À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du Jeudi Saint, année B (2024)

Chers frères et Sœurs,

Nous voici réunis pour célébrer l’Eucharistie en ce jour particulier qu’est le Jeudi Saint ; jour où nous faisons précisément mémoire de l’Institution de l’Eucharistie. Nous faisons mémoire de la Sainte Cène, c’est-à-dire, le dernier repas que Jésus prit avec ses apôtres. Mais bien plus qu’un repas, nous fêtons l’Amour d’un Dieu qui se donne en nourriture pour la vie éternelle. Il nous dit en effet, « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ».

Ce qui est au cœur du jeudi saint est un acte finalement habituel, banal, normal, naturel si on ne le considère que sous aspect externe : l’acte de se restaurer, de manger est tellement naturel. Jésus prend deux choses de la vie courante, de l’alimentation de base que tout juif pouvait se procurer : du pain et du vin.  Mais ces deux éléments ont une signification très importante dans la culture et dans la foi juive.

Dans le livre de l’Exode, Dieu donne au peuple hébreu des instructions autour du repas pascal par la bouche de Moise et d’Aaron : prendre un repas avant qu’il se mette en route pour sa libération. Un agneau sans tâche ni défaut sera immolé au coucher du soleil. Le peuple marquera les linteaux de la porte de la maison avec son sang. Il consommera sa chair avec des pains sans levain et des herbes amères alors qu’il sera rassemblé en maisonnée. Ceinture aux reins, sandales aux pieds, bâton à la main. « Vous mangerez en toute hâte : c’est la pâque du Seigneur. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est une loi perpétuelle. D’âge en âge vous la fêterez ! »

Osons faire un parallèle avec la libération que le Christ apporte au genre humain ! Au jardin d’Eden, Adam et Eve avaient mangé le fruit défendu et avait été chassés du jardin. En Egypte, le peuple hébreu mange un agneau immolé et il est chassé par le pharaon, mais libéré de sa terre de servitude par Moïse. Ces deux repas inaugurent des changements décisifs sauf que dans le deuxième, il s’agit d’une libération et d’une œuvre de Dieu.

Nous comprenons mieux alors que l’Eucharistie est, elle aussi, un repas qui inaugure un changement décisif. Elle est le point d’entrée dans la Passion pour Jésus. C’est au cours d’un repas que Judas va s’en aller pour aller trahir son Maître ? Et pour nous chrétiens, l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, est le point d’entrée dans la vie de Dieu parce que nous y célébrons le sacrifice de l’Agneau immolé pour nous, Jésus, sacrifice qui nous réconcilie avec Dieu et nous donne d’entrer en communion profonde avec Lui. L’eucharistie est le repas qui nourrit en nous la vie divine reçue à dans le baptême. Et là, ce n’est plus Adam qui mange au jardin d’Eden, mais c’est bien le Nouvel Adam qui se donne lui-même en nourriture pour nous au cours de la messe.

La messe (eucharistie) opère un changement profond en nous, chaque fois que nous y participons. Dans chaque messe, Jésus qui est réellement présent nous touche. L’eucharistie touche notre être profond, mais elle ne supprime pas, comme par magie, nos défauts. La grâce de l’eucharistie ne supprime pas notre nature. Après l’avoir reçu, il nous faut encore collaborer à notre propre guérison, il nous faut un engagement pour qu’Elle transforme nos vies en offrande pour le monde. Pour illustrer, les apôtres après avoir reçu pour la première fois le corps et le sang des mains du Christ lui-même, plus tard vont quand même l’abandonner. De même, ne nous voilons pas le visage : nous sommes aussi capables de faillir. Nous avons donc besoin d’entretenir de manière continue la vie divine en nous par l’amour qui se donne dans l’eucharistie.

L’Amour du Christ se donne en oblation ! Dans sa lettre aux corinthiens, en parlant de la dernière Cène, saint Paul écrit : « J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Oui, ce don est vraiment le sacrifice de sa propre personne. Mais ce don est aussi dans le lavement des pieds. Par ce geste hautement symbolique transparait un amour qui se donne dans le service, en toute humilité et surtout sans hypocrisie. La transformation que l’Eucharistie doit opérer chaque fois en nous doit nous donner un cœur qui aime en actes, concrètement, un cœur qui accepte de servir, de se donner aux autres et pour les autres, en toute humilité.

Alors, demandons-nous : de quelle manière rendons-nous service, quel est l’esprit qui caractérise nos genres de service ? Prêtres, religieuses, parents, époux, enfants, catéchistes…, dans ma responsabilité professionnelle. Mieux quel est l’impact réel de l’eucharistie, quel changement opère-t-elle, dans nos relations familiales, ecclésiales, personnelles, interpersonnelles, professionnelles ? Car Jésus nous dit : « Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

C’est un commandement nouveau que nous recevons du Seigneur aujourd’hui ! Il est urgent que chacun de nous le mette en pratique. A l’issue de cette liturgie, il nous faut urgemment nous engager sur cette voie du don et du service car si nous voulons être de témoins véridiques du fait que Jésus nous a lavé les pieds et s’est donné en nourriture pour nous. Nous devons nous donner à notre tour et nous laver les pieds les uns les autres, en faisant comme Lui, c’est-à-dire rendre à nos frères et sœurs les services dont ils ont besoin ; nous rendre présents auprès des pauvres, des malades, personnes âgées, prisonniers, les malaimés de la société, ceux que saint Vincent de Paul appelle « les cabossés de la vie », etc. Nous sommes témoins et contemporains de Jésus si nous agissons comme Lui et en mémoire de Lui. Laissons son amour irradier et transformer nos relations humaines.

Alors, chers frères et sœurs, entrons dans ce mouvement d’amour qui se donne. Laissons retentir ce commandement nouveau que Jésus nous redonne aujourd’hui. Et pour cela, nourris de l’Eucharistie, suivons Jésus à Gethsémani ; accompagnons-le sur son chemin de croix en souffrant avec lui sa Passion. Ainsi la joie du Ressuscité nous transportera dans un monde nouveau remplie par la lumière du ressuscité.

 

Homélie du Père Joseph du Jeudi Saint, année B (2024)2024-03-28T12:16:30+01:00

A-Dieu, cher Michel Remaury, diacre

Michel Remaury, diacre permanent du diocèse de Toulouse et membre de notre communauté paroissiale vient de nous quitter à l’âge de 89 ans, ce mercredi 20 mars. Notre communauté lui doit beaucoup. Ses funérailles ont été célébrées par Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, ce mardi 26 mars à l’église de Plaisance-du-Touch. Nous remercions Anne-Marie, son épouse, qui fut à ses côtés, toujours en mission au service de la communauté elle aussi, en communion dans la mission. Notre communauté remercie aussi Christophe et Laetitia, ses enfants ainsi que tous ses petits enfants pour tout le temps, l’énergie et la vie donnée de leur papa et grand-père Michel au service de l’Eglise et de notre communauté paroissiale.

