indifférence.

Je disais comme tout adolescent qui se respecte, parce que d’une manière ou d’une autre – chaque histoire est différente – mais d’une manière ou d’une autre c’est ce qui arrive dans chaque famille. C’est-à-dire que les parents disposent leur vie comme il leur semble meilleur, ils construisent un cadre dans lequel ils vont pouvoir faire face à leurs responsabilités et aider leurs enfants à grandir.

Mais il y a aussi des choses qu’ils laissent derrière eux, des peurs par exemple qu’ils ne veulent pas voir, ou bien des évènements de leur histoire auxquels ils ne veulent plus penser, des sacrifices qu’ils ont fait pour leur famille. Tout ça est derrière.

Et puis l’enfant tout d’abord voit ses parents comme des dieux, coupés de la réalité. Mais quand il grandit il les voit dans la vérité et avec ce qu’ils ont placé par devers eux, il les voit dans leur fragilité et cela les humanise – ils doivent accepter cela.

Les enfants un jour proche ou lointain seront reconnaissants pour tout ce qui leur a été donné, mais dans un premier temps ils mettent en crise le cadre qui leur est donné, ils en voient toutes les failles.

L’adolescent Jésus entend s’occuper des affaires de son Père, il entend nous faire découvrir qui est vraiment ce Dieu, il entend nous le faire connaitre comme un père pour nous, comme une mère, pas comme un être de peur.

Siméon l’avait prédit à Marie, Un glaive te transpercera l’âme pour que soient révélées les pensées de beaucoup de cœurs. Les cœurs sont dans la peur et dans l’indifférence par rapport à Dieu, c’est l’union intime de nombreux croyants et d’athées qui adorent et nient en réalité un même Dieu effrayant.

Quand nous irons en pèlerinage durant ce jubilé nous ne le ferons pas parce que nous craignons Dieu, ses représailles si nous ne le faisons pas. Nous le ferons comme dans ce temps de Noël pour aller à la source de la grâce, pour recevoir toujours dans notre vie cette nouveauté. Et ce pèlerinage que nous ferons est une image du pèlerinage de notre vie où nous sentons et reconnaissons nos propres limites.

Là aussi il y a une justice un peu surprenante, Marie et Joseph sont certainement ceux qui ont le moins en eux cette peur de Dieu et cette indifférence, et ce sont eux qui sont frappés par cet enseignement. Mais en même ils sont les membres à part entière de leur peuple et dans une certaine mesure ils connaissent cette peur, cette routine et cette indifférence envers Dieu.

Il est juste d’avoir des modèles, mais nous devons nous garder de trop idéaliser la sainte famille de Nazareth. Si nous exagérons cette idéalisation la sainte Famille devient abstraite, elle nous ne dit plus rien, nous la déshumanisons et nous nous déshumanisons – cela est très fréquent dans la foi chrétienne.

L’Évangile nous montre les limites de Marie et Joseph, ils ne comprennent pas les paroles que leur dit Jésus. Ils sont humains, ils sont limités et ils grandissent eux aussi.

L’enfant Jésus nous l’accueillons comme un enfant dans notre vie, durant cette période de Noël, c’est merveilleux. Mais nous devons savoir que cet enfant va grandir, il va devenir adolescent et nous mettre en crise. Il faut que nous acceptions cette crise quand elle se produira.

Si nous acceptons de reconnaitre nos limites, si nous recevons son enseignement, alors l’enfant Jésus rentrera avec nous dans la paix, il grandira dans notre vie en sagesse, en taille et en grâce et nous fera grandir avec lui.

Homélie du père Justin, fête de la Sainte Famille (Année C), Lc 2,41-522024-12-29T17:30:28+01:00

Homélie du père Justin, IV dimanche de l’Avent, Lc 1,39-45

Chers frères et sœurs, Marie se rend en hâte auprès de sa parente Elisabeth pour lui venir en aide. Elle vient d’apprendre qu’Elisabeth était enceinte et qu’elle en était à son sixième mois de grossesse.

