Chers frères et sœurs,
La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à deux aspects fondamentaux de notre foi chrétienne : la proximité à la Parole de Dieu et la proximité aux autres. Deux regards : le regard des yeux de Dieu (la Parole) et le regard dans les yeux du prochain (la proximité). On ne peut pas s’approcher de Dieu si on se détourne du prochain. Au niveau du christianisme, il s’agit d’une contradiction.
Dans la première lecture, Dieu dit à son peuple, par la bouche de Moïse, que sa Parole est toute proche de sa vie : « elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ». Pour dire que la foi du croyant est en effet une foi vivante, pas une théorie ; c’est une foi à vivre et à partager dans le témoignage avec les autres pour parvenir au salut éternel.
Et pour hériter la vie éternelle, nous devons vivre l’amour de Dieu et du prochain. Car, on peut facilement prétendre aimer Dieu parce qu’il n’est pas visible, IL semble éloigné et ne nous dérange pas dans nos petits coins. Malheureusement, on se leurre parce qu’on oublie souvent que le Dieu invisible se rend visible dans son prochain. Mais, qui est ce prochain ? demande le docteur de la loi dans l’Evangile de ce jour. Une question qui semble facile et, en même temps, une simple provocation.
En effet, pour les Juifs, le prochain était le parent de sang, celui avec qui je partage le même sang, ou le frère de même langue ou de même tribu. Par conséquent, pour les Juifs, les Samaritains ne pouvaient jamais être considérés comme des prochains. Un passé conflictuel les avait éloignés les uns des autres. Pour répondre à la question du prochain, Jésus ne donne pas une définition, il ne veut pas limiter la compréhension du prochain, mais raconte la parabole du bon Samaritain dans laquelle il tente de rendre universel le concept de « prochain ». Il élargie le champ du prochain pour que chacun se situe.
Il est important de noter que les deux premiers personnages, qui passent et font semblant de ne rien voir, sont un prêtre et un lévite. Ils reviennent probablement de Jérusalem, où ils ont accompli leur service dans le temple. En principe, le prêtre et le lévite seraient plus disposés à rendre service aux autres. Cependant, leur adoration est vide parce qu’elle ne se traduit pas par la compassion, par l’amour de l’homme qui souffre.
Le Samaritain, considéré comme un ennemi et qui ne pouvait pas toucher un Juif à cause de l’inimitié entre Juifs et Samaritains, sait comment adorer de manière authentique parce qu’il reconnaît Dieu dans les blessures de l’homme à qui il fait miséricorde.
Chers frères et sœurs, Jésus nous invite aujourd’hui à aimer le prochain au-delà de la sympathie et de tout sentimentalisme. Souvent, nous confondons l’amour avec la sympathie. Nous réduisons l’amour aux expressions telle que « je t’apprécie, je t’estime » qui exprime beaucoup plus la sympathie, le sentimentalisme, … Il était difficile qu’un Samaritain éprouve de la sympathie envers un Juif tant le passé entre les deux peuples était plein de litiges. Mais l’amour est plus profond et plus fort que la sympathie. C’est ainsi que grâce à l’amour, ce Samaritain s’arrête pour sauver ce Juif. Cette parabole nous enseigne comment on peut, au nom de l’amour, sauver une personne envers laquelle on n’éprouve aucune sympathie.
Nous aussi, sommes appelés à en voir Dieu dans le frère ou la sœur qui souffre au-delà de son origine, de sa race ou de sa langue. Tous les êtres humains créés à l’image et à la ressemblance de Dieu sont nos frères et sœurs à aimer, à accueillir, surtout dans leur souffrance. Cette souffrance qui n’a pas de nom, elle est pour tous les êtres humains.
Au final, dans les Évangiles, c’est Jésus est le vrai « bon samaritain » qui donne sa vie pour notre salut, qui a toujours compassion de nous et panse nos plaies quand nous sommes blessés par nos péchés ou par la méchanceté des hommes. Il ne sépare pas le temple de la rue, pas de fossé entre l’amour de Dieu et celui de l’homme, et épouse ainsi pleinement le mystère pascal qui, comme l’écrit saint Paul aux Colossiens, a réconcilié en lui le ciel et la terre. Pour être ses vrais disciples, nous sommes invités à devenir le prochain les uns des autres, en aidant nos frères et sœurs qui ont besoin de notre aide.
Que la Parole écoutée et l’Eucharistie que nous recevons au quotidien, le Seigneur, par sa grâce, transforme nos cœurs de pierre en cœurs de chair, qu’IL nous rende miséricordieux pour être plus proches de celles et ceux qui souffrent. Amen
P. Jean-Marie BYENDA, ocd