Mes chers frères et sœurs !

Dans ce contexte, que j’espère très favorable et moins stressant, l’Eglise nous invite à célébrer l’Assomption Sainte Vierge Marie. Contempler la Vierge Marie emportée au Ciel, glorifiée dans son corps et son âme, rejoignant ainsi son Fils et notre Seigneur, glorifié avant elle et qui est assis à la droite du Père, nous rappelle notre vocation et notre véritable patrie. L’Assomption de la sainte Vierge nous fait entrevoir ce qui nous attend un jour : la glorification de nos pauvres corps mortels.

 L’Eglise exalte et vénère la Vierge Marie sous divers titres et dans de multiples dévotions. Parmi les icônes à travers lesquelles la nous vénérons, celle d’Assomption est parmi les plus significatives parce qu’elle exprime l’œuvre, la bienveillance, la générosité du Seigneur envers la sainte Vierge, et par conséquent, envers nous aussi, si nous laissons le Seigneur prendre toute sa place et naître dans nos cœurs comme la sainte Vierge Marie le fit après l’Annonce de l’Ange Gabriel.

Attention cependant, et surtout ne comprenez pas de travers mon propos. J’aime beaucoup la Vierge Marie qui a une grande place dans ma vie d’homme, de baptisé et de prêtre. Et j’espère de tout mon cœur qu’il en est ainsi pour chacun de nous. Il nous faut lui accorder toute la place qu’elle mérite dans notre vie ! S’attacher à Jésus nous attache forcement aussi à sa sainte Mère. On ne peut pas aimer Jésus et refuser de s’attacher à sa Mère ! Comme disait saint Jean-Paul II, un chrétien est forcément un être marial !

 Cependant, ne faisons pas de la Vierge Marie une divinité. On nous le reproche parfois. La sainte Vierge ne fait pas partie de la Trinité sainte. La tentation de la diviniser existe dans beaucoup de dévotions.  Je suis parfois choqué d’entendre certains propos que certains fidèles peuvent tenir sur la sainte Vierge. Une dame avait dit que je n’avais pas la foi parce que j’avais refusé de faire dire un chapelet au cours de l’adoration eucharistique. Pour elle le rosaire était plus important que l’adoration eucharistique et la présence réelle du Christ dans l’eucharistie ! Il y a eu et il y aura encore des déviations dans nos dévotions envers la sainte Vierge Marie. On l’a beaucoup reproché aux catholiques dans le passé et aujourd’hui encore, et ces accusations ne sont pas toujours gratuites et sans fondement. Rappelons-nous toujours que la sainte Vierge Marie veut que nous la considérions pour qui elle est vraiment : une simple petite paysanne comparable à toutes les autres jeunes filles de Nazareth, une fille normale, pas du tout extraordinaire, de pauvre culture, une humble juive vivant simplement mais profondément sa foi en Dieu.

 Mais la générosité de Dieu est infinie envers cette fille de Nazareth parce qu’elle est choisie pour être la Mère du Verbe incarné, du Dieu conçu dans la chair pour partager notre humanité. Pour cela, la Vierge Marie a dû adhérer librement à ce projet de Dieu. Ses parents Anne et Joachim l’avaient déjà préparée, à travers l’éducation reçue en famille. Ils lui avaient appris à écouter Yahvé et à chercher toujours sa Volonté.  La sainte Vierge a dû pour cela mettre une croix sur ce qu’elle pouvait avoir comme projets personnels, accepter d’être exposée à quelques critiques, être pointée du doigt, mettre sa vie en danger en courant le risque de la lapidation selon la Loi de Moïse. Accueillir la volonté de Dieu, prendre une décision importante dans notre vie exige toujours des renoncements qui coûtent plus ou moins.

