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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph du XVI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, Jésus nous a envoyé en mission deux par deux, en équipe, nous rappelant l’annonce de l’Evangile et la mission en Eglise se fait toujours avec les autres. Il nous invitait aussi à accepter les déplacements qu’impose la mission, à nous bouger, à nous donner toujours de nouveaux objectifs et à ne jamais rester statiques. Cela nous rappelle que ce que Jésus nous demande de faire et de vivre, nous pouvons certes le faire seul, mais si nous voulons être fécond, il nous faut travailler avec les autres, en équipe. Jésus nous commande de le faire en équipe ! Ce dimanche, Jésus aborde d’autres thématiques pour nous inviter à la conversion.

Dans la première lecture, Dieu n’emploie pas une méthode douce pour appeler à la conversion, mais il le fait à travers des paroles dures que nous n’aimerions peut-être pas entendre, comme ces paroles du prophète Jérémie contre les pasteurs d’Israël. Ces pasteurs sont coupables d’avoir mal conduit le peuple et de l’avoir conduit à sa perte : « Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage ». Ce qui est beau et rassurant, c’est de voir comment un oracle qui a commencé avec une menace se conclut par la révélation de la tendresse et miséricorde de Dieu pour son peuple : « Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur. » Cette promesse va se réaliser plus tard en Jésus, le Bon Berger.

En écoutant cette parole, nous pouvons faire comme tous les bons paroissiens qui écoutent l’évangile et les homélies des prêtres pour les autres d’abord, mais jamais ou alors très rarement pour leur propre conversion. « Chéri, chérie, t’as entendu ce que le prêtre pendant l’homélie ! On dirait qu’il s’adressait vraiment à toi !  Si mon collègue mon manager, mon responsable pouvait entendre ce que le prêtre a dit aujourd’hui ! » Pour nous parfois, c’est comme si l’appel à la conversion était d’abord adressé aux autres, et pas à nous.  Cette tentation nous guette de penser que ces paroles dures de Dieu, prononcées par le prophète Jérémie ne nous concernent pas parce qu’elles s’adressent aux pasteurs, aux prêtres, aux autorités, à ceux qui sont responsable et qui gouvernent. Non, la parole de Dieu s’adresse d’abord à nous, personnellement.

Petits et les grands, nous sommes tous disciples du Christ qui ont, dans notre vie familiale, professionnelle, associative, ecclésiale des rôles, responsabilités et des missions. Le Seigneur nous demande de remplir des rôles et mission avec le cœur. Demande-toi dans quel état d’esprit, quelle quantité et qualité d’amour tu mets dans tes missions et responsabilités. N’y a-t-il pas trop d’égo dans ma manière de remplir mes missions ? Regardons ce qui se passe au niveau politique dans notre pays : finalement, nous remarquons qu’il y a aucun projet, ou de très peu de projet, mais seulement la guerre des égos et le positionnement personnel dans tous les partis !  Et le bien du peuple vient en dernier lieu. Nous ne sommes pas vaccinés contre cette dérive d’orgueil dans nos missions ecclésiales et professionnelles, d’où l’appel à la conversion.

L’Evangile rappelle qu’un chrétien, disciple du Christ est d’abord appelé pour « être avec Lui, à part ». C’est ce que Jésus demande à ses disciples qui reviennent d’une mission, tous heureux de leur réussite et succès. « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Se mettre à l’écart pour rendre compte au Seigneur, pour se ressourcer…C’est Jésus qui les avait envoyés annoncer la Bonne Nouvelle. Au retour, c’est vers Lui qu’ils vont en premier, pour rendre compte et relire avec Lui leur mission. Il y a des gens pensent être dépositaires d’une mission et qui refusent de rendre des comptes aux responsables. En fait, dans l’Eglise comme dans le monde professionnel, nous avons tous des responsables et nous avons toujours à rendre compte, à relire ce que nous faisons.

Cet évangile voudrait aussi nous fait réfléchir sur la manière dont nous exerçons nos missions et services dans l’Eglise. Au niveau ecclésial, une responsabilité est toujours est reçue ! On ne décide pas d’être curé d’une paroisse, évêque d’un diocèse ! C’est toujours un appel, une mission confiée par quelqu’un d’autre, comme service à rendre, mission à accomplir. Même le pape est élu par d’autres évêques ! Pape, évêque, curé de paroisse, formateur de séminaire, vicaire, simple prêtre, membre l’EAP, du conseil pastoral, de l’équipe liturgique, SEM aumônerie, catéchisme, Secours catholique, préparation aux sacrements… Aucune de ces missions n’est une initiative personnelle, une question d’envie, de besoin d’autoréalisation personnelle : c’est d’abord notre réponse à Dieu qui appelle, confie et envoie en mission. Cela veut dire aussi que, comme les disciples du Christ dans l’évangile de ce dimanche, nous devons rendre compte au Seigneur des missions qu’il nous confie.

Cet évangile me rappelle le souvenir d’un de mes formateurs pendant mes années de séminaire à Rome. Le père Mario Gadda était supérieur de la maison et en même temps, aumônier de prison. Le matin, quand nous allions à l’université, il partait aussi à son apostolat dans la grande prison romaine de Regina Caelli. Chaque matin, avant de partir à la prison, le père Mario passait une demi-heure d’adoration devant le saint sacrement pour être d’abord avec le Seigneur qui l’envoie à la rencontre des prisonniers. A son retour, le soir, il passait directement à la chapelle pour une autre demi-heure d’adoration pour rendre compte au Seigneur de sa mission et lui présenter les visages des prisonniers rencontrés. Pour moi en formation, c’est un témoignage qui m’avait beaucoup marqué.

Cet évangile est un beau cadeau au moment où nous sommes déjà ou nous nous apprêtons à partir en vacances. Heureux de retrouver nos proches et amis, nous poser, de nous reposer, de couper avec la routine et les tralalas professionnels pour refaire nos forces, être reboostés… Comme les disciples revenus de mission, mettons-nous un peu à l’écart de temps en temps avec le Seigneur pour faire le point sur notre vie personnelle, professionnelle, spirituelle, familiale, ecclésiale. Dans la mesure du possible, profitons de l’été pour vivre une halte spirituelle, un petite de retraite, tout seul, en couple, en famille ou avec des amis. Ce repos physique sera ainsi accompagné de grâces spirituelles pour affermir notre relation avec le Seigneur sans lequel nous ne pouvons rien faire. Amen.

 

 

Homélie du Père Joseph du XVI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-24T11:00:19+02:00

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Dimanche dernier, l’évangile nous rappelait la mission quasi impossible et les difficultés que rencontre un prophètequi veut témoigner dans un milieu connu et familier. Il nous disait lors de son passage à Nazareth « un prophète n’est méprisé que dans sa maison, sa parenté, sa propre famille ». Mais difficulté ne veut pas dire impossibilité ! Cesobstacles ne doivent pas nous empêcher d’oser annoncer la Bonne Nouvelle et témoigner dans nos familles, villages, villes, et cercles trop familiers.

Les plus jeunes, les adolescents aujourd’hui son moins timorée que nous les adultes pour parler de leur foi entre eux. Même si ce n’est pas évident, il nous faut annoncer la Parole qui, accueillie ou rejetée, elle garde toute sa puissance même si nous ne constatons pas des résultats immédiats. Les fruits arrivent parfois longtemps après, même si ce sont d’autres personnes qui les récolteront : certains sèment, d’autre arrosent, et plus tard, ce sont d’autres qui récoltent les fruits, mais dans tout cela, c’est Dieu qui est à l’œuvre car c’est lui qui donne la croissance !  

Pour illustrer le fait qu’il ne faut jamais baisser les bras ni se décourager après un échec, quelque chose qui n’a pas marché, Jésus nous dit qu’il faut changer de stratégie et de méthode, et surtout, se faire aider par les autres. Voilà pourquoi il envoie ses disciples en mission deux par deux. La vie chrétienne est un appel à cheminer, à voyager ! Au cours de ce voyage, nous sommes parfois bousculés, nous pouvons échouer, il nous faut nous réinventer, se renouveler fixer denouveaux objectifs, franchir des étapes, faire de pauses….

Le pape François nous appelle sans arrêt à être disciples-missionnaires qui vivent une conversion à la fois personnelle et pastorale, dans une mission toujours nouvelle dont le message est le même hier, aujourd’hui et demain : le Christ Ressuscité. Penser la vie humaine, chrétienne et ecclésiale de manière statique, immuable, nostalgique, figée dans le passénous conduit à la mort. La mission nous oblige forcément à faire des déplacements, des conversions, et à tenir compte du contexte spatio-temporel en mutation dans lequel le Christ se donne.