Pratiquement aucun mouvement, aucun groupe, aucun temps fort, qui n’ait été accompagné à un moment ou à un autre par Michel durant toutes ces années. Notre communauté était pénétrée de son empreinte et de sa présence.

Armé de sa foi, de sa famille, de tout son Amour, Michel s’est toujours battu pour nous faire avancer, il a toujours été au service, sur tous les fronts. Pour toute arme, il avait sa foi, son immense tendresse, dissimulée par pudeur, ou par humilité, derrière un humour incroyable. Le service, encore et toujours, jusqu’au jour où il tomba, dans l’église de Plaisance-du-Touch, terrassé en pleine messe par un AVC. Vint alors le temps du combat pour vivre, là encore tellement soutenu par Anne-Marie et ses enfants. Nous voulons remercier les paroissiens, les membres du SEM et tout particulièrement ceux qui avaient la mission d’apporter la sainte communion à Michel. Notre communauté n’oublie pas de rappeler le souci démesuré de l’organisation et l’anxiété de l’excellence qui animaient Michel, en particulier dans le domaine de la liturgie.

Malgré notre peine, nous rendons grâce à Dieu pour l’homme et le diacre qu’a été Michel, et pour sa vie donnée au service de l’Eglise et de l’humanité.

A-Dieu, cher Michel Remaury, diacre2024-03-27T12:04:35+01:00

Homélie du Père Joseph du dimanche des Rameaux, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Le dimanche des rameaux me rappelle les paroles du père G. Pessina, mon premier accompagnateur spirituel (il est décédé il y a un mois en Italie). Venu à la veille de mon ordination presbytérale, il a pris pendant une heure pour parler de la beauté, des joies et difficultés de la vie d’un prêtre. Il connaissait mon côté enthousiasme et voulait m’appeler à être un peu plus réaliste. Il me dit : « Tu vois Joseph, Dieu nous rappelle au bonheur mais pas à la vie facile.  Rappelle-toi toujours que dans ton ministère de prêtre tu ne seras jamais comme un billet de 100$ devant lequel tout le monde peut s’incliner, pauvres et riches, adultes et enfants, les gens cultivés et les illettrés… Tu rencontreras dans ta mission des gens qui t’aimeront comme prêtre, qui te soutiendront, prieront pour toi… mais il en aura aussi quelques-uns qui te snoberont. Il y en aura qui apprécieront ton ministère et d’autres pour qui ta mission de prêtre ne dira à rien.  Certains te béniront pendant que d’autres te maudiront. Certains voudront que tu restes avec eux pour longtemps à leurs côtés pendant que d’autres voudront se débarrasser te toi le plus rapidement possible… Mais n’oublie jamais que Dieu sera toujours à tes côtés et lui te demande d’aimer tous ces gens et de te donner pour eux ».

J’en fais l’expérience à chaque jour depuis 18 ans comme homme et de prêtre, mais je le vois aussi dans la vie de beaucoup de mes confrères. La joie, un accueil chaleureux, le soutien, mais aussi le refus, le mépris et l’humiliation font partie de notre vie, de la vie de chacun d’entre nous. Il nous faut alors profiter des moments de joie qui nous sont donnés, et faire avec le rejet, le refus que nous pouvons rencontrer. Le meilleur comme le pire font partie de la vie de chacun d’entre nous. Il n’y a pas que les prêtres qui vivent cela. Un cadre me partageait récemment combien il avait des difficultés relationnelles avec certaines personnes de son équipe dans une grande entreprise aéronautique de la région parce qu’il n’a pas pu valider les primes de performance à hauteur leur désir. Alors il est traité de méchant alors qu’il a essayé d’être le plus juste possible. Regardez votre propre histoire pour vous rendre compte des accueils chaleureux que vous recevez auprès de vos familles, les amis….Et des refus douloureux que vous essuyez parfois.

Il y a quelque chose qui m’intrigue dans la vie de l’Eglise depuis l’élection du pape François, par exemple, avec toutes ses décisions, déclarations, ses écrits et ses prises de position. Dieu veille sur son Eglise et a nous envoyé ce pape François qui inspire de la joie et de la bonté mais qui nous bouscule aussi. Certains l’acclament, certains médias font son éloge, certains politiques font son éloge… et veulent avoir une photo à ses côtés… mais d’autres médias, personnalités politiques, des hommes d’Eglise, à l’intérieur même de l’Eglise pensent que c’est le pire des papes de ‘histoire de l’Eglise parce qu’il ne fait pas les choses comme ils le voudraient.

Acclamation et refus, accueil chaleureux et condamnation… tel est le paradoxe que nous vivons dans nos relations et que vit le Seigneur tel que nous pouvons le voir en ce dimanche des Rameaux. Jésus lui-même n’a pas échappé à cette double réalité de la joie, l’accueil et l’humiliation, le rejet et le refus. Toute sa vie, il a fallu que Jésus embrasse ce paradoxe de l’accueil chaleureux et du refus. Dès sa naissance : un accueil froid à l’étable de Bethléem, mais la joie des anges et des bergers, et quelques jours après, la visite joyeuse des rois mages mais aussi la haine meurtrière et le refus d’Hérode qui voulait le tuer, la fuite en Egypte et le massacre des saints innocents. Cette contradiction est un fil rouge dans toute sa vie, et en particulier pendant son ministère public. Accueilli par les uns, rejeté par les autres, en particulier les chefs religieux, les scribes et les pharisiens. La Passion de notre Seigneur nous invite à contempler les deux dimensions dans la dernière semaine de la vie de Jésus qui se déroule à Jérusalem.

Il entre dans la ville sainte et tout le monde exulte de joie. Son entrée est triomphale. Véritable « standing ovation », applaudissements, joie, les honneurs : on dirait un homme politique sûr d’être réélu au premier tour. Pensez à certains meetings lors des campagnes électorales pendant ces élections européennes. Jésus est acclamé comme le Seigneur, le roi de gloire, le Fils de David, Sauveur qui apporte l’espérance. C’est l’homme de la situation qui vient sauver Israël et toute l’humanité. Tout est motif de joie et d’acclamation quand il entre à Jérusalem. On tient les rameaux, on étend les vêtements par terre…. C’est la gloire totale.

Pourtant, après avoir été exalté et acclamé par tout le monde, Jésus est arrêté, raillé, humilié et tué. Les mêmes qui l’acclamaient aux rameaux vont crier « crucifie-le » le vendredi saint. Ils vont cracher sur son visage, il va être tué dans de horribles souffrances sans qu’il ouvre la bouche. Il n’oppose aucune résistance devant les faux témoignages faits à son encontre. Il accepte les insultes, les railleries… Tout ce procès injuste et cruel finit par la condamnation à mort par crucifiement. Ce qui avait commencé comme une fête le jour des Rameaux finit par une tragédie le vendredi saint, avec cette prière adressée au Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ».

