À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus se trouve dans un moment de calme et d’intimité avec ses disciples. Ils sont loin des dérangements et des bruits. C’est dans ces moment d’intimité qu’il est possible de poser les questions importantes, celles qui touche le cœur, pas celles que nous pouvons poser devant la télé, entre deux coups de téléphone, entre deux épisodes de votre série préférée ou à la mi-temps d’un match de foot ou de rugby. Certaines questions exigent d’être posées dans un cœur à cœur, en toute intimité avec un ami, son enfant, ses parents, son amoureux !

Au cours de ce cœur à cœur, Jésus pose une question décisive dont dépendra tout le reste : la foi, les choix, la vie… ! Il ne s’agit pas de faire un sondage d’opinion auquel les réponses sont multiples, prenant Jésus pour Jean-Baptiste, Elie ou un autre prophète passé. La question de Jésus exige une réponse qui vient du coeur « Et vous, que dites-vous ! » Parlez-moi de vous, pas des autres ! La question commence par « Et vous ! » Ne vous contentez pas d’une foi par oui dire, par tradition. « Et vous qui avez abandonné vos barques, avez tout quitté pour me suivre, vous qui avez cheminé avec moi depuis trois ans, que j’ai choisis un à un… qui suis-je pour vous ? »

Cette question est le cœur de foi chrétienne : qui est Jésus pour toi ? Jésus ne cherche pas des paroles mais des personnes, pas des définitions de soi mais une implication de soi. Qu’est-ce qui a changé en toi lorsque je t’ai rencontré ? C’est comme les questions que se posent les amoureux : « quelle place ai-je vraiment dans ta vie, combien je compte pour toi ? » et à l’autre de répondre : « tu es ma vie, mon trésor, mon oxygène, mon homme, la femme de ma vie, mon amour… »  A ce type de question, tu ne répondras pas par ce que les gens racontent de votre relation mais ce que tu penses et vis au plus profond de toi. De même, Jésus n’a pas besoin de l’opinion de Pierre pour avoir des informations, pour savoir s’il est plus fort des prophètes d’avant, mais pour savoir si Pierre lui a réellement ouvert son propre cœur.

Le Christ est vivant seulement s’il est vivant en nous. Notre cœur peut être le berceau ou le tombeau de Dieu, berceau qui prend soin de la vie et voit grandir Dieu dans notre maison, ou alors la tombe où Dieu en nous. Le Christ n’est pas ce que je dis de lui mais ce que je vis concrètement de lui. Il n’est pas mes paroles, mais ce que de lui rend ma vie ardente. La réponse à la question de Jésus exige l’implication personne, comme l’apôtre Thomas qui, huit jours après la résurrection, s’était mis à genou devant le Ressuscité en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Ce « mon » n’indique pas la possession, mais la passion, non pas une appropriation mais l’appartenance. Mon Seigneur ! Mon, comme ma respiration sans laquelle je ne peux vivre, comme mon cœur sans lequel je suis sans vie !

La réponse est collégiale, collective, unanime dans le contenu exprimé par Pierre au nom de tous : « Tu es le Christ », ça veut dire, tu es le Messie, le Consacré, l’Oint, l’Envoyé du Père. Après avoir accueilli cet acte de foi des apôtres, Jésus peut maintenant s’ouvrir librement à ses disciples, leur parler sans métaphore de ce qui l’attend, c’est-à-dire, de sa passion et sa mort en croix prochaine. Il ne pouvait pas le confier à ses disciples s’il n’avait pas préalablement reçu cet acte de foi et cette confiance de leur part. On ne peut s’ouvrir, confier les secrets de sa vie à des gens en qui l’on n’a pas confiance. Dieu ne peut se révéler véritablement à nous, toucher notre cœur, nous faire faire une expérience profonde de sa présence et de son action que s’il voit que notre foi n’est pas que de façade ou par oui dire. Après l’acte de foi des disciples, Jésus « commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite
 » Voilà le Kérygme, l’essentiel de la foi chrétienne.

De même que l’amour est éprouvé, purifié pour grandir, de même la foi est éprouvée, purifiée par les événements parfois douloureux de la vie.  La foi professée par Pierre au nom de tous doit être purifiée dans son cœur, comme nous l’indique la suite de l’évangile. Devant la bouleversante révélation de l’identité du Christ, « Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. » Un disciple qui fait la leçon à son Maître ! C’est absurde alors et toujours. Jésus ne veut pas laisser les disciples dans cette confusion sur sa propre mission. Il faut qu’il clarifie bien les choses. L’évangile nous dit : « Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » En fait, Jésus veut se rassurer que tout le monde comprenne son message pendant qu’il s’adresse à Pierre.  C’est l’occasion pour lui de faire une catéchèse et faire comprendre au mieux ce que signifie pour lui être véritablement son disciple.

Jésus convoque alors la foule et ses disciples et utilise ce langage tellement explicite pour demander une véritable adhésion à sa personne et à sa mission. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive signifie. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Suivre Jésus, c’est prendre la croix, c’est donner sa vie pour les autres, c’ouvrir pour s’ouvrir à l’amour, à la joie du don.

Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous aide à comprendre cette vocation au service et au don dans la foi. Il nous appelle à passer du « dire » au « faire », des discours au témoignage concret, de la théorie à la pratique qui se fait charité et disponibilité envers les autres. Un chanteur Congolais rappelle que l’amour n’existe pas et qu’il n’y a que des preuves d’amour ! Une chose est de dire qu’on aime, qu’on est croyant,  une autre est de prouver son amour et sa foi  par des actes.  Ainsi, saint Jacques nous écrit : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte.  En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres.  Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. ». Cela veut dire que le croyant doit agir en conformité de ce qu’il croit. Nous ne pouvons pas nous contenter seulement de proclamer, annoncer et enseigner. Il est nécessaire d’agir et œuvrer pour le bien des autres pour être crédible.

En cette période de rentrée paroissiale, avec cette nouvelle année pastorale, personnellement comme communauté, nous pouvons nous interroger sur la vérité de notre foi, notre adhésion au Christ : est-elle authentique ou superficielle, de façade, surtout lorsque nous sommes tentés de faire le tri, sélectionnant ce qui nous convient dans la foi, dans les exigences de l’évangile ou de la doctrine, rejetant ce qui ne nous convient pas, comme a essayé de le faire Pierre dans l’évangile au point de se faire traiter de Satan par Jésus. Demandons-nous aussi si notre foi est simplement théorique ou opérante, en parole ou agissant en acte.  Demandons la grâce d’une foi authentique, concrète et agissante.

 

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-09-13T14:27:26+02:00

Edito : Se lancer, s’accueillir et rendre grâce !

Une nouvelle année pastorale a déjà commencé ! Comment sera-t-elle ?  Nul ne le sait ! Elle sera certainement ce que le Seigneur aura voulu, parce qu’il est Celui qui conduit son Eglise par son Esprit, mais aussi ce que chacun de nous voudra qu’elle soit par le don de soi-même, par son engagement, ses services à la communauté et notre abandon personnel et communautaire au souffle du saint Esprit.

Alors, lançons-nous dans l’Espérance, comme nous y a invités Mgr de Kerimel lors de la Journée Diocésaine à Lourdes. Celui qui espère ne se trompe jamais. C’est pour cela que je nous invite tous à nous lancer dans la confiance, sans se laisser bousculer par différentes peurs ou par le poids des habitudes ! Nous nous réjouissons que notre archevêque vienne personnellement lancer notre année pastorale lors de la messe qu’il présidera le 22 septembre à 10h30 au Phare de Tournefeuille. J’espère que nous serons très nombreux, non seulement pour l’accueillir mais aussi pour commencer l’année dans la dynamique d’un élan joyeux et missionnaire. J’appelle tous les fidèles et les membres tous les groupes, associations, équipes et services à venir à ce temps fort de notre ensemble paroissial.