Jésus envoie ses disciples deux à deux, et non pas seulparce qu’il sait que nous avons besoin du soutien des autres dans la vie et dans la mission ! La première mission est sans parole. C’est d’abord le témoignage d’être, de marcher et de travailler ensemble, l’un à côté de l’autre en unissant lesforces. Chez les religieux, une communauté est constituée au minimum de trois personnes. C’est pour cette raison que les congrégations n’envoient jamais un seul membre quelque part, dans une paroisse. Je vais vous faire un scoop et vous demander de prier pour un projet : Il se peut quà la rentrée, notre ensemble paroissial accueille une nouvelles congrégation religieuse : trois franciscains de l’Immaculéequi viendront s’implanter dans le diocèse  et que l’archevêque nous confie. Il y a 10 jours j’ai rencontré deux d’entre eux venus en repérage. Ils sont motivés mais la décision définitive doit être prise par leur supérieur général qui est à Rome. Il nous faut donc prier pour que cette communauté vienne chez nous  Dieu le veut.

La première chose qui donne envie de rejoindre à une équipe, un groupe associatif ou pastoral, c’est la qualité des relations entre les membres. « Voyez comme ils s’aiment », disait-on des premiers chrétiens à Jérusalem. Jésus disait à ses disciples en les envoyant : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». Une mission ecclésiale ne peut se vivre dans la solitude, seul dans son coin. Les disciples sont envoyésdeux par deux parce que différents, ils doivent mettre leurs différences au service du même projet, se soutenir pour faire face aux fragilités mutuelles et profiter des charismes les uns des autres. Saint Paul nous rappelle que nous sommes tous membres du même corps et que chaque membre est appelé à travailler pour le bien du corps entier, et c’est l’harmonie entre les différents membres qui permet au corps d’être en bonne santé. Vouloir travailler seul, c’est courir le risque de s’épuiser, de faire mourir la mission et empêcher la croissance de Parole de Dieu et de l’Eglise.

Un autre point important dans cette pédagogie missionnaire est la confiance en la providence de Dieu : « il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton » ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Non seulement il y a l’ami qui nous soutient, mais Jésus nous conseille aussi de nous appuyer sur le bâton du pèlerin et du missionnaire, un bâton pour s’y appuyer quand nous sommes fatigués. Les disciples partent dépouillés !

Quand je devais quitter mon ancienne paroisse pour venir ici, je me suis rendu compte combien il est difficile de déménager, et surtout faire les cartons ! J’ai réalisé qu’en 9 ans où j’étais curé, j’avais tellement accumulé des choses dont je ne m’étais jamais servi. D’où le besoin de faire le tri, donner aux autres et jeter aussi pour se dépouiller un peu. S’encombrer des choses, accumuler, acheter pour acheter sans discernement… tout cela peut reflète notre manque de confiance. Pensons à toutes les assurances et garanties que nous souscrivons : assurance vie, assurance voyage, annulation, panne, garantie pour tel appareil… Le Seigneur nous appelle à lui faire confiance et faire confiance en la générosité des gens qui nous entourent : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien », dit le psaume 22.

Très souvent, par orgueil sûrement, nous pensons que la mission dépend principalement de nos grands moyens au point d’oublier que c’est le Seigneur qui est le premier protagoniste de la mission qu’il nous confie. La pauvre, même en pastorale, est une belle la grâce ! Quand on sait qu’on est pauvre, on est modeste et humble, on cherche de l’aide, on appelle les gens au secours, on leur dit qu’on besoin d’eux, on sait s’appuyer sur les autres. Combien des gens sont allés s’investir dans une autre paroisse parce que, quand ils ont proposé leurs services dans leur paroisses territoriales, on leur a dit qu’on n’avait pas besoin d’eux…. Plus on est riche, plus on croit n’avoir besoin de rien et ni de personne, dans la vie etcome en pastorale, on étouffe les charismes et on appauvrit l’Eglise.

Puisse le Seigneur nous donner cette grâce de la confiance, du dépouillement et de cette pauvreté qui nous rendent tellement riches de Dieu et des autres. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-14T11:25:16+02:00

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus est un missionnaire infatigable, se donnant sans compter, parcourant villages et villes pour enseigner, guérir, annoncer la Bonne nouvelle. Pour reprendre l’expression chère au pape François, Jésus est un missionnaire qui allait dans les périphéries d’Israël sans se fatiguer, passant de ville en ville, de village en village. Cependant, même les grands travailleurs et missionnaires ont besoin de repos, de retrouver la famille, revenir aux sources, Jésus aussi revient de temps en temps à la maison. Le père Vital est parti aussi en vacances, et Willy y sera en août. Pour aider, Théodore et Rodrigue sont arrivés depuis mardi. Je pense aussi à vous tous qui, en cette période des vacances, allez pouvoir vous reposer en famille ou retrouver des amis.

Dans l’évangile, il est beau de voir Jésus revenir à la maison ! Cela nous montre qu’il est profondément humain et que rien de ce que nous pouvons vivre ne lui est étranger ! Ce retour à Nazareth est une leçon pour ceux qui ne pensent ou ne peuvent prendre des vacances, faute de temps ou parce qu’ils pensent qu’il y a trop de boulot. En ce temps de vacances, pensons et prions toutes ces personnes qui vont partir ou revenir dans les lieux familiers, lieu de leur naissance, de leur enfance, lieu de souvenirs familiaux, des cousinades…. cesrassemblements familiaux que l’été nous donne l’occasion de vivre, mais  qui sont aussi parfois source de tension dans  nos familles.

Mais, même là aussi, annonçons la Bonne Nouvelle comme Jésus le fait à Nazareth ! Pour Jésus, tout lieu, même la famille, son village, sont des occasions et lieuxd’évangélisation. Nous savons toutefois qu’évangéliser et témoigner de sa foi en famille et dans les lieux familiers peut être rude. Jésus qui suscitait enthousiasme, admiration et foi adu mal à passer dans son propre village natal : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Si cela est arrivé à Jésus, pas étonnant que cela nous arrive dans nos familles. Je me rappelle quand je suis revenu, après la profession religieuse, dans mon quartier habillé en soutane blanche, en été 2000. Je rencontre une camarade de lycée qui me dit : « Non, Joseph, tu es prêtre ! On aura tout vu ! ». Rassurez-vous je n’étais pas un mauvais garçon ! Mais pour cette collègue, c’était inconcevable de voir un camarade de classe devenir un religieux…. Pensez à un journaliste, un grand patron ou un homme politique qui ose avouer publiquement, à la radio ou sur un plateau de télévision qu’il est chrétien, en France ! Il aura signé sa mort médiatique et politique !

Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel est marquée dans sa mission aussi par le refus de Dieu de la partdu peuple. Il se rend compte très rapidement que Dieul’appelle à prendre sa part au refus même de Dieu : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi.  Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi.  Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. »

Chaque prophète (nous sommes prophètes par le baptême) est appelé pour porter et sentir dans sa propre chair le refus de Dieu, de la part des hommes et des femmes de son temps, au point d’être nous-même rejetés. C’est une manière de porter sa croix, de participer à humiliation subie parJésus.

L’évangile nous dit que dans la synagogue de Nazareth, « nombreux étaient frappaient d’étonnement ». Ils se rendent compte qu’il y a quelque chose de nouveau. C’est comme quand nous allez proposer, en rentrant chez vous pour le déjeuner de faire un bénédicité, ou ce soir, en sollicitant toute la famille pour faire une petite prière avant d’aller au lit. Cette demande va en émerveiller certains, mais d’autresrisquent de vous prendre pour un fanatique surtout si les gens prétendent vous connaître trop bien ! « Non, ce n’est pas lui. Il doit être sous la coupe, sous l’emprise du curé, d’un groupe chrétien ! », encore si l’on ne dit pas que vous faites partie d’une secte ! Trop connu pour être un prophète ! La prétendue connaissance que les habitants de Nazareth ont de l‘enfant du pays devient un obstacle à la réception de l’Evangile.  Saint Marc conclut par une formule lapidaire : « Et ils étaient profondément choqués à son sujet. »

Pour la première fois, Jésus est appelé « charpentier » dans l’évangile de saint Marc. Ce qualificatif, dans la bouche de ses concitoyens exprime plus qu’un simple attribut : En Israël, presque tous possédaient un petit lopin de terre à cultiver pour se nourrir. Celui qui l’avait perdu pour diversesraisons, pour survivre, devait faire de petits boulots modestes. Parmi ces petits boulots, il y avait des petites réparations, du bricolage avec du bois : un travail d’artisan qui ne gagnait pas beaucoup d’argent et que personne n’avait envie de faire. Ce boulot, Jésus l’avait appris de son père Joseph.

