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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Hier samedi, en fin de matinée, notre évêque nous a envoyé sa première lettre pastorale, dans l’élan de l’assemblée diocésaine que nous avons vécu l’an dernier à Pibrac. Le titre de cette lettre pastorale est « l’Eglise de Toulouse, famille de Dieu, envoyée en mission ». Tout est donnée dans ce titre. J’espère que chacun de nous pourra s’approprier cette lettre pastorale, la travailler et échanger sur elle dans nos équipes, groupes, mouvements et fraternités que notre archevêque nous invite à former et à multiplier dans nos paroisses en particulier cette année. Inspiré à la fois par cette lettre pastorale et la Parole de Dieu de ce XXIV dimanche ordinaire, j’aimerais que notre projet de l’année soit vraiment la construction, sur les 5 clochers de notre ensemble paroissial, former véritablement une Eglise famille dont la seule raison d’être est la mission d’annonce du Christ au monde.

En effet, c’est la foi qui nous unit. Nous avons répondu à l’invitation du Christ qui est le Chef, la Tête de l’Eglise dont nous sommes tous membres, chacun à part entière, chacun à sa place, importants les uns pour les autres et tous au service de la même mission : connaître et faire connaître le Christ Jésus qui sauve chacun de nous personnellement. Nous formons donc une famille, non pas parce que ce sont des liens de sang qui nous unissent, mais bien par la foi, celle que professe les disciples du Christ depuis la naissance de l’Eglise, en commençant par le premier des apôtres, Simon Pierre qui avait confessé à Césarée de Philippe : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ». La famille que nous formons est donc fondée sur la foi, une foi qui casse toute forme de murs et de barrière entre nous.

Engageons-nous donc à construire cette Eglise famille au sein de nos communautés en accueillant la parole de Dieu qui nous appelle à mettre le pardon au cœur de nos relations. Dans la première lecture, Ben Sirac le Sage nous dit : « Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis…  Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ?  S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? »

Pensez à l’Eglise comme famille des pécheurs, regardez d’abord notre famille biologique ! Est-elle parfaite ? Je ne crois pas ! En regardant ma propre famille, et en écoutant ce qui se passe dans nos familles, et cela depuis la nuit des temps, nous constatons des blessures que nous nous infligeons mutuellement, consciemment ou inconsciemment parce que nous sommes tous pécheurs. Vous savez combien le refus de pardonner fait des dégâts dans les familles. De même, une communauté ecclésiale qui n’a pas mis le pardon au cœur de ses relations est une communauté appelée à s’éclater et à dépérir. Regardez sur vos têtes, et sur la mienne : nous ne portons pas d’auréole ! Un jour, j’espère, il y en aura ! Mais ce sera quand nous serons au ciel. Au début de la messe, nous implorons ensemble la miséricorde de Dieu, en sollicitant le soutien de nos frères et sœurs, pécheurs comme nous, et de tous les saints. Par cet acte liturgique, nous reconnaissons que nous sommes tous pécheurs.

Construisons donc ensemble cette Eglise-famille des pécheurs pardonnés et appelés à se pardonner mutuellement comme nous y invite Jésus dans l’Evangile. Essayons, dans nos familles, les équipes, groupes, services et mouvements…à nous aider mutuellement à avoir une approche véritablement chrétienne du péché et du pardon, dans une perspective de conversion personnelle et communautaire, comme nous y invite notre archevêque dans sa lettre pastorale. Il s’agit de reconnaître que chacun de nous personnellement porte des failles et que notre communauté aussi est loin d’être parfaite, qu’elle chemine et qui dit cheminement dit aussi chutes et relèvements. Dimanche dernier, Jésus nous appelait à nous soucier du salut de chacun à travers la correction fraternelle.

Vivons véritablement le pardon et la miséricorde de Dieu entre nous. Seule la découverte de la miséricorde permet de guérir des blessures qui peuvent nous diviser et nous éloigner les uns des autres, en se servant de nos différences légitimes de sensibilité spirituelle, liturgique, pastorale, de couleur de peau, de clocher, d’engagement politique ou ecclésial. Accueillons-nous dans la miséricorde parce que tous enfants d’un même Père miséricordieux qui nous appelle à former une seule et même famille, et tous membres du Corps du Christ. Accueillons chaque membre de notre famille ecclésiale, tout en sachant que ce n’est pas un saint que nous accueillons, mais un frère, une sœur qui, comme chacun de nous, porte des failles, des fragilités mais aussi des talents qu’il peut apporter à la communauté ecclésiale parce que chacun se sent responsable de la vie paroissiale.

Dans une famille, on apprend à pardonner. Nous savons néanmoins combien le pardon est un exercice très difficile ? Peut-on tout pardonner ? Doit-on tout pardonner ? Et si l’autre abuse de mon pardon ? Combien de fois faut-il pardonner une offense ?… Ces questions, qui risquent de poser des limites au pardon sont déjà présentes dans la Bible ! La réponse est la même : « toujours, pardonner toujours ! ». Vous allez dire c’est plus facile à dire qu’à faire ! Je sais. Quand le pardon est enraciné dans le cœur miséricordieux de Jésus, il est toujours donné parce que c’est Jésus qui pardonne toujours en nous et par nous, quand le pardon est demandé de manière sincère ! Rappelle-toi que tu es pardonné par Jésus chaque fois que tu viens lui demander pardon sincèrement.

Au temps de Jésus, il était suggéré de pardonner jusqu’à trois fois une offense subite pour manifester la clémence et la miséricorde. Dans l’évangile, Simon Pierre pense être un héros en proposant de pardonner 7 fois ! Pardonner 7 fois, c’est énorme ! Pense à ta voisine, ton collègue, ou à l’autre paroissien que tu n’aimes pas beaucoup. Tu crois qu’il (qu’elle) ne t’aime pas, tu en es même convaincu d’ailleurs ! Tu as beaucoup de peine à lui pardonner ses critiques méchantes, ses commérages, ses médisances qu’elle répand sur toi chaque fois que l’occasion lui est donnée…Vous le lui pardonnez vraiment ? Non, n’exagérons pas ! N’abusons pas du pardon. Mais voici la réponse de Jésus ! A cette collègue qui vous déteste et vous tue par ses paroles et son regard, Jésus ne vous demande pas de pardonner, comme Pierre, 7 fois seulement…mais bien soixante-dix-sept fois sept fois… c’est-à-dire toujours pardonner !

Nous pardonnons parce que le Seigneur nous invite à passer de l’attitude de Juge à celui de d’accusé et de condamné ! Dans la foi chrétienne, nous sommes tous pécheurs, mais tous pardonnés par une telle largesse et générosité de Dieu que nous ne pouvons pas ne pas pardonner. La petite dette que nous avons envers nos frères, ou que nos frères ont envers nous n’est rien par rapport à la dette infinie que nous avons envers Dieu. Mais Jésus, du haut de sa croix nous regarde avec amour, s’adressant au Père, il dit : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Il a effacé toutes nos dettes ! Telle est la raison du pardon vraiment chrétien : je suis appelé à pardonner à ceux qui m’offense parce que moi, je suis le premier bénéficiaire du pardon de Dieu. Nous disons bien dans le Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé ! » Le pardon me met dans une situation nouvelle qui me rend semblable à Dieu qui fait tomber la pluie sur les justes et les injustes, et qui nous appelle à être parfaits comme lui-même est parfait.

Un chrétien ne pardonne pas parce qu’il est meilleur. Le pardon n’est pas une amnésie, l’oubli total de l’offense subie. Bien au contraire, je pardonne parce que je fais le choix de l’amour à la haine, à la rancœur. Te revoir, toi qui m’as blessé, rouvre en moi la plaie de la blessure… mais je choisis le pardon dans l’amour pour ne pas laisser la rancœur polluer mon âme et pourrir nos relations.

N’attendons pas un pardon parfait, angélique…! Nous pardonnons comme nous pouvons, au meilleur de nos capacités et de nos forces spirituelles et psychologiques…. Prions pour obtenir la grâce de savoir pardonner et demander pardon. Et si l’autre considère le pardon comme une faiblesse ? C’est un risque à prendre, un risque que Jésus a pris en pardonnant à ceux qui le crucifiaient. Et pourtant, ce paradoxe transforme les cœurs, peut-être pas tous les cœurs, mais beaucoup de cœurs sont transfigurés par le pardon inconditionnel qu’ils reçoivent.

En cette année pastorale qui s’ouvre, accueillons-nous comme frères et sœurs pécheurs, mais infiniment aimés de Dieu et pardonnés. Apprenons à pardonner pour savoir nous accueillir, en communauté ecclésiale, comme des êtres fragiles, imparfaits, mais riches et enrichis de cette miséricorde infinie de Dieu qui nous appelle à aimer et à pardonner comme Lui. Que nos familles, groupes, services, équipes, mouvements et paroisses…soient nourris et transfigurés par le pardon reçu et donné. Le chemin de sainteté commence par la prise de conscience de nos péchés que le Père pardonne toujours et sans compter chaque fois que nous revenons vers lui, nous appelant à notre tour à lui ressembler en donnant, en pardonnant sans compter, comme lui! Belle rentrée paroissiale…. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-17T14:25:29+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Il y a 20 ans, j’étais encore étudiant séminariste à Rome, il y avait, sur la Rai (la télévision publique italienne) une série qui faisait le plein d’audimat, un succès fou, même dans les communautés religieuses. Il ne fallait louper aucun épisode. Cette série s’appelait Don Matteo avec comme acteur principal Terence Hill qui jouait le rôle d’un curé très populaire. Dans la série, le prêtre Don Matteo jouait à l’enquêteur dans certaines affaires criminelles, des enquêtes menées en même temps que la Polizia ou les Carabinieri (la gendarmerie italienne). Don Matteo exploitait des informations qu’une taupe dans la Police lui fournissait en secret. Grâce à cela, Don Matteo arrivait à résoudre des cas compliqués, en poussant le coupable dans ses retranchements jusqu’au point d’avouer son crime commis. Mais ce qui était plus beau encore, c’est que Don Matteo avait aussi cette capacité à trouver une voie de sortie au mal, au criminel en lui faisant faire l’expérience de la pénitence et du pardon de Dieu au-delà de la justice humaine qui devait poursuivre son cours normal. Cela veut dire que, la justice de Dieu n’efface pas nos crimes et délits devant la justice humaine. Le père Jean-Marie Hary me disait que souvent, dans l’aumônerie de prison, il faut faire attention car certains criminels peuvent penser que leur crime est effacé automatiquement parce qu’ils se sont confessés devant un prêtre. Ce que faisait Don Matteo est en quelque sorte thème principal de la liturgie de la Parole de Dieu de ce dimanche, c’est-à-dire : la correction fraternelle.