La rentrée paroissiale du 22 septembre sera aussi l’occasion d’accueillir les personnes nouvellement arrivées dans nos paroisses. La santé d’une communauté dépend aussi de sa capacité à savoir accueillir. Si nous n’accueillons personne dans l’Eglise ou au sein de notre communauté, nous nous condamnons à la mort et à la disparition. Les nouveaux nous renouvellent ! Alors, soyons heureux d’accueillir une nouvelle communauté religieuse. Après les Sœurs de la Résurrection, notre ensemble paroissial est heureux d’accueillir une nouvelle communauté : les Franciscains de l’Immaculée.

Ils arrivent à trois et vont résider au presbytère de Plaisance-du-Touch. Le 22 septembre, il y aura les frères Justin et Clément.  Un troisième arrivera plus tard. Pour les accueillir, il faut quelques travaux d’aménagement intérieur dans le presbytère. Il faudra aussi des meubles et du matériel pour la cuisine et du linge pour la literie. Je sais que je peux compter sur vous pour équiper le presbytère. Aussi, je fais appel au don ou au prêt d’une voiture : les frères ont chacun un permis de conduire mais n’ont pas de voiture. Alors, j’en appelle à votre générosité. Si vous avez une voiture que vous pouvez donner ou prêter pour quelques mois, cela facilitera leur arrivée et leur implication pastorale et missionnaire. N’hésitez à vous manifester auprès du secrétariat paroissial. Je vous en remercie infiniment.

Le 22 septembre, avec le Père Vital MUDIMBE, nous allons rendre grâce pour cette année entière qu’il aura passée parmi nous. Nous rendons grâce pour sa présence et toute ce qu’il a permis de recevoir du Seigneur par son ministère et son amitié.  Nous pourrons lui dire au revoir et lui offrir un cadeau pour l’accompagner sur l’ensemble paroissial de Saint Nicolas-Sacré Cœur où il est envoyé à partir du 1er octobre. Une collecte va être faite dans nos paroisses les weekends des 8 et 15 septembre.

Après la messe au Phare, nous nous retrouverons, autour notre archevêque, avec les frères Franciscains Justin et Clément, le père Vital pour un temps convivial autour d’un repas partagé apporté par chacun. Pour une meilleure organisation, nous vous invitons dès à présent à vous inscrire sur les fiches placées dans les 5 églises. Elles seront retirées après les messes du 15 septembre. Belle année pastorale, qui sera aussi une année jubilaire !

Edito : Se lancer, s’accueillir et rendre grâce !2024-09-10T10:07:10+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

En ce moment où nous vivons les jeux paralympiques, nous rappelant que l’être humain ne peut être enfermé dans son handicap, l’évangile de ce dimanche nous parle d’une forme de handicap. La surdité. Dans la vie, le handicap est facteur d’exclusion. D’où notre attention à comment nous vivons l’inclusion avec les personnes porteuses d’un handicap dans nos sociétés et dans nos communautés ecclésiales. Dans l’Ancien Testament, la surdité n’est pas qu’une exclusion sociale.  Être sourd, dans l’AT signifie « exclusion du salut » parce qu’un sourd est incapable d’entendre les messages et appels du salut lancés par les prophètes, les prêtres et autres messagers de Dieu.  Très souvent d’ailleurs dans l’AT, les prophètes accusent le peuple d’Israël d’être sourd, c’est-à-dire, d’être fermé, bloqué aux appels à la conversion.

Isaïe y fait allusion dans la première lecture : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds ». A notre époque et dans nos sociétés, nous sommes sollicités par tellement des choses à faire, de bruits qui nous viennent de partout, rumeurs et opinions venant de la rue, des tous les médias et les réseaux sociaux, la musique à fond, bruits de la circulation automobile…. au point de devenir presque sourds à nous-même,  aux cris de la planète, des nos frères et sœurs en humanité et aux appels de Dieu. Nous sommes parfois incapables d’entendre et d’écouter le désir profond de notre cœur, cette soif profonde qui est en nous et que rien ne peut étancher à part Dieu. Ce n’est pas pour rien que se développe toutes ces méthodes de méditations orientales qui révèlent à la fois le déficit mais aussi notre besoin profond d’apprendre à s’écouter soi-même, écouter son propre corps, son être profond.

Le protagoniste de l’évangile est un sourd. On parle, à défaut qu’un c’est un sourd muet mais ce n’est pas exactement ça. Il est sourd parce qu’il n’entend pas, mais il n’est pas totalement muet. « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler ». Il a juste du mal à articuler, à communiquer correctement, à se faire comprendre. Ne pas entendre et ne pas se faire comprendre, signifie avec beaucoup de difficulté à entrer en relation. Un sourd-muet risque de s’enfermer sur soi-même, sur son handicap et se couper du monde extérieur. Combien des gens aujourd’hui se coupent des autres pour ne pas s’exposer, surtout quand on porte un handicap, un défaut physique…, aussi parce que les autres peuvent être impitoyable et horrible. Essayez de demander aux élèves du primaires, collège ou lycées. En ce période de rentrée scolaire, on parle de harcèlement scolaire ! Si nous sommes porteurs d’un quelconque handicap (et rassurez-vous, nous en avons tous un, visible ou invisible !), cet évangile de ce dimanche nous rappelle que Jésus veut nous sortir de l’exclusion, de l’isolement par sa main qui nous touche ouvrir nos oreilles et délier nos langues.  Jésus veut nous mettre en relation, avec son Père et avec les autres. C’est le sens de la religion qui veut dire relier, mettre en lien avec Dieu et avec les autres. Le salut, le vrai bonheur, dépend fondamentalement de la qualité de relation que nous arrivons à tisser avec Dieu et les autres. Quelqu’un d’isolé, sans ami ni relation ne peut être véritablement heureux.

Au temps de Jésus, le salut était conçu par rapport à Jérusalem. Les juifs de Jérusalem étaient de facto considérés comme sauvés car résidants de la ville sainte.  Pensons aux avantages des Parisiens par rapport aux les provinciaux ! Plus on s’éloignait de Jérusalem, plus on s’éloignait du salut.  Rien de vraiment bon au-delà de Jérusalem ! Au-delà du périphérique, rien de bon ! Au-delà de Tournefeuille, de Lardenne, de Plaisance, de Saint Simon, de La Salvetat, il n’y plus grand-chose ! On est les meilleurs ! Plusieurs villages en France se réclament comme étant le vrai centre de la France ! C’est le chauvinisme !

Jérusalem était comme le centre du monde. Ceux qui habitaient dans les villes païennes étaient condamnés d’avance car il y avait chez eux un mélange culturel pas orthodoxe, pas du goût des Scribes et Pharisiens. Alors, habiter la Décapole (les10 villes situées au-delà de la Samarie), cela signifiait qu’on était complétement perdu. C’est pourtant là, chez les païens, ceux qui sont condamnés a priori que va Jésus pour commencer sa mission. Oui, la mission, pour les chrétiens est une option préférentielle pour ceux qui sont exclus : les pauvres, les malades, les prisonniers, les sourds et les muets, porteurs de handicap, ceux qu’on peut facilement abandonner en chemin parce que fragiles matériellement, humainement, socialement, intellectuellement, pastoralement.  « Je suis venus pour les pauvres, les malades, dit le Seigneur ! »

La guérison du sourd-muet provoque l’action de grâce du peuple : « Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. » Jésus les sauve au moment où ils s’y attendaient le moins. Dans la vie, seuls les gens qui n’attendent pas à un cadeau savent remercier et reconnaître valeur de ce qui leur est donné. La foi chrétienne nous redit que nous ne méritons pas ni salut ni l’amour de Dieu. C’est donné gratuitement, comme ce sourd-muet sauvé de manière inattendue par le Christ.