« N’est-il pas le charpentier ? » Cette expression nous dit aussi ce que furent les 30 ans de la vie cachée de Jésus à Nazareth avant sa mission publique : une existence absolument anonyme comme n’importe qui, à tel point que, pour les Nazaréens, cela est incompatible avec le fait queJésus fasse des miracles, enseigne avec assurance et autorité. Ils n’ont jamais vu les grands rabbins, bien connus etbeaucoup mieux instruits, faire cela, et ce ne peut être possible pour un simple charpentier. En plus, les gens savent bien de quelle famille il provient. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?  Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » 

L’émerveillement du départ s’efface devant cette connaissance trop commune et familière. Les cœurs se ferment au lieu de s’ouvrir à la foi.  Ne laissons pas Dieudevenir trop familier, tellement habituel et commun au point de nous fermer à toute nouveauté qu’il peut apporter dans nos vies. Nous courons le risque que Dieu devienne tellement familier de nous, par nos missions, l’eucharistie, les études, la lecture de sa Parole au point de bloquer en nous la disponibilité intérieure à toute nouveauté qu’il veut nous proposer pour nous émerveiller. Ne devenons pas de experts de la religion, du rite liturgique, de la pastorale, de l’eucharistie dominicale ou quotidienne, de la prière communautaire, mais ouvrons-nous à ce Dieu tellement proche, mais toujours nouveau et dont l’amour se renouvelle chaque matin.

Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de ne pas nous habituer au Seigneur, mais de nous émerveiller sans cesse de la nouveauté de son Amour, dans l’actualitépermanente de sa Parole et de tout qu’il fait en nous, par nous, pour nous et autour de nous. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-07T11:25:12+02:00

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Voilà une des plus belles pages de l’évangile de saint Marc. D’habitude bref, timide et concis dans ses récits, il se lâche un peu plus dans la narration des faits où il mêle plusieurs histoires. On dirait qu’il veut nous faire vivre les sensations et les émotions intérieures, comme celui qui veut parler et raconter le doublé du Stade Toulousain, la Champions Cup il y a trois semaines et 23è Bouclier de Brennus. Nous avons vu la joie, l’allégresse, l’exultation, l’euphorie des Toulousains, alors que les voisins Bordelais étaient dépités, tristes, en larmes, découragés…. Dans cet évangile de ce dimanche, saint Marc nous fait vivre les sentiments, les émotions et les perceptions de ceux qui sont autour de Jésus, pour nous conduire sur un chemin de foi à la rencontre de Jésus qui nous libère et nous guérit. Il nous explique en quoi consiste la vraie foi et le fait de manière sensible et charnelle !

La foi n’est pas une doctrine qui s’adresse à la tête ni une éthique qui ne s’adresse qu’à la volonté, mais rencontre avec Jésus, Dieu fait homme, un Dieu sensible comme cette femme courageuse qui est privée de vie sociale et relationnelle à cause ses pertes de sang la rendant impure, un Dieu blesse et éprouvé comme ce chef de synagogue désespéré qui s’approche de Jésus pour demander la guérison de sa fille mourante.  Jésus est le Dieu des relations sociales libérées et libres des préjugés et exclusions. En Jésus, Dieu s’est incarné et notre foi a une dimension sensible, matérielle et corporelle car notre corps est appelé à être touché par la divinité de Jésus. La liturgie a une forte dimension corporelle comme, chanter, danser, se mettre debout, à genou, s’asseoir, taper dans les mains, pleurer, crier de joie…. Une foi véritablement chrétienne et sans idéologie ne peut faire fi de la dimension corporelle et sensible. Malheureusement il y a des chrétiens dénigrent le corps, soulignant le primat de l’âme à sauver, en oubliant que Dieu s’est incarné en Jésus.

Le récit de ce dimanche commence par l’amour d’un papa qui fait face l’enfermement religieux. Jaïre est chef d’une synagogue et fille est mourante. De quoi souffre-t-elle ? Nous ne savons pas ! A sa supplication, Jésus ne dit rien mais accepte de marcher et cheminer avec lui.

Sur la route, Jésus croise une femme. Contrairement à Jaïre qui est riche (chef de la synagogue et qui a peur de perdre ce qu’il possède, la femme est pauvre et n’a même pas de nom et a perdu toute sa richesse dans les soins. Elle n’a pas et ne peut même pas avoir d’enfant à cause de sa maladie. Elle est doublement condamnée à l’exclusion et à la solitude imposées par la Loi qui la considère comme impure, ne pouvant ni se marier ni avoir des relations intimes à cause sa maladie. Dans son cœur pourtant, cette femme a un grand désir de vivre ! Elle est courageuse et lutte de toutes ses forces malgré la dégradation progressive de sa santé.

Elle a entendu parler de Jésus et cela a fait naître en elle l’espérance ! Témoigner, parler de Jésus autour de nous, annoncer les merveilles qu’il a accomplies pour nous et autour de nous est une façon extraordinaire d’évangéliser et peut donner courage et espoir à beaucoup de monde. L’évangile nous plonge dans la tête et le cœur de la femme : « Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »  Ensuite, de la pensée, elle passe à l’acte : affronter la foule, passer par derrière et toucher le manteau de Jésus. « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal ».

Jésus a senti une force sortir de lui. Chacun peut aussi faire l’expérience de cette force de Jésus qui guérit, libère et apaise…. La foi a une dimension communautaire et ecclésiale, comm aller à la messe, faire partie d’un groupe, un mouvement. Mais la foi, c’est d’abord rencontrer, aimer, sentir, toucher, vivre quelque chose personnel avec Jésus, comme cette femme de l’évangile Ne nous contentons pas d’une vie chrétienne qui soit seulement communautaire ou sociale. Il nous faut développer aussi la dimension personnelle. La femme cherchait à toucher l’habit de Jésus pour guérir, mais à un certain moment, c’est Jésus qui la cherche et veut la rencontrer.  « Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal ».

Jésus poursuit son chemin vers la maison de Jaïre, mais sur la route, il y a un obstacle : les prophètes des malheurs, les mauvaises langues, les pessimistes, les critiques négatives et les médisants qui veulent nous décourager : « comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Ça ne sert plus à rien !   Certains vous disent que la foi, le baptême, le mariage, la messe, tout ça ne sert à rien. Pourquoi votre Dieu ne fait rien pour tous les malheurs du monde ? Pourquoi Dieu ne t’a pas épargné de cette maladie, de cette épreuve parce que tu crois en lui ?

Ces annonceurs de malheurs ont même un côté culpabilisant quand ils parlent à Jaïre : ta fille est déjà morte et tu n’étais même pas présent ! Mais Jésus fait renaitre l’espérance : « Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. ». Ne te laisse pas manipuler par la peur, l’angoisse et tes fragilités. Crois seulement, abandonne-toi, laisse-toi aimer et tu apprendras à aimer à ton tour.

A ce moment, nous notons quelque chose d’important : Jésus construit une communauté resserrée avec Pierre, Jacques et Jean qu’il sort de cette foule qui le bouscule, qui pleure, critique, fait des reproches. Il prend le père et la mère pour les conduire là-où se trouve la jeune fille. Il saisit la main de l’enfant (encore un geste sensible), et lui dit : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher. Elle avait douze ans ».

Chez les Juifs du temps de Jésus, à douze ans, on est presque majeur ! Ce n’est donc pas une petite fille comme la décrivait son père, symbole tous ces parents qui considèrent leurs enfants comme des éternels bébés, leur refusant de devenir autonomes, les appelant « mon bébé » même à 40 ans alors qu’ils sont déjà mariés. Ça crée des conflits avec les belles-filles et les gendres ! Cette jeune femme est confiée aux deux parents pour former une nouvelle communauté créée par Jésus :  la famille est la première communauté ecclésiale. Si l’Eglise est une famille, elle se fonde et s’appuie sur la cellule familiale, parents et enfants qui constituent une Eglise domestique. En cette période estivale où nous allons nous retrouver en famille, puisse Jésus venir soigner nos relations, nos blessures et faire de nous familles des véritables Eglises domestiques. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-01T15:09:06+02:00

Homélie du Père Joseph du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et soeurs!