Disons de prime abord que la correction fraternelle est un art d’amour très difficile. Elle est une très haute manifestation de la charité fraternelle. Cependant, nous devons faire très attention et éviter toute confusion dans cette matière importante. D’abord, la correction fraternelle n’est possible que quand, dans une communauté donnée, chacun est accueilli en premier lieu de manière inconditionnelle avec ses limites et ses fragilités, là où l’on est pas jugé ni enfermé dans ses erreurs passées ou présentes. La charité, l’amour est le préalable incontournable d’une correction fraternelle. Dans la deuxième lecture, saint Paul rappelle ce principe important de la vie ecclésiale : « Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. »

Aussi, la correction fraternelle dont on parle ici est celle qui concerne les péchés graves, comme Jésus le dit lui-même dans les textes qui précèdent celui que nous avons écouté : « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer. » ( Mt 18, 6). L’objet de la correction fraternelle n’est pas une offense personnelle. Une offense personnelle est à pardonner sans calcul et à oublier. C’est ce que Jésus dit dans la suite de l’évangile de ce dimanche : « Alors Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » (Mt 18, 21). Ca, nous allons le méditer dimanche lors de la messe de rentrée paroissiale.

L’objet de la correction fraternelle est le péché, dans la mesure où ce dernier nuit à la personne qui le commet. La finalité de cette démarche est de regagner la sœur ou le frère pécheur à lui-même et à la vie fraternelle. Il nous faut tout tenter, tout essayer pour ramener à la maison, à la raison, à la communion fraternelle celui qui se perd. Avant de se lancer dans l’exercice de la correction fraternelle, il est très important de regarder nos motivations profondes, ce qui nous pousse à aller faire des reproches à notre prochain. Suis-je motivé par l’amour envers celui qui se perd, en faisant le mal à soi-même et aux autres, en détruisant la vie fraternelle ou alors, suis-je motivé par le désir d’une justice purement humaine avec mes jugements personnels et ces critiques qui n’ont d’autre but que de rabaisser, blesser, mépriser ou humilier l’autre.

Pour y arriver, Jésus nous montre le process. Voici le protocole fondamental à suivre pour un meilleur exercice de la correction fraternelle.

D’abord, on aborde la personne d’égal à égal, en privé, par respect pour lui. On n’alerte pas les autres d’abord en disant, « vous allez voir, moi je vais aller le voir pour lui dire ses 4 vérités » ! Je suis étonné de voir, à travers des gens qui viennent me parler, de telle personne du service ! Quelqu’un était venu me parler d’un confrère qui le blessait par un certain côté. Je lui ai dit : « as-tu osé aller le voir pour en discuter, peut-être même autour d’un café ? » La personne a joué le jeu et leurs relations se sont apaisées. On ne balance pas quelqu’un, on ne fait pas de la délation en pensant ainsi faire la correction fraternelle. Non, la correction fraternelle commence en privé, dans l’intimité, dans le secret. Celui qui se sent accueilli sans condition, pas jugé, ni humilié est généralement disposé à recevoir des observations négatives.

Cependant, étant donné que la nature humaine est parfois compliquée, si la première approche n’a pas marché, Jésus suggère de recourir à la médiation de 2 ou 3 témoins. Une rencontre en petit comité. C’est une tentative d’amener l’autre à la vérité grâce à l’aide des autres. Pourquoi ? Parce qu’on peut aller, plein de bonne volonté, faire une correction fraternelle tout en étant maladroit soi-même, ne pas savoir comment s’y prendre au point de blesser la personne que nous voulons ramener à la raison. Ainsi, Jésus nous suggère de nous faire aider par les autres. Là où une personne ne réussit pas, peut-être à cause des limites personnelles, il se peut qu’on y arrive grâce au soutien de deux ou trois personnes. Mais je rappelle que ces deux ou trois autres doivent être motivés par l’amour et non par un esprit de vengeance.

Quand les deux premières tentatives n’ont pas marché, Jésus nous suggère une troisième voie : l’aide de toute la communauté. Attention ! Il ne s’agit pas de jeter l’autre en pâture. Hier comme aujourd’hui, des graves blessures et des humiliations sont provoquées à cause des confusions autour de cette troisième étape, prise à la lettre. Aujourd’hui encore, certains groupes, mouvements ou même confessions poussent la personne à avouer publiquement son péché. Vous êtes dans un groupe de prière, et vous devez dire devant tout le monde (confession publique !) tout péché que vous avez commis. Rendez-vous compte de l’humiliation que cela peut être, et des dégâts et traumatismes que cela peut produire dans la vie de quelqu’un. La correction fraternelle ne doit pas être une humiliation, mais une manière de montrer au frère que nous nous soucions de son salut, de sa conversion, par amour pour lui et pour le bien de toute la communauté ecclésiale.

Mais, nous devons aller plus loin dans la correction fraternelle et ne pas la limiter dans une sphère purement ecclésiale. Ce sont toutes nos relations amicales, familiales, professionnelles qui doivent être caractérisé par cet amour qui se manifeste dans la correction fraternelle.

Un adage sage dit que « si tu n’as pas un ami qui t’alerte sur tes défauts, paies-toi rapidement un ennemi qui puisse le faire ». Il est important de considérer avec attention et objectivité nos propres lacunes, nos défauts, carences…parce que tout défaut peur devenir un danger pour nous-même et pour les autres. Mais parfois, nous ne voyons pas nos lacunes, nos défauts. Les autres sont des miroirs pour aider à nous connaître ! Ne négligeons jamais les remarques désagréables que peuvent nous faire les gens qui nous aiment. Vous savez pourtant combien nous n’aimons pas les gens qui nous rappellent nos défauts, préférant naturellement ceux qui nous caressent dans le sens du poil. Si un parent ne dit pas à son enfant ses erreurs, l’enfant risque de s’enfermer et devenir un enfant-roi à qui on ne peut faire aucun reproche. Nous en arrivons enfin à des sociétés où tout le monde fait ce qu’il veut, sans tenir compte du bien commun. On a toujours raison et on est le centre du monde.

Le père Daeren, principal de mon lycée au Congo, ne tolérait pas une minute de retard en classe. Un tout petit retard impliquait 1 heure de colle après les cours. Il nous disait : « Je dois être exigeant avec vous car si je laisse passer ces petits retards, demain, vous risquez de vous complaire à aller en retard au travail, ou même d’arriver en retard au rendez-vous d’embauche et gâcher votre vie professionnelle ! »

Si tu aimes vraiment quelqu’un, ne le laisse pas sombrer dans le mal. Ne cherche pas à l’humilier, à l’écraser mais cherche à le sauver, par tes conseils, ton regard bienveillant, tes paroles ! Sois dur avec lui s’il le faut, mais toujours avec amour. Ne reste pas indifférent devant celui qui agresse quelqu’un en ta présence, qui mets ses pieds sur les sièges dans le train… Cette indifférence ou lâcheté est un manque de charité pour la personne et pour la société entière. Mais je sais que la correction fraternelle demande aussi du courage parfois ! Jésus dit à la femme pécheresse : « personne ne t’a condamnée ! Moi non plus je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus » ! Dans un autre évangile il dit : « va et évite le mal, il pourrait t’arriver pire encore ! » Demandons au Seigneur de nous apprendre à nous regarder avec amour, à nous soucier de la conversion et du salut les uns des autres à travers une vraie correction fraternelle. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-09T19:43:34+02:00

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques dimanches, nous sommes accompagnés par Simon, fils de Yonas qui a reçu de Jésus, depuis une semaine, un nouveau nom : celui de Pierre. Nous l’avons vu perdre confiance et douter lors de l’épisode de la tempête apaisée et la marche de Jésus sur la mer. Dimanche dernier, Simon Pierre s’est montré le porte-parole des croyants lors de la profession de Foi à Césarée de Philippe quand il a reconnu que Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant. Aujourd’hui, l’évangile nous fait découvrir un autre regard de Simon Pierre sur le messie. Pour Simon Pierre, comme pour les Juifs, le messie devait être un homme fort, glorieux, identifié au nouveau grand roi, avec la mission de restaurer la gloire d’Israël en le libérant de la domination Romaine.

Dans cet évangile, c’est Jésus lui-même qui nous explique ce que veut dire pour lui être le messie et en quoi consiste sa mission : « Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter…. Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Être messie signifie : pas de gloire, pas de pouvoir, pas de compromis ou de compromission ! Un choix radical que Jésus assume, disposé à mourir en donnant sa vie sur la croix.

Ces explications ne sont pas du goût des disciples qui sont atterrés. Il y a encore une heure, sur le long du chemin, les disciples faisaient une sorte de mini-sommet pour savoir qui parmi eux était le plus grand, comment ils allaient s’organiser au niveau politique, qui devait occuper le poste le plus important, se mettre à gauche ou à droite de Jésus. Jésus avait mis fin à la discussion en donnant le poste de Matignon à Simon Pierre lors de la profession de foi à Césarée de Philippe. Tous les calculs étant faits, les accords signés, gouvernement révolutionnaire de combat était presque à pied d’œuvre ! Mais retournement de situation : maintenant, Jésus leur parle de douleur, de souffrance et de mort. Ça ne va plus du tout !