Et pourtant, Dieu, son Père, qui est aussi notre Père ne l’as pas abandonné, et ne nous abandonne jamais, quoiqu’il arrive ! Cette fête des Rameaux conduit pourtant à la joie du matin de Pâques, même s’il fallait passer par les souffrances et la mort en croix. Tout cela nous dit que dans notre vie personnelle, dans notre vie de foi, quoiqu’il nous arrive, dans la joie comme dans les épreuves, nous sommes appelés à nous rappeler que Dieu est toujours avec nous, qu’il nous soutient pour faire jaillir la joie et la Vie, comme nous allons le contempler dans cette Semaine Sainte dont le sommet est nuit la nuit de Pâques, jour de joie et de vie, après l’épreuve de la douleur et de la mort. Alors, quoiqu’il arrive, soyons dans l’espérance. Notre Dieu a vaincu le mal et la Mort. Demandons au Seigneur, en cette Semaine Sainte, qu’il vienne fortifier en nous espérance, la foi et l’Amour, quelles que soient les épreuves que nous vivons. Amen.

Homélie du Père Joseph du dimanche des Rameaux, année B (2024)2024-03-25T13:11:10+01:00

Homélie du Père Joseph du V° dimanche de Carême, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs ! 

Nous voulons voir Jésus ! C’est un désir fort qui nous pousse à vivre malgré tout. Cette espérance qui nous aide à donner du sens au désert que nous sommes en train de vivre.Ce désir de voir Jésus émerge du plus profond de notre coeur. Oui, j’ai un désir intérieur très fort, de voir Jésus, pas seulement d’entendre parler de lui ou lire les évangiles, mais de le voir vraiment avec les yeux de l’âme, avec le regard intérieur, avec la prière. Ça me rappelle un chant du père Marie-Antoine : « Je veux voir Dieu, le voir de me yeux, joie sans fim des bienheureux, je voir Dieu ». « Nous voulons voir Jésus », demandent certains Grecs, des païens, ces étrangers d’hier et d’aujourd’hui à l’apôtre Philippe.

Je rêve tellement que cela se reproduise chaque jour. Que celui qui désire rencontrer Jésus s’adresse aux disciples que nous sommes, à nous, à moi, à toi. A ceux qui sont prochesd’eux avant tout : Philippe, dont le nom laisse entendre un lien avec le monde grec, puis André. C’est leur entourage culturel, presque familial.  Philippe leur parait proche. J’aimeraistellement que nous soyons des disciples capables de conduire les autres à Jésus. Mais, malheureusement, très souvent, les Grecs, ceux qui sont loin ne viennent plus à nous parce que nous avons perdu la crédibilité. Celui qui cherche Dieu, qui cherche le Christ notre Maître, très souvent se trouve seul sur son chemin. Il a du mal à trouver, même parmi nous les disciples, des hommes et des femmes capables de les accueillir, disposés à les écouter, déterminés à devenir leurscompagnons de route sur le chemin de foi. J’espère que ce carême nous aidera, nous, disciples fragiles à devenir de nouveau des messager et porteurs du Christ crucifié. Malgré les peurs, il nous faut revenir pour accueillir de nouveaux ces lointains étrangers, ces Grecs d’aujourd’hui, parce que nous avons aussi été avant des étrangers, des Grecs.

Philippe et André vont informer Jésus de cette rencontre.Ce dernier en sort très bouleversé profondément comme s’il s’agissait d’un signal. Et c’est de ça qu’il s’agit. Maintenant, l’annonce a dépassé les frontières, au-delà des portes d’Israël. La mission s’est accomplie. C’est l’heure de se manifester définitivement. Jésus sait que son Heure est venue.

L’évangile selon saint Jean est construit comme un immense procès à Jésus, dès les premières pages. Le refus de la lumière part du Sanhédrin et des bienpensants, détenteurs de la vérité qui le rejettent dès le départ. Jésus sait que sa façonde parler de Dieu ne peut être toléré. Il sait ce qui lui arrivera ! Il ne sait quand, mais il sait seulement qu’il est prêt d’aller jusqu’au bout des choses sans céder à la pression. Il préfère mourir au lieu de renier son Père. Alors, il parle de fécondité, de grain qui doit mourir pour porter du fruit. La gloire, la présence de Dieu se manifestera en Lui quand il donnera définitivement sa vie. Le cœur de l’annonce de Jésus n’est pas la mort, mais porter du fruit.  Il y a des gestes qui apparaissent comme un échec, une faiblesse mais qui, au contraire, sont rempli de vie, de force et d’avenir. La croix représente une grande douleur, un échec, l’humiliation. Mais pour Jésus, c’est le signe d’un amour immense, le plus grand don de soi qu’il soit possible de vivre.

Donner sa vie ! Jésus parle de détester cette vie pour la conserver pour l’éternité. Jésus veut nous rappeler qu’il existe une vie plus intense cachée dans la vie présente. Une vie qui est le reflet de l’Eternel, vie qui se manifeste quand nous entrons dans la logique du don, du service. Serviteur du bonheur des autres, comme Philippe et André qui portent les Grecs à la rencontre du Christ. Il n’est pas facile de donner la vie, pas facile de devenir un don pour les autres.

Il nous faut donner notre vie mais ce n’est pas un choix facile. Jésus s’en rend compte lui-même. Libre, sans rancœur, sans colère, sans plaintes, sans récrimination, il est libre de donner sa vie sans rien attendre en retour. C’est cela suivre Jésus et devenir ses disciples. Mais ce choix de donner sa vie n’est ni facile ni héroïque.

Jésus est troublé et il le verbalise « Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !Père, glorifie ton nom ! » Il aurait bien voulu ne pas arriver à ce point ! Il est écrasé par l’angoisse et il l’exprime à haute voix ! Il aurait voulu être sauvé de ces ténèbres qui pointent à l’horizon. Mais il fait le choix de la confiance en Dieu ! Il sait faire confiance au Père. C’est au Père de prendre la décision. Cette croix, ce don, ce Dieu suspendu, cet apparent échec, cette humiliation exprime pleinement la logique de Dieu qui aime jusqu’à en mourir.

Un évangile triste qui nous fait contempler la souffrance du Seigneur. Mais cet évangile nous console aussi parce que nous y voyons la douleur et la souffrance du Seigneur, qui est aussi ma souffrance, exactement la mienne. Si Jésus a eu peur, de quoi aurais-je peur ? S’il a manifesté son angoisse, ses sentiments, pourquoi devrais-je me cacher ? Pourquoi je devrais cacher mes fragilités et faire semblant d’être ce que je ne suis pas, plus fort que je ne suis ? Décidé à donner, oui ! Mais avec de la trouille de temps en temps, c’est normal ! Je désire être disciple, c’est évident, mais très souvent je demande d’être sauvé parce que j’ai peur, parce que je suis à terre, parce que je me sens fragile. Mais, de cette terre, Jésus sera élevé et tous lèveront les yeux vers lui pour être sauvés.Amen.