Un autre élément de cet évangile qui m’a touché est le fait que le sourd-muet était conduit et porté à Jésus par d’autres personnes. « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. »  Un rappel que nous avons toujours besoin des autres pour être conduit au Christ, pour entendre parler du Christ. L’Eglise, est une famille, une grande communauté où nous avons des frères et des sœurs qui nous conduisent au Christ. Un chrétien qui se coupe des autres, qui vit sa foi sans les autres, dans la solitude (« je suis croyant mais pas pratiquant !!! je n’ai pas besoin de la communauté pour prier, pour croire »), orgueilleux et solitaire coure un grand risque. Que le Christ nous guérisse l’orgueil spirituel et pastoral quand nous croyons tout savoir, pouvoir tout faire tout seul, sans besoin d’aide des autres. La fermeture aux autres, à la communauté est la grande surdité dont Jésus veut nous guérir en cette période de rentrée pastorale.

Pour terminer, je vous invite à l’action de grâce, à la louange, comme ce peuple qui crie : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ! » Nos contemporains ont besoin d’entendre notre témoignage de ce que Dieu fait pour nous afin de le suivre et lui ouvrir leurs cœurs. Le monde retrouvera le Seigneur s’il retrouve des chrétiens missionnaires qui croient et qui témoignent de leur foi, de la joie de l’évangile. Seigneur, guéris-nous de nos surdités pour écouter ta Parole, entendre les cris de joie et de souffrance nos frères et sœurs ! Délie nos langues, pour te louer, pour dire du bien des autres, pour te bénir et témoigner de la Joie que tu nous donnes.  Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-09-06T15:48:54+02:00

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains ». Avec cette citation du prophète Isaïe, Jésus nous renvoie nous ouvre son cœur et invite chacun de nous à regarder son propre cœur pour vérifier, si mon cœur est petit ou grand, large ou étroit, fait de chair, sensible ou dur comme une pierre.  Jésus me demande de regarder objectivement et en vérité ce qui sort de mon propre cœur, quels sont mes désirs les plus profonds, quelles questions sont fondamentales pour moi car elles sont au cœur de ma vie.

Tout est parti du comportement des disciples, un agir qui scandalise et choque les scribes et les pharisiens car il est contraire à la tradition. La polémique tourne autour de l’halakah, c’est-à-dire la pratique des préceptes et prescriptions reçus de la tradition, et en l’occurrence, le fait que les disciples prennent leur repas (littéralement manger des pains) sans se laver les mains, c’est-à-dire avec des mains impures. Je pense l’époque du Covid 19 et actuellement à la variole du singe dont l’épicentre est la RDC. Très facile d’attraper cela si l’on est en contact avec quelqu’un qui l’a.  Il faut éviter les contacts physiques, se laver les mains… Il s’agit ici d’hygiène. Là, je fais de l’anachronisme qui ne veut pas dire que ceux qui respectent ou appellent à respecter les mesure barrières sont des scribes et pharisiens, car dans ce cas, j’en fais partie.

En réalité, la Loi de Moïse exigeait ces ablutions rituelles des mains seulement aux prêtres, surtout lorsqu’ils offraient le sacrifice. (Ca fait penser au lavabo du prêtre, quand il se lave les mains après la préparation de l’autel pendant la messe).Mais au temps de Jésus, il y avait quelques mouvements des radicaux. Des radicaux, il y en a à toutes les époques, comme aujourd’hui et dans tous les domaines : nous avons des radicaux politiques de gauche comme de droite, des radicaux écolo, des radicaux économiques, des radicaux en morale, des radicaux religieux… et il y a même des radicaux dans l’Eglise, plus catholiques que le pape ! Ces radicaux du légalisme religieux multipliaient les prescriptions de la Loi, avec une particulière obsession autour du thème de la pureté.

Jésus lui était totalement libre et laissait ses disciples libres de ces observances qui n’avaient pas été demandées par Dieu, faisant une distinction entre ce qui est la volonté de Dieu et ce qui est une coutume humaine, forgée par des hommes qui se déclarent fidèles au Dieu d’Israël. Ces radicaux religieux appellent « tradition » tout ce qu’ils onteux-mêmes inventé et mis en place au cours de l’histoire. Ildénonce cette hypocrisie de la distance entre leur adhésion des lèvres à Dieu et leurs cœurs totalement éloignés de Dieu.  Ces scribes et pharisiens allaient très fréquemment au culte, célébraient chaque semaine le Shabbat, assidus à la liturgie, bref, ils étaient extérieurement très croyants. Il leur manquaitcependant une authentique adhésion du cœur, celle qui exige que l’on vive et agisse en cohérence avec ce que nous disons en parole. Jésus nous disait de nous méfier d’eux car ils disent mais ils ne font pas.

Croire et adhérer au Seigneur, c’est l’aimer vraiment et aimer son prochain. Saint Paul nous dit dans son « l’hymne à l’Amour », dans sa première lettre aux Corinthiens que j’ai beaucoup entendu lors des mariages célébrés cet été que c’est la Charité, vertu théologale qui est le critère ultime de vérification de ce qui est dans notre cœur, et non pas ces prescriptions que les scribes et pharisiens objectent à Jésus et à ses disciples en parlant de nourriture impure, des mains impures et des personnes impures avec lesquelles nous pouvons entrer en contact.

 Demande-toi s’il ne t’arrive pas de considérer certaines personnes comme impures, à mettre à part, avec qui il ne faut pas se mélanger parce que qu’elles ne font pas les choses comme tu le voudrais, parce que vous n’avez pas la même sensibilité politique, idéologique, ou pour des raisons sociales,philosophiques, sanitaires, religieuses ? Jésus nous invite à ne jamais traiter un frère ou une sœur d’impur, et cela interrogema manière de regarder et de traiter ceux qui m’entourent. Dans la vie, il y a un « toucher les autres » qui craint et fait mal, comme celui des scribes et des pharisiens, et un toucher qui aime et qui sauve, comme celui de Jésus. Comment touchons-nous les autres, comment regardons-nous les autres ?Je pense souvent aux personnels soignants ! La manière de toucher un malade, de le regarder réconforte ou provoque l’angoisse. En ayant peur d’eux, en les écartant, en les traitant d’impurs comme les scribes et les pharisiens, ou en les accueillant, en les aimant comme le Seigneur ?

Jésus nous laisse libre ! La liberté est bien le grand thème qui est au cœur de l’évangile. En cette période rentrée, je pense à la communauté que nous formons. La paroisse, la communauté, c’est ce lieu dans lequel rien et personne ne peut nous rendre impur, lieu où rien et personne ne peut être considéré comme exclu, car chacun devrait trouver sa place au sein de la communauté.  N’oublions jamais qu’un scribe et un pharisien peut se cache en chacun de nous. Jésus nousrappelle que le premier des commandements c’est aimer Dieuet son prochain comme soi-même.

Jésus nous rappelle l’importance du cœur ! C’est du fond de notre cœur que sortent les intentions mauvaises. Le cœur est le centre des décisions et des sentiments. Le cœur est le centre des intentions, pensées, sentiments et Jésus nous dit que peuvent être mauvais. Jésus dit dans l’évangile : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses :  inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.  Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » 

Il nous arrive tous de pécher par intention, en pensées. Mes intentions mauvaises, je peux certes les cacher à tout le monde, mais Dieu sait et voit tout ce qui se passe dans mon coeur, tout ce qui pollue mon âme appelée pourtant à être sa demeure. Imaginez que quand on laisse ces intentions et pensée mauvaises s’entasser dans notre cœur, c’est comme quelqu’un qui laisse le désordre et la poussière, la saleté s’entasser dans sa maison au point que nos amis n’ont plus envie de se faire inviter chez nous à cause de cette poussière et mauvaises odeurs que dégage notre maison !

De la même manière, Dieu n’a plus envie d’habiter dans mon âme polluée par mes pensées et intentions mauvaises, cette rancœur que je laisse grandir, cette jalousie que je nourrie envers les autres. Le Seigneur nous connait plus intimement que nous même. Il sait de quoi nous sommes pétris. Il nous aime, non pas parce que nous sommes des gens bien, vertueux, pour nos qualités, mais bien parce qu’il est Amour et veut nous sanctifier si nous lui ouvrons notre cœur en lui demandant de le purifier par sa présence.