Ça m’a fait penser aux coups d’Etat comme on en voit depuis plusieurs mois dans certains pays d’ancienne influence française en Afrique, comme la Guinée, le Mali, le Burkina et récemment le Gabon : Ali Bongo qui organise des élections qu’il gagne évidemment haut les mains avec 62% : tous ses acolytes font la fête et s’imaginer régner encore pendant très longtemps alors que la famille est au pouvoir depuis 55 ans, et oups, des militaires qui mettent fin au régime par un coup d’Etat… C’est la désillusion. Les disciples qui écoutent Jésus dans cet évangile sont abasourdis et pensent que le messie a perdu le nord et il faut dans l’urgence faire quelque chose pour sauver le régime en place en danger.

C’est encore Simon Pierre qui intervient et prend les choses en main ! Il appelle Jésus à part pour l’interpeler et lui faire une petite leçon de politique : « Ecoute Rabbi, tu dois changer de langage et ta manière de parler aux troupes, aux adhérents. En politique, la communication est importante. Il faut la soigner. Ce que tu viens de dire a brouillé le message et démotive les troupes qui risquent de démissionner un par un. Tu vas te retrouver tout seul avec une telle manière de communiquer ». J’essaye de reformuler et actualiser le message de Pierre. Parfois, nous aussi, nous nous comportons comme Simon Pierre : nous faisons la leçon à Dieu en lui disant que faire, quand le faire, comment le faire, comment le dire, comment gérer…. Jésus ne se laisse pas faire : il recadre Pierre et le remet à sa place de disciple et l’appelle à se convertir : « passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Parfois, nous aussi, au lieu de nous mettre derrière le Seigneur pour le suivre, comme disciples, nous nous mettons devant lui pour que ce soit lui qui nous suive dans nos désirs et décisions, notre volonté. Au lieu de dire, comme dans le Notre Père « Que ta volonté soit faite ! », nous disons « que ma volonté soit faite ! ». Au lieu de suivre le chemin que Dieu nous trace, nous voulons lui indiquer le chemin qu’il doit suivre. Nous lui suggérons les solutions à nos problèmes, au lieu de lui faire confiance. Nous prétendons ainsi que c’est à Dieu de devenir notre disciple. Nous nous fâchons contre Dieu parce qu’Il n’a pas réalisé ce que nous désirions avoir. C’est le problème du prophète Jérémie, dans la première lecture. Il se plaint et se lamente contre Dieu parce qu’il l’oblige à suivre un chemin qu’il ne voulait pas personnellement. « Seigneur tu m’as séduit, et je me suis laissé séduire, tu m’as maîtrisé, tu as été le plus fort ».

Jérémie voulait être le prophète annonçant que de bonnes nouvelles. Mais Dieu a voulu faire de lui un prophète parfois casse-pied, détesté de tous, même de sa famille parce qu’il doit appeler à la conversion et annoncer parfois de mauvaises nouvelles. Jérémie n’en peut plus et veut tout laisser tomber. Mais, grâce à la prière, le prophète Jérémie comprend qu’il doit revenir à la source de sa vocation. Il s’est rappelé l’Amour de ce Dieu qui l’avait séduit et à qui il n’a pas pu résister. Il comprend qu’il doit poursuivre sa mission, et cette fois, selon la méthode de Dieu.

Après avoir remis Pierre à sa place, Jésus précise ce qu’il attend des disciples, de nous. Il ne nous fait pas de la démagogie, de la publicité mensongère, du marketing professionnel comme un chasseur de têtes ou un RH qui veut séduire son candidat en nous disant : « Vous allez voir, c’est super ! Ce poste est vraiment fait pour vous. Vous allez vous éclater professionnellement car votre mission est passionnante, dans cette entreprise à la pointe. Vous aurez des primes chaque année, une augmentation de salaire selon vos performances annuels, des vacances payées par le CE…». Non, Jésus ne promet pas la facilité à ses disciples et sa proposition d’embauche est lourde à assumer. Il nous rappelle qu’être son disciple se résume en trois impératifs : « renoncer à soi-même », « porter la croix » et « le suivre».

Le disciple doit renoncer à la tentation de vouloir être toujours le centre de l’univers, renoncer à cette tentation de vouloir les meilleures places pour être vu. Le chrétien est convaincu d’être unique, spécial, précieux, aux yeux de Dieu et n’a plus besoin de se battre pour le démontrer ou le prouver aux autres. Nous sommes chacun infiniment précieux aux yeux de Dieu. Au lieu de se battre pour le pouvoir en écrasant les autres, un chrétien est appelé à prendre à cœur le bonheur de ceux qui sont autour de lui, en donnant sa vie pour les autres, comme Jésus l’a fait pour nous. Suivre Jésus, c’est risquer sa vie par amour pour les autres !

Toi aussi au lieu de chercher la gloire à tout prix, prends ta croix car la croix est la mesure de l’amour. Si tu n’es pas encore capable de souffrir pour ton conjoint, tes enfants, tes parents, ta communauté, ton pays…. Cela veut dire que tu ne les aimes pas encore vraiment assez.

Cet amour fou qui se donne jusqu’au bout, Dieu nous dit que nous pouvons le vivre avec lui dans nos maisons, nos vies familiales, professionnelles, nos missions ecclésiales et associatives parfois ingrates. Cet évangile exigeant écouté en cette rentrée est un envoi en mission. Il nous rappelle que, dans tout ce qu’au cours de cette année, nous serons, ferons, vivrons, chercherons dans cette nouvelle année pastorale que nous commençons, nous n’avons rien d’autre à faire qu’être simplement à la suite du Christ, lui laisser la première place, donner notre vie en nous mettant au service les uns des autres ! Amen.

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-02T16:44:31+02:00

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis sa naissance, l’Eglise nous a transmis des milliers des visages du Christ, celle tirées des évangiles et celles transmises à travers les apparitions du Christ dans l’histoire. Selon les pays et les cultures, certaines images peuvent même intriguer et poser questions. Je me souviens enfants comment j’étais impressionné par le Christ en croix dans église paroissial : un Jésus très beau, blond, les yeux bleus ! Ça ferait penser à un nordique plutôt qu’à un sémite du bassin méditerranéen. Jésus est représenté en croix (c’est la représentation ordinaire) mais nous pouvons aussi le voir autour de Noël dans la crèche, dans les bras de la Vierge Marie ou de saint Joseph, le voir jeune charpentier apprenant à travailler dans l’atelier de saint Joseph, parfois Jésus assis devant les foules auxquelles il enseigne comme dans le sermon sur la montagne. D’autres représentations plus ordinaires, tel que Jésus Bon Berger portant une brebis sur ses épaules ou sur sa poitrine, ou marchant devant ou au milieu d’un troupeau de brebis… Il y a aussi Jésus de la Divine Miséricorde que nous a transmis sainte Faustine, Jésus Pantocrator, tout en majesté, bénissant.

Plus tard, j’ai découvert des représentations de Jésus asiatique, latino, africain, rappelant finalement que chaque culture peut s’approprier le Christ étant donné qu’il est venu sauver tout le genre humain ! D’ailleurs c’est chacun de nous, selon sa propre histoire et son expérience spirituelle qui devrait se faire sa propre représentation du Christ.

Vous pouvez vous demander aujourd’hui quelle est votre image forte du Christ. Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand vous devez parler du Christ à quelqu’un qui ne le connaît pas ? Certains parlerons du Jésus des années du KT, voire de l’éveil à la Foi, de l’aumônerie, de l’Action Catholique ou dans la Pastorale Etudiante…. Parfois nous entendons tous ces gens qui parlent de Jésus en nourrissant à son égard une méfiance certaine parce qu’ils l’associent à la religieuse très sévère et rigide du primaire, du collège ou du pensionnat, ou alors aux mauvais souvenirs de leur curé d’enfance qui prêchait un Jésus, certes bon, mais tellement sévère à tel point que sa justice de justicier a pris le dessus sur sa miséricorde infinie. Aujourd’hui, il serait peut-être bon que chacun de nous s’interroge sur sa propre représentation du Christ !

Réjouissons-nous que l’on parle encore de Jésus en dehors de nos églises. Quoiqu’on dise, la figure de Jésus intéresse encore nos contemporains. Il suffit de faire un petit tour en librairie pour se rendre compte du nombre des livres qui parlent, pas toujours dans le bien, évidemment, de ce juif marginal appelé Jésus de Nazareth. Des écrivains, des comédiens, des cinéastes parlent encore de Jésus.

Qui était vraiment Jésus ? Tout le monde a une réponse ! Un grand prophète ? Un illuminé ? Un révolutionnaire ? Un idéaliste ?… un grand homme qui a marqué l’histoire ? Etait-il marié ? Etait-il fils unique de Marie ? Avait-il des frères et sœurs ? Quoiqu’il en soit, toutes ces questions, même posées sur Jésus en dehors de nos églises devraient nous réjouir. Cela montre que Jésus pose question à l’homme d’aujourd’hui.

Il serait tellement mieux aussi que les chrétiens d’aujourd’hui prennent le temps de Le chercher, de Le connaître un peu plus , en lui consacrant un peu plus de lecture spirituelle, d’études, pour comprendre son message, sa vie… sans donner trop de poids aux nombreuses visions partiales tellement à la mode, données par des spécialistes des médias qui prônent un christianisme sans attachement à la personne du Christ.