Homélie du Père Joseph du V° dimanche de Carême, année B (2024)2024-03-17T11:31:22+01:00

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de Carême, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dieu nous aime tellement, et pourtant nous avonstoujours du mal à changer notre idée de Dieu. Nous pouvons être sommes pieux, penser que notre idée de Dieu est la plus juste, la meilleure parce qu’on nous a enseigné ainsi depuis l’enfance… mais il nous faut chaque jour convertir et purifier notre idée de Dieu. La conversion est l’appel principal du carême, ce temps de désert qu’il nous faut fleurir, un désert dans lequel nous vivons depuis toujours, désert quenous pouvons soit subir, soit traverser librement, transformeren lieu de désespoir ou en lieu d’amour et d’intimitéretrouvée comme le prophète Osée et son épouse.

Du désert, nous pouvons ensuite monter sur le mont Tabor pour la transfiguration ayant dépassé les nombreuses tentations et découvert les anges qui nous servent pour aider à aller à la rencontre du Dieu, nous réconcilier avec nous-même et retrouver la paix intérieure. Mais pour que cela advienne, ily a des changements profonds à mettre en place, des conversions à vivre. Après avoir renversé les tables de ceux qui, à cause de leur fausse idée de Dieu, avait transformé le temps en lieu de commerce en s’enrichissant avec le nom de Dieu, aujourd’hui, c’est la figure de Nicodème qu’il nous faut contempler.

Nicodème a peur d’être vu et jugés par ses pairs qui considèrent Jésus comme un hérétique. Il va le trouver pendant la nuit ! Et dans cette nuit, il découvre quelque chose d’immense et d’inattendu. Oui, nous aussi, nous avançons dans la nuit, dans les ténèbres, nous n’y voyons pas toujours clair comme Nicodème, gênés d’être chrétiens, d’appartenir àcette Eglise qui paradoxalement héberge, à côté des grands saints et de grands témoins, des nombreux disciples fragileset pécheurs comme vous et moi. Mais si nous accueillons la lumière, si nous écoutons ce que nous révèle Jésus, alors, nous pouvons découvrir nous aussi, comme Nicodème, quelque chose d’extraordinaire.

Nicodème est rabbin et Docteur de la Loi. Il a un grand désir comprendre car sa grande foi juive ne lui suffit plus. Il a soif de plus que ce que lui donne sa religion. Il va trouver Jésus qui parle de renaître, de la lumière à accueillir, du salut donné… Nicodème semble ne rien comprendre à ces choses mystérieuses que lui explique Jésus. Le dialogue sembleinefficace mais Nicodème reviendra plus tard au pied de la croix, au moment où Jésus est élevé sur la croix, à l’heure de la glorification. Saint Jean résume ce qu’il a compris de ces paroles de Jésus à Nicodème : nous ne pouvons connaître Dieu, nous rapprocher de lui, parler de lui que si Jésus nous le fait connaître et nous le révèle car il est celui qui est descendu du ciel pour nous faire connaître le Père si nous l’accueillons dans la foi. Il est le Fils de l’Homme descendudu ciel, qui est glorifié sur la croix il donne sa vie pour nous sauver, comme le serpent de bronze dans le désert par Moïse.

Nous croyons dans le Dieu révélé par le Christ et quinous ouvre à la vie éternelle ! Dieu aime, dit Jésus à Nicodème qui l’ignorait encore. Marqué par une foi théorique, comme moi, comme vous., Nicodème découvre que Dieu est amour, qu’il est lumière, qu’il est vie et salut.Cet amour n’est pas théorique mais bien concret : il nous aime tellement qu’il nous a donné ce qu’il a de cher, de plus précieux : son Fils Unique pour sauver le monde. Dieu t’aime tellement que pour toi il a tout risqué, tout donné. Devant une telle évidence, tu arrêtes de penser que Dieu ne s’occupe pas des hommes, ou pire encore, que Dieu soit toujours là pour nous punir ! Non, Dieu n’est pas celui qui nous punit, mais celui nous aime et nous sauve. Il y a quelques jours, j’ai rencontré une jeune dame qui est juste, droite… mais qui est malheureuse parce qu’elle pense que Dieu la punirait sans pitié si elle fait un petit écart. Du coup, elle s’empêche de vivre et passe chaque jour à côté des petiteset grandes joies que Dieu nous donne, parce qu’elle ne s‘autorise pas cela par peur de punition de Dieu.

« Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » L’incarnation du Christ a comme finalité le salut de l’humanité. Dieu ne veut la mort de personne ! Il ne condamne pas ! Il sauve ! « Car la volonté de mon Père est que je perdre aucun de ceux qu’il m’a donné, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. » Il veut nous sauver. Il n’est pas jaloux de notre bonheur, ni flic qui nous surveille pour voir si ni faisons un petit écart, ni un juge prêt à prononcer la sentence pour nous condamner. Nous sommes déjà jugés par la vie, par nous-mêmes, par les autres, par notre entourage ! Dieu est heureux de nous voir heureux et épanouis. Jésus est venu nous rendre heureux, pour nous donner la vie éternelle, qui n’est pas une vie longue et ennuyeuse, mais le bonheur éternel que plus rien ne peut détruire.

Cependant, Dieu respecte profondément notre liberté. Parce qu’il nous aime, il nous veut aussi totalement libres. Le salut est donné gratuitement, mais nous devons l’accueillir librement dans la foi : « Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière ».

IL nous faut élever le Christ dans notre vie, par notre foi en lui. Il nous faut élever nos yeux, notre regard vers le Christen croix qui, en donnant sa vie, nous sauve de la mort éternelleet nous ouvre les portes les portes de la vie éternelle. Le Christ veut que nous vivions déjà aujourd’hui comme des gens sauvés et rachetés. Nous ne sommes plus esclaves ! Jésus nous a libérés. Malheureusement, très souvent, le salut et le bonheur nous paraissent tellement loin, inaccessibles parce que lumière et ténèbres se confondent en nous. Les ténèbres s’habillent de l’lumière pour nous tromper. On le voit à travers tous nos comportements sociétaux et toutes ces lois que nous votons et qui conduisent l’humanité à la mort, mais que nous sommes fiers de donner en exemple au monde. Tout le monde sait que c’est mal mais le Malin nous a tellementplongés dans les ténèbres, brouillé et corrompu nos consciences au point de faire passer le mal pour le bien et le bien pour le mal. C’est la confusion des ténèbres dans lesquelles nous sommes plongés. Nous résistons à la vraie Lumière parce que le Malin nous a plongés dans les ténèbres.