Les temps sont un peu durs et j’aimerais que cela  passe,  retrouver une vie plus lègere, même pastoralement.  Je sais que les épreuves sont le lot de tout le monde, alors je ne me plains pas. Au niveau personnel, ecclésial, professionnel, pastoral, familial, affectif… nous avons tous un jour vécu une expérience similaire à ce que vivent les disciples qui ont peur de mourir et pendant ce temps, nous avons pensé comme eux que Jésus dormait  sans se soucier de ce qui se passait dans notre vie.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille et chaque vie porte son lot de douleur et d’épreuve. Je ne voudrais pas vous pourrir le moral alors que vous penseé déja aux vacances qui approchent. La souffrance, la douleur, les épreuves, il y en a eu dans le passé, nous en vivons actuellement à des niveaux très différents et il y en aura encore dans l’avenir:  une maladie grave, les attaques injustes, la haine grauite, une séparation, un échec, le fait de n’avoit pas obtenu ce que vous avez désiré à cause de ParcourSup… Dans ces expériences tempêtueuses, il est normal et naturel de s’adresser à Dieu avec plus ou moins de colère :“Seigneur, ça ne te fait  rien que je souffre tant,” “Pourquoi dors-tu pendant que le malheur s’abat sur moi”, “ Mon Dieu pourquoi m’abandonnes-tu?”.

La Bible est remplie de ce genre de question. Certains psaumes, le cris de Job devant les malheurs qui s’abattent sur lui, Jésus sur la croix…Même les grands saints ont fait l’expérience de l’abandon et du silence de Dieu au moment des épreuves de la vie. Une dame dont j’ai célébré les funérailles du mari décédé après 40 ans de mariage me disait, lors de la préparation qu’elle avait le sentiment que Dieu l’avait abandonnée. Pour l’aider à regarder les choses différemment, je lui ai dit que mon père est décédé avant que j’ai 12 ans, mais en voyant Jésus sur la croix, je sais qu’il a porté sa propre croix  et la mienne aussi depuis cet âge jusqu’aujourd’hui, et que jamais je n’ai douté de sa présence à mes côtés! Et cette certitue est encrée en moi. Il ne faut  pas comparer les croix et les épreuves, parce que les gens n’ont pas les mêmes épaules. Les épreuves peuvent avoir la vertu bénéfique d’affiner notre vie, nous aider à cerner ce qui est essentiel, purifier notre foi, comme l’or qu’on purifie par le feu. Mais, rappelons-nous que le Seigneur n’abandonne jamais ses enfants.

Le Seigneur n’est pas ailleurs et il ne dort pas! “Non, il ne dort pas, il ne sommeille pas le gardien d’Israël” nous  dit le psaume 120. Il est toujours présent et agissant dans notre vie, mais il est présent à sa prorpre manière, pas à la nôtre. Nous aimerions tellement qu’il soit là à notre manière, quand et comme nous le voulons. Heureusement que ce n’est pas le cas. Dieu est toujours présent mais il refuse de se laisser manipuler par nos chantages et se faire prendre par des sentiments. Le Seigneur est là, il veut me sauver, il ne veut pas qu’un seul cheveu de ma tête se perde… Cependant, il le fait en me demandant d’être responsable, de me prendre en main, d’utiliser les facultés qu’il m’a donnée. Dieu ne veut jamais intervenir à notre place  parce qu’il nous fait confiance. Il ne nous épargne pas la traversée de la mer avec ses turbulences et la tempête mais il  nous accompagne. Il nous a promis d’être avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde”. Il est toujours présent dans la traversée de nos vies, il prend soin de nous. Il ne nous protège pas de la peur mais sa présence est notre assurance tout risque.

La traversée  est parfois très dangéreuse et  angoissante, mais rappelons-nous que le Seigneur est là, nous appelant à vaincre la peur et à devenir meilleur, à être toujours plus responsable.  S’engager dans le mariage est une traversée qui peut faire peur quand l’on  prend cet engagement au sérieux. Faire confiance à un homme, à une femme et se donner entièrement pour la vie fait naturellement peur, surtout de nos jours… et nécessite beaucoup de confiance dans la vie. Passer le BAC de Philo,  la Grand Oral, un concours, est une traversée qui fait peur. L’avenir politique du pays après cette dissolution peut faire faire. Accueillir des étrangers peut faire peur à certains. On parle beaucoup des étrangers en cette période campagne pour les législatives.  Voir un prêtre qu’on croyait être bon prêtre peut faire faire….. Toutes ces peurs sont légitimes, normales, naturelles, mais, de grâce, ne laissons jamais la peur étoufer la confiance dans le Seigneur et dans nos frères et soeurs. Contempler Jésus en croix fonde ma certitude qu’il est présent dans mes propres croix.

L’évangile de ce dimanche décrit ce sentiment de peur et d’abandon ches les disciples. Toute la journée, sur les rives du lac de Tiberiade, Jésus a enseigné et à présent il est fatigué. Oui, Jésus était aussi parfois très fatigué par le boulot, par sa mission.. La nuit tombée, il congédie la foule et demande ensuite aux disciples d’aller à l’autre rive Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. »

Au cours de la traversée du lac, la menace réelle et objective, le danger de mort imminent. « Maître, nous sommes perdus. Cela ne te fait rien ?» Réaction de peur, manque de confiance. Tout d’un coup, un miracle s’opère : en peu de mots paroles et un simple geste d’autorité : « Silence ! ». Le vent s’arrête, le calme revient. Jésus s’adresse ensuite aux disciples « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ».

Les disciples sont saisis de crainte devant ce geste puissant et totalement nouveau : « même la mer et le vent lui obéissent ». Pourtant, ils avaient assisté aux miracles et gestes extraordinaires accomplis par Jésus. Ils étaient censés avoir foi en lui, mais ce n’était pas le cas. Ceux qui ont eu la chance de voir Dieu à l’œuvre sont souvent ceux qui ne font plus attention à Lui. Dieu leur devient un quelqu’un de familier, de normal, de banal mais en qui ils ne croient plus. Les disciples avaient déjà entendu ses enseignements et assisté à ses miracles et prodiges… mais il leur manquait toujours la vraie foi.

La nécessité de la foi est l’enseignement essentiel de l’évangile de ce dimanche.  Même au cœur de l’épreuve la plus douloureuse, celui qui regarde vers Jésus sera toujours sauvé et joyeux de cette joie profonde que seul Jésus peut donner. Au milieu de nos tempêtes, Jésus traverse avec nous et nous sauve, même s’il semble parfois dormir !  Même devant la mort, la foi dans le Christ nous procure le salut et la vie éternelle que la mort ne pourra jamais nous ravir. Demandons la grâce d’une confiance et de la foi solides lorsque nous traversons une période de tempête et d’ouragan. Comme et avec les disciples, sachons toujours crier, avec de confiance « Seigneur, nous sommes perdus, sauve-nous ». Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-06-21T15:18:34+02:00

Homélie du Père Joseph du XI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Nous vivons dans l’époque de l’hyper-connexion, avec nos moyens et réseaux qui nous font vivre matraquage médiatique qui façonne notre manière penser et de voir le monde et les événements. Au-delà de la pollution de la planète que cela peut causer (internet pollue beaucoup, parait-il), Internet peut aussi causer une sorte de pollution intellectuelle et spirituelle en formattant notre vision du monde et de l’humain.

A cause de cette pollution médiatique et globale, nous ne savons plus voir les nombreuses merveilles tellement évidentes sous nos yeux ! Nous tellement le nez et les yeux dans les écrans dès le lever que nous ne savons pas voir un beau lever ou coucher de soleil, la beauté des fleurs en cette saison de printemps, un paysage exotique, remarquer le sourire sincère du matin du collègue râleur que nous n’avions pas vu depuis longtemps à cause du télétravail. Nous avons du mal à nous émerveiller de la beauté de la nature, les chants d’oiseaux…

Je pense toujours à ce jeune couple normand et leurs trois enfants que j’ai rencontrés il y a quelques années pendant mes vacances à Bukavu. Partis en coopération pour avec Fidesco, ils m’ont raconté combien ils ont réalisé que la vie d’une petite famille aristo française n’était pas toujours facile à Bukavu, dans ce Kivu en proie à la guerre et autres misères depuis des décennies.  Nous avions beaucoup échangé sur les difficultés rencontrées dans leur mission de coopérant, difficultés accrues à cause du décalage culturel. C’était un moment difficile pour eux. En se quittant le soir, je leur ai promis de prier pour eux. Le lendemain, ils m’envoyaient un texto et une photo du lever d’un beau soleil sur le lac Kivu, prise à partir du balcon de leur maison, avec ce message : « Père Joseph, un grand merci de nous avoir écouté hier ! Oui, ce n’est pas toujours facile, mais, vivre avec ces gens toujours souriants. C’est tellement merveilleux. N’est-elle pas belle la vie ! Nous avons la chance de nous lever chaque jour avec un beau lever de soleil sous ce beau lac Kivu et nous rendons grâce à Dieu ! »   Ne fut-ce que cela faisait pencher la balance dans la décision de rester et prolonger leur mission malgré les toutes les autres difficultés vécues.