Quoiqu’il en soit, après le Jésus que nous rencontrons dans les livres, les dévotions, les films et documentaires, nous sommes forcément confronter à cette question terrible qui s’adresse à chacun personnellement. Jésus la pose aujourd’hui en s’adressant aux disciples « Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?», « Pour toi personnellement, qui suis-je?». Nous ne pouvons pas y répondre de manière hypocrite ou par la fuite. Cette question nous touche personnellement. Elle secoue nos certitudes et nous demande une réponse personnelle ! « Qui est Jésus pour moi ? ». C’est la question de toutes les questions qu’un chrétien doit se poser !

« Pour vous qui suis-je ? » demande Jésus aux disciples. Cette question, nous permet de contempler, Simon, fils de Yonas prenant la parole et répondant au nom de tous ses frères : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ». Pour nous aujourd’hui, avec un recul de 2000 ans, de nombreuses études de théologie, le catéchisme, l’affirmation de Pierre nous paraît évidente. Mais pour les disciples qui étaient autour de Jésus, ce Charpentier de Nazareth, il s’agit d’une affirmation déconcertante et inattendue. En disant que Jésus est le Christ, le Messie, Pierre fait un saut mortel. « Tu es le Messie que nous attendions en Israël ! » Il est déconcertant que les Juifs attendent toujours la venue du messie. La profession de foi de Pierre est belle et originale. En reconnaissant comme messie le Charpentier de Nazareth, Pierre fait un saut de qualité qui sera déterminant dans toute sa vie. Cette profession de foi change toute sa vie, car la foi vraie en Jésus change forcément notre vie. Pour Pierre, il y aura désormais un avant et un après la profession de foi de Césarée de Philippe.

« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ». Simon ne sait pas qu’il s’appelle Pierre. En reconnaissant que Jésus est le messie, Simon découvre son nouveau nom et son vrai visage. Il découvre une nouvelle dimension qui lui était inconnue, une mission qui fera de lui le garant de la solidité et de la vérité de la foi de ses frères.

Jésus édifie l’Eglise sur la foi de Pierre, mais cette façon de faire de Dieu nous étonne. Comment peut-il fonder son Eglise sur une pierre aussi fragile, sur un homme comme Pierre, de peu de culture, capable d’élans instinctifs, comme quand il dit «  je ne t’abandonnerai pas, et s’il le faut, je mourrai avec toi », mais aussi de graves et grandes déceptions ? Comment peut-il être la pierre qui fonde la foi de l’Eglise du Christ et la protéger contre toutes les tempêtes alors que cet homme est en mesure de renier le Christ, de dire par trois fois qu’il ne le connaît pas, au moment crucial de sa vie ?

Et pourtant, plus deux mille ans sont passés, et cette Eglise est là. Elle a traversé vagues et tempêtes dans l’histoire…, a été secouée, mais elle est encore debout ! Si elle a tenu pendant les siècles avec Pierre et ses différents successeurs, les meilleurs comme les pires, les saints comme ceux à une moralité décevante…. si l’Eglise tient malgré la fragilité humaine de ses pasteurs et de ses enfants, les chrétiens que nous sommes, cela montre bien que l’Eglise n’est fondée sur rien d’autre que le Christ lui-même qui l’a voulue, l’a fondée, et continue à la soutenir en soutenant ses pasteurs malgré leur fragilité. Aujourd’hui, nous pouvons prier pour nos pasteurs, en particulier le pape François et les évêques. Est-ce que nous aimons nos pasteurs, est-ce que nous prions pour eux, ou nous attendons qu’ils se plantent pour les critiquer et exploser au grand jour leur fragilités et faiblesses ?

Avec cette profession de Foi de Césarée de Philippe, la foi de Pierre est prête désormais ! Il pourra désormais assurer la foi de l’Eglise. Il a en main les clefs. Mais si Jésus lui a donné les clefs du royaume, ce n’est pas pour fermer les portes du royaume. Pierre a reçu les clefs du royaume pour l’ouvrir largement grandement et permettre à une multitude d’hommes et de femmes de se mettre en chemin, pour y entrer librement.

« Qui est Jésus pour moi? » Qui est-il vraiment pour nous ? La place, la confiance, le temps, les services….que nous lui accordons dans notre vie nous aidera à comprendre qui Il est vraiment pour nous, car l’identité du Christ pour nous ne peut pas ne pas marquer et modeler notre existence quotidienne !

 

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-08-27T09:14:04+02:00

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Hier, avec les pères Etienne et Alphonse, nous étions invités chez des amis. Pendant que nous prenions l’apéro, j’avais mon verre de bière sans gluten, nous avions parlé de la vie, les joies, les épreuves aussi. Nous avons parlé des personnages de la Bible. Matthieu, un ami médecin qui était à table avec nous s’adresse à moi et me dit : « Joseph, tu vois, moi j’ai choisi le meilleur personnage de la Bible et de tous les saints. C’est la Vierge Marie qui m’accompagne chaque jour » ! Matthieu a alors sortie la chaînette qui pendouillait autour de son cou et nous a montré sa médaille de la Sainte Vierge et un ballon de rugby. Quand il avait 20 ans, en pleine fac de médecine, Matthieu a eu une leucémie à laquelle il a survécu et il sait qu’il doit cela à la Vierge Marie dont il est sûr qu’elle l’accompagne chaque jour. Et depuis, cela a forgé le caractère de Matthieu qui vit avec une espérance et un optimisme impressionnant. La fête de l’Assomption nous invite à choisir la Vierge Marie nous aussi, comme Matthieu.

Par le oui généreux de la sainte Vierge Marie, Dieu a changé le cours de l’histoire de l’humanité en lui donnant un Sauveur. Comme Marie, nous sommes appelés à choisir entre fragilité d’une conscience ouverte au Bien, et la fascination illusoire des puissants de ce monde, entre la logique menaçante, mortifère et écrasante du dragon de l’Apocalypse, ce dragon qui symbolise notre société esclave d’une culture de la mort, comme nous pouvons le constater à travers des lois que nous sommes capables de voter alors qu’elles sont de fait au service de la mort, et la logique humble, mais pleine de vie et d’amour de cette femme qui lutte contre le dragon pour sauver son enfant. Aimer la vie suppose du courage, un combat, lutter, tenir bon, espérer et nous battre contre toutes les forces du mal que nous pouvons rencontrer au quotidien. Dans ce combat pour la vie, la sainte Vierge Marie est à nos côtés, elle se bat avec nous !

La première lecture tirée du livre de l’Apocalypse, avec son langage symbolique et imagé, nous décrit la lutte entre la vie et le pouvoir du mal, ce mal qui veut imposer sa domination sur toute chose et écraser notre l’humanité. Cette lutte oppose une pauvre femme qui vient d’accoucher d’un petit enfant, promesse au monde d’une espérance nouvelle, à la brutalité du dragon qui veut détruire le monde, qui veut arracher le bébé, symbole de la vie naissante. Contrairement à ce que nous pouvons penser spontanément, la femme que nous décrit le livre de l’Apocalypse n’est pas Marie. Cette femme représente l’Eglise naissante, ces premières communautés chrétiennes persécutées qui devaient affronter le Malin manifesté dans l’hostilité des pouvoirs politiques et militaires de l’époque. En effet, la logique et la nouveauté de l’Evangile, incarnées par ces premiers chrétiens, remettaient en cause la logique inhumaine et brutale du pouvoir temporel. Cette Eglise persécutée devait fuir dans le désert. La Vierge Marie symbolise cette Eglise tellement fragile, appelée à se défendre et à défendre l’humanité avec ses seules armes que sont la foi, l’amour, l’espérance fondées dans la fidélité à la Parole de Dieu.

Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous rappelle qu’à travers le premier homme, Adam, toute l’humanité est précipitée dans le péché, et avec le péché, dans la mort. Mais à travers un autre homme, le Nouvel Adam, le Fils de la Nouvelle Eve, le Fils de Marie, Jésus Christ ressuscité, sont advenues la renaissance et la victoire contre le mal sous toutes ses formes, y compris la mort. En effet, le Christ à vaincu la mort, expression suprême du mal, par sa mort et sa résurrection. Cette victoire sur le Mal et la Mort est le plus grand cadeau que Dieu fait à l’humanité. L’Assomption de la Sainte Vierge nous rappelle que nous aussi, nous sommes destinés, avec elle, à partager cette victoire sur la mort en entrant dans la gloire du ciel où Marie nous a précédé.

L’Evangile nous fait contempler deux femmes. Aucune autre présence sinon le mystère de Dieu dans les enfants qu’elles portent en elles. Ces deux femmes, en tant que mères de deux enfants conçus par l’intervention extraordinaire de Dieu, ont des paroles prophétiques pour nous aujourd’hui. Marie et Elisabeth se bénissent, elles chantent, elles dansent, elles sont remplies de joie et de vie parce qu’elles comprennent qu’à travers elles, s’accomplit quelque chose de grand et d’extraordinaire qui les dépasse. Le Mystère de Dieu s’incarne, prend corps et forme en elles. Elles ont fait confiance, ont donné leur oui libre et grâce à elles, ce qui était obscur et caché depuis la création du monde prend un visage et un nom.

Marie chante le Magnificat. Nous devrions le chanter très souvent nous aussi pour rendre grâce pour tout ce que Dieu fait pour nous. Nous savons demander des choses au Seigneur, crier vers lui quand nous sommes dans le besoin, mais combien nous oublions de le louer, de rendre grâce quand les choses vont bien dans notre vie. Beaucoup de chrétiens sont devenus comme des enfants-roi qui pensent que Dieu doit toujours être là, à leur service, mais n’ont guère le réflexe de rendre grâce quand leurs prières sont exaucées. La Vierge Marie nous apprend à rendre grâce pour tous les bienfaits que nous recevons du Seigneur, et qu’il nous donne gratuitement et sans compter. Mais pour rendre grâce, nous devons apprendre à regarder notre vie et notre monde autrement : même dans les épreuves, voir la présence de Dieu qui nous donne la force d’avancer ; voir Dieu dans les petites choses du quotidien au lieu d’attendre de gagner au loto, avoir la chance de respirer, de manger, d’aimer, d’être aimé, d’avoir des amis, tout simplement…Rendre grâce pour toutes ces petites choses auxquelles nous ne faisons pas attention mais qui sont d’une importance capitale pour vivre.