Puisse l’eucharistie que nous célébrons aujourd’hui nous donner la grâce d’un cœur pur et d’une âme purifiée de tous ses sentiments, pensées et intentions qui risquent de nous polluer. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-09-01T11:24:53+02:00

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques dimanches, nous avons été nourris par le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean qui est, comme je disais dimanche dernier, une véritable catéchèse eucharistique. Jésus nous y livre un enseignement sur le pain vivant descendu du ciel. Ce chapitre commence par le grand récit du miracle de la multiplication des pains. Aujourd’hui, Jésus nous appelle à un sursaut de foi car il nous demande de prendre position pour ou contre lui, décider de rester avec lui ou de partir comme les disciples dans l’évangile de ce dimanche.

Jésus ne nous retient pas ! Son message est exigeant et il nous faut sans cesse se décider de l’accueillir ou pas, donner son adhésion et s’en aller. Nous pouvons faire des discours sur Jésus, de thèses de théologie, faire partie d’une communauté… sans véritablement être disciple de Jésus…Un chrétien décide chaque jour de renouveler son oui à Jésus, Le choisit chaque matin dans l’obéissance de la foi malgré les péripéties éprouvantes de notre existence, le suit même quand il a du mal à certaines de ses exigences très dures à avaler dans les Evangiles, dans la Doctrine disciplinaire ou pastorales.

La foi est cette ouverture, cette décision inconditionnelle, à première vue irrationnelle, mais libre pour le Seigneur. Il n’est pas rationnellement possible de concevoir qu’un bout de pain puisse contenir le Fils de Dieu, Verbe Incarné. Il est difficile d’accepter une telle proposition contraire au bon sens de la raison humaine ! Ceci ne peut être possible que dans et par la Foi, si nous ouvrons notre cœur librement et spontanément au don que Jésus fait de lui-même, si nous ouvrons notre cœur et levons les yeux de notre cœur à ce mystère extraordinaire qui s’opère dans chaque eucharistie célébrée.

La foi est toujours un acte de courage, une aventure décisionnelle parce qu’elle comporte dans tous les cas un saut qualitatif comme celui d’Abraham, de la Vierge Marie, de Simon Pierre dans l’évangile d’aujourd’hui. Oui, se livrer totalement, faire confiance à Dieu peut être comparé à un saut dans le vide, mais en même temps, c’est à travers ce saut dans le vide, cette confiance dans les bras du Seigneur que nous faisons l’expérience de la certitude de son Amour. C’est un cercle vertueux paradoxal ! Comme on ne peut réaliser et bénéficier pleinement des bienfaits d’une piscine pendant la chaleur estivale qu’en décidant de s’y jeter, de même, on ne pourra bénéficier de l’Amour Infini que si l’on fait ce saut dans les bras de Dieu par la décision de la foi. En lui ouvrant notre cœur, Dieu se révèle à nous de manière progressive, simple, et parfois même foudroyante !

C’est ce saut de la foi qui manque aux disciples qui abandonnent Jésus dans l’évangile de ce dimanche. Ils l’abandonnent après avoir entendu de sa bouche un discours trop dur qui irrite ces bons juifs qui condamnent l’anthropophagie ou le cannibalisme : « Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson… Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous… ! »  Une des raisons de la persécutions des chrétiens des premiers siècles, c’est qu’on les accusait d’être de cannibales parce qu’ils disaient manger la chair de Jésus et boire son sang lors de leurs célébrations eucharistiques dans les maisons et la catacombe ! Ce difficile discours sur le pain de vie se conclut donc par une fracture. Beaucoup n’y croient pas et s’en vont. « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.  Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »  Jésus veut que ses disciples prennent une décision pour ne pas rester avec lui sans être convaincu, juste pour faire nombre !

Encore une fois, nous nous appuyons sur la Profession de Foi de Pierre, comme à Césarée de Philippe quand Pierre professe la foi au nom de tous les autres apôtres. Pierre répondit « Seigneur, à qui irions-nous ?  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » En professant sa foi, Pierre se sauve lui-même et sauve les autres qui ont choisi de rester avec Jésus, et il sauve aussi le choix de l’Eglise, de tous les disciples de Jésus. Un chrétien est celui qui a l’humilité de reconnaitre qu’il est capable de trahir le Seigneur, qu’il le trahit souvent en abandonnant de vivre des nourritures et moyens de salut qui nous sont donnés dans et par l’Eglise pour rester uni à Jésus. Car si nous ne sommes pas unis au Christ, sans manger son Corps et boire son sang à travers les sacrements et l’eucharistie, nous risquons de dépérir et de mourir à petit feu.

L’amour de Dieu, comme tout vrai amour ne s’impose pas. Il se donne, se reçoit et se construit progressivement. Jésus nous a offert sa vie dans le baptême et il continue à nous nourrir aujourd’hui encore à travers l’eucharistie et les autres sacrements. Il est dramatique de voir beaucoup de baptisés qui soient privés ou se privent eux-mêmes de l’eucharistie. Il est important de se nourrir en grignotant par la prière, l’oraison, la lecture de la Bible, réciter le chapelet et autres formes de prière. Cependant, ne nous contentons de ça : cela devrait nous conduire au repas eucharistique sans lequel nous risquons de dépérir.

Dans l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, nous avons la présence même de Christ, nous y trouvons toutes les vitamines nécessaires pour vivre déjà de la vie éternelle, comme dit Jésus dimanche dernier : « qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ! ». Pensons à ces hommes et femmes qui témoignent de la force extraordinaire de l’eucharistie, comme Mgr Nguyen Van Thuan qui pendant 13 ans de détention communiste au Vietnam a trouvé sa force en célébrant l’eucharistie avec un bout de pain et une goutte de vin ou tous ces saints qui ont puisé leur force et construit toute leur vie sur l’eucharistie.

Les disciples qui abandonnent Jésus sont ceux qui, aujourd’hui encore, malheureusement, s’éloignent de lui Christ à cause des péchés et de la fragilité de l’Eglise pécheresse dans ses prêtres et fidèles laïcs, dans certaines de ses positions morales ou doctrinales ! Aucune raison néanmoins ne devrait nous couper de la grâce extraordinaire que Jésus nous donne dans l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Seigneur Jésus, toi qui t’offres à nous dans l’eucharistie, donne-nous la grâce de ne jamais t’abandonner, de ne jamais nous couper de toi qui es la vraie Vigne dont nous sommes les sarments, car sans toi, nous risquons sûrement nous dessécher en nous privant de ton Corps et de ton Sang la vraie nourriture et la vraie boisson qui nous donnent la Vraie Vie. Amen

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-23T10:29:37+02:00

Homélie du Père Joseph du XX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

 Après la multiplication des pains, la relation entre Jésus, la foule et ses disciples se complique et devient difficile. Mais, devant cette difficulté Jésus reste très courageux et refuse de se résigner. Attristé par la réaction de la foule rassasiée, Jésus entre dans une sorte de tension, un conflit ouvert avec la foule qui l’a rejoint. Il leur rappelle leur hypocrisie, leurs ventres bien remplis et les invite à travailler pour le pain qui donne la vie éternelle. Il s’insurge contre cette foule qui veut manger gratuitement et n’a aucune envie de se convertir. Les gens ont douté après le signe de la multiplication des pains en demandant d’autres signes. Ils ont mis en cause le fait que Jésus se proclame être le Fils de Dieu, prétendant être plus grand que Moïse. En affirmant « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement », Jésus choque et accepte un conflit ouvert. « Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Pour accéder au Père et avoir la vie éternelle, il nous faut nous nourrir de Jésus, de ses paroles, de son enseignement, le prendre pour modèle, au point de dire, comme saint Paul, « ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Cela nous permet de voir le monde et les autres avec les yeux même du Christ. Se rapprocher du Seigneur, écouter et méditer sa Parole, le prier en vérité change fondamentalement notre vie. Jésus devient alors notre pain quotidien, la nourriture qui nous fait vivre, le moteur qui nous permet d’avancer ! En nous nourrissant du Christ, nous devenons à notre tour nourriture pour les autres, pour faire face aux multiples et épineuses questions comme la pauvreté, la faim, la violence, la guerre ! C’est à nous de les résoudre, comme ce garçon qui avait donné son pique-nique lors du miracle de la multiplication des pains.

 « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. » C’est l’élément délicat qui met en crise son auditoire et ses disciples. Jésus demande de nous nourrir de lui, de manger sa chair et boire son sang ! Sommes-nous appelés à devenir des cannibales ? C’est l’une des accusations portées contre les premiers chrétienspendant la persécution à Rome ? Le concept « chair » dans la tradition juive, signifie la plénitude de la personne. Il ne s’agit pas de nous nourrir seulement de sa Parole, de sa doctrine, mais de l’assumer dans sa totalité, même dans son aspect humain. Jésus se livre à nous totalement. Sa divinité est livrée à nous, totalement donnée dans l’eucharistie.

Le sang est le principe vital des êtres, ce qui les tient en vie ! Vous le savez, les juifs mangent seulement la viande kasher, des animaux dont le sang a été versé. En buvant son sang, Jésus nous donne son propre principe vital, son essence même. Manger la chair du Christ et boire son sang transfigure et divinise nos propres vies. C’est ce qui nous rend véritablement vivants, car même si nos corps sont appelés à dépérir, l’eucharistie nous plonge déjà dans l’éternité. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

 En écoutant cet évangile, comment ne pas penser à la dernière Cène ? Comment ne pas sentir dans ce discours le « faites ceci en mémoire de moi » prononcé à la veille de sa mort ? » Saint Jean n’a pas repris le récit de l’institution de l’eucharistie, préférant parler du lavement des pieds le soir de la Dernière Cène. Mais tout le chapitre 6 de son évangile est une véritable et profonde catéchèse sur l’eucharistie, sur le pain vivant.

Jésus parle de ce don simple mais intense qui nous invite à la foi, qui nous sort des habitudes ! Chaque dimanche, nous nous rassemblons pour répéter la Cène du Seigneur, un geste par lequel nous obéissons au Maître. Nous nous nourrissons du pain de la Parole et du pain eucharistique, nous gardons ce pain dans nos églises, dans le tabernacle, nous l’apportons aux malades. Nous nous mettons en adoration devant ce pain parce qu’en lui nous voyons en la présence réelle du Christ. C’est pour cette raisons que nous sommes là, rassemblés, parce que affamés, assoiffés de vie divine, de vie éternelle ! Nous avons un besoin de rassasier nos cœurs, nos âmes. Cela invite à croire finalement sans ambiguïté : croire de tout notre cœur et de toute notre âme que Jésus est là, présent, qu’il se donne totalement à nous dans son corps, sa chair qui est la vraie nourriture, son sang qui est la vraie boisson. Tel est le mystère de notre foi !

Réjouissons-nous de la chance que nous avons lorsque nous participons à l’eucharistie avec ferveur et foi. Nous n’en sommes pas dignes, mais c’est le Seigneur nous lui-même qui se donne à nous, par pure grâce, dans son infinie miséricorde. Alors, nourris et abreuvés par lui, il nous envoie aussi dans le monde pour devenir nourriture pour les autres. Si Jésus nous transmet sa vie, il nous invite aussi à transmettre et à donner sa vie au monde. Notre vie est appelée à devenir totalement eucharistique, c’est-à-dire donnée par amour aux autres et au monde. Une vie n’est féconde que si elle est donnée par amour. Si le Seigneur divinise nos vies dans l’eucharistie, c’est pour que nos vies soient les vecteurs de la vie même de Dieu partout où nous sommes, là où nous vivons !

« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ».  Seigneur, nous te remercions de te donner à nous dans l’eucharistie. Donne-nous de vivre de toi et de nous donner à notre tour à nos frères et sœurs, dans l’Eglise et dans le monde. Amen.

Homélie du Père Joseph du XX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-19T21:11:28+02:00

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

En Marie, nous contemplons la figure de la croyante la plusparfaite. Elle est la parfaite croyante parce qu’elle n’a pas abandonné les questions qu’elle se posait, n’a rien négligé de ce qui lui arrivait au quotidien, n’a pas considéré que tout luiétait acquis après sa rencontre avec l’ange Gabriel ! Face auxparoles de l’ange Gabriel, la sainte Vierge ne s’est pas tue :mais elle a posé des questions pour mieux comprendre ce message qui lui paraissait mystérieux : « Comment cela est-il possible parce que je suis vierge ? ». En dépit de l’apparition de l’Ange Gabriel, même si Dieu venait de luis parler par l’ange, parlé, la sainte Vierge a continué à poser des questions ! C’est un point qu’il est important de souligner pour nous qui rêvons d’une vie de foi dépouillée de doute et des questionnements. Méfiez-vous des chrétiens qui vous parlent leur foi bien installée ! Une foi assise dans des certitudes et dépourvue des doutes est en danger car elle oublie que le mystère de Dieu est insondable : Dieu se révèle à nousgraduellement son mystère jusqu’à ce que nous le rencontrionsface à face au Ciel, où la Vierge Marie nous a précédé.

« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » s’écrie Elisabeth en rencontrant la Vierge Marie. Heureuse celle qui a cru ! Heureux les miséricordieux ! Heureux les pauvres de cœur ! Heureux les doux ! Heureux ce qui sont persécuté pour la justice ! Aujourd’hui, sainte Elisabeth nous rappelle qu’il y a aussi la béatitude de la foi. Heureux ceux qui croient ! Jésus avait souligné cette béatitude 8 jours après sa résurrection en parlant à l’apôtre saint Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! ».  Méditons cette béatitude. Que veut dire croire ?  En nous mettant à l’école de la Vierge Marie, nous pouvons percevoir au moins 6 aspects significatifs d’une viecroyante.

Croire, c’est accueillir par le biais de l’écoute de la Parole de Dieu. Ici, sont importants à la fois l’accueil et la Parole accueillie. Pour un croyant, la Parole de Dieu devient alors la clef de lecture du vécu. La Parole accueillie nous aide à lire les faits, les rencontres, les intuitions, notre propre histoire. Mais avant d’être lue, comprise, accueillie, la Parole de Dieu nous invite à libérer un peu de place et de disponibilité ! S’il n’y a plus de place disponible dans ta vieremplie, parce que tout est occupé, programmé, l’agenda rempli, ta vie sera seulement une écoute de toi-même, Dieu et les autres restant en dehors de ta vie. Un agenda rempli ne laisse aucune place à l’imprévu !  Dans quelle mesure laissons-nous un peu d’espace disponible à Dieu dans nos journées et nos agendas tellement remplis ! Je vois la vie des enfants au KT et à l’aumônerie : leurs agendas sont tellement remplis par tout un tas d’activités que l’enfant n’a plus le temps de s’ennuyer, de rien faire, d’être un peu au calme et disponible pour une peu d’intériorité.

Dieu voudra bien nous parler, mais si nous sommes tous le temps occupé par mille choses plus ou moins importantes, il est impossible de l’accueillir, d’entendre ce qu’il veut nous dire. Le Covid et le confinement avait permis à beaucoup de personnes de retrouver la foi parce que nous avions un peu plus de temps, un peu plus de disponibilité pour écouter nos soifs les plus profonde et écouter Dieu qui nous parlait dans notre coeur. La Sainte Vierge accueille la Parole de Dieu parce qu’elle était disponible pour cela. Comme une mère qui accueille la vie en elle, ainsi, Marie accueille la Parole, le Verbe de Dieu qui, en elle, assume l’existence humaine. De même, le Seigneur prend place dans notre vie si nous accueillons sa Parole qui féconde notre vie, comme la pluie féconde la terre. La parole accueillie dans la foi ne peut rester sans effet dans la vie du croyant.