Pour nous aujourd’hui, il est tout à fait normal de croire que la sainte Vierge a conçu par la force du saint Esprit. Tout ceci est acquis et intégré dans notre foi aujourd’hui et l’Eglise ne cesse de nous l’enseigner depuis plus de deux mille ans. Mais imaginez un moment les habitants de Nazareth qui retrouvent la petite jeune Marie, que tout le monde prenait pour très sage, enceinte avant le mariage. Mettez-vous à la place des parents qui devaient en souffrir car raillés par tout le monde à cause de leur fille qui fait la honte de Nazareth. Pensez aux commérages des jeunes filles et femmes du village qui parlent toujours un peu trop, rependant des rumeurs infondées des voix qu’elles sont les seules à entendre, couvrant la petite vérité par d’énormes et nombreux mensonges et calomnies.… Mettez-vous à la place de saint Joseph, un jeune fiancé qui construisait la maison familiale en attendant le jour du mariage. Tout le monde à Nazareth voyait de grandes cornes qui avaient poussé sur sa tête de saint Joseph !

La suite des événements dans la vie de la Vierge Marie n’a pas du tout été facile : un accouchement dans des conditions éprouvantes et précaires, un hébergement de fortune au milieu des bêtes, la persécution d’Hérode, la fuite en Egypte où la sainte famille va s’installer comme refugiés. Je pense aux paroles dures de Jésus, alors adolescent âgés de 12ans quand il se perd pendant trois jours à Jérusalem et qui répond à ses parents : « pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous que je devais être au service de mon Père ». Je pense à la présence de Vierge Marie parmi les disciples avec les écueils, les tensions et les refus d’Israël, le chemin de croix de Jésus avec cette terrible page de sa rencontre avec sa Mère, le regard souffrant et sa présence silencieuse au pied de la Croix pendant que Jésus expirait, les dernières paroles de Jésus à Marie et à Jean avant de mourir (« Fils voici ta Mère et Femme voici ton fils ») ! Non, la sainte Vierge n’a pas eu une vie facile.

La vie de la Vierge Marie interroge la nôtre aujourd’hui. Elle nous ressemble dans les hauts et les bas de notre vie. Comme elle, nous pouvons nous aussi être toujours dans la grâce de Dieu si nous Le laissons, malgré nos fragilités et nos faiblesses, habiter nos cœurs pour y naitre. La vierge Marie est une femme normale et ordinaire parce qu’elle fait partie de notre humanité, semblable à chacun de nous dans ce qui fait le quotidien de notre vie. Elle est extraordinaire et merveilleuse simplement par la grâce de Dieu qui l’a touchée et qui as accompli en elle et par elle ses merveilles pour toute l’humanité que nous formons.

Ce qui est arrivé à la sainte Vierge dans le mystère de l’Assomption nous montre bien que pour nous aussi, les portes du salut et de la gloire nous sont grandement ouvertes après notre pèlerinage en ce monde. Notre vie peut traverser joies et souffrances, des hauts et des bas en ce monde, mais notre vocation est de partager, comme la sainte Vierge, la glorification de son Fils.

Si avec la sainte Vierge nous laissons Jésus naître dans nos cœurs, si avec elle nous prenons soin de Jésus chaque jour à travers nos frères et sœurs, si avec elle nous écoutons vraiment la Parole de Dieu et  la méditons dans notre cœur, si avec elle nous savons apporter la Bonne Nouvelle aux autres comme elle l’a fait avec Elisabeth, si avec elle nous accompagnons Jésus sur son chemin de croix, à travers nos propres croix et celles des autres, si avec Marie nous accueillons le Saint Esprit comme au Cénacle, alors, avec la Vierge Marie et par sa prière, nous partagerons la gloire de son Fils, Lui qui s’est fait homme pour que nous  partagions sa divinité. Marie, Mère du Seigneur et Notre-Mère, nous te confions nos familles qui se retrouvent pendant cet été et ceux que nous avons la joie de trouver actuellement. Nous confions à ta prière ceux qui souffrent autour de nous. Apprends-nous à chanter avec toi le Magnificat, quoi qu’il arrive dans notre vie. Amen.