Marie chante le Magnificat, et rend grâce à Dieu et l’évangile nous dit qu’elle va rester pendant quelques mois au service de sa cousine Elisabeth qui attend l’accouchement de Jean-Baptiste. Cela me fait penser à vos rencontres entre famille en cette période d’été. Vous recevez de la famille, des amis… mais il faut gérer au quotidien : la logistique des repas, organiser les visites… Vous êtes venus voir vos parents et vos grands parents, rappelez-vous qu’ils ont un âge certain et qu’ils sont fatigués et fatigables. Marie est restée chez Elisabeth et n’est pas restée les bras croisés, les pieds sous la table. Elle s’est mise à son service parce qu’Elisabeth était enceinte, donc fatiguée. Alors, nous aussi, apprenons à ne pas rester là, à rien faire mais à nous mettre au service, chacun prenant sa part pour que nos retrouvailles pendant les vacances ne soient pas source de stresse et de tension, mais un vrai moment de joie pour resserrer les liens amicaux et familiaux.

L’Evangile nous indique aussi la raison de la vraie grandeur de Marie. Qu’est ce qui nous rend vraiment grand : pas notre richesse, la beauté physique, nos diplômes et titres académiques…. Marie est exaltée par sa foi et l’amour qui jaillissent de son cœur ! La Vierge Marie n’a rien d’autre que sa foi et son amour. Elle sait se mettre à l’écoute de Dieu, se laisse toucher et bousculer par l’Esprit Saint. Nous autres, orgueilleux et prétentieux, nous résistons à l’action de l’Esprit saint dans notre vie parce que nous voulons garder nos certitudes, nos petits conforts, nos petites premières places dans la communauté, dans la famille, dans la société. Nous voyons que notre planète brûle de plus en plus, mais nous refusons de changer parce que nous sommes incapables de renoncer à notre confort, à notre mode de vie. Alors, nous attendons que ce soit les autres qui changent au lieu de commencer nous-mêmes à revoir notre mode de vie et de consommation.

Pour terminer, l’évangile nous apprend que Marie est allée communiquer la bonne nouvelle, la joie à Elisabeth. Et toi, au sein de ton couple, ta famille, la communauté, au travail, est-ce que tu apportes la joie, la bonne humeur, l’espérance ou tu es toujours la personne qui plombe l’ambiance avec ton pessimisme, ton mauvais caractère, ton égoïsme, tous ces défauts dont tu as conscience mais que tu veux garder à tout prix ? Sais-tu te mettre au service des autres ?

Sainte Vierge Marie, apprends-nous à chanter le Magnificat avec toi, à rendre grâce et louer Dieu chaque jour. Amen.

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année A (2023)2023-08-14T19:44:55+02:00

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Parmi les sujets de la liturgie de la Parole aujourd’hui est le découragement, la foi et la tempête dans notre vie. Dans la première lecture, le prophète Elie est écrasé par le découragement et la zone de turbulence qu’il traverse. Il a fait exécuter les prêtres de Baal, un dieu païen importé en Israël par la reine Jézabel. Elie espérait ainsi rammener les foules à Dieu, mais c’est tout le contraire qui se produit : les gens se sont éloignés de Dieu et la reine Jézabel est décidée à venger ses prêtres. Elie doit fuir et chercher refuge dans le désert. Désespéré, Elie désire sa propre mort. Il admet son crime et comprend que Yahvé ne s’impose jamais ! Comme dirait Eric-Emmanuel Schmitt, Elie a compris qu’il n’y a que des imposteurs qui veulent imposer Dieu.

Dans l’évangile, Jésus est aussi découragé par diverses épreuves. Jean-Baptiste vient d’être exécuté par Hérode, sa tête remise à la fille d’Hérodiade. Mais il y a pire encore ! Après la multiplication des pains, Jésus découvre que ses disciples sont restés égoïstes et sans compassion. Ils lui avaient conseillé de renvoyer la foule affamée chez elle et dans les villages pour aller s’acheter de quoi manger. Mais ces pauvres disciples aussi sont découragés : ils ne comprennent pas la pourquoi Jésus réagit durement envers eux. Il les oblige à monter dans une barque pour rejoindre l’autre rive, une région païenne que les juifs étaient censés éviter. Et comme si cela ne suffisait pas, cette traversée doit se faire sous un vent violent, la violence de la nature que nous pouvons voir à travers les incendies actuellement en Europe et aux USA.

Tel est le tableau : fatigue, découragement, désillusion, tempête, violence ! La vie est ainsi faite. Il y a inévitablement de l’ombre et de la lumière, des moments exaltants et des moments éprouvants, des grandes joies et des dures épreuves, la foi et parfois des doutes. Nous sommes confrontés de temps en temps à la violence, celle qui est en nous, comme celle du prophète Elie, victime de son propre fanatisme en combattant le fanatismes des prêtres de Baal, la violence politique qui s’en prend aux adversaires politiques, comme on peut le voir dans certains pays, ou celle d’Hérode qui fait décapiter Jean le Baptiste, la violence de l’égoïsme des disciples qui veulent renvoyer une foule affamée.

Et pourtant, c’est dans de tels moments de découragement, de tempêtes et d’épreuves que nous découvrons qui nous sommes réellement. Si au lieu de nous replier sur nous-même, nous osons nous remettre en question, attendre un peu, patienter, changer, nous convertir, espérer, prier, nous mettre en action, alors, quelque chose de mieux peut advenir, nous permettant de nous comprendre, de comprendre les situations que nous traversons en faisant un peu de relecture. Mais pour y arriver, nous devons absolument accepter d’affronter nos propres fantasmes et nos propres peurs, comme Elie qui doit accepter d’affronter la reine Jézabel, Jésus qui se confronte au doute de penser n’avoir pas choisi les bonnes personnes comme disciples, ou alors Pierre et les disciples qui doivent naviguer, ramer, affrontant la mer et la violence du vent et des vagues.

Le prophète Elie a peur et meurt d’envie de mourir dans le désert. Mais tout en pleurant son sort, il se met en chemin. Sa victoire illusoire du sang versé de prêtres de Baal qu’il a fait exécuter n’a fait qu’empirer les choses. Non, maintenant qu’Elie est sur la montagne de l’alliance, il a compris que Dieu n’est jamais dans la violence. Il faudrait que toutes ces personnes, ces extrémistes de toute religion le comprennent bien : tuer au nom de Dieu, signifie profaner son nom parce que Dieu n’est pas dans la violence. C’est la leçon qu’apprend Elie sur le mon Horeb et qu’il nous fait comprendre dans la première lecture. Dieu n’est pas dans la violence, les incendies, les tremblements de terre, les inondations ou autres cataclysmes naturels… ! Il y aura toujours quelques fondamentalismes qui trouvera la punition de Dieu dans les cataclysmes naturels. Pour trouver Dieu, nous devons aller dans l’intime de nous-même, dans la brise du matin, dans la voix du silence. Nous ne savons plus écouter le silence ! Le silence de la brise légère est le lieu où nous rencontrons Dieu. Demandons la grâce d’aimer et écouter le silence.

L’autre enseignement de ce jour est la question des doutes au cœur de notre foi. Est-ce qu’un chrétien a droit d’avoir des doutes ? Un jour, nous avons rencontré le Seigneur sur notre chemin, mais rappelons-nous toujours que la foi n’est jamais totalement libérée des doutes, et heureusement d’ailleurs. On le voit dans ce récit de l’évangile ! On le voit aussi aux apparitions du Ressuscité. Les grands saints peuvent en témoigner avec leurs nuits obscures. Nous avons tous été confrontés à un certain moment à des questions et situations qui ont bousculé notre foi, des épreuves qui, s’ils n’ont pas réussi à tuer notre foi, l’ont quand même vachement secouée. Alors que nous étions convaincus d’avoir Dieu dans notre cœur, de le voir à nos côtés et tout d’un coup, à travers quelques événements douloureux, le Malin nous fait comprendre que Dieu est lointain, un fantôme, comme les disciples dans cet évangile ! Nous ne doutons pas de son existence, mais le Malin nous fait comprendre qu’il vaut mieux lui faire confiance plutôt qu’à ce Dieu qui ne se préoccupe guère de nos petites vies ! Alors, parce que fragiles et éprouvés, nous allons voir médium, les magnétiseurs, les marabouts, les guérisseurs, nous jetant progressivement, consciemment ou inconsciemment dans les filets du Diable.

Ne craignons pas d’avoir des doutes ! Une foi évidente, sans l’ombre d’un doute ne change pas notre cœur car il nous empêche de grandir spirituellement. Le doute invite à la recherche, la compréhension, à trouver des solutions, le sens des choses. L’Evangile d’aujourd’hui est plus théologique qu’historique. La barque est agitée et battue par les vagues des vents contraires. Cela veut dire que la barque était mise à l’épreuve, testée dans sa solidité. Il en est ainsi de notre de foi. Les épreuves nous font peur, mais elles nous aident à comprendre si notre foi est robuste, affermie, fondée sur le Seigneur, notre Rocher imprenable, ou alors si elle est construite sur du sable ou de la paille. Certaines épreuves affinent notre foi, comme on affine l’or ou le métal par le feu !
Quand les vagues nous submergent, quand tout autour de nous nous dit que nous avons échoué, il y a quelqu’un qui marche à nos côtés ! Jésus marche sur la mer agitée par la tempête et nous dit « Confiance, c’est moi, n’ayez plus peur ! » Pour Israël, la mer symbolisait tous les dangers et la mort, vrai cauchemar. En marchant sur les eaux agitées, Jésus rappelle qu’il peut vaincre les tempêtes de nos vies, les plus horribles de ces cauchemars qui nous angoissent, nous empêchant de vivre, de dormir, de vivre… La maladie, la mort d’un être cher, l’abandon, la solitude…. Jésus peut vaincre tout cela si nous lui faisons confiance !