Croire, c’est garder la Parole écoutée ! La sainte Vierge nous apprend à garder dans notre coeur et méditer la Parole de Dieu pour ne pas la laisser partir, ne pas effacer, ne pas la perdre. Garder Jésus, c’est être capable de conserver chaque Parole qui vient de lui. Nous sommes dans une culture où l’on passe facilement d’une chose à l’autre, on zappe, on oublie ce qui a été dit il y a quelques minutes ! La sainte Vierge gardait tout ce qu’elle voyait et entendait de Jésus et les méditait dans son cœur ! Nous pouvons lui demander de nous obtenir cette grâce de ne pas laisser tomber facilement les messages que nous envoie le Seigneur.

Croire, c’est mettre Dieu à la première place dans notre vie. La place de Dieu est une seule : la première. Il ne doit pas être l’accessoire, le bouche-trou de nos agendas, c’est-à-dire, nous ne pouvons pas penser à Dieu seulement quand il reste un petit vide dans notre agenda. La sainte Vierge reconnait en Dieu l’une raison de vivre en vivant parfaitementle commandement du Sheema Israël : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.  Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville » (Dt 6, 4-9). C’est la profession de foi des Juifs. Comme juive croyante, la sainte Vierge a mis en pratique cette profession de foi qui demandait à tout juif de donner la première place à Yahvé. Et toi, quelle place donnes-tu à Dieu dans ta vie ?

Croire, c’est laisser pénétrer le Seigneur dans toutes les dimensions de notre vie. La sainte Vierge Marie nousinvite à ne jamais dire qu’il y a des espaces, des dimensions de notre vie qui échappent Dieu car il veut toucher tous les aspects de notre vie affective, professionnelle, familiale, ecclésiale…Ce que tu penses être quelque chose de vraiment privée et intime intéressent aussi Dieu. Soyons présents à Dieu avec tout notre être pour ne pas réduire la foi à quelque chose de mental, de cérébral.  Demandons à la S sainte Vierge de nous obtenir la grâce de ne jamais isoler et cacher à Dieu certaines dimensions de notre existence.

Croire, c’est donner la vie. La sainte Vierge a accueilli la Parole pour ne pas la garder pour elle, mais pour la faire naitre et la rendre disponible pour les autres. La sainte Vierge nous dit alors qu’accueillir la vie, c’est la donner aussi. Elle a donné Jésus à toute l’humanité. Cela veut dire que nous avons la responsabilité d’être, comme la sainte Vierge, la terre dans laquelle tombe la semence de la Parole. Cette semence est accueillie germe ensuite et grandit pour produire du fruit.La vie d’un chrétien doit être féconde, porteuse de vie pour les autres et pour le monde. Si tu crois vraiment, alors, fais confiance en Dieu et laisse la vie jaillir en toi.

Croire c’est faire de notre vie un don d’obéissance à Dieu et être au service des autres. Dieu se manifeste à travers les paroles et les gestes concrets de chacun de nous. Ce qui est advenu à la sainte Vierge est unique et exceptionnel mais cela peut se réaliser pour chacun de nous si nous laissons la Parole nous rejoindre. Lorsque nous croyons et obéissons à la Parole, notre vie, tout en restant profondément humaine, devient aussi « vie divine ». Puisqu’elle est devenue divine, elle est destinée à la résurrection, la participation à la vie éternelle.

Grâce à sa foi, la sainte Vierge s’est totalement laissé toucher par la grâce du Seigneur ; et par conséquent, elle nous a précédé au ciel où elle communie pleinement à la vie divineet intercède pour nous. En cette solennité de l’Assomption, la sainte Vierge nous invite à obéir à la Parole et nous laisser toucher par la grâce divine pour bénéficier avec elle, de la plénitude de la vie divine au ciel où elle nous a précédé. Amen.

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2024)2024-08-15T11:34:04+02:00

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

La Parole de Dieu de ce dimanche nous propose de contempler deux parcours !

-D’abord le parcours du prophète Elie qui chemine entre triomphe et peur, jusqu’à la montagne de Dieu, et qui nous rappelle qu’un disciple du Seigneur n’est jamais un héros, une superstar ! C’est important de le souligner en cette période où les JO nous présentent des héros, des super stars comme Léon Marchant, Teddy Riner ou l’Américaine Simone Biles auxquels tout a réussi par exemple. Le disciple lui, ne retombe pas toujours sur ses deux pattes. C’est quelqu’un qui vacille, qui souffre et tombe parfois….voire même très souvent. Il n’est pas toujours sûr de lui-même. Il est habité par des doutes et des crises.  Il ne cherche pas à se nourrir des succès et acclamations, il n’est pas toujours « trop fort », toujours « capable » comme nous pouvons parfois l’imaginer ! Il disciple qui se nourrit que du succès et applaudissement finit par tomber du piédestal. Le vrai disciple est fragile, parfois hésitant, fatigué et doit sans cesse compter sur l’aide du Seigneur.

–  L’autre parcours est celui de Dieu, en Jésus, un chemin qui n’est pas une montée triomphale, passant de victoire en victoire mais bien une descente et abaissement : descente pour prendre notre humanité, abaissement dans la mort, descente aux Enfers comme nous le disons dans le Credo… et lui-même nous dit aujourd’hui : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »

Le prophète Elie chemine entre triomphe et peurs, entre exaltation-gloire et dépression. Il va devoir s’opposer au roi Acab et son épouse, la reine Jézabel qui favorisaient et sponsorisaient la diffusion du culte païen de Baal en Israël. Dans la première lecture, nous avons écouté le passage qui marque la rupture entre les deux parties de la vie du prophète Elie. La première phase est triomphale parce qu’elle représente certains grands miracles et prodiges, en particulier la victoire contre les 450 prêtres de Baal exécutés par lui sur le mont Carmel ! Elie a fait exécuter les prêtres de Baal et considère cela comme une victoire éclatante au nom de Dieu, mais cet horrible massacre des prêtres païens au nom de Dieu devient pour Elie le début de son propre calvaire et de sa chute. Déçu, amère, rempli de peur,   fatigué de sa mission et de vivre Elie, poursuivi par Acab et la reine Jézabel, Elie a peur et est obligé de fuir vers le mont Horeb, la montagne de l’Alliance pour sauver sa vie et s’en remettre à Dieu.

Dans cette phase difficile, Elie dit au Seigneur : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » En ce moment de crise spirituelle, existentielle et de dépression, Dieu vient « toucher » Elie par l’intermédiaire d’un ange.  « Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! »  Toucher ici, dans le langage biblique, signifie : s’approcher, caresser ou alors frapper fort : c’est important comprendre ces trois significations qui veulent nous rappeler que l’intervention de Dieu dans notre vie est toujours de plusieurs niveaux : Dieu n’est pas effrayé par notre éloignement, mais il nous accompagne, nous console parfois en nous caressant et aussi, quand il le faut, Dieu nous secoue fermement, nous frappe fortement en nous demandant de nous bouger et de nous convertir.

Par deux fois, l’ange du Seigneur est contraint de « toucher » Elie qui est presque mort de sommeil. « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Cela veut dire que Dieu insiste même quand nous résistons, il nous nourrit, nous secoue, nous frappe… dans le but de nous faire comprendre que le ciel n’est pas fermé au-dessus de nous. Elie désespérait de la présence de Dieu dans sa vie, mais Dieu, à travers son ange, descend des cieux à la rencontre d’Elie. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il intervient en notre faveur dans notre vie de différentes manières, en particulier à travers les amis, les frères et sœurs qui nous accompagnent, nous réconfortent, nous conseillent, nous secouent parfois en nous demandant de nous bouger, en touchant là où ça fait mal pour nous pousser à réfléchir, ceux qui nous nourrissent et nous abreuvent…. comme Il le fait avec Elie par le biais de l’ange.