Pendant ce temps du carême, décidons d’accueillir Jésus qui la vraie lumière, qui est la Vérité, qui est le Chemin. Accueillons simplement Jésus dans notre quotidien pour qu’il nous révèle le Père et nous conduise à lui. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de Carême, année B (2024)2024-03-10T11:31:25+01:00

Homélie du Père Joseph du III° dimanche de Carême, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, avec l’évangile de la transfiguration, le Seigneur nous invitait déjà à entrer dans le mystère de la résurrection en nous faisant sa gloire sur le Tabor. Pouvons-nous le laisser, en ce temps de carême, laver nos âmes, nos cœurs en puisant dans son cœur plein de miséricorde à travers le sacrement de réconciliation qui nous lave et rend nos âmes resplendissantes comme le Seigneur sur le Tabor.  Aussi abimée que soit être notre vie, Jésus est capable de la laverpar son sang pour la rendre aussi pure et resplendissante par sa mort et sa résurrection.

En ce troisième dimanche de carême, Dieu nous donne les Dix Paroles de vie, sur le Sinaï.  Il ne s’agit pas de commandements, mais des « paroles de vie ». Il ne s’agit pasd’une indication morale. Dieu ne donne pas un code pénalcomme il y en a aujourd’hui, et comme il y en avait à l’époque, comme celui d’Hamourabi, par exemple. Dans les paroles que nous recevons nous remarquons qu’il n’est pas prévu de sanction. La force de la loi, c’est son côté contraignant. Une Loi qui ne prévoit aucune sanction pour le transgresseur n’a pas de valeur contraignante !  Les juristes qui sont parmi nous peuvent mieux nous l’expliquer. Mais, en donnant ce qu’on appelle les 10 commandements, Dieu ne prévoit pas de sanction parce qu’il nous donne des paroles de vie » pour que nous vivions dans la pleine et vraie liberté. En plus, les propositions sont déclinées au futur : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne rien de ce qui lui appartient »

Ces Dix paroles sont dites par Celui qui nous a créés et qui sait mieux comment fonctionne l’être humain. Nous ne respectons pas ces dix paroles pour obtenir un prix, une récompense à la fin de notre vie, mais nous essayons de les suivre pour être heureux avec nous même, avec Dieu et avec nos frères et sœurs. Ces « 10 commandements », nous les avons tous appris par cœur au catéchisme. Plus tard, Jésus va les résumer dans l’unique commandement de l’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et ton prochain comme toi-même ». Et le jeudi saint, à la veille de sa mort, lors de la dernière Cène, Jésus parle à ses disciples du commandement nouveau, tellement parlant en ce temps de Carême : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il s’agit d’aimer de l’amour dont Dieu nous aime.

C’est cette amour qui est au cœur de la Passion et de la Mort du Christ. Le temps de Carême nous conduit aux fêtes pascales, à la résurrection et à la victoire de la lumière. Mais,pour y arriver, nous devons traverser le Golgotha et contempler Jésus qui souffre et meure par amour. Nous avons combien, sur notre chemin vers Pâques, nous voudrions parfois éviter et esquiver le Golgatha, pour ne retenir que des petites croix faciles à porter. Pourtant, la croix du Christ est remplie de sang et elle est trop lourde. C’est elle qui nous est donnée comme la mesure de l’Amour de Dieu. Sommes-nous fiers de porter et d’être identifiés par la croix du Christ ? C’est elle notre identité ! La croix définit un chrétien. Qu’il y ait ou pas un Christ dessus, la croix est devenue le signe distinctif des disciples du Christ. Sommes-nous marqués par croix du Christ ? Pouvons-nous la porter sur nous, dans nos décisions et choix au quotidien au lieu de nous contenter de la voir dans nos quartiers, nos calvaires, aux carrefours des chemins ou dans les cimetières ? Pouvons-nous mettre au centre de notre vie la logique du don total de soi-même manifestée sur la croix ?

C’est cela que saint Paul dit aux Corinthiens dans la deuxième lecture. Dans leur communauté, il y a des gens qui vivent de manière généreuse la nouvelle foi chrétienne qu’ils ont à peine embrassé. Ils sont tellement remplis de charismes, des dons et de manifestations du saint Esprit qu’ils ont presque oublié de ce qui est au coeur du Kérygme, c’est-à-dire, de la croix du Christ parce qu’ils la trouvent embarrassante et honteuse dans ce monde grec civilisé et moderne. C’est comme beaucoup qui pensent aujourd’hui, dans nos sociétés, que pour être bien vu et moderne il faut renier la croix du Christ. Je vous renvoie au sketch de Gad Elmaleh quand il critique les cathos Français qui ont honte du Christ alors que les juifs et les musulmans sont fiers de leur religion. Saint Paul rappelle aux corinthiens cette donnée importante de la foi chrétienne : « Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes ». Un vrai disciple ne peut renoncer à parler et témoigner du Christ crucifié qui a donné sa vie par amour pour nous.

L’autre élément marquant de ce dimanche, c’est cettecolère de Jésus dans le temple transformé en marché et lieude trafic. Cet épisode est raconté par tous les 4 évangiles, ce qui certifie que Jésus s’est donc réellement mis en colère dans le temps de Jérusalem. Comme vous, Jésus aussi se laisse prendre par la colère. Ca nous rassure si nous sommes de caractère colériques ! Attention cependant : la colère de Jésus ne trouve pas sa source dans son orgueil blessé, comme c’est souvent notre cas.  Sa colère naît du fait de voir ces commerçants dénaturer le visage de Dieu. Le temple de Jérusalem, nouvellement reconstruit, pouvait accueillir plus de 200 milles personnes à l’occasion de la Pâques juive. Un grand événement de foi certes, mais un moment devenu aussi une occasion de faire affaire, occasion de grand business. L’argent a pollué ce temple et la fête de Pâques que les prêtres rallongeaient les délais du temps liturgiques, comme quand, pour pousser à la consommation, dès le mois d’octobre on parle déjà de Noël dans les magasins et dans les rues. A Jérusalem, trois semaines avant la fête de Pâques, les prêtres transformaient les arcades, les alentours les entrées du temple en un méga-supermarché. Voilà pourquoi Jésus chasse les vendeurs, renverse les tables de change…

Son message est clair : on n’achète pas Dieu ! On ne peut marchander avec le Seigneur. Certains chrétiens pensent qu’on peut acheter la grâce de Dieu. J’entends, à l’occasion de la demande d’une messe, d’un baptême, la bénédiction d’une maison, un mariage, le sacrement de malade…. « Mon Père, combien ça coute ? ». En fait, les sacrements, les bénédictionset les grâces de Dieu ne se vendent pas et ne s’achètent pas ! Nos offrandes de messes, mariages, baptêmes permettent à l’Eglise de vivre et elle en a tellement besoin, geste de solidarité, de responsabilité, de générosité et de soutien à notregrande famille chrétienne…Mais, rappelez-vous et répétezautour de vous que l’on ne peut acheter la grâce de Dieu et les sacrements. Nous croyons en un Dieu qui nous aime, un Père infiniment bon, et non un puissant que nous pouvons amadouer, acheter ou corrompre avec notre argent et des faveurs.

 « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.» Les Juifs lui répliquèrent :
« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, entrois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps ». Nous comprenons que le corps de Jésus Ressuscité est le nouveau temple. Si nous nous réunissons comme Eglise, dans des églises et lieux de culte, c’est seulement pour contempler et puiser dans le cœur du Christ ressuscité qui nous nourrit et nous sanctifie à travers les sacrements qui sont les moyens ordinaires à travers lesquels le Christ nous sanctifie et nous donne sa vie en plénitude. Cette grâce est gratuite et infinie. En ce temps de carême, puissions-nous puiser dans les différents sacrements de l’Eglise qui nous permettent de nous préparer et devenir vraiment nouveaux aux les fêtes pascales qui approchent. Amen.

Homélie du Père Joseph du III° dimanche de Carême, année B (2024)2024-03-03T11:28:45+01:00

Aimer jusqu’au bout, comme le Christ Crucifié !

Au cœur de ce temps de carême, j’ai perdu celui que j’appelais mon deuxième papa. Il s’agit du père Pessina Gianfranco, un père barnabite qui a été missionnaire au Congo pendant plus de 35 ans.  Ses funérailles ont été célébrées à l’église Notre-Dame de la Divine Providence à Florence et son enterrement a eu lieu à Eupilio, au nord de Milan. Son décès a réveillé en mon cœur deux sentiments paradoxalement proches, celui d’une grande tristesse et l’action de grâce à Dieu qui a mis ce saint homme sur ma route, pendant mon adolescence (collège-lycée).  La rencontre avec ce prêtre a changé le cours de ma vie, lui donnant une tout autre direction !

Je n’oublierai jamais cette nuit où l’internat où je me trouvais au lycée a été touché lorsque l’Armée Patriotique Rwandaise a attaqué le camp de réfugiés de Birava : des centaines de morts et plusieurs milliers des blessés. Cette nuit-là, nous avons frôlé la mort. Une heure d’attaque, de crépitement de balles, d’explosion de grenades, de lancement de roquettes… des pleurs, des cris, des larmes… une heure qui nous a paru une éternité d’enfer… Et pendant ce temps, le père Pessina G est sorti de son couvent pour rejoindre l’internat des lycéens où nous nous trouvions presque morts. Il a failli y perdre sa vie. Cet événement dramatique est pourtant à l’origine de ma vocation. Dieu peut nous appeler même dans les événements douloureux.

L’adolescent que j’étais ne comprenait pas ce risque pris par ce missionnaire italien. Quelques jours plus tard, je suis allé le voir au couvent pour lui demander de m’expliquer ce qui avait motivé un tel comportement à risque ! Pourquoi avait-il risqué sa vie au lieu de rester planqué dans son couvent qui, du reste, n’était pas attaqué, se trouvant à 400 mètres de l’internat ?  Dans un premier temps, il m’a expliqué qu’il était notre responsable devant les parents et devait s’assurer que rien de pire ne nous arrive.

Ensuite, levant les yeux sur l’un des murs du parloir où il m’accueillait, il m’a indiqué le crucifix suspendu et m’a demandé : « Qui est celui-là, Joseph ? ». Je répondis : « C’est Jésus Crucifié ! ». Il me dit alors : « A la veille de sa mort, Jésus avait réuni ses disciples, pour une Dernière Cène. Il leur a dit ce soir-là : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13). Il ajouta « Tu vois Joseph, ce n’étais pas du baratin parce que le lendemain, Jésus a bien donné sa vie pour nous sur la croix, comme tu peux le voir sur ce crucifix ! Le chrétien n’a pas d’autre modèle que Jésus qui nous invite à donner notre vie. Dans ma vie de prêtre, je cherche aussi à imiter Jésus en donnant ma vie ! Oui, il est vrai que le soir de l’attaque, j’ai pris ce risque de perdre ma vie en venant à l’internat, mais c’est par amour pour vous les jeunes que je l’ai fait ! Rien ne comptait pour moi qu’épargner vos vies, même s’il fallait perdre la mienne ! ».

Ce témoignage concret a chamboulé ma vie. Je suis sorti de ce couvent en larmes, touché au fond de moi par l’explication que je venais de recevoir de ce prêtre, qui était aussi mon prof de philosophie, de religion, directeur de l’internat où j’étais et curé de ma paroisse Notre-Dame de la Divine Providence de Birava. Le père Pessina est devenu mon premier accompagnateur spirituel et ma vocation est née du témoignage, de la prière et des conseils de ce prêtre qui a été pour moi comme un deuxième papa :  il m’a permis de renaître et ma vie a pris une autre direction, celle qui fait de moi un prêtre aujourd’hui, désireux de donner  ma vie chaque jour comme le Christ, à la suite du Christ.

Au cœur du carême, comme le père Pessina, je vous invite à lever les yeux et contempler le Christ en croix qui donne sa vie par amour pour nous et qui nous rappelle que notre vie ne se réalise vraiment que quand elle est donnée aux autres et pour les autres par amour. Nous n’avons rien payé pour recevoir la vie ! C’est gratuitement que Dieu nous a donné la vie. Pouvons-nous, à notre tour, essayer de nous aimer les uns les autres, de prendre le risque de donner notre vie à travers les petits et grands gestes que nous vivons au quotidien ! Puisse la contemplation du Christ Crucifié faire naître en nous le désir de nous aimer les uns les autres et de donner notre vie par amour, comme le Christ.  L’Amour donné permet de faire l’expérience du mystère de la Passion, Mort et Résurrection du Christ. Belle montée vers Pâques !

Aimer jusqu’au bout, comme le Christ Crucifié !2024-03-01T11:35:40+01:00

Nos catéchumènes ont été appelés au baptême !