Contemplons, pour terminer, Pierre qui veut, lui aussi marcher sur les eaux ! Comme nous, Pierre veut vaincre son cauchemar et les difficultés de la vie. Il prend son courage en main, fait les premiers pas, mais par la suite, il perd confiance et sombre dans la mer agitée. Le courage ne suffit pas pour vaincre les tempêtes de nos doutes. La foi de Pierre a besoin d’être affermi, de grandir. Pierre comprend qu’il lui faut, non pas une foi héroïque mais s’asseoir dans la barque avec les autres, ramer lui aussi, avec Jésus, pour porter ses frères sur l’autre rives de la mer.
Dans nos doutes et nos tempêtes, sachons toujours, comme Elie, dans le silence de notre cœur, écouter le murmure de Dieu qui nous parle en silence, nous appelant à la confiance. Demandons la grâce de la confiance dans les épreuves, la persévérance au milieu de nos tempêtes, le silence pour mieux écouter Dieu et le refus de toute forme de violence. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-08-14T19:52:46+02:00

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Notre société nous renvoie parfois le sentiment que nos vies sont vides et sans saveur. Elle nous donne parfois l’impression de vivre dans un monde en perte de sens, de la mesure par cette démesure financière comme on peut le voir dans le monde du football en particulier, avec contratsaux centaines des millions d’euros. Notre société en crise avec son histoire, ses racines au point de vouloir effacer son passé à travers ce qu’on appelle aujourd’hui la « cancel-culture »,une société esclave de n’importe quelle mode ou nouveauté que nous embrassons par mimétisme social, sans discernement, avec l’idée de la beauté décidée des influenceurs à travers la pub d’une griffe, d’une marque,d’un style, et du bien qui devient quelque chose de relatif, de très subjectif et non plus un absolu.

C’est dans ce contexte, au cœur de l’été, que Dieu vient nous parler de la beauté en cette solennité de la transfiguration, le 6 août qui tombe un dimanche ! Mais le 6 août est aussi une date particulière et rappelle quelques souvenirs de l’histoire de l’humanité. Triste souvenir de la bombe atomique tombée sur Hiroshima le 6 août 1945. C’est aussi le 6 août 1978 qu’est mort l’un des grands papes de l’histoire récente de l’Eglise, le pape Paul VI, celui qui a conduit l’Eglise au Concile Vatican II, ce dernier restant, aujourd’hui encore et malgré ses détracteurs, une boussolepour l’Eglise Le concile Vatican II avait initié un nouveau départ pour l’Eglise Universelle ! Que ce dimanche de la transfiguration soit pour nous l’occasion d’un nouveau départ pour une vie transfigurée par sa présence.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus prend avec trois disciples avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les amène pour être témoins d’un moment unique de sa vie qu’est la transfiguration ; Ce sont les mêmes qui seront avec lui lors de son agonie, dans le jardin des Olivier (Gethsémani) à la veille de sa mort. Ces trois disciples forment, on dirait un petitconseil, une équipe resserrée autour de Jésus mais ils suscitentaussi parfois la jalousie des autres apôtres. L’évangile nous dit que ces trois disciples montent avec Jésus sur une montagne. Ceux qui connaissent la Terre sainte nous dire que le mont de la transfiguration est en réalité une petite colline. Mais vous savez combien l’amour nous rend tous un peu marseillais en nous faisant voir les choses en grand, comme cette colline qui devient une « haute montagne » pour saint Mathieu…

En effet, l’amour rend les choses belle, grandes etmerveilleuses. Je pense aux trois pains et deux poissons qui permettent à Jésus de faire le grand miracle de la multiplication des pains,, au miracle de Cana quand Jésus transforme l’eau en vin, au pain et vin consacrés qui deviennent même la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Pensons à toutes ces paraboles qui nous ont accompagnés ces derniers temps, celle de graine de moutarde, du levain dans la patte, de la perle précieuse, le trésor caché… qui nous rappellent comment des petites choses peuvent transformer le monde et produire des réalités extraordinaires. Pensons à tous ces hommes et femmes qui ont eu des petits rêves d’amour pour l’humanité, pour l’Eglise à tel point que ces petites choses qu’ils ont initié, ces petitsrêves ont radicalement transformé l’histoire de l’Eglise et de l’humanité.

Sur cette colline, Jésus est transfiguré devant ses apôtres. Il leur révèle son identité en tant que le messie. Il n’enlève pas ses vêtements, comme un footballeur qui vient de marquer un but magnifique ou un médaillé d’or aux jeux de la Francophonie à Kinshasa, et qui se frappe la poitrine pour signifier qu’il est le meilleur ou trop fort !  C’est le regard desdisciples qui change car l’amour et la foi modifie notre manière de regarder Dieu et les autres. Un parent aimant trouve forcément son bébé le plus beau des enfants. Un amoureux trouve sa bien-aimée la plus belle des femmes, malgré tous les défauts physiques qu’elle peut avoir ! Quand nous marions le cœur avec la raison, nous cueillons la beautéprofonde d’un paysage lors d’une promenade, par exemple. Cela conduit notre regard et notre raison dans une communion avec notre cœur. C’est cela qu’on appelle le « regard intérieur », le seul capable de voir la vérité profonde, l’harmonie, la plénitude d’un objet, d’un paysage, d’une personne.

Nous pouvons être avec Jésus toute notre vie, le fréquenter à la messe de dimanche, avoir la foi… mais aussi longtemps que notre regard intérieur n’est pas vraimentséduit par la beauté profonde de l’Homme de Douleurs, sans éclats ni beauté, méprisé et malmené en croix comme un mouton qu’on amène à l’abattoir, comme nous dit Isaïe du Serviteur souffrant, nous ne serons jamais réellementtransfigurés par sa présence !

Ebloui par cette gloire et cette beauté du Christ transfiguré, Pierre est ému, le cœur rempli de bonheur. Ildésire demeurer dans cet état de béatitude : « Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! »  Nous avons un besoin urgent de retrouver le sens du beau dans notre vie et dans notre foi. La beauté est une force extraordinaire qui attire au Dieu Créateur qui est la Source de toute beauté ! Dostoïevski nous rappelle que « C’est la beauté qui sauvera le monde ». Nous n’avons pas des explications théologiques pour expliquer pourquoi nouscroyons en Dieu, mais il nous faut dire et témoignersimplement que « c’est beau de croire », « c’est  beau de prier », « c’est beau d’aimer » « c’est beau d’aimer Dieu et de se laisser aimer par Lui ». Encore faut-il que notre vie soit rayonnante et belle aux yeux du monde. La foi belledévoile en moi et dans les autres cette beauté intime qui lie chaque personne, chaque événement à Dieu qui est la sourcemême de la beauté. Il y a tellement de gens, dans l’histoire de l’Eglise, qui ont découvert Dieu à partir de la beauté : celle de la création, celle de la liturgie, d’un tableau, un vitrail, d’uneicône, celle d’un chant liturgique Demandons la grâce d’être dans le monde les artisans et les témoins de la beauté de la foi. Notre société peut apprendre de nous la beauté de la foi, de la prière, du silence, du geste d’amour que nous posons ! C’est cette beauté que nous découvrons dans le regard du Christ transfiguré.

Certains disent qu’il est ennuyeux de croire ! Il est vraique sans une foi lumineuse, vivante et belle nous ne pouvons attirer personne au Christ notre Lumière ! Demandons cettegrâce d’une foi lumineuse en gardant notre regard toujours fixé sur le Christ transfiguré. Que cet été soit pour nousl’occasion de donner un peu de place à l’homme intérieur qui se cache en nous, à l’écoute de la Parole de Dieu, au silence, au souffle fragile du vent…. pour entrer petit à petit dans la  discrète et silencieuse présence de Dieu dans sa création dans laquelle nous pouvons trouver son empreinte !

Seigneur, donne-nous la grâce de découvrir chaque jour la beauté simple mais combien lumineuse de ton Visage transfiguré, et viens transfigurer nos existences par ta présence. Amen.

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-08-06T11:26:14+02:00

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs

J’espère que pendant ces vacances d’été, vous avez reçu de la famille, des amis, ou que vous êtes allés passer ou passez un peu de temps avec eux ! J’espère que vous trouvez un peu de temps pour jouer, surtout avec les enfants qi risquez de s’ennuyer si les repas sont trop longs et prennent tout l’après-midi ou toute la soirée. Jouer ensemble, avec ses enfants, ses petits-enfants, les cousins fait du bien. Et permet de tisser les liens. Parmi les jeux possibles, il y a celui qu’on appelle le jeu de la chasse au trésor !  L’évangile de ce dimanche parle du trésor. Notre vie une vraie chasse au trésor ! Pendant cette chasse, nous avons tous les règles du jeu qu’il nous suivre, avec lesquelles il faut éviter de tricher si nous voulons être heureux et en harmonie avec les autres. Le bonheur est le trésor que nous recherchons tous depuis notre naissance, et ce trésor qu’est le bonheur ne peut ni se vendre ni s’acheter !

Certainement que quelques experts publicitaires ou en communication vont essayer de vous vendre le bonheur, nous le faire acheter ! A quel prix en plus ! Ces experts nous diront que que pour être heureux, nous avons besoin de la voiture la plus puissante, la plus grande, un physique d’athlète, avec un salaire de millionnaire, signer un méga contrat à la Messe ou Kyllian Mbapé…. Nous pouvons tomber dans le piège de ces vendeurs d’illusions.