Elie est remis sur pied et devient de nouveau capable de marcher, non grâce à un banquet extraordinaire, un barbecue un bon repas comme ceux que nous partageons en cet temps de vacances, mais seulement grâce une « une galette cuite et un peu d’eau » c’est-à-dire grâce à très peu de chose mais qui nous rappelle que la puissance de Dieu se déploie à travers la faiblesse, la pauvreté des moyens, les choses simples et essentielles du quotidien !

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous propose de cheminer dans la charité, dans l’Amour. Il souligne une chose très importante : ne faire obstacle à l’esprit de Dieu mais devenir chaque jour ce messager, cet ange qui remet à pied et redonne vigueur, qui encourage les vies pliées et blessées. Pour cela, saint Paul nous dit que nous devons faire disparaître et éliminer certaines choses : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. » Il nous déconseille de manière explicite d’être des gens qui répandent du venin ou du mépris.  Saint Paul nous donne aussi des conseils pour grandir dans la charité dans nos familles, nos communautés, avec les gens que nous côtoyons : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. »

En imitant le Christ, le chrétien, son disciple déploie autour de lui les vertus de générosité, de tendresse et de pardon ! Le chrétien est celui qui devient bienveillant parce qu’il a découvert un Dieu infiniment bienveillant envers lui. Il devient miséricordieux, capable de pardonner parce qu’il se reconnait comme premier bénéficiaire du pardon et de la miséricorde de Dieu. Bienveillant, miséricordieux, capable de pardonner ! Nous pouvons être chaque jour l’ange ou le messager, l’ami envoyé par Dieu aux frères et sœurs, pour être une présence qui rassure et permet d’avancer au lieu de semer la rancœur, alimenter des querelles, des petites luttes de pouvoir. Nous sommes appelés à être une présence attentive qui se fait proche, conseille et aide les autres à retrouver la force, la volonté et le désir de vivre à nouveau.

« Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » Le disciple est celui qui désire imiter le Maître, Jésus. Imiter Jésus, c’est l’écouter nous redire dans l’évangile : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.  Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. ».  Demandons la grâce de devenir nous aussi, autour de nous, dans nos familles, dans la communauté, du pain vivant, du soin, de l’attention, de la sérénité, de la gratuité, de la générosité pour les autres. Que cette eucharistie nous donne de devenir du pain, nourriture, présence, soutien, messager, ami et ange pour les autres comme celui que Dieu a envoyé pour sauver la vie du prophète Elie. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-09T14:54:17+02:00

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Nous avons écouté, dimanche dernier, l’évangile du récit de la multiplication des pains. Ce dernier finissait par le fait que Jésus s’est enfui, échappant ainsi à la foule qui voulait l’enlever pour faire de lui leur roi. Quel succès, dirions-nous ! Cependant, comme vous le savez, après l’apogée, vient le déclin. Aujourd’hui, l’évangile qui nous est proposé sonne pour Jésus comme le début de la fin, la chute, le déclin de popularité, la baisse dans les sondages, mais Jésus n’a rien vu venir.

Jésus en prend conscience, il encaisse cet échec qui marque aussi un changement de cap, un tournant dans sa mission. Il faut tirer leçon de nos échecs. Jésus lui aussi profite de cet échec pour opérer un changement de stratégie pastorale : désormais, il ne s’adressera plus aux grandes foules venues de partout : son enseignement sera désormais destiné à un groupe plus intime, restreint, un noyau plus resserré constitué du petit groupe de ses disciples. Lors d’une formation pastorale faite aux prêtres, on nous avait fait remarquer le danger que nous avons, nous prêtres, à nous occuper de tout le monde, les nombreuses foules qui arrivent et viennent pour la messe le dimanche, aux funérailles, baptêmes, mariage… au point que cela peut nous faire oublier de prendre soin de ces groupes restreints, les équipes qui collaborent étroitement avec nous dans la mission. Les disciples ont aussi besoin que Jésus s’occupe d’eux.

Jésus avait espéré que les foules seraient prêtes à faire un saut de qualité, le saut de la foi après la multiplication des pains.  Il se rend compte malheureusement que cette foule n’a rien compris au message de la multiplication des pains. L’effet du miracle du partage et de la générosité qui nous appelait à faire de même dans notre quotidien est vite tombé à l’eau car la  foule a compris exactement le contraire de ce que voulait Jésus : pour les gens, Jésus ne leur servait que de nourricier, un faiseur des miracles, un Dieu qui les nourrit gratuitement tout simplement. Déçu, Jésus décide de s’en aller et d’échapper à ces gens qui veulent faire de lui un roi ! Qui ne voterait pas pour un président, un premier ministre qui, au lieu d’augmenter les impôts et de serrer les vices, fait des cadeaux à tout le monde, et pas seulement aux plus riches ? Voici pourquoi cette foule cherche Jésus et le rejoint pendant qu’il cherchait à s’isoler dans la prière.

Jésus a décelé leurs petits calculs hypocrites. Ils lui disent : « Oh Jésus, tu nous as tellement manqué ! Nous t’avons cherché partout ! » Une opération de séduction calculée et pas sincère comme celle à laquelle nous assistons quand nos enfants, le conjoint veut obtenir quelque chose…! Quand vous voyez votre adolescent toujours râleur et turbulent s’approcher de vous avec douceur, vous câliner alors qu’il ne fait jamais une bise à personne… vous vous dites bien qu’il y a anguille sous roche ! Jésus a du mal à accepter ce côté manipulateur parce qu’il voit bien que la foule veut l’instrumentaliser : Il leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Bref, ça suffit maintenant !  Je refuse de se faire avoir ! J’ai tout compris à votre petit jeu !

Vous le savez bien, spontanément, nous ne cherchons pas Dieu parce qu’Il nous indique le chemin pour grandir, pour aimer, mais pour qu’il résolve nos problèmes, sans nous fatiguer et nous faire attendre, le plus tôt possible. Nous avons parfois un comportement calculateur, commerçant et commercial avec le Seigneur.

Je vous donne un exemple ! Un jeune couple arrive au presbytère ! Ils habitent l’une de nos 5 paroisses ! Depuis mon arrivée, je ne les ai jamais vu à la messe ! Ils veulent se marier à l’église, et tout d’un coup, il se rappelle que Dieu existe, que se marier à l’église est quand même plus beaux que les 15 minutes passer devant monsieur le maire, entendre deux ou trois articles de lois et signer vite fait un bout de papier ! A un certain moment du dialogue, après avoir raconté leur histoire amoureuse, les péripéties et étapes de leur vie de couple, j’ose poser des questions touchant à la foi parce que c’est un sacrement qu’ils demandent. « C’est quand que vous avez été à l’église récemment ? » Leur réponse « Euh, je ne me rappelle plus ! C’était malheureusement aux funérailles de grands parents d’un copain… ! » et je poursuis « C’est quand est vous avez prié la dernière fois ?»  Réponse « Pour être honnête, je ne me souviens plus ! » Et pourtant vous voulez vous marier à l’Eglise, devant Dieu

En fait, Dieu n’a pas de place dans votre vie. Vous le cherchez parce que vous avez besoin de lui pour vous marier, comme cette foule qui cherche Jésus parce qu’elle veut manger. Ensuite, vous reviendrez à lui pour le baptême de votre enfant….et la dernière fois que vous reviendrez dans une église, c’est sera quand d’autres personnes vous y amèneront dans un cercueil pour les funérailles. Je caricature un peu mais il y a un peu de  pour ces gens qui ne se rappellent de Dieu et de l’Eglise que quand ils ont une demande à faire.