Vous vous souvenez qu’Elisabeth quand elle s’est aperçue qu’elle était enceinte s’est cachée. L’Évangile nous dit qu’elle s’est cachée pendant cinq mois, donc jusqu’à la venue de Marie…

On peut penser qu’elle s’est cachée parce qu’elle n’était pas certaine de pouvoir porter l’enfant jusqu’à son terme, elle a vécu cinq mois dans cette inquiétude… Elisabeth a peut-être soixante ans, peut-être soixante-dix ou plus nous ne le savons pas, mais dans tous les cas il est naturel qu’elle ait craint de ne pas être capable de porter l’enfant jusqu’à son terme…

Et Marie a l’intuition de cela. Certes elle vient aider Elisabeth pour les derniers mois parce qu’elle sera fatiguée, et puis parce qu’elle aura besoin de son aide au moment de l’accouchement. Mais elle a aussi eu l’intuition qu’Elisabeth avait besoin de soutien spirituel, de soutien moral, et pour toutes ces raisons elle se rend auprès de sa parente – en hâte…

Nous devons nous rappeler un peu mieux de la situation d’Elisabeth. Vous vous rappelez que Zacharie n’a pas cru dans l’annonce de l’ange, dans le temple, dans le Saint des Saints. Il n’a pas cru et l’ange lui a dit Je suis l’ange Gabriel qui est toujours auprès de Dieu, et puisque tu n’as pas cru à ma parole alors tu deviendras muet.

Là il faut bien réaliser qu’il y a un éloge très grand de la religion hébraïque. Zacharie est un prêtre, il entre dans le Saint des Saints, il est très proche de Dieu comme Gabriel est très proche de Dieu, le peuple est en prière pendant ce temps, il y a comme un effet de miroir entre Zacharie et l’ange, entre le peuple en prière et la cour céleste.

La religion hébraïque est tellement élevée que la situation de Zacharie avec le peuple est comme un reflet de la situation de Gabriel avec les autres anges. Il y a un tel effet de miroir que l’ange lui dit Tu ne crois pas à ma parole donc tu pers la parole. Il y a un grand éloge et en même temps une grande limite. Zacharie ne croit pas. Malgré la grandeur de cette religion, le fruit, le résultat est celui de l’incrédulité.

Et dans le même temps Elisabeth est enceinte, ou peu de temps après. La grossesse d’Elisabeth est l’image d’une foi nouvelle, il s’agit d’une façon nouvelle d’être en relation avec Dieu.

Ce que nous expérimentons, et ce qui commence avec Elisabeth, c’est quelque chose qui nait et qui grandit au milieu de nous, qui est déposé en nous et qui participe de la vie de Dieu et de notre vie, dont nous avons la responsabilité.

Ce n’est plus une religion avec un ensemble de rites, de sacrifices, de prophéties. C’est une réalité qui est sous le signe du fils de Dieu fait homme qui grandit dans notre sein et dans notre vie comme il a grandi dans le sein de Marie et dans sa vie. Comme lui nous sommes rois, prêtres et prophètes.

C’est nouveau et Elisabeth croit – on peut difficilement imaginer que Zacharie et Elisabeth aient un enfant comme annoncé par l’ange et en même temps qu’aucun des deux n’aient cru… Donc Elisabeth croit, mais en même temps sa foi est fragile, elle a besoin de soutien.

Et Marie se rend en hâte auprès d’elle pour lui communiquer la bénédiction et la vie dont elle a besoin, la vie intérieure.

Un salut est une bénédiction, toujours, les paroles qui accompagnent un salut sont le développement d’une bénédiction. Quand nous nous saluons les uns les autres nous nous bénissons. Marie porte dans son sein la plénitude de la bénédiction qui est le Fils éternel de Dieu fait homme.

Peut-être lui dit-elle Bénie sois-tu et le fruit de ton sein et ensuite Elisabeth répète les mêmes paroles comme nous faisons habituellement quand nous nous saluons, nous échangeons les mêmes paroles et bénédictions. Ou bien peut-être lui dit-elle Réjouis toi le Seigneur est avec toi en reprenant la salutation de l’ange, puisqu’à présent le Seigneur est présent dans le sein de Marie…

L’enfant dans le sein d’Elisabeth tressaille de joie et elle est remplie de l’Esprit Saint. Nous trouvons un nouveau jeu de miroir. Ce n’est plus le jeu de miroir entre l’ange et Zacharie dans le temple, c’est un jeu de miroir entre Elisabeth et Marie, où Marie porte le Fils de Dieu et où Jean Baptiste et Elisabeth sont remplis de l’Esprit Saint. Ce que vit Elisabeth est tellement proche de ce que vit Marie qu’elle reconnait en elle la mère de son Seigneur.