Saint Matthieu écrit cet évangile 30 ans après avoir tout laissé pour suivre Jésus. Il était convaincu d’avoir trouvé en Jésus celui qui allait combler sa soif de bonheur. Ce collecteur d’impôt a trouvé en Jésus de Nazareth un trésor plus beau que son bureau et sa caisse remplie d’impôt dans laquelle il pouvait piocher, tricher et voler sans rendre compte à personne. Un matin, Jésus est arrivé, il a croisé son regard et lui a demandé de tout laisser pour le suivre. Matthieu a tout quitté depuis et plus rien ne compte plus que Jésus devenu désormais son tout, sa perle rare, le trésor de sa vie.

Et nous alors, quelle la perle de notre vie ? Quel est notre trésor ? Qu’est-ce qui fonde notre bonheur aujourd’hui ! Nous cherchons tous le bonheur, mais sur quoi le fondons-nous ?

 Pour nous aider, contemplons le roi Salomon. En le regardant avec nos yeux et les paramètres humains et sociaux de 2023, nous dirions que Salomon était comblé, le plus heureux des hommes : plus de 600 femmes et trois cents concubines ! Un bon record ! On se demande comment il faisait ! Il est jeune et beau, puissant héritier d’un grand royaume. Il a le pouvoir, gouverne le peuple d’Israël et a fait construire le grand temple de Jérusalem, dont les murs sont devenus mur de lamentations. Ce temple était le signe de la présence de Dieu et fierté de tout le peuple d’Israël, comme nos églises qui, comme jadis, symbolisaient le cœur dans chacune de nos communes et était la fiertéde nos villages.

 La richesse, le pouvoir, ses nombreuses femmes et concubines n’ont pas fait du roi Salomon un homme pleinement heureux ! Il est conscient d’être très jeune et d’avoir beaucoup de limite. Il a conscience d’avoir besoin d’aide ! Il parait que les jeunes qui arrivent dans nos entreprises aujourd’hui arrivent avec des gros sabots et pensent ne pas avoir besoin d’aide des anciens, les seniors, avec leur méthode à l’ancienne. Ces jeunes croient tout savoir et veulent resolutionner les entreprises.  Ils peuvent se mettre à l’école de Salomon qui a besoin du don de conseil et de sagesse.  Celle-ci lui permettra de gouverner avec justice et amour, pour ne pas écraser les administrés, servir le pauvre, le petit, l’étranger, la veuve et l’orphelin…. Pour lui, gouverner avec sagesse sera la source du bonheur.

Et nous, alors ! Si nous étions à la place de Salomon, qu’aurions-nous demandé au Seigneur ? : la santé, la richesse, gagner au loto, un gros contrat, l’amour, la sérénité, la mort de nos ennemis, la mort de Poutine…Salomon nous invite à demander autre chose : la sagesse pour orienter notre vie pour nous indiquer le véritable bonheur et montrer comment l’atteindre, au lieu de nous perdre dans les illusions de bonheurs publicitaires sur nos écrans.

Aujourd’hui encore, comme trois derniers dimanches, Jésus nous parle en paraboles, en utilisant des images qui rendent son message accessible à tout le monde. Il parle du Royaume de Dieu de manière simple, accessible, concrète. C’est une leçon pour nous chrétiens qui avons du mal à parler de Dieu simplement au lieu utiliser des grands mots, des concepts, des grandes idées théologiques… au lieu de parler simplement de Dieu, pour le rendre accessible à tous, en utilisant le langage commun et simple. Nous sommes devenus des grands intellectuels de Dieu, au lieu d’êtredes témoins concrets et crédibles par une vie simple et vraiment chrétienne.

Jésus nous enseigne en trois paraboles comment chercher le Royaume de Dieu, symbole du vrai bonheur. La première et la dernière nous parlent d’un trésor qui, une fois trouvé, change notre vie. Un homme creuse un champ et trouve un trésor.  Sachant la grande valeur du trésor, il recouvre le trésor et achète le champ. Un collectionneur des perles, comme les collectionneurs de diamants et d’or d’Anvers en Belgique, qui trouve une perle précieuse, extraordinaire et qui fait tout pour l’acheter. L’idée fondamentale dans ces paraboles est la même : la vie est une recherche, et Dieu seul sait ce qui peut remplir notre cœur de bonheur.

Nous aussi, cherchons Dieu car Il se laisse trouver. Nous pouvons trouver Dieu sans l’avoir vraiment cherché, comme celui qui trouve un trésor par hasard, en cultivant la terre. Tant mieux pour vous.  C’est une chance qui peut nous arriver à travers les rencontres, quelques manifestations extraordinaires, un miracle, quelques visions ou révélations qui nous tombent dessus. Rappelons-nous cependant que, de manière ordinaire et commune, notre rencontre avec Dieu est l’aboutissement d’une longue et laborieuse recherche qui peut durer toute notre vie. Quelle est la place de Dieu parmi ces nombreuses choses qui sont l’objet de notre recherche au quotidien ?

 Au cœur de cet été, Jésus se propose à notre quête personnelle pour combler notre cœur de bonheur ! Dieu n’est jamais jaloux ni ennemi de notre bonheur, de notre réalisation personnelle. Il veut fondamentalement notre bonheur ! Il est notre vrai Bonheur. Nous nous enfermons dans cette idée morale d’un Dieu des interdits, du permis et du défendu, des lois et des devoirs… Et pourtant, le désir profond de Dieu est de nous combler de bonheur ! Que cette eucharistie nous donne le goût de chercher Dieu sans nous lasser, lui qui est la Source du vrai Bonheur. Amen.

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-08-02T15:45:55+02:00

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Nous vivons dans un monde où tout le monde veut parler. Ceux qui parlent plus fort pensent avoir toujours raisons. Nous n’avons qu’à voir dans les manifestations politiques : des minorités très insignifiantes mais qui écrasent les autres et crient plus fort, convaincus d’avoir plus raison que cette extragrande majorité silencieuse qui ne dit rien. En Eglise, certains veulent faire entendre leurs voix, réclament des droits,exigent des réformes, critiquent, militent pour deschangements dorientations, de discipline ecclésiale, la modernisation de l’Eglise…

Dans le diocèse, on a vu lors des dernières nominations des paroissiens qui ont écrit à l’évêque, qui ont fait des pétitions pour que leur curé ne change pas de paroisse. D’autres crient déjà très fort pour exiger de la prochaine assemblée ordinaire du synode sur la synodalité des grands changements et qui le font en se servant de la voix médias et des réseaux sociaux. Dans les communautés paroissialescomme dans les familles, il y en a qui gueulent toujours plus fort que les autres et tout le monde doit se taire quand ils parlent, et ceux-là croient qu’ils ont toujours raison. Vous verrez avec ces réunions de famille pendant ces vacances d’été : il y en aura parmi vous qui parleront sans arrêt, sans laisser les autres en placer une, avec une logorrhée, victimes d’une sorte de « diarrhée verbale » car ils ne peuvent se taire un instant pour écouter les autres.

Inutile de penser de qui je parle ! Ne cherchez pas le coupable ! Je ne parle pas du voisin, de la voisine, la belle-sœur ou le beau-frère… Essayons de voir si cela ne nous concerne pas d’abord personnellement, chacun à son niveau, nous souffrons de ce déficit d’écoute en monopolisant la parole. Parfois, nous parlons fort et mal des autres, nous répandons du venin par nos critiques méchantes, nos calomnies qui causent des blessures énormes.que nous regrettons après….. Dans cette culture de la parole, très peu de gens veulent vraiment écouter.

Transposons cela dans notre vie spirituelle. Combien des chrétiens parlent beaucoup à Dieu, sans arrêt, dans leur prière sans jamais prendre le temps de l’écouter…Nous verbalisons tellement nos prières que nous « récitons », que nous « disons ». Nous récitons le bréviaire, le chapelet, nous lisons et récitons des prières déjà prêtes depuis des générations… Parfois, nous disons ces prières machinalement, en toute vitesse : un rosaire récité à la va vite en 30 minutes, tous les mystères compris. Pourquoi ? Simplement parce que nous vivons la prière comme un devoir à accomplir, et non plus un dialogue qui implique écoute,silence, intériorité et expression verbale

Notre Eglise souffre du déficit des chrétiens en quête d’intériorité, qui prient dans le silence, qui écoutent d’abord ce que Dieu veut nous dire. Ecouter d’abord la Parole de Dieu avant de lui parler, telle est la grande leçon de la liturgie de la Parole de ce dimanche « Ainsi parle le Seigneur : La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission »

Isaïe rappelle l’efficacité de la Parole de Dieu qui produit des fruits en abondance mais à une seule condition : se laisser toucher par elle. Comme la pluie qui inonde et féconde la terre à la seule condition que ce ne soit pas des cailloux ou de la pierre. La parole de Dieu produit en nous des fruits de bonté et de sainteté si nous la laissons toucher notre coeur. C’est aussi la signification de la parabole du Semeur. La Parole de Dieu produit toujours de fruits dans notre vie si elle touche notre cœur, (et seulement après notre intelligence). C’est le cœur, siège de la vie et des sentiments qui, une fois touché par la Parole de Dieu, lui permet d’avoir un impact existentiel, nous donnant la joie, l’espérance, le courage, l’amour, la conversion.

Le baptisé se nourrit de la Parole de Dieu pour la mettre en pratique. Ecouter sa Parole sans la mettre en pratique, c’est comme construire sur du sable alors qu’écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique est comme construire sa maison sur un roc inébranlable qui la fait tenir intacte au milieu des intempéries, des vents et tempêtes que sont les douleurs, les épreuves et des joies qui risquent de nous distraire et étouffer cette Parole de Dieu….