Ils étaient 142 et venaient de toutes les paroisses du diocèse de Toulouse. Accompagnés par
de nombreux prêtres, religieux et religieuses, parrains, marraines et de nombreux
accompagnateurs, ces catéchumènes venaient pour une étape importante qui a toujours lieu le
premier dimanche de Carême. Ce dimanche 18 février, dans la basilique sainte Germaine de
Pibrac que Mgr Guy de Kerimel a réuni les catéchumènes et les a appelés au baptême. Ceux-
ci lui avaient déjà écrit chacun une lettre, demandant officiellement d’être admis au baptême.
Chaque catéchumène a donc été appelé et chacun a répondu par un « Me voici » très généreux
à l’appel de son nom par les membres du service du catéchuménat. Ils se sont
personnellement présentés devant l’archevêque, puis ont tous signé dans le registre des
catéchumènes. Nous les verrons pendant tous ces dimanches de carême, avec leur écharpe
violette reçue à l’occasion. Nous les entourerons plus particulièrement les 3è, 4 è et 5è
dimanche de carême pour la célébration des scrutins, pendant les célébrations du Triduum
pascal, et tout particulièrement pendant la Veillée pascale le 30 mars. Ce soir-là, tous ces
catéchumènes recevront les sacrements de l’initiation chrétienne.
Notre ensemble paroissial rend grâce pour les 15 catéchumènes qui ont été appelés au
baptême. Nous les portons dans notre prière, tout particulièrement en ce temps de carême qui
est une période de grand combat spirituel. Ils sont de plus en plus nombreux les adultes qui
frappent aux portes de nos paroisses pour demander d’être baptisés. C’est le signe que le
Seigneur touche les cœurs et que beaucoup se laissent toucher par le Seigneur. Il n’est jamais
tard pour accueillir la grâce de Dieu et de nous mettre à sa suite. Que ce temps de carême soit
pour ces adultes appelés au baptême, et pour nous tous, un temps de conversion et de
renouveau.

Nos catéchumènes ont été appelés au baptême !2024-02-29T11:00:30+01:00

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de Carême, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Il est en pleine campagne électorale, et dans ces primaires américaines des républicains, il avait dit une fois : « Parfois, il faut accepter de perdre une bataille pour envisager de gagner une guerre » ! Il s’agit de Donald Trump ! Ce n’est pas mon homme politique préféré !  Le sage chinois Confucius lui disait : « Si un ennemi t’a fait du tort, tu dois attendre seulement sur la rive d’un torrent : tu finiras un jour par voir passer sa dépouille mortelle ! ». Et Napoléon Bonaparte priait Dieu de garder vivant assez longtemps ses ennemis pour qu’ils puissent assister à son triomphe ! » Et dans le domaine scolaire, on disait : « il faut parfois accepter de reculer pour mieux sauter » ! Ça se disait des élèves qui devaient redoubler au lieu de monter de classe avec beaucoup de déficit ! C’est au Congo ! Aujourd’hui, il est interdit de redoubler en France !

Voilà quelques maximes, expression, enseignements qui nous invitent au courage, à la persévérance, et qui, à mon avis, peuvent nous aider pour comprendre ce que propose l’évangile de ce dimanche. Nous le savons tous, le carême est un temps qui nous engage beaucoup, qui nous invite à beaucoup de sacrifice, d’efforts à fournir, de dépassement de soi de combat dont la victoire viendra plus tard, à la fin des temps. Être disposé à faire des sacrifices, des privations, des renoncements, l’abandon, la constance, au courage dans la lutte et dans les épreuves sont des invitations du temps de carême !

Mais il s’agit des valeurs nécessaires dont nous avons besoin la vie. Aucune vie, aucune vocation n’est épargnée par les épreuves, des renoncements et des sacrifices. Ma vie de prêtre en a tellement, mais je sais combien votre vie d’hommes et de femmes mariés est marquée par les sacrifices, et d’ailleurs, l’explosion des divorces montre bien que nous avons perdu le sens du sacrifice et de la constance devant les épreuves ! Nous ne savons plus tenir bon dans la durée. Mais la constance et le courage présupposent l’espérance et la confiance en la victoire finale ou l’objectif que nous nous fixons sur tel ou tel projet de vie.

Les lectures de ce dimanche nous rappellent que dans nos sacrifices et nos épreuves, il ne faut jamais perdre la confiance en Dieu à qui appartient la victoire ! Dieu donne la victoire à celui qui persévère, qui espère, lui fait confiance.  C’est cela que vit Abraham !  Dieu lui dit « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. » Comment Dieu peut-il me demander une telle chose à Abraham : sacrifier le fils unique qu’il lui a lui-même donné ? Mais c’est là qu’Abraham devient véritablement le modèle et l’exemple de foi pour nous ! Il a une confiance totale dans le Seigneur. Il s’agit d’une foi inconditionnelle en Dieu qui l’avait béni, et qui, d’une façon ou d’une autre ne pouvait pas l’abandonné ! Abraham sait que Dieu est capable de tout !

A l’annonciation, lorsque l’ange Gabriel annonce la conception virginale de Jésus dit à Marie : « Car rien n’est impossible à Dieu ! ». Cela était aussi le ciment de la foi d’Abraham !

En acceptant de sacrifier son fils, notre Père Abraham témoigne d’une confiance totale dans le Seigneur. Et voilà, pendant qu’il est sur le point de le sacrifier, c’est Dieu lui-même qui l ‘arrête, lui manifestant sa gratitude et en le bénissant plus encore : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis.
Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance
. »

Abraham est passé de l’angoisse à la joie, de l’humiliation au triomphe. Pendant ce temps de carême, le récit de la transfiguration nous fait comprendre que Jésus a vécu la même chose : passer de la mort à la vie, de la souffrance à la victoire. Sur sa route vers Jérusalem, Pierre avait voulu empêcher Jésus de faire ce choix de la souffrance et de la mort. « Non Seigneur, cela ne t’arrivera pas ! » et Jésus lui avait dit : « va derrière moi, Satan »

Malgré cela, Jésus a gardé sa confiance à Pierre, l’amenant avec Jacques et Jean sur la montagne de la transfiguration où ils sont témoin de sa gloire. Ils entendent la voix du Père « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Ils voient Moïse et Elie. Ils sont témoins que la passion et la mort du Christ conduira à la résurrection !  Pierre veut rester dans cette gloire du Tabor en construisant trois tentes, mais Jésus lui demande de descendre, de revenir dans le quotidien pour vivre et affronter ce même mystère : vivre la passion, la mort avec Jésus pour ressusciter avec lui. Nous vivons cela au quotidien. Dans la vie, la joie, la beauté, le bonheur demandent à un peu de travail, des efforts. De même, toute douleur, toute souffrance, toute épreuve portée avec amour conduit à la lumière !

Alors que nous n’y sommes pas encore, au cœur du carême, le récit de la transfiguration nous invite à ne pas perdre de vue la résurrection du Christ. Il nous rappelle que tous nos efforts, nos privations, nos renoncements vécus avec amour, portent déjà en eux des germes de la résurrection. Alors, courage, confiance, tenons bons ! Notre Seigneur a vaincu le mal et la mort par sa passion et sa résurrection. Unissons-nous à lui, surtout si nous sommes tentés de baisser les bras devant les croix que la vie peut mettre devant nous, et qui nous paraissent trop lourdes. Nous ne pouvons pas changer les épreuves et les événements douloureux qui s’imposent à nous, mais nous pouvons choisir de vivre nos croix en nous unissant au Christ mort et ressuscité.