Marie en hâte vient auprès d’Elisabeth et nous enseigne que notre foi ne peut pas être vécue en dehors de la charité, et qu’avant tout nous avons besoin de recevoir un soutien dans la foi.

Elisabeth reçoit ce soutien de Jésus, de Marie, et nous voyons ensuite – ou nous verrons – qu’Elisabeth et Zacharie vont se soutenir l’un l’autre. Elisabeth donne comme nom à son fils Jean en pensant que Zacharie va la soutenir et en effet Zacharie la soutient et confirme le nom.

Donc on voit que la foi d’Elisabeth a grandi et s’est renforcée. Elle a foi en Dieu, elle a foi dans ce qui grandit en elle et en dehors d’elle et elle a foi dans le soutien qu’elle va recevoir de l’extérieur.

Nous aussi, pour nous préparer à accueillir le Seigneur dans notre vie et à le faire grandir, nous sommes appelés à nous soutenir, à donner, et à croire que nous recevrons le soutien dont nous avons besoin.

C’est notre vertu de l’espérance, notre foi vécue comme naissance du Fils de Dieu en nous qui nous fait croitre dans l’espérance et la charité.

Homélie du père Justin, IV dimanche de l’Avent, Lc 1,39-452024-12-22T16:55:33+01:00

Homélie du Père Joseph du IVe dimanche de l’Avent, année C (2024)