Quand Jésus raconte la Parabole du Semeur dans l’Evangile selon saint Matthieu, il traverse un moment de crise et difficile. Il a l’impression que ses paroles n’ont plus d’impact dans la vie des gens. Il lui semble vivre un échec dans sa prédication parce les gens sont préoccupés par autre chose que du Royaume de Dieu : leur centre d’intérêt est ailleurs… Mais Jésus ne se décourage pas. Il parle, il enseigne, il sème… et ne se préoccupe pas des résultats immédiats….

 Il en va de même de notre vie de foi et notre mission. Des prêtres, des catéchistes, préparateurs au mariage ou au baptême, des chrétiens engagés dans différents services se demandent parfois à quoi ils servent devant le peu de résultat, le manque de foi des gens que nous rencontrons : les enfants du catéchisme qu’on ne voit pas forcément à la messe, les fiancés disparaissent après leur mariage, pour réapparaitre après la naissance du premier enfant pour demander son baptême, et pour ensuite disparaître, en attendant le deuxième enfant…. D’où le découragement des prêtres et des laïcs engagés dans l’Eglise !

Ce découragement vient parfois de notre orgueil : nouspensons que tout dépend de nous ! Nous ne sommes pas les maîtres de la moisson. Nous semons mais c’est Dieu qui est leMaître, le Semeur qui sème en se servant de nous. Tout le reste dépend de Dieu et des conditions psychologiques,familiales, sociales, matérielles, les distractions, les angoisses, les ronces, les cailloux, les mauvaises herbes… dans notre vie et celle des gens que nous préparons. Un enfant du KT qui ne peut entendre parler de Dieu dans sa famille ou dont les parents ne vont pas à la messe aura du mal à y venir seul ou prier par lui-même. Donc au KT, essayons de lui permettre d’avoir une vie de prière. J’avais rencontré, lors d’un camp scout il y a quelques année un chef un gars vraiment bien et de très bonne volonté qui m’a avoué qu’il venait de vivre la toute première messe de sa vie. Il avait 20 ans. Il m’a ensuite assommé de question sur la messe, la Bible ! Un louveteau dont les parents sont musulmans, a voulu que je le bénisse pendant la messe ! Quelle grâce ! De petites choses de ce type nous booste et nous invite à ne jamais se décourager parce que Dieu est à l’œuvre dans les cœurs, et se servant de chacun de nous, à travers ce que nous proposons et offrons.

Mais nous rencontrons aussi parfois des terrains durs, des vrais cailloux où il nous semble que rien ne pourra jamais pousser. Tout cela nous dépasse et nous ne pourrons jamais avoir un contrôle sur ces aspects de la vie des gens.Cependant, il nous faut quand même semer, avec confiance, générosité et espérance qui nous nous permettent de voir quelques fruits dans la vie des gens….

Que le Seigneur nous aide à voir les fruits de sa présencedans nos vies, dans l’Eglise et dans le monde. Que le Seigneur nous apprenne à savoir ouvrir nos yeux pour voir les signes, les germes et les fruits de sa Parole et de son Royaume déjà présent, mais pas encore pleinement accompli.

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-07-16T11:32:12+02:00

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

L’actualité est troublante et angoissante dans le monde et dans notre pays. Nous venons de traverser une période d’émeutes dans plusieurs villes de France, on parle de 400 villes touchées en France, avec des dégâts énormes, des blessures, les tensions, des récupération politiques et polémiques. Je n’entrerai pas dans l’analyse des causes et conséquences de ce des émeutes. J’en reste au fait, au phénomène : ces émeutes nous font peur et nous inquiètent. La guerre est toujours aux portes de lEurope avec cette guerre entre l’Ukraine et la Russie s’enlise, un vrai faux coup d’Etat loupé à Moscou avec Prigogine et la milice Wagner… A la veille du départ en vacances, beaucoup sont inquiets. La peur, la peur et encore la peur !  Bref, dans un contexte aussi peu brillant et peu serein, nous courons le risque du découragement, d’entrer dans l’habituelle tentation de nous plaindre, de baisser les bras !

Jésus a vécu la même chose. Le contexte de l’évangile de ce dimanche est une période trouble, décourageante etéprouvante pour Jésus. Son cousin et précurseur Jean-Baptiste a été arrêté par Hérode et Hérodiade. L’adhésion populaire à son message attendu des juifs s’avère un vrai fiasco : ces derniers ont plutôt manifesté une grande hostilitéet une grande méfiance. Bref, pour Jésus, les choses vont très mal et sa mission prend une tournure malheureuse. Jésus voitse profiler à l’horizon un grand échec. Cela nous arrive aussi ! Ce sentiment d’échec et de découragement que nous pouvons vivre aussi dans l’Eglise, fatiguée de ramer à contre-courant, combattue de l’intérieure et à l’extérieure, honteuse et blessée de nombreux scandales, faisant parfois semblant que tout va bien en assumant un christianisme qui ne fait plus devrais disciples missionnaires mais qui se contente des habitudes, la routine sans se remettre en question.

Alors, que faire ? Certains dans l’Eglise crient à la victimisation et se protège par une sorte de fermeture idéologique, par un retour au passé, à la tradition, avec une certaine rigidité, l’enfermement dans les normes théologique, canoniques, liturgiques pour se protéger des attaques ! Ou alors, on s’agite, on panique en voulant faire de l’Eglise de Dieu une association démocratique qui décide à main levéequi s’accommode à la culture ambiante, embrassant toutes les mutations sociales en vogue qui sont loin de faire grandir l’humanité et de respecter la vie et la dignité humaine. Ces deux tendances de fermeture ou de démocratie associative à outrance ne sauveront pas l’Eglise et je ne crois que cela soitla volonté du Christ.

Dans un contexte de grand découragement, Jésus lui au lieu de se lamenter et de se plaindre, au contraire il fait de la louange. « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Jésus loue le Père parce que son rejet et le refus de son message de la part des religieux, des théologiens, des experts de la foi a permis aux plus petits, auxderniers, aux gens simples, aux paumés de la vie d’accueillir le Christ. C’est un renversement de logique. Aujourd’huiencore, parfois nous nous battons et nous divisons dans desdébats théologiques dans l’Eglise, nous exigeons des réformes liturgiques disciplinaires! Lorsque je rencontre les convertis ou nouveaux convertis qui demandent le baptême, la communion ou la confirmation, je trouve une fraicheur, loin des polémiques, une joie toute simple et intense d’avoir tout simplement été touché par le Christ. Ce sont ces gens-là qui sont l’objet de la louange du Christ dans l’évangile de ce dimanche. Dieu offre son alliance, son amitié, sa disponibilité et sa présence à tous, mais très peu de gens l’accueillent parce qu’ils posent des objections rationnelles et refusent ainsi de s’approcher de Lui parce que leur tête, leur intelligence abarricadé le cœur à l’Amour qui leur est donné. A trop réfléchir on ferme la porte à l’Amour.

Les derniers, les exclus, les perdants, les tout-petits s’émerveillent de Dieu. Jésus s’en réjouit en rendant grâce. Demandons à Jésus de nous donner la capacité de voir dans les échecs une opportunité. Croire, croire, croire encore, comme Jésus sait le faire, qu’à travers les péripéties parfois contradictoires, Dieu sait ouvrir de nouveaux chemins du salut. Nous pleurons parfois sur une fenêtre qui nous est fermée au lieu de nous réjouir et nous émerveiller sur la grande porte qui s’ouvre…tout simplement parce que nous avons les yeux braqués sur la fenêtre fermée. Dieu nous aime, et il nous aime de manière définitive. Nous autres, à cause de notre liberté et de notre intelligence, nous pouvons choisir de nous compliquer la vie, nous enfermer dans des raisonnements logiques qui créent en nous méfiance et préjugés ! La vie n’est pas toujours comme nous l’attendons et Dieu veut que nous laissions de la place à l’inattendu, l’imprévu qui porte toujours cette force de nous émerveiller avec Jésus dans cet évangile. Maintenant que vous avez fait le programme des vacances, que tout est calé, préciser le programme de chaque journée, voire le menu de chaque repas, ayant prévu de faire ceci, cela, tel jour, à telle heure, à telle endroit… je vous conseille de laisser aussi un peu de place à l’imprévu, l’inattendu, à la fantaisie pour en profiter vraiment et pouvoir louer Dieu.

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ! » Jésus insiste ! Allons à lui, rassemblons-nous autour de lui, apprenons de lui, devenons ses disciples. Apprenons de lui à faire confiance au Père, à nous abandonner, à croire, à lire l’histoire et la vie, notre histoire et notre vie avec un regard autre, le regard de Dieu. Allons à lui si nous sommes fatigués et opprimés, insatisfaits, déçus de la vie, non pas pour former un club des perdants et des gens aigris qui se lamentent et se plaignentensemble, incapables d’affronter le monde et qui finissent par s’enfermer sur eux-mêmes. Non, allons au Christ parce que la fatigue intérieure et l’angoisse nous éloignent de l’essentiel. Approchons-nous du Christ pour apprendre sa logique, embraser ses attitudes, sa mentalité. Apprenons à aimer, à s’aimer, à l’aimer, à nous laisser aimer.

Ne laissons pas dominer et s’installer en nous et entre-nous la logique de la chair, comme écrit saint Paul, c’est-à-dire, cette logique mondaine, hédoniste, narcissique, cynique qui porte notre monde au suicide. Accordons un peu de place au SaintEsprit, au spirituel, à l’âme, à l’intériorité, à la prière, à la méditation, au silence. L’été peut être pour nous une chance de nous approcher un peu plus du Christ, en prenant un peu plus de temps chaque jour pour prier parce que nous sommes moins pris par le travail. Puissions, pendant cet été, nous émerveiller, louer le Seigneur et profite de cette trêve pour nous approcher vraiment du Christ, lui qui est doux et humble de cœur. Amen

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-07-09T11:26:28+02:00
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