 

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de Carême, année B (2024)2024-03-01T11:46:11+01:00

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Le carême, est le temps liturgique nous aimons le moins. ! Le carême, non merci ! On y parle trop de lasouffrance, du désert, de la croix, des épreuves, des douleurs, des tentations, du péché, de la mort… Bref, de tout ce dontnous aimerions ne pas entendre parler. Ce n’est pas comme le temps de l’Avent avec les lumières, les fleurs, les 4 bougies, la crèche En carême, on évite de fleurir les églises.L’ambiance liturgique est austère. Même au Congo, on évitela dance pendant le carême ! Un temps qu’on aimerait voir passer rapidement, mais manque de pot, l’Eglise propose 40 jours, moins les dimanches pour vivre le carême. Pourquoi appuyer là où ça fait déjà très mal avec ces réalités rappelées encore et encore pendant le carême ! Notre vie est déjà presque le passage dans une succession des déserts. Nous voyons s’écrouler nos espérances d’un monde de paix et detolérance, la crise écologique s’amplifie, nous passons d’une guerre à une autre, les communautés chrétiennes sont en crise ou se vident, ou se déchirent de l’intérieur. Les relations humaines sont de plus en plus problématiques, compliquées,un peu plus toxiques. Alors, le carême, non merci ! Nous préférons passer directement au temps pascal !

Essayons de lutter cette tentation de supprimer le carême pour donner sens à notre désert, trouver une signification à ce que nous vivons, surtout si cela est éprouvant et douloureux. Prenons de la hauteur pourregarder les choses autrement. Vivons notre désert, vivons-le vraiment et pleinement. Alors, le carême sera un temps béniparce qu’il va nous réveiller, nous secouer, et briser cette glace froide qui engourdit notre vie. Levons les yeux !Rappelons-nous que nous avons une âme ! Faisons mourir l’activisme, la colère, la désolation, le pessimisme. Faisons revivre la foi, l’espérance et l’amour ! Retrouvons desrelations vraies !  Au lieu de fuir le désert du carême, prenons la décision d’y aller avec Jésus pour affronter nos peurs et nos tentations, et en sortir vainqueurs avec lui.

Dans la tradition biblique, le désert est le lieu de tentation, de fatigue, d’épreuve extrême. Le désert nous pousse à aller au bout de nous-même, à fournir des gros efforts. Pas besoin d’aller chercher le désert ailleurs parce quele quotidien nous l’impose. Pour Israël, le désert est aussi le lieu où l’on peut de nouveau retrouver l’amour, séduire de nouveau l’être aimé en parlant à son cœur, revenir à l’essentiel. C’est donc un paradoxe : le désert est un lieu d’épreuve et de lumière, de douleur et de joie, d’amour et de fatigue. Notre vie est ainsi faite ! Le carême nous invite à poser un regard sur la vie comme expérience de désert à vivre avec Jésus.

 L’évangile des tentations dans le désert est un classique du premier dimanche de Carême chaque année. Saint Marc donne très peu de place aux tentations de Jésus, contrairement à Matthieu et Luc. Pas des détails, aucune description. En unverset, saint Marc a tout dit, non pas parce qu’il est distrait ou superficiel, mais certainement par excès de synthèse théologique. Il écrit : « Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. ». Parfois, le saint Esprit nous pousse au désert comme il l’a fait avec Jésus ! Il nous y pousse alors que nous n’avons ni l’envie ni la volonté d’y aller parce que nous préférons vivre au cœur de nos villes avec tous les bruits qui nous entourent. Nous avons du mal à rester seul, le silence et la solitude nous font peur ! Peut-être et surtout, parce que la société ne nous apprend pas à habiter le silence et à le faire fleurir. Nous voyons beaucoup de gens qui se promènent seuls, ou dans le métro mais qui ont des écouteurs, des casques sur les deux oreilles. Il nous faut du bruit, de la musique, des sons…. Et pourtant nous sommes capables de faire silence. J’entends dire que les enfants ne savent pas se taire et faire silence ! Mais c’est faux ! Lors de séance KT et même de l’éveil à la foi, les tout-petits nousimpressionnent par leur capacité à faire silence.

Le silence, l’épreuve, la soif, la solitude du désert peuvent être féconds, comme la croix du Christ a porté des fruits du salut. Le saint Esprit, pendant le temps du carême,pour invite à chercher cette fécondité en habitant notre propredésert. C’est alors que la douleur devient une opportunité pour aller à l’essentiel, à poser des choix, prendre les bonnes décisions, réconcilier nos relations. Jésus est passé par là aussi ! Avant de se lancer dans la mission, il a affronté les tentations, c’est-à-dire qu’il a fallu qu’il pose des choix, qu’il discerne pour choisir ce qu’il faut détruire et ce qu’il faut construire. Que ce carême nous permette de vivre la même démarche.  

Un détail incroyable m’a touché dans cet évangile : « Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. »Jésus vit avec les bêtes sauvages et en parfaite harmonie, comme saint Jérôme avec le lion, ou saint François d’Assises avec les loups ! Et les anges sont là, au service. Ce texte a fait appel en moi à un autre texte que nous écoutons pendant le temps de l’Avent, quand Isaïe nous parle de l’harmoniequ’apporte le Messie : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » (Is 11, 6-9)

Au jardin d’Eden, avant le péché, c’est l’harmonie qui régnait dans toute la création, entre toutes les créatures. Après le péché d’Adam et Eve, Dieu les a chassés du Jardin et a placé les anges comme gardien du Jardin, pour que l’homme ne puisse pas y retourner.  Au désert, en vivant avec les bêtes sauvages et bénéficiant du service des anges, Jésusrévèle comme le nouvel Adam qui vient restaurer cette harmonie originelle avec la création, avec le cosmos, avec les autres créatures. Jésus veut restaurer en nous cette harmonie que le péché est venu casser en détruisant en nous l’image et la ressemblance de Dieu.

La création a été une œuvre merveilleuse de Dieu, mais le salut apporté à travers la Passion et la Résurrection du Christ est une œuvre plus merveilleuse encore. Par allégorie, les bêtes sauvages représentent ce qui nous fait peur ! Dans le désert de ce carême, Jésus nous invite à accepter ces bêtes sauvages, accepter nos fragilités, nos peurs, reconnaître ce qui, en nous, à travers nous et autour de nous fait mal pour leprésenter à Jésus qui peut nous guérir, nous transformer,nous convertir et transfigurer notre vie et notre monde !C’est seulement à cette condition que les anges pourront nous annoncer notre propre résurrection avec le Christ au matin de Pâques. Amen.

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année B (2024)2024-02-18T11:21:47+01:00
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