Mes chers et sœurs !
Au temps de Jésus, Israël attendait le messie. Mais, personne alors n’aurait pu s’imaginer qu’il vienne d’un village paumé comme Nazareth ! Rien de bon ne pouvait provenir de ce petit village de Galilée, et moins encore, un prophète ! Ce mépris pour Nazareth est exprimé clairement dans la discussion entre les premiers disciples de Jésus, Philippe et Nathanaël (Barthelemy), qui étaient alors disciples de Jean-Baptiste : « Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1, 45-46).
Ce mépris pour la Galilée sera souligné dans la discussion entre Nicodème et les pharisiens qui voulaient s’en prendre à Jésus. « Les pharisiens leur répliquèrent : « Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! » Nicodème, l’un d’entre eux, celui qui était allé précédemment trouver Jésus, leur dit : « Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? » Ils lui répondirent : « Serais-tu, toi aussi, de Galilée ? Cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! » (Jn 7, 48-52)
Le Messie attendu devait être puissant et fort, ne dépendant d’aucune motion de censure qui le fasse tomber. Ce messie devait apporter un changement politique, militaire et spirituel. Il était absurde, inaudible et invraisemblable de l’imaginer d’humble condition. Le peuple avait déjà oublié, que le prophète Michée avait déjà explicitement affirmé que le Messie serait de conditions extrêmement humbles, au point naître, non pas à Nazareth, mais dans un coin plus perdu encore de la Judée, un village presque invisible et difficilement référençable sur la carte géographique : « Et toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais il sera grand jusqu’aux lointains de la terre » (Michée 5, 1, 3)
A Noël, Bethléem deviendra pourtant le centre de l’histoire du salut. Un solitaire logement de fortune, la mangeoire d’une ferme devient le symbole que nous avons tous dans nos maisons, la crèche de Noël qui rappelle ce lieu humble qui vit naître le roi de l’univers. Le temps de l’Avent montre comment Dieu transforme et donne une valeur inestimable aux petites choses, comme il exalte ce qui est communément méprisé. C’est cela que Marie chante dans le Magnificat.
A noël, Bethléem, devient un lieu de pèlerinage où vont converger à la fois les bergers, les anges ainsi que les rois mages. Marie et Joseph, jusque-là ignorés des villageois qui n’ont pas voulu les accueillir dans leurs maisons et ou auberges, deviennent le centre de l’attention de tous parce que leur enfant, Jésus-Seigneur, les rend objets d’une admirable attention. Dieu est grand, non pas parce qu’il est impérieux et imposant, mais parce qu’il est capable de se faire petit et qu’il donne grandeur et valeur inestimable aux choses petites et insignifiantes que nous faisons avec amour.
En quelques versets, cet évangile qui présente la rencontre de Marie avec Elisabeth donne les attitudes qui seront entre nous les plus beaux des cadeaux de Noël : un mouvement d’attente, de joie et d’accueil. C’est ce mouvement qui envoie Marie vers sa cousine Elisabeth déjà fatiguée par la grossesse qu’elle porte depuis 6 mois. La Vierge Marie vient rendre service et soutenir Elisabeth, sa cousine plus âgée et déjà affaiblie par la grossesse qu’elle porte. Attention : lors de vos rencontres à Noël, de grâce, ne mettez pas les pieds sous la table, mais rendez service aux parents ou à ceux qui vous accueillent et qui organisent ces fêtes de fin d’année. Je rencontre déjà quelques parents qui se plaignent des enfants que viennent mais qui ne foutent rien, qui attendent que tout leur soit préparé. Et moi je voudrais remercier déjà tous ceux qui s’impliquent dans les différents services afin que nous vivions de belles célébrations et liturgies de Noël dans nos communautés.
Marie et Elisabeth partagent la joie de se retrouver, toutes deux reconnaissantes d’être destinataires d’une grâce extraordinaire à travers leurs enfants. Aurons-nous la même joie de nous retrouver prochainement dans nos familles à l’occasion de ces fêtes ? Oui, il appartient à chacun de nous d’être artisan et messager de joie dans nos familles. J’imagine votre famille se retrouver : les petits enfants qui vont crier, courir dans tous les sens, chanter à tue-tête dans la maison familiale ou celle que vous avez louer en campagne pour vous réunir. Peut-être que ces cris et remue-ménage vont déranger certains parmi vous, surtout les grands ou arrière-grands-parents ? Mais, n’est-ce pas cela la manifestation de la vie lors de nos retrouvailles joyeuses en famille.
C’est comme à la messe le dimanche. Chaque eucharistie est comme une visitation. Nous venons rencontrer le Seigneur qui nous invite et qui se donne à nous sur les deux tables, celle de la Parole et du pain et du vain. Nous venons lui partager nos joies et nos peines. Nous nous faisons mutuellement une visitation : je sais qu’il y a des gens qui ne se voient qu’à la messe dominicale et qui sont heureux de se voir. En tout cas, moi je suis très heureux de retrouver les paroissiens le dimanche. Nous nous retrouvons dans la joie, et parfois les bruits, les cris, les pleurs, les courses, le remue-ménage des bébés et enfants sont le signe que l’Eglise est vraiment une famille rassemblée. C’est dans ce sens que notre évêque nous appelle à construire dans nos paroisses une Eglise-famille de Dieu. Quand on parle de famille réunie dans la joie, il y a toujours cette possibilité que les enfants fassent un peu ou beaucoup de bruit. Je ne dis pas que le bruit des enfants est toujours agréable, mais leur bruit est signe de la vie et réjouissons-nous d’avoir ces enfants parmi nous !
La visite de Marie à Elisabeth me fait penser …une démarche que l’Eglise nous invite vivre au cours de cette année du Jubilé : Il s’agit d’aller vers, de faire un pèlerinage vers soi-même, vers l’autres et vers Dieu. Le pape François nous invite à être de pèlerins de l’Espérance. Comme Marie et Elisabeth célébrant la Joie de la naissance de Jésus et de Jean-Baptiste, nous aussi, dans ce monde qui désespère, témoignons de l’Espérance chrétienne qui ne déçoit jamais. Espérer de soi-même, espérer des autres et surtout espérer en Dieu ! Il ne s’agit pas de l’espoir qui est toujours fragile. Notre Espérance s’enracine dans l’amour Dieu répandu en nos cœurs par le saint Esprit qui nous a été donné.
C’est pour cela que je vous invite à vivre et suivre les propositions jubilaires qui nous sont proposées cette année 2025 et dont vous trouverez le programme dans le livret « vivre le pèlerinage ». A la basilique saint Pierre de Rome, le pape François ouvrira la porte sainte le 24 décembre, tandis que dans le diocèse, ce sera le dimanche 5 janvier. Nous vous invitons à participer à toutes ces propositions qui n’ont d’autres finaliser que de nous faire grandir dans l’amour, la foi et surtout l’Espérance chrétienne, cette petite sœur des trois vertus théologales qu’on oublie souvent ! Sur l’ensemble paroissial, nous vous proposerons, entre autres, des conférences sur l’Espérance, une fois par mois le jeudi soir. Nous vous proposons aussi un pèlerinage paroissial à Rome du 11 au 15 octobre 2025 à Rome suivant le parcours du Jubilé proposé par le pape. Et j’espère que nous seront très nombreux. Aussi, à chaque messe, et dans nos maisons, seul ou en famille, reprenons très souvent la prière du Jubilé qui nous est proposée.
Que le Vierge Marie, pèlerine auprès d’Elisabeth pour lui partager sa joie, nous obtienne la grâce d’être nous aussi, des témoins et « Pèlerins d’Espérance » pendant cette année du Jubilé et autour des fêtes qui approchent. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du IVe dimanche de l’Avent, année C (2024)2024-12-30T15:28:59+01:00