Sachons reconnaître les merveilles que Dieu nous donne à voir à travers les petites choses du quotidien, la nature, les rencontres, les petits détails de la vie qui sont comme cette graine de moutarde, ou cette semence jetée en terre de la parabole qui nous invite à la fascination devant l’œuvre de Dieu qui est le semeur. Depuis quelques jours, nous nous appuyons sur cet évangile déjà plusieurs fois déjà, en particulier, avec les différents groupes KT lors des réunions de bilan et relecture de fin d’année. Nous essayons de voir ce que Dieu fait grandir en nous adultes et chez les enfants à travers le KT ou en aumônerie.  Soit qu’il veille ou qu’il dorme, cette semence germe et grandir sans savoir comment.  « D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. » Dieu est présent dans les petites choses, même dans celles qui peuvent paraître comme des échecs ou des épreuves.  Jésus nous redit qu’en dépit des épreuves ou des sentiments d’échecs, Dieu est toujours à l’œuvre, et nous conduit patiemment, humblement, par des voies inattendues à la plénitude de la vie.

En fin d’année pastorale, contemplons ce Dieu présent qui agit et travaille en nous, par nous et autour de nous pour faire grandir son royaume. Et je le dis d’autant plus que nous risquons de focaliser notre attention sur ce qui nous plombe déjà le moral, ce qui nos attriste et nous blesse actuellement au lieu de regarder comment le Seigneur nous conduit, nous libère et nous fait grandir au-delà des fatigues et découragements comme ces déportés à Babylone de la première lecture dont nous parle Ezéchiel ?

Comme je le disais, je fais beaucoup de réunions de bilan et relecture actuellement avec les différentes équipes et services. J’ai été marqué par les catéchistes de CE1 par exemple.  Un constat revient : découragement et fatigue des bénévoles à cause de plusieurs éléments, le manque d’implication de certains parents qui sont même prêts à payer une catéchiste au lieu de s’impliquer dans le KT deux ou trois fois dans l’année, qui ne répondent pas aux mails, le manque d’intérêt de certains enfants. Certains catéchistes se culpabilisent même de n’avoir pas des résultats excellents, le retour sur investissement immédiat de ce que ce qu’ils ont fait et enduré…  Conséquence : certains catéchistes sont tentés de jeter l’éponge.

Dans ce contexte, Jésus nous rassure à travers ces paraboles et nous invite à jeter la semence de sa Parole, dans le cœur de ces enfants, parents, familles, catéchumènes, néophytes, confirmands, confirmés, jeunes scouts ou de l’aumônerie, fiancés, famille en deuil de manière généreuse et sans compter. Le pape François, nous invite à sortir et jeter la semence, sans nous préoccuper des calculs des bilans comme les experts comptables. Avec le Seigneur, la logique comptable ne marche pas, car il n’est pas un bon comptable, sinon il mettrait chaque jour le doigt sur nos déficits ! Nous sommes tellement médiocres par rapport à lui, loin du compte.

Il nous appelle à parler, travailler pour lui et avec lui, témoigner, prier, simplement et en vérité. Les résultats ne dépendent pas toujours de nous ! D’autres facteurs comme, la qualité de la terre, du climat, de l’ambiance familiale, sociale et ecclésiale, de la liberté personnelle… Nous ne sommes que des disciples en mission, mais l’Esprit du Christ nous accompagne et nous précède. Il nous faut la grâce de la patience pour vaincre la tentation de tout maitriser, de tout contrôler, de tout programmer.  L’orgueil qui nous fait penser que tout dépend exclusivement de nous, de notre efficacité. Nous faisons des prévisions, même en ce qui concerne l’action de Dieu. Quand ça ne marche pas, nous disons que Dieu n’a rien fait, alors que nous avions tout planifié sans lui demander son avis !  A cause de la fatigue et de l’échec, nous pensons que Dieu est absent, avec le risque de douter de lui et de nous-même. Laissons faire Dieu, soyons sereins et confiants, patientons, et entrons dans la logique de cette parabole.

La vie dans l’Esprit, celle dont Dieu est maître, la naissance et la croissance du Royaume, se fait par petits pas, par petites touches, par petits signes. En nous, dans nos familles, dans l’Eglise, au sein de notre communauté, dans le monde, des petits gestes d’amour, de petits engagements pastoraux, des petits pas franchis, un petit don venu du cœur, une petite ouverture aux autres et au Seigneur, tout cela conduit timidement, progressivement à de grandes réalisations, à des résultats surprenants. On dit que ce sont de petits ruisseaux qui font les grands fleuves.

L’Eglise est née d’une petite communauté de 12 apôtres autour de Jésus, une petite communauté persécutée mais croyante dès le premier siècle, mais qui a transformé l’histoire, malgré ses fragilités et ses erreurs. Aujourd’hui, le monde a encore besoin des chrétiens. Ne dites pas que nous sommes minoritaires dans la société.  Il nous faut seulement témoigner simplement, humblement. C’est la dynamique de Dieu : elle est simple, humble et concrète. Que Seigneur ouvre nos yeux aux petits signes de sa présence en nos vies et nous donne la grâce de la patience qui fait grandir l’espérance. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-06-21T15:16:22+02:00

Homélie du Père Joseph du X° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus rassemble de plus en plus de monde autour de lui. Il parle de Dieu de manière extraordinaire et fait autorité par son enseignement car tout le monde s’aperçoit qu’il est différent des autres rabbins, scribes et les pharisiens. Il accueille tout le monde !  A ses côtés, tout devient tellement simple. De gens témoignent qu’ils ont été guéris par ses paroles, son toucher, son regard. Cependant, Jésus est littéralement mangé par la foule. Toujours disponible, il reçoit et écoute tout le monde. Il n’a même plus le temps de manger et il saute très souvent les repas ! Il ne demande pas d’argent, ni de rémunération, ni de contrepartie pour les services rendus, et ne revendique aucun privilège ! Tout cela est bizarre, décidemment. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez ce type. « Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient :« Il a perdu la tête. ». Une personne normale ne peut agit de cette façon !  D’accord, nous sommes dans le domaine religieux. Mais, quand même !

Même si la Galilée, cette terre métissée, est loin et que beaucoup de juifs aimeraient bien l’abandonner à son propre destin païen, de Jérusalem sont envoyés quelques scribes pour enquêter, analyser ce nouveau phénomène et faire un rapport. Les responsables du temple nouvellement reconstruit et la naissante classe sacerdotale s’arrogent le droit de délivrer des autorisations et brevets pour enseigner. Aujourd’hui encore, malheureusement, certains dans l’Eglise préfèrent faire le gendarme, le douanier, comme dit le pape François, et contrôlent les documents plutôt que de se réjouir de la fantaisie du saint Esprit qui souffle de manière inattendue. Les contrôleurs-douaniers ont juste besoin d’un coup d’œil pour certifier, tamponner le document. Ils ne posent pas des questions, ne demandent ni ne parlent à la personne contrôlée. Ils jugent et certifient à coup d’œil, et basta ! Pour eux, Jésus est sûrement possédé par un démon ! Quelqu’un qui parle de Dieu et qui guérit gratuitement, sans rien demander, celui-là a certainement perdu la tête, il est sous-emprise du démon.

Pour les scribes, Jésus chasse les démons parce qu’il est lui-même un démon. Quelle bêtise ! Jésus, lui, au lieu d’envoyer balader ces scribes, le voici qui cherche à argumenter, à les faire réfléchir et revenir à la raison ! « Comment Satan peut-il expulser Satan ?  Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir.  Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui ».

