Thème : « Le Bon Pasteur : une voix, une main, une vie donnée »
Frères et sœurs bien-aimés,
Chaque année, l’Église nous offre ce 4e dimanche de Pâques comme un temps particulier pour contempler le Christ sous un visage très tendre : celui du Bon Pasteur. Ce n’est pas un simple titre poétique. C’est une déclaration d’amour. Il y a dans cette image toute la pédagogie divine : celle d’un Dieu qui ne domine pas, mais qui guide ; qui ne contraint pas, mais qui attire ; qui ne délaisse jamais, même quand les brebis s’égarent. Aujourd’hui encore, Il nous dit : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. »
- Une voix à reconnaître : « Mes brebis écoutent ma voix »
Ce monde est plein de voix. Les médias, les réseaux, les idéologies, les ambitions… autant d’échos qui nous dispersent. Comment reconnaître la voix du Christ au milieu du vacarme ?
Elle est différente. Elle n’impose pas. Elle propose. Elle murmure parfois au creux de notre conscience, dans la paix de la prière, à travers la Parole méditée, ou dans l’appel discret à aimer et à pardonner. Saint Ignace de Loyola disait que la voix de Dieu console, encourage, élève. Celle de l’Ennemi, au contraire, accuse, divise, angoisse.
Mais écouter cette voix suppose le silence intérieur, l’attention du cœur. Sainte Thérèse de Lisieux le disait magnifiquement : « C’est dans le silence du cœur que Dieu parle. »
Une voix à reconnaître
Témoignage de Carlo Carretto, ermite du désert :
Carlo Carretto, religieux italien, était responsable national de la jeunesse catholique en Italie dans les années 1950. Alors qu’il semblait « réussir », il a ressenti un appel intérieur fort à tout quitter. Il a entendu cette voix discrète qui disait : « Viens au désert, je te parlerai cœur à cœur. »
Il est parti vivre comme ermite au Sahara. Là-bas, il a redécouvert la voix du Christ : non pas dans les projets ou l’activisme, mais dans le silence et la prière, là où la voix du Bon Pasteur devient audible.
Il écrira : « Ce n’est que dans le silence de l’amour que Dieu me parle. »
🔸 Le Christ continue de parler… mais savons-nous nous rendre disponibles ?
- Une main qui ne lâche pas : « Personne ne les arrachera de ma main »
Cette promesse est d’une puissance bouleversante : rien ni personne ne pourra nous arracher de la main du Christ. Pas même nos péchés, nos blessures, nos doutes, notre pauvreté spirituelle. Il ne nous lâchera jamais.
Saint Paul lui-même le proclame : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? […] Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. » (Rm 8)
Dans la main du Christ, il y a la croix, certes, mais aussi la tendresse. Comme un berger qui porte l’agneau blessé sur ses épaules. Comme une mère qui soutient son enfant dans la nuit. Ce n’est pas une main de pouvoir, mais une main de fidélité.
Une main qui ne lâche pas
Histoire vraie d’un survivant de tremblement de terre en Turquie (1999)
Après un violent séisme, un père s’est précipité vers l’école où était son fils. Il creusa pendant 36 heures, seul, à mains nues, rejetant les gravats. Les secours l’avaient découragé : « Il n’y a plus d’espoir. » Mais il répétait : « Je lui ai promis que je ne l’abandonnerais jamais. »
Finalement, au fond des décombres, il entendit une voix faible : « Papa, je savais que tu viendrais. »
🔸 Ainsi est le Christ avec chacun de nous : rien ne L’empêche de venir nous chercher dans nos ruines.
- Une vie donnée pour que nous ayons la Vie : « Je leur donne la vie éternelle »
Ce n’est pas une métaphore : le Bon Pasteur donne sa vie. Il n’est pas un mercenaire. Il ne fuit pas quand viennent les dangers. Il va jusqu’au bout de l’amour. Il est l’Agneau devenu Pasteur, comme nous le rappelle l’Apocalypse aujourd’hui : « L’Agneau les conduira vers les sources de la vie. »
Voilà le mystère chrétien : le Christ nous conduit en nous portant. Il règne en se sacrifiant. Il sauve en se livrant.
La vie éternelle, ce n’est pas seulement « après ». Elle commence maintenant, dans l’intimité avec Lui. La vie éternelle, c’est connaître Dieu et vivre de sa présence dès aujourd’hui.
prière pour les vocations
C’est aussi en ce dimanche que l’Église prie pour les vocations. Le Bon Pasteur continue d’appeler. Mais avons-nous préparé les cœurs à l’écouter ? Il y a aujourd’hui, peut-être dans cette assemblée, un jeune que le Seigneur appelle à devenir prêtre, ou une jeune femme appelée à Le suivre dans la vie consacrée. Il y a aussi des parents, appelés à soutenir la vocation de leurs enfants, non à la freiner.
Saint Jean-Paul II disait :« Là où il y a foi, il y a aussi vocation. »
Et le Pape François nous invite à cultiver dans l’Église une « culture vocationnelle », c’est-à-dire une atmosphère où chacun se demande : « Seigneur, que veux-tu pour moi ? »
Un seul Pasteur, un seul peuple
Frères et sœurs, nous ne sommes pas seuls. Nous ne sommes pas perdus. Nous avons un Pasteur. Il connaît chacun de nous par notre nom. Il nous appelle. Il nous soutient. Il nous fait vivre.
Écoutons-le. Suivons-le. Et devenons, nous aussi, pasteurs les uns des autres. Car dans ce monde blessé, chacun est appelé à conduire ses frères vers les pâturages de l’espérance.Amen.