Homélie du Père Clément du IIIe dimanche de l’Avent, année C (2024)

La vraie joie vient de Dieu
Frères et sœurs bien-aimés,
En ce troisième dimanche de l’Avent, marqué par la joie, l’Église nous invite à nous réjouir. Mais qu’est-ce que la vraie joie, et où peut-on la trouver ? Trop souvent, nous cherchons la joie dans des choses éphémères : les plaisirs passagers, les possessions matérielles, ou les réussites sociales. Pourtant, cette quête laisse de nombreux cœurs insatisfaits. La vraie joie, celle qui ne déçoit pas, vient de Dieu. Elle jaillit d’une rencontre personnelle avec Lui, et transforme la vie.
Une joie qui se nourrit de la confiance
Saint Paul, dans la lettre aux Philippiens, nous exhorte : « Soyez dans la joie, le Seigneur est proche ». Il ajoute : « Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, priez et suppliez dans l’action de grâce ».
La joie chrétienne n’est pas l’absence de problèmes, mais la certitude que Dieu marche avec nous. Cette confiance transforme nos craintes en prière et notre prière en paix. Le cantique d’Isaïe que nous avons chanté tout à l’heure comme psaume responsorial proclame : « Voici le Dieu de mon salut, j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. »
Chers amis, n’est-ce pas là un message d’actualité ? Face à tant de défis – économiques, sanitaires ou personnels – nous sommes invités à regarder au-delà de nos inquiétudes, à lever les yeux vers le Christ. Comme le disait Sainte Mère Teresa : « La joie est une prière, la joie est une force. Elle est la preuve que nous croyons à la présence de Dieu. »

Je voudrais partager avec vous l’histoire de deux hommes célèbres, qui ont découvert cette vérité à travers leur propre cheminement.

1. La joie recherchée dans le succès : l’exemple de Léon Tolstoï
Prenons d’abord Léon Tolstoï, l’auteur russe mondialement connu pour ses chefs-d’œuvre Guerre et Paix et Anna Karénine. À 50 ans, après avoir atteint gloire, richesse, et reconnaissance, Tolstoï plonge dans une crise existentielle profonde. Il écrit dans son journal : « J’avais tout pour être heureux, mais je ne savais plus pourquoi je vivais. Une question me hantait jour et nuit : pourquoi continuer à vivre si tout finit par la mort ? »
Tolstoï chercha des réponses dans la philosophie, mais rien ne le satisfaisait. Un jour, il se tourna vers les paysans de son domaine, ces hommes et femmes simples qui travaillaient la terre. Il observa leur foi profonde, leur prière quotidienne, et leur paix intérieure. Cela le bouleversa. En se tournant vers Dieu et en adoptant une vie plus humble, il trouva une joie durable. Il déclara : « La vraie joie ne vient pas de ce que l’on possède, mais de ce que l’on est en Dieu. »