Oui, si Satan commence à fuir et à trembler, c’est parce que quelqu’un de plus fort est arrivé, une lumière plus forte que les ténèbres du Malin. C’est tellement simple et évident ! Juste du bon sens. Mais l’évidence et le bon sens ont rarement pris le dessus sur l’obstination. Alors, Jésus explique et réexplique ! Ne pas reconnaitre dans ses actions l’œuvre de Dieu, ne pas y saisir l’agir de Dieu, voici ce qui s’appelle « blasphème impardonnable ».

Si vous êtes vraiment sur les traces de Dieu, préparez-vous être incompris par votre famille et vos proches qui vous trouveront bizarres parce que le saint Esprit a mis en vous la passion pour les choses de Dieu. Même à l’intérieur de l’Eglise, une conversion profonde risque de choquer et vous faire passer pour un fou, un illuminé. Mais, n’ayez pas peur : l’homme fort, le Seigneur, que nous invoquons, prions, suivons, aimons, que nous accueillons et que nous écoutons est capable de chasser toutes ténèbres, tout démon. Sois seulement patient si quelqu’un te prend pour un fou de Dieu. Le Malin peut penser avoir gagné, le Seigneur finit par le démasquer et l’écraser.

La notoriété de Jésus en prend un bon coup, évidemment ! Parce que de Jérusalem les chefs ont décrété par jalousie que non seulement Jésus n’est pas autorisé à ce faire ce qu’il fait, et pire encore, qu’il est fils de Belzébul, beaucoup de gens s’éloignent de lui. Ça, c’est le pouvoir du pouvoir qui simplifie les choses, s’impose avec autoritarisme en empêchant les personnes de réfléchir et d’être libres.

Jésus nous apprend à être fils et filles de Dieu, libres et capables comprendre. Il nous rend notre dignité, sans déléguer à d’autres nos choix, sans aplatir ni écraser notre conscience. La nouvelle de l’excommunication de Jésus est arrivée dans les montagnes de Judée. Sa famille, embarrassée, se précipite sur le lac pour aller le récupérer. Jésus est devenu la honte de sa propre famille. Il faut le ramener à la maison. Pour être plus forts et plus convaincants, le clan a amené aussi, Marie, sa mère. Cependant, Jésus ne les reçoit même pas et envoie leur dire qu’il a à présent une nouvelle famille : les disciples qui vivent avec lui et construisent avec lui le Règne de Dieu, ceux qui écoutent et mettent en pratique la Parole de Dieu. Jésus a posé son choix. Si vous suivez Jésus, préparez-vous à accomplir des choix courageux. Le Seigneur est infiniment plus important que nos relations affectives, que nos familles, que n’importe quel rôle ou quelle responsabilité dans la société.

Le Seigneur nous cherche toujours, et faute de nous trouver là où nous devrions être, il nous appelle par notre prénom, comme il le fait avec Adam et Eve au début de la Genèse que nous avons écouté dans la première lecture. Le Seigneur nous invite à fixer notre regard sur les réalités invisibles, la vie éternelle qu’aucun amour sur terre ne pourra nous donner. Il nous invite à accueillir son Amour qui nous libère véritablement des emprises dans et par lesquelles le Malin peut nous enfermer, nous enchaîner. Non, Jésus n’est pas un fou ! Dieu n’a pas perdu la tête ! Il n’est pas possédé par le Malin, mais il nous prévient que le Malin est toujours à l’œuvre dans ce monde et qu’il peut nous faire du mal, beaucoup de mal, sans nous en rendre compte, en embrouillant notre discernement, notre conscience parce que le Malin a cette faculté de mettre de la confusion, en faisant passer le mal pour le bien, le malheur pour le bonheur.

En ce temps triste que nous traversons, demandons à Jésus de terrasser Belzébul, de démasquer Satan qui semble se glorifier et se réjouir du mal qu’il nous fait. Prions chaque jour pour que le Seigneur nous libère et libère tous ceux qui sont sous emprise du Malin et toutes ces personnes que Satan utilise pour nuire aux enfants de Dieu. Amen.

Homélie du Père Joseph du X° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-06-07T11:57:39+02:00

Homélie du Père Joseph de la fête du Saint Sacrement, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean reporte un discours prononcé par Jésus après la multiplication des pains. Ce discours est comme une explication du grand miracle qui venait d’être accompli. Jésus y rappelle le sens de l’eucharistie, parce que dans son évangile, saint Jean ne parle pas de l’institution de l’eucharistie mais seulement du lavement des pieds.

Je vais reprendre quelques versets des paroles du Christ : « Moi, je suis le pain de la vie.  Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde… Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6, 48-51 ;54-56)

La suite nous décrit le vide qui s’était fait autour de Jésus : « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »  Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Nous retrouvons la réponse à toutes ces questions lors de la Dernière Cène : « Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.  Faites cela en mémoire de moi »

Nous avons là des paroles dites et des gestes posés comme tels depuis plus de deux mille ans, chaque jour, chaque dimanche lors de la célébration de la messe, en obéissant ainsi à l’ordre donné par Jésus. Chaque messe célébrée rend actuelle et réalise ce qui s’est passée lors de la dernière Cène, sanctifiant ainsi l’assemblée qui célèbre. La question importante est de savoir pourquoi avons-nous besoin d’une fête particulière pour ce que nous célébrons chaque jour à la messe ? En fait, nous savons tous le risque d’un geste posé chaque : tomber dans l’habitude, dans la routine et perdre tout son sens et sa signification. Trop de familiarité avec une personne, un geste, un rite risque de nous perdre de vue qui est cette personne, quel est le sens profond de tel geste ou rite. Par exemple, quelqu’un qui habite Lourdes, Fatima ou Rome risque de sous-estimer la place imminente de ces lieux saints alors qu’au bout du monde, on rêve d’y venir en pèlerinage.

L’eucharistie coure le même risque. C’est pour cette raison que l’Eglise a institué la fête du très saint sacrement pour réveiller nos âmes, nos consciences et nous rappeler que chaque fois que la messe est célébrée, c’est Jésus lui-même qui se rend réellement présent dans son corps et son sang à travers le pain et le vin consacrés. C’est le concept théologique de la transsubstantiation c’est-à-dire, la fait que le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ.

Le Concile Vatican II rappelle que l’eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne qui y puise sa force et sa vitalité pour s’engager dans le monde et porter du fruit. La messe est la modalité par excellence par laquelle Jésus se donne à nous. Alors, si c’est le cas, comment est-il possible qu’il soit difficile de participer massivement et avec foi à l’eucharistie ? Nous entendons parfois comme raisons ou excuses que nos messes ennuyeuses, les assemblées pas toujours sympathiques et accueillantes, les homélies pas toujours brillantes et de qualité, nos chants ne sont pas assez joyeux et dynamiques…

Ces raisons et excuses sont compréhensibles, mais insuffisantes car elles oublient ce qu’est vraiment la messe : lieu où Jésus lui-même se donne, indépendamment des chants, de l’assemblée, de l’homélie, de l’accueil des assemblées…. D’ailleurs, c’est parce que ce qui se réalise à la messe est tellement énorme et important que nous devons soigner et célébrer avec foi et joie, fournir des efforts pour que nos chants, nos gestes, nos paroles, nos homélies pour être à la hauteur de l’enjeu de la messe.

Des gens viennent demander le mariage, le baptême, ou un autre service à l’Eglise et qui disent : « j’ai la foi, mais je n’ai pas besoin, je ne sens pas le besoin d’aller à la messe ! ».  Ce sont des paroles des anorexiques de la foi : la personne victime d’anorexie ne sent ni le besoin ni l’envie de manger…Son corps privé de nourriture dépérit à petit feu s’en rendre compte. Il suffit pourtant alors de manger un peu pour avoir encore un peu force et vigueur. De même, certains baptisés sont devenus « anorexiques dans leur vie de foi » parce qu’ils n’ont perdu l’envie, le besoin plus envie de participer à la messe, se privant ainsi de cette nourriture essentielle pour grandir dans la relation avec Dieu et avec les autres membres de l’Eglise. Nous avons besoin de cette nourriture pour avancer dans la vie notre vie et affronter certaines épreuves de la vie par la force que Dieu seul peut nous donner.

