À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Dimanche dernier, avec l’histoire du jeune homme riche qi voulait suivre Jésus, l’évangile nous expliquant en quoi consiste le fait de devenir disciple du Christ.  Mais malgré les explications de Jésus, les disciples ont, soit du mal à comprendre, ou ne veulent pas du tout comprendre le message de Jésus.  Ils ont du mal à renoncer à la soif de pouvoir et leur grand besoin de reconnaissance.

Sur la route qui les mènent à Jérusalem pour la troisième fois, Jésus annonce sa Passion aux disciples. En cours de route, les disciples se disputent les postes ministériels. L’évangile nous dit que les disciples discutaient entres eux pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Là encore, la réponse de Jésus rappelle le sens du service : « celui parmi vous qui veut être le plus grand, qu’il se fasse le serviteur de tous. Celui qui veut être le premier, qu’il se fasse le dernier de tous », avec l’exemple d’un enfant comme modèle. Mais là encore, cela n’a pas suffi pour que les disciples comprennent que suivre Jésus, c’est renoncer à la logique du monde, celle du pouvoir.

L’évangile de ce dimanche nous souligne encore combien les disciples étaient, comme nous tous parfois, obsédés par pouvoir. C’est rassurant pour nous : si c’est arrivé aux apôtres, il est normal que cela se passe dans nos petites communautés paroissiales aussi, où il y a parfois des quelques petites luttes de pouvoir. Pas besoin d’aller chercher les exemples, chez les politiques ou dans la hiérarchie de l’Eglise.

Regardons simplement autour de nous, dans nos petites communautés où, sournoisement, malheureusement, le Malin peut injecter le virus de la soif du pouvoir à travers les petits ou grands services que nous rendons à la communauté : le pouvoir pour faire les lectures à la messe le dimanche, animer les chants, la gestion des fleurs, de l’orgue, de la sacristie, l’animation de tel groupe de prière ou service…pour telle ou telle autre petite responsabilité…. Ce sont des services que nous rendons gratuitement et généreusement à la communauté ou dans le monde associatif mais parfois le Malin les utilise pour faire naître en nous une sorte de quête de pouvoir.

Mais, rassurez-vous, c’est normal ! Il s’agit d’une attitude pleinement humaine.  L’évangile de ce dimanche nous montre d’autres victimes de cette même tentation : l’apôtre Jean, le mystique, le disciple bien-aimé, l’homme de l’intériorité, l’aigle qui nous a laissé le quatrième évangile, ainsi son frère Jacques…. Mais plus tard, ces deux apôtres ont donné leur vie pour le Christ. Cela veut dire qu’ils se sont convertis et ont dû abandonner l’obsession du pouvoir pour embrasser la logique du service et de la croix.

Marc souligne comment Jean et Jacques ont fait la demande au Christ : « En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ». Concrètement, la famille ou les deux fils de Zébédée veulent mettre la main sur l’Eglise, dominer les autres, les tirer par le bout du nez. Ils veulent occuper, l’un Matignon et l’autre le Quai d’Orsay. Pensez à la querelle politique que nous avons vécu après la dissolution et que nous vivons encore dans notre pays actuellement.

On se serait attendu à une sorte de honte ou d’embarras de la part des autres disciples, devant une demande aussi déplacée. Mais non, au lieu d’avoir honte, les autres disciples sont jaloux, car ils avaient la même envie de pouvoir, comme Jacques et Jean qui les ont doublés en faisant la demande en premier. Jean et Jacques ont été plus malins que les autres, et cela les met dans une colère folle ! « Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. »  La guerre du pouvoir est ouverte entre les disciples.  La jalousie règne en maître, et va faire ses dégâts. La recherche du pouvoir fait forcément naître de la jalousie, les rivalités qui produisent inévitablement ensuite des querelles, la haine, la rancœur, les divisions… Les disciples sont dans une guerre d’égo, et oublient l’immensité de la mission, la grande multitude de ceux qui ont faim et soif de Bonne nouvelle.

Accueillons comme une grâce pour notre communauté les paroles du Christ rappelant à l’ordre ses disciples et soulignant la logique de leur mission : « Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.  Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».

Rendons grâce pour ces hommes et femmes, discrets, invisibles, humbles, ne prenant jamais le devant, mais qui sont toujours disponibles et qui, dans l’ombre, discrètement et généreusement font vivre nos paroisses, sans rien réclamer, dans un véritable esprit service. Ces petites mains servantes et discrètes, Jésus nous les présente comme modèles à imiter.

Puisse le Seigneur donner à chaque membre de notre communauté la grâce du service pour que dans toute mission, nous soyons toujours dans un véritable esprit de service et de don de soi aux autres, à l’Eglise, au monde… libérés de toute tentation de pouvoir et de domination ! Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-18T16:15:19+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Qui est Jésus ? Voilà la question posée au début de l’évangile selon saint Marc. Simon Pierre y répondra à Césarée de Philippe. Ce dimanche, saint Marc veut nous expliquer qui est disciple de Jésus. C’est quoi être disciple du Christ ?  Le candidat de ce dimanche semble parfait et coche toutes les cases pour celui qui fait passer l’entretien d’embauche ! Le jeune homme riche, comme nous aimons l’appeler, semble être amplement en règle. Mais, il se révèle par la suite ne pas être à la hauteur.

La démarche du jeune est édifiante. Il s’approche, à genou, plein de zèle et pose une question est théologiquement irréprochable : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Il reconnait en Jésus un Rabbi, s’engage à rendre concrète, tangible et agissante sa foi dans sa vie et sait que la vie éternelle ne se mérite pas mais s’accueille, se reçoit. On le reçoit en héritage ! Jésus est merveilleusement surpris. Il trouve seulement que le terme « Bon Maître » est un peu trop excessif, mais il accueille l’enthousiasme et le zèle de ce jeune homme. Il lui propose alors de suivre les commandements, ceux de Moïse. « Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »

Jésus ne pas un anarchiste qui propose des parcours inhabituels, étranges et révolutionnaires.  Il n’est pas venu abolir une seule virgule au parcours de foi du peuple d’Israël, mais pour le conduire à ses racines.

A un moment où notre jeunesse est tentée par la « cancel culture » et « la culture woke » qui veut effacer le passé, les racines et l’histoire, Jésus nous rappelle qu’il nous faut proposer à nos jeunes des parcours simples, liés à la tradition, à l’appartenance à une communauté, à une histoire, à une culture, avec ses joies, ses réussites, ses blessures, ses plaies et ses erreurs. Nous sommes toujours enracinés dans une histoire.  A nos jeunes du KT, de l’aumônerie, MEJ, du scoutisme, proposons une vie intérieure et un parcours sacramentel enracinés dans l’histoire, la tradition et la Parole de Dieu.

Le jeune homme de l’évangile a bien appris ses leçons de KT et d’aumônerie. Il maîtrise la doctrine juive. C’est un peu différent de la pratique d’il y a quelques décennies dans notre pays où l’on n’a pas appris la doctrine de notre foi aux enfants et jeunes du KT et de l’