2. La joie trouvée dans la conversion : le témoignage de Saint Augustin
Un autre exemple, plus ancien mais tout aussi puissant, est celui de Saint Augustin. Ce grand intellectuel du IVe siècle cherchait la joie dans les plaisirs de la chair, les honneurs, et la philosophie. Mais au lieu de trouver le bonheur, il se sentait de plus en plus vide. Dans ses Confessions, il écrit : « Mon cœur était inquiet, jusqu’à ce qu’il repose en toi, Seigneur. »
Ce fut la prière fervente de sa mère, Sainte Monique, et la prédication de Saint Ambroise qui l’amenèrent à découvrir que la vraie joie se trouve dans une vie donnée à Dieu. Quand Augustin finit par se convertir, il s’écria : « « Tard je t’ai aimée, beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée ! …tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais ; … Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi.»
Voilà une belle prière de St Augustin quand il a découvert Dieu. La source de la vraie JOIE. Oui, Sa joie devint contagieuse, et son témoignage continue d’inspirer les âmes à travers les siècles.

3. L’Évangile : une invitation à découvrir la vraie joie
Ces histoires résonnent avec l’Évangile de ce dimanche, où les foules demandent à Jean-Baptiste : « Que devons-nous faire ? » Jean répond avec des conseils concrets : partager avec les pauvres, pratiquer la justice, vivre honnêtement. Mais surtout, il annonce Celui qui doit venir : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi… Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » La vraie joie ne vient pas seulement de nos actes, mais de notre relation avec le Christ.
La joie chrétienne, frères et sœurs, naît d’une rencontre personnelle avec Jésus, qui nous révèle le visage aimant de Dieu. Elle ne dépend pas des circonstances extérieures, mais d’une certitude intérieure : « Le Seigneur est proche », comme le rappelle saint Paul dans la deuxième lecture (Ph 4,4-7). Cette joie ne supprime pas les épreuves, mais elle les transforme, car elle repose sur une promesse inébranlable : Dieu est avec nous, et son amour est plus fort que tout.
Il m’est venu à l’esprit la belle expérience d’un entrepreneur kenyan devenu philanthrope, Charles MULLY. Orphelin, il a grandi dans une extrême pauvreté, mais a fini par bâtir un empire financier. Pourtant, à l’apogée de sa richesse, il entendit l’appel de Dieu : « Laisse tout et viens en aide aux enfants des rues. » Contre toute attente, il liquida son entreprise et ouvrit un foyer pour des milliers d’enfants abandonnés.
Ses amis pensaient qu’il était fou, mais Charles témoigne aujourd’hui que c’est là qu’il a trouvé la vraie joie. Il dit souvent : « La richesse peut remplir vos poches, mais seule la foi en Dieu remplit votre cœur. » Cette joie, il l’expérimente chaque jour en voyant des vies transformées par l’amour de Dieu.

5. Trois clés pour cultiver la vraie joie
À l’image de Tolstoï, Augustin et Charles Mully, comment pouvons-nous accueillir cette vraie joie ?
Chercher Dieu dans la prière : Comme le dit Mère Teresa, « La joie est le filet avec lequel on pêche les âmes. » C’est dans la prière que nous apprenons à voir notre vie à travers le regard de Dieu.
• Vivre la charité : La joie grandit lorsqu’on partage avec les autres. Jean-Baptiste nous rappelle que la générosité est une voie directe vers le cœur de Dieu.
• Rendre grâce : Être reconnaissant même dans les épreuves change notre perspective. Comme Saint Paul l’écrit : « En toute circonstance, priez, suppliez, rendez grâce. »en claire, Voir les choses sous le regard de Dieu.

La joie, une lumière pour le monde
Frères et sœurs, ce dimanche « Gaudete » nous rappelle que la joie est un don de Dieu, mais aussi une mission. Elle est le fruit de notre rencontre avec le Christ, et elle nous est donnée pour éclairer le monde. En cette période de l’Avent, préparons nos cœurs pour accueillir cette joie. Comme l’a dit le Pape François : « Le chrétien est une personne joyeuse, car il sait que Jésus marche avec lui, qu’il l’aime et qu’il ne l’abandonnera jamais. »
Que cette joie, profonde et contagieuse, soit notre force dans l’attente du Sauveur. Amen.

Homélie du Père Clément du IIIe dimanche de l’Avent, année C (2024)2024-12-17T09:20:43+01:00
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