Participer à la même eucharistie, communier à la même coupe, au même pain eucharistique resserre nos liens fraternels et fait de nous les membres unis formant le même Corps du Christ. Malheureusement, que des divisions entre chrétiens à cause leur caractère, leur responsabilité, les petites jalousies, querelles de pouvoir, les égos forts, les appartenances politiques, surtout en ce moment des élections. On se catégorise chrétien de gauche ou de droite, conservateurs, progressistes, conciliaires, enthousiastes, observants, traditionnalistes.  Même les prêtres n’échappent pas à ces divisions : il suffit de participer à un repas ou une réunion pastorale entre prêtres pour s’en rendre compte : parfois les tons montent, des débats houleux sur la tradition, l’orthodoxie, la fidélité aux rubriques du Missel, la sensibilité liturgique, les options pastorales différentes… ! Et pourtant, nous célébrons tous la même eucharistie qui construit l’unité et nous invite à remettre le Christ au centre de notre vie. L’Eglise n’est un club de gens parfaits, mais une communauté des gens différents réunis autour du Christ et nourris du même pain et abreuvés à la même coupe. L’eucharistie est un catalyseur d’unité et de communion, malgré nos différences.

Tel est la signification de la fête du Saint Sacrement. La question importante n’est pas la langue, la formulation, le rite, la forme liturgiquemais grâce de la foi. Il serait mille fois mieux que nos assemblées soient plus accueillantes, chants plus joyeux, plus beaux et plus dynamiques, les homélies plus percutantes et édifiantes ! Attention cependant ! Ne nous faisons pas d’illusion ! De gens ne viennent pas à la messe simplement faute la grâce de foi que c’est Jésus lui-même qui est présent et se donne à nous dans le pain et le vin consacrés. Que la fête de ce jour ravive en nous une foi ardente devant l’eucharistie. Amen

 

Homélie du Père Joseph de la fête du Saint Sacrement, année B (2024)2024-05-30T12:05:48+02:00

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Quelle image avons-nous de Dieu ? Quel visage de Dieu donnons-nous à voir, nous sui sommes chrétiens ? Il nous arrive ou il nous est déjà arrivé d’avoir ou de transmettre une image très terrifiante et assez dégoutante de Dieu. Cette image naît de ce que nous entendons, voyions, nos peurs, les épreuves, des expériences malheureuses que nous vivons…auxquelles nous n’avons pas d’explication rationnelle. Parfois, dans notre dire et notre agir, nous détruisons l’image de Dieu, nous défigurons son visage en parlant mal de lui au point que ceux qui entendent ou nous voient vivre de méfient de notre Dieu au lieu de se rapprocher de lui.

Un Dieu qui laisse mourir de famine les enfants, qui n’arrête pas les guerres, qui laisse faire les criminels, qui semble fermer les yeux devant des épidémies ou qui laisse mourir un enfant d’un cancer, qui ne résout pas et semble impassible devant les nombreux problèmes des hommes, qui laisse la nature se déchainer. Bref, Dieu qui terrorise, terrorisant, terrifiant, impassible et détestable qui ne donne pas envie qu’on l’aime et qu’on s’approche de lui.

Même les athées, ceux qui croient ne pas croire ont une certaine image, une certaine idée de Dieu… parce qu’en fait, ils se sont faits ou alors, nous les croyants, leur avons transmis une idée, une image horrible de Dieu qui les pousse à se décider de ne pas croire.  Parfois il vaut mieux de ne pas avoir un Dieu que d’en avoir une image terrifiante et détestable. La plus difficile des conversions à vivre est le passage de ce Dieu terrifiant que nous portons parfois dans notre cœur au Dieu d’amour révélé dans notre histoire du salut, par le Christ Jésus et dans le saint Esprit.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Amen ! Nous répétons, parfois de manière mécanique et routinière, cette formule ! La solennité de la Trinité Sainte que nous célébrons a été voulue par l’Eglise pour nous rappeler ce que signifie vraiment être chrétien et ce que cette formule implique pour nous.

D’abord, cette formule implique que la foi chrétienne, tout en étant absolument, rigoureusement monothéiste, c’est-à-dire la foi en un Dieu unique, qu’elle est aussitotalement et rigoureusement différente deux autres monothéismes, c’est-à-dire, du Judaïsme et de l’Islam. Rappelons que Jésus a été condamné par les chefs religieuxJuifs parce qu’il disait qu’il était Fils de Dieu, et se faisait ainsi l’égal du Père… Ce qui est un blasphème pour le judaïsme. Quant à l’islam, la foi chrétienne en un Dieu en trois Personnes est considérée comme du polythéisme. Très récemment, un jeune lycéen de la paroisse m’a réveillé par un coup de téléphone un matin pour discuter de la foi chrétienne parce que ses copains musulmans du lycée se moquaient de lui en le traitant de païen parce qu’adorateur de trois Dieux, le Père, le Fils et le saint Esprit. La foi chrétienne est un « monothéisme trinitaire ». Cela veut dire que selon ce queDieu a révélé de lui-même dans l’histoire du salut, et selon l’enseignement de l’Eglise, nous professons notre foi en un Unique Dieu mais en Trois Personnes. Ce sont les PersonnesDivines dont il s’agit dans le Credo et dans la conclusion de toutes les prières liturgiques : « Nous Te le demandons par Jésus Christ ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’Unité du saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen »

Un et Trois : un beau et grand mystère, mystère des mystères, dont découlent tous les autres mystères de notre foi, mystère dépassant les capacités humaines, que nul ne peut comprendre uniquement par son intelligence, mystère accessible seulement par la grâce de la Révélation de Dieu.

La trinité sainte est un mystère insondable. Plusieurs grands esprits, des grands théologiens, aussi brillants les uns que les autres ont entrepris de réfléchir sur la Trinité, de l’expliquer, mais ils n’y sont jamais arrivés car la trinité ne se comprend jamais par le seul biais de la raison humaine. Devant ce mystère ineffable, les explications et paroles humaines sont inadéquates. Notre langage n’est qu’un timide balbutiement limité qui ne peut qu’effleurer cette réalité qui dépasse notre intelligence.

Une anecdote de l’histoire de théologie illustre l’incapacité humaine à comprendre le mystère de la Trinité Sainte. Il s’agit de la tentative de l’un des grands théologiens de l’histoire de l’Eglise, saint Augustin d’Hippone qui nous a laissé l’un le plus grand et le plus beau des traités sur la Trinité sainte, le De Trinitate. On raconte qu’un jour, Saint Augustin se promenait, faisant des va et vient sur la plage, plongé dans une grande réflexion pour s’expliquer et comprendre le mystère de la Trinité. Tout d’un coup, il est intrigué en voyant un petit garçon qui avait creusé un trou dans le sable et avec son petit seau : l’enfant essayait de vider l’eau de la mer pour remplir son trou de sable. « Que fais-tu petit enfant ? », lui demanda saint Augustin. « Je veux vider la mer dans ce trou de sable », lui répondit le petit garçon. « Arrête, mon enfant, comment peux-tu y arriver ? C’est impossible ! Tu ne vois pas que la mer est immense et trop grande pour ton petit trou de sable perméable ». L’enfant lui répliqua : « Et toi, comment peux-tu prétendre contenir l’immensité du mystère de Dieu dans petite intelligence ? ».En fait, c’était un ange qui était apparu à saint Augustin pour lui rappeler  que la trinité sainte est une mystère insondable et inépuisable.

Notre intelligence ne peut contenir le mystère de la Trinité qui n’est compréhensible que par un cœur qui croit et qui aime. Nous ne pouvons comprendre un peu ce grand mystère, que par l’intelligence de notre cœur qui croit. C’est le cœur qui nous aide à comprendre par exemple, que les trois Personnes de la Trinité agissent depuis l’Origine. Le salut de l’humanité n’est pas l’œuvre du Christ seulement, mais des trois Personnes Divines agissant en communion. Jésus ne nous sauve pas en solitaire, comme certains qui aiment, par orgueil, amour propre ou égoïsme, travailler et faire le bien tout seul, sans collaborer avec les autres. Le Père a voulu sauver l’humanité en nous offrant aussi la possibilité de retisser une relation avec lui, relation rompue par le péché originel et actuel. Pour cela, le Père a envoyé son Fils qui, pour réaliser cette mission, a pris complétement la nature humaine. Avec sa mort et sa résurrection, il a racheté l’humanité entière. Il l’a fait une fois pour toute, il y a plus de deux mille ans à Jérusalem.

Cet événement, qui a eu lieu longtemps dans l’histoire et en un lieu donné, éloigné dans le temps et dans l’espace, devient actuel pour chaque être humain, de tout temps et dans tout pays grâce à la troisième personne de la Trinité sainte, le saint Esprit, actif et opérant dans le baptême et la confirmation et dans tous les autres sacrements d’ailleurs qui sont les moyens confiés par Jésus à l’Eglise pour offrir à chaque humain la possibilité de bénéficier et d’accueillir le salut.

La volonté du Père, accomplie par le Fils il y a plus de deux mille ans est poursuivie aujourd’hui grâce au Saint Esprit : Dieu Unique en trois Personnes, intimement uniesmais distinctes, opérant en parfaite communion. Dieu veut nous faire entrer dans la communion trinitaire. Par la prière, à travers la célébration des sacrements, dans nos engagements ecclésiaux et humains, nous pouvons participer à cette communion trinitaire et à l’œuvre des Rrois PersonnesDivines. Jésus a prié pour que nous soyons plongés dans cetteunité-communion trinitaire, entre le Père et le Fils par le Saint Esprit :

« Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». (Jn 17, 21). Nous avons été créés à l’image et à la ressemblance du Dieu unique en trois Personnes : cela veut dire que nous sommes des êtres de relation, communion,  communication vraie, dialogue,  don total de soi, accueil de l’autre, collaboration et amour…Un Dieu communion qui nous révèle que l’égoïsme, la solitudecontredit notre nature profonde car nous sommes faits pour être en relation, pour nous donner aux autres et nous recevoir d’eux , comme dans la relation des trois personnes de la trinité sainte.

Que cette eucharistie nous plonge en profondeur dans cet Océan d’Amour trinitaire et fasse grandir l’unité et la communion entre-nous. Prions en particulier pour les enfants et adolescents qui font leur première communion et la profession de foi ce dimanche et le weekend prochain : qu’ils soient intimement plongés dans la communion trinitaire.Amen

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année B (2024)2024-05-26T11:30:27+02:00

Homélie du Père Joseph du dimanche de la Pentecôte, année B (2024)

Chers frères et sœurs !

Quand on est fatigué, après une longue et exténuante journée, on n’a qu’une envie : se reposer, laisser tomber tout le reste que nous renvoyons au lendemain ou à plus tard encore. Imaginez que vous êtes fatigués après, mais votre club préféré de rugby va jouer une finale dans la soirée. Là, c’est comme si nous étions dopés et nous ne ressentons plus notre fatigue ! Nous attendons, surexcités et chaque minute qui passe compte : en attente de l’annonce de la compo, puis du coup d’envoi. Quand nous aimons et quand nous avons envie et plaisir, motivés, nous avons comme des ailes d’aigle, infatigables. Devant l’ordinateur dans mon bureau ou en voiture, j’écoute souvent de la musique : une habitude depuis le collège ! Il y a des musiques que j’aime bien écouter et dès qu’elle est passée, j’ai envie de la relancer, de la réécouter. Le temps passe vite. Mais si la chanson ne me plait pas, j’essaye de vite la passer, zapper pour ne pas l’entendre. Une activité, un travail fait avec envie, plaisir donne forcément une motivation supplémentaire et de la joie.

Dans toute activité, nous avons besoin de cette d’envie et du plaisir pour être réactifs, proactifs et ne pas rester passifs. Il peut nous arriver de faire du bien sans envie ni motivation. Mais quand nous posons de bonnes actions avec envie et motivation, nous y mettons tout notre cœur et cela donne une signification nouvelle à ce que nous faisons. Quand nous prions par exemple, il est possible que nous soyons dans une prière un peu répétitive, routinière : alors, nous prions sans nous arrêter au sens aux paroles, sans être totalement présents et sans implication du coeur. Ça nous arrive dans des moments de sécheresse spirituelle, de désolation. Et là, nous avons besoin d’élan, d’un peu de consolation, de motivation pour gouter à la joie de la prière qui implique tout notre être, en commençant par notre cœur.

En ce jour de la Pentecôte nous rappelle que c’est le saint Esprit qui apporte le désir, le plaisir, la motivation et l’élan dans tout ce que nous sommes et tous ce que nous faisons. Il est capable de transformer aumône que nous faisons à la personne qui se tiens à la sortie de l’église ou au coin de rue en véritable acte de charité, parce qu’il nous permet de poser ce geste avec amour. Il peut transformer notre prière routinière, répétitive en une oraison exaltante qui transfigure notre cœur et notre vie. Par le saint Esprit, les textes de la Bible ne sont plus des simples écrits, des récits à lire mais véritable Parole Vivante de Dieu qui est nourriture pour notre vie. Le même Esprit saint qui a inspiré l’auteur sacré, nous inspire aussi à la lecture de la Bible qui devient Parole vivante pour nous aujourd’hui.

Quand notre péché nous éloigne et nous ressentir moins qu’un esclave, indigne de l’amour d Père, le saint Esprit vient murmurer en nous pour nous rendre capables d’appeler Dieu « abba », c’est-à-dire « papa ». Il atteste que nous sommes enfants de Dieu et met en nous des véritables dispositions filiales en nous faisant nous reconnaitre et nous comporter de nouveau comme fils et filles de Dieu. Lorsque nos corps faiblissent par l’âge ou la maladie, le saint Esprit est capable de nous redonner vie, vitalité et vigueur, comme il l’a fait aux ossements desséchés décrits dans le livre du prophète Ezéchiel (Ez 37, 4-8). L’Esprit saint est capable de nous faire faire l’expérience du ressuscité dans notre vie personnelle et ecclésiale.

Avant la Pentecôte, les apôtres étaient vivants, bien sûrs ! Mais ils étaient comme morts de peur, tétanisés dans cette maison où ils s’enfermaient. Jésus leur avait promis qu’il ne les laisserait pas orphelins, qu’il leur enverrait le saint Esprit, le Paraclet, le Consolateur, l’Esprit de vie et de vérité. Sur la croix, quand Jésus a expiré, il a aussi remis l’Esprit au Père. La résurrection s’est opérée par la force du Saint Esprit. Au soir de Pâques, Jésus avait donné son Esprit aux apôtres pour leur donner le pouvoir de discernement sur les péchés des hommes. « Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

A la Pentecôte, se réalise pleinement la promesse de Jésus : le saint Esprit descend sur les apôtres et transforme fondamentalement leurs vies.  Jadis timides et remplis de peur, les apôtres deviennent intrépides et courageux. Jadis cachés, circonspects, taciturnes, maintenant ils s’explosent et parlent à tous franchement, sans réserve et plein de joie, parlant un langage compréhensible par tous. Jadis titubants, pas sûrs d’eux, maintenant ils émerveillent les habitant de Jérusalem par leur enthousiasme et leur zèle explosif. Certains pensent même qu’ils sont remplis de vin doux, qu’ils sont ivres. Le seul discours de Pierre, d’ordinaire timide, provoque la conversion de bien plus de 3000 personnes… et peut-être même que parmi eux il y en a qui étaient présents et demandaient le crucifiement de Jésus le vendredi saint. Le saint Esprit est passé par là et agit sur eux en leur donnant cette motivation nouvelle, cet élan nouveau qui leur manquaient dans leur mission. Le saint Esprit les instruit et les rend plus conscients de la présence du Ressuscité qui agit à travers eux qui vivent la naissance de l’Eglise.

« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement ». Chaque baptisé a reçu la mission de rendre témoignage au Christ. Prions pour tous les adultes qui vivent « leur Pentecôte » aujourd’hui en recevant le sacrement de confirmation dans l’Eglise, et particulièrement dans notre diocèse et sur notre ensemble paroissial, afin qu’ils soient témoins du Christ. Il y a urgence de témoigner de notre foi dans notre société aujourd’hui.  Rendons grâce pour ces jeunes et adolescents du collège et lycée qui, plus que nous les adultes, ont l’audace de parler de leur foi, d’en témoigner sans complexe. On le voit au nombre de jeunes qui viennent à l’aumônerie et demandent les sacrements de l’initiation chrétienne. Ils se cooptent, se motivent, se soutiennent pour avancer ensemble et oser parler du Christ sans avoir peur. C’est le signe que l’Esprit Saint agit dans la vie de ces jeunes de plus en plus nombreux qui découvrent ou redécouvrent Jésus, qui viennent ou reviennent à la foi.

Prions pour chaque baptisé entende l’urgence du message du Christ de témoigner de lui autour de nous. Que l’Esprit de Pentecôte embrase nos vies, nos communautés, toute l’Eglise et toute l’humanité afin de nourrir en nous l’espérance et nous faire avancer dans la confiance pour nous rassurer et nous guérir de la peur, même quand la réalité semble s’obscurcir. Amen

 

 

Homélie du Père Joseph du dimanche de la Pentecôte, année B (2024)2024-05-17T16:18:19+02:00
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