Pour beaucoup de gens malheureusement, Dieu existe seulement quand et s’il résout leurs problèmes. Nous arrivons à déterminer l’utilité de Dieu, à quoi il nous sert. C’est une vision utilitariste d’un Dieu au service de nos besoins.  Dans nos relations amicales et familiales, vous pouvez compter ceux qui s’approchent de vous, vous appellent, viennent vous voir que quand ils ont besoin de vos services ? A un certain moment, vous en avez marre et vous rayez cette personne de la liste de vos amis. Il en est de même pour le Seigneur, même si lui n’est pas capable de nous rayer sur la liste…car il est tellement grand dans son Amour que, même blessé par notre égoïsme, il nous appelle à nous convertir. On le voit dans l’attitude de Jésus. Il est déçu mais ne s’enferme pas dans sa déception ! Bien au contraire, il donne à la foule une voie de sortie digne par un enseignement qui rappelle ce qui est essentiel dans la vie.

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». L’être humain est dévoré par la soif du succès, de la réussite, des biens matérielles.… Nous pouvons avoir tout l’agent du monde, tout le pouvoir et tous les succès… il restera toujours en nous une soif que rien, que personne ne pourra étancher. Et cette soif-là, seul Dieu peut l’étancher. Aujourd’hui, Jésus nous le dit : le seul pain qui rassasie vraiment, c’est moi qui peux vous le donner. Il nous dit qu’il est en personne le Pain vivant et vrai.

Alors, profitons des joies que la vie nous offre, des amours, les satisfactions, les vacances, plaisirs, les petits et grands succès…sans oublier que la plénitude du bonheur est ailleurs.  N’oublions pas chercher Dieu. Que le Seigneur nous convertisse et nous donne de le chercher, sans calculs, sans égoïsme, gratuitement, pour lui-même, lui qui est le Pain Vivant et Vrai qui nous donne la Vie.

 

 

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-02T16:16:03+02:00

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœur !

Au comment de préparer cette homélie hier soir, je m’attendais à récit qui fasse une sorte de suite d’évangile deux dimanches précédents : Il y a 15 jours, Jésus avait envoyé ses disciples deux par deux, et dimanche dernier, il les invitait à se mettre à l’écart et à se reposer, à prendre un peu de vacances !

J’aurais bien préféré que l’évangile de ce dimanche nous dise que les disciples se sont réellement reposés et ont pris des vacances… Mais non ! Jésus et ses disciples sont poursuivis par une foule immense qui les empêchent de se reposer, comme ceux parmi vous qui êtes poursuivi par le boulot même pendant les vacances, avec le téléphone, les mails… …qui vous rappellent que vous devez être accessibles et joignables, même en vacances, pour gérer les urgences !

L’évangile nous décrit une grosse urgence à résoudre : « Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? ».  Jésus est saisi de compassion pour cette foule affamée et il faut urgemment trouver une solution.  Mais la solution proposée par les disciples est celle que nous proposons aussi très spontanément devant la misère dans le monde. Leur réponse en gros : « Ils n’ont qu’à se débrouiller !» C’est la réponse de Philippe : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain ».

Le raisonnement des disciples et la solution bien pratique, logique, la seule économiquement tenable qu’ils proposent est de renvoyer la foule affamée. Devant certains les drames, comme la famine, la guerre dans certains pays, la misère croissante… nous préférons parfois fermer les yeux pour ne pas voir… car voir et toucher réellement la souffrance de l’autre nous obligerait à faire quelque chose.

Prenons un exemple, tellement flagrant et actuel : l’immigration. Nous en  avons tellement parlé lors des dernières élections européennes et législatives après la dissulution. Devant la crise migratoire, nous avons des solutions logiques toute faites et prêtes ! La France, l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! L’UE est prête à payer des milliards à la Turquie, à la Lybie, à la Tunisie juste pour que ces pays empêchent ces migrants d’arriver nos territoires.  Le dernier premier ministre britannique avait même proposé au Rwanda, en échange de quelques centaines de s millions de dollars, d’être un « pays de transit » pour les demandeurs d’Asile ! Imaginez le Rwanda : un pays minuscule, avec la plus forte densité d’Afrique, où les gens se marchent presque dessus ; et là, c’est à ce petit pays qui étouffe déjà qu’on demande et qui accepte d’accueillir encore des demandeurs d’asile, simplement pour que cette misère migratoire ne nous atteigne pas, pour ne pas la voir de nos yeux, car voir cette misère nous obligerait forcément à faire quelque chose.

Nous n’avons qu’à les renvoyer chez eux en Afrique, en Syrie, en Irak, au Liban…tant pis s’ils meurent dans cette guerre et ces conflits même si c’est aussi nous qui les avons provoqués chez eux directement ou indirectement ! Nous oublions que ce sont certaines de nos politiques qui parfois provoquent ce chaos dans ces pays !

« Faites-les asseoir et donne-leur vous-même à manger ! » Jésus nous responsabilise. Inutile de chercher à qui la faute ! Nous sommes là devant un drame, et au lieu de disserter des heures et des heures, Jésus demande de réagir avec notre cœur et de tenter des solutions de cœur ! Tout d’un coup, devant l’insistance de Jésus, voici que les disciples cherchent d’autres solutions ! Ils auraient quand pu y penser avant !  André a une tentative de solution : « André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Voilà comment devrait réagir un chrétien : essayer de trouver une solution, d’être généreux, même si nos solutions sont être limitées.

Devant la souffrance qui nous entoure, essayons chacun de faire notre part, de manière généreuse et responsable. Dieu fera sa part ensuite. En effet, pour 5 mille hommes et tant de femmes et d’enfants, 5 pains et deux poissons ne sont pas grand-chose, juste une misère ! C’est le pique-nique d’un enfant perdu au milieu de la foule.  Un adage dit que ce sont les petits ruisseaux qui dont des grands fleuves.  Nous aussi, faisons notre part, comme dans la « légende du colibri » : Un incendie se produit dans une forêt où il y a tous grands et petits animaux. Quelle tragédie qui provoque un sauve-qui-peut ! Mais le colibri, petit oiseau, s’en va à la mer et de bon bec, amène une goutte d’eau qu’il déverse sur le feu pour éteindre l’incendie, puis revient. Les gros animaux, lion, éléphants… se moquent de lui en lui faisant comprendre que le mieux est de se sauver, au lieu de vouloir éteindre un grand feu avec goutte d’eau alors que les canadairs n’y arrivent pas. Le colibri leur rétorqua : « moi je fais ma part et j’essaye de trouver une solution ! Peut-être que si vous aussi vous vous y mettez, vous qui êtes plus grands et plus forts que moi, nous pouvons arriver à éteindre ou au moins à ralentir l’incendie »

Cet enfant de l’évangile a accepté de mettre son pique-nique à la disposition de tous. Le miracle que l’on appelle souvent « la multiplication des pains » pourrait être appelé aussi le « miracle du partage et du coeur généreux ». Cet enfant n’a pas encore la tête et le cœur bourrés et pollués par tous les calculs politiques et macro-économiques ! Il a simplement accepté de partager parce qu’il a un cœur et c’est cela qui provoque un miracle. Aujourd’hui encore, Jésus se sert de notre générosité pour manifester sa puissance.

Je n’entrerai pas aujourd’hui dans les considérations théologiques de ce miracle avec sa symbolique eucharistique. Voyons simplement, dans le geste de cet enfant, une invitation au partage dans notre société et dans notre monde devenu de plus en plus individualiste et égoïste.  Au moment où nous parlons des vacances, de voyage, cet évangile est un appel à penser à ceux qui, autour de nous, n’ont pas les moyens de prendre des vacances ou de pouvoir voyager ! Nos mains, notre pain, nos pieds, notre bouche, notre cœur généreux…sont les outils au service du Seigneur pour nourrir, guérir et prendre soin de nos contemporains souffrants. Que cette eucharistie nous obtienne la grâce d’un cœur généreux, attentif, compatissant, comme le Christ, comme ce jeune garçon de l’évangile. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-26T10:43:15+02:00
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