Chers frères et sœurs, en ce temps de l’Avent particulièrement nous écoutons la prédication de Jean le Baptiste. Jean le Baptiste est celui qui nous annonce la venue du Sauveur, du Prince de la paix.
L’enfant Jésus dans la crèche est le Prince de la paix. Et Jean le Baptiste nous l’annonce en prêchant la justice, c’est la justice qui obtient la paix.
Il nous dit Celui qui a deux tuniques, qu’il en donne à celui qui n’en a pas. Aux collecteurs d’impôts il demande de ne rien exiger au-delà de ce qui est fixé par l’occupant romain. Aux soldats il demande de ne pas user de violence pour augmenter leurs revenus.
Cependant l’Évangile nous dit que le peuple était dans l’attente, et le terme qui est employé dans la langue de l’Évangile parle aussi d’inquiétude, il s’agit d’une attente inquiète. Pourquoi le peuple est-il dans l’attente ? et pourquoi est-il inquiet ?
Le peuple a soif de justice, toutes les personnes qui écoutent Jean le Baptiste ont soif de justice. Certaines attendent un Messie de type nationaliste qui va renverser l’empire romain et dominer sur toutes les nations. Ce sont des cas extrêmes, les cœurs de ces personnes ne sont pas très bien préparés, mais tous de toute manière espèrent la justice. Et ils sentent confusément que ce que dit Jean le Baptiste n’est pas suffisant.
Il faut reconnaitre en effet que ce n’est pas très exaltant. Donner ce qu’on a de superflu, c’est bien, mais est-ce que nous ne sommes pas appelés à faire davantage pour notre monde ? Demander comme taxe ce que l’occupant romain a fixé, cela laisse dans l’ombre beaucoup de questions… Est-ce qu’il faut collaborer avec l’occupant romain, est-ce qu’il faut réagir contre l’occupation et comment ?
De même pour les soldats – les soldats à l’époque sont des hommes de main payés par l’un ou payés par l’autre. Leurs actions sont souvent violentes et pour le moins ils jouent un rôle d’intimidation. Est-ce qu’ils ne doivent pas changer de métier ou pour le moins considérer pour le compte de qui il est acceptable de travailler ?
Toutes ces questions et bien d’autres restent en suspens…
Et Jean le Baptiste répond à l’attente et à l’inquiétude de la foule. Il dit Après moi il y en a un qui vient qui est plus fort et plus grand que moi. Lui, Jean, baptise dans l’eau – son baptême est très important, il nous libère du péché, mais il utilise un élément que tous peuvent utiliser…
Celui qui arrive après moi utilise un élément que lui seul peut utiliser qui est le souffle saint – l’Esprit Saint – et le feu. Jean le Baptiste répond aux attentes de la foule avec une image qu’il est très important de bien comprendre, et qui est très belle. Il dit que celui qui arrive est comme un vanneur…
Le vanneur avec sa pelle jette en l’air des grains de blé qui sont recouverts d’une sorte de paille. Comme ils sont projetés il se forme un fort courant d’air, les grains montent et la paille qui les recouvre est enlevée et emportée au loin tandis que le grain de blé retombe à pic, tout droit, sur le sol au pied du vanneur.
Jean le Baptiste avec cette image est en train de nous dire que le Seigneur qui vient va nous exalter nous-mêmes, il ne va pas seulement nous parler de choses exaltantes, mais il va nous-mêmes nous exalter. Il va nous élever dans les hauteurs avec la puissance de l’Esprit Saint… Et en même temps nous allons retomber, c’est-à-dire que nous allons nous humilier. A chaque fois que le Seigneur nous exalte, nous, nous devons nous humilier, alors nous serons purifiés et sanctifiés.
Ce que dit Jean le Baptiste au peuple, à chacun de nous, c’est que du moment que nous serons purifiés et sanctifiés de cette façon, alors notre justice elle-même va grandir en même temps que nous et notre capacité à réaliser cette justice.
L’Évangile nous dit que Jean ainsi annonçait la Bonne nouvelle…
La bonne nouvelle, cela existe déjà en son temps, cela signifie que le nouvel empereur prétend apporter la paix, on prépare les routes pour qu’il rende visite aux villes du royaume. Et on annonce sa venue comme une bonne nouvelle qui a déjà commencé de se réaliser.
Jean le Baptiste nous fait entrer dans ce temps de la grâce ou la Bonne nouvelle est annoncée, ou la paix a commencé d’arriver et où nous sommes appelés à réaliser la justice pour l’accueillir.
Une justice toujours plus grande, qui grandit avec nous, au rythme de la grâce et à notre rythme personnel, en nous purifiant et sanctifiant progressivement et sûrement. Il nous l’assure en disant que la balle, la partie qui nous empêche de nous justifier, cela brûle dans un feu qui ne s’éteint pas, c’est-à-dire qui nous sanctifie véritablement et nous libère véritablement pour pouvoir aimer et agir.