Chers frères et sœurs,

Le Seigneur nous dit que nous sommes dans sa main, dans la main du Fils et dans la main du Père. C’est important de le savoir et de nous le rappeler quand nous sommes dans l’adversité, dans l’épreuve : Je suis dans la main de Dieu, il ne peut rien m’arriver…

Quand dans l’Évangile nous entendons parler du Père et du Fils, le Père désigne plutôt le Créateur et le Fils le Sauveur, le Rédempteur. C’est un peu schématique mais l’Évangile de Jean surtout nous parle souvent du Père et du Fils, avec des propos énigmatiques, et savoir cela peut aider notre lecture, notre méditation.

Nous sommes dans la main du Père parce qu’il nous a fait pour Lui depuis l’origine, nous sommes créés pour la communion avec Lui et pour la communion avec chaque personne et avec toute la Création. Il y a dans notre cœur un désir qui nous définit, celui de la communion, et personne ne peut nous arracher ce désir – personne ne peut nous arracher de sa main.

Ce désir est présent en nous tous mais souvent il est éloigné de nous parce que nous nous décourageons, ou bien nous n’avons pas autour de nous  suffisamment d’exemples pour le ranimer et pour le maintenir vivace. Nous désirons la communion, c’est-à-die que nous désirons que chacun connaisse la beauté, la bonté, la vérité de notre Seigneur et de sa Création, la justice, la paix, la joie. Notre nouveau Pape le Pape Léon XIV a placé son Pontificat sous le signe de la paix, de la justice et de la paix, c’est un appel à la communion.

Et puis le Fils, le Rédempteur, c’est lui qui réalise le premier cette communion avec Dieu et entre nous, puisqu’il a eu part à toutes nos joies et à toutes nos souffrances. Lui réalise parfaitement cette communion en nous, de l’intérieur de notre nature et en union mystérieusement avec chacun de nous. Il est vrai que cette œuvre attend notre propre réponse pour être complétée, mais en même temps elle est d’ores et déjà pleinement réalisée en Lui, dans le Fils.

Il a réalisé l’union parfaite entre nous et Dieu, et personne ne peut arracher cette œuvre de sa main, personne en réalité ne peut la détruire. Personne ne peut détruire l’œuvre du Père parce qu’il est Dieu, personne ne peut détruire l’œuvre du Fils parce qu’il est Dieu lui-même tout autant que le Père. Et leur œuvre commune c’est de faire de nous des fils et des filles…

Tous ceux qui l’écoutent sont ses brebis. Nous l’écoutons et sa Parole parle à notre désir, au désir le plus profond et le plus vrai que nous ayons en nous. Devenir fils et fils de Dieu c’est le sens de notre vie, et personne ne peut donner un autre sens à notre vie, en réalité. La Parole du Seigneur rejoint une intuition qui est déjà dans notre cœur mais que nous ne pourrions pas formuler sans lui. Ses brebis écoutent sa voix et elles écoutent aussi la voix qui est dans leur cœur et qui les appellent à la communion, elles le reconnaissent et elles se reconnaissent elles-mêmes.

Dans le verset qui précède l’Évangile que nous avons proclamé, le Seigneur dit que ses interlocuteurs ne le croient pas parce qu’ils ne sont pas ses brebis. Ce sont des paroles terribles. Le Seigneur ne dit pas que des personnes ignorantes ne sont pas ses brebis, non il dit que des personnes qui ont la révélation comme ses interlocuteurs, et qui voient les œuvres du Père et du Fils et ne recherchent pas la communion ne sont pas ses brebis parce qu’elles ne le reconnaissent pas ni ne se reconnaissent elles-mêmes.

Il faut bien voir que nous sommes tous des brebis dispersées, qui vivent ou vivaient dans le péché. Nous étions tombées dans le ravin et il est venu nous chercher. Et si nous sommes ici aujourd’hui c’est parce que nous l’avons accueilli dans notre vie. Il vient nous chercher là où nous sommes, dans le péché, il prend sur lui notre péché pour être avec nous là où nous sommes réellement et pas ailleurs. Mais nous pouvons aussi le refuser.

Il est important pour nous qui nous sommes éloignés du Seigneur et avons été ramenés auprès de lui, que nous témoignions de cette communion. Cette communion est possible, certes elle sera parfaite seulement dans le monde futur – mais elle a commencé avec Lui dans ce monde et elle doit continuer à grandir en ce monde et nous devons la témoigner. C’est le sens de la doctrine sociale de l’Église.

Nous ne sommes pas des brebis dans le sens que nous n’avons pas de volonté propre. Nous ne devons pas concevoir le troupeau comme un ensemble d’êtres sans volonté. Nous n’avons qu’à nous mettre à mener des troupeaux à droite à gauche et nous verrons que les animaux ont beaucoup de volonté propre, et bien entendu nous en avons plus encore. Non, quand il nous prend dans sa main il s’agit de nous rendre notre liberté, notre dignité, pour devenir des fils et des filles de Dieu.

Lui il est le Bon Pasteur, mais il est un pasteur d’un genre particulier. Dans l’Évangile de Jean il dit qu’il engage sa vie pour ses brebis et qu’il la recueille de nouveau. C’est-à-dire qu’il nous fait devenir des pasteurs nous aussi – c’est en cela aussi qu’il est le Bon Pasteur et qu’il donne sa vie pour ses brebis.

Ce n’est pas seulement notre nouveau Pape qui est pasteur, ni seulement tous les évêques et tous les prêtres, mais c’est chacun de ses disciples qui est appelé à devenir pasteur.  Il le dit dans l’évangile de Matthieu : Si un de vous a cent brebis et qu’une s’égare est-ce qu’il ne laisse pas les 99 autres pour aller chercher celle qui est perdue ? – il nous parle comme à des pasteurs, à des pasteurs en herbe.

Et puis il dit aussitôt, toujours dans l’Évangile de Matthieu : Si ton frère a un tort envers la communauté va le voir toi seul et s’il t’écoute tu as gagné ton frère ; et s’il ne t’écoute va le voir avec un autre et celui-ci lui parlera ; s’il ne l’écoute pas lui non plus alors que toute la communauté lui parle… Le Seigneur nous parle bien comme a des pasteurs. Il engage sa vie en nous, il nous fait devenir entièrement comme Lui. Le Seigneur fait toujours ainsi, il nous donne tout de Lui-même, sans réserve…

Nous sommes toujours des brebis parce que nous sommes dans sa main et sans lui nous ne pouvons rien, mais il nous fait devenir aussi des pasteurs – nous devenons des pasteurs selon son cœur en l’ayant au milieu de nous, comme sauveur, comme guide et comme modèle. Chacun selon notre charisme, notre appel, nous pouvons être formés par Lui et agir en Lui. Lui est au milieu de nous, et si nous nous laissons guider par Lui il nous transmet sa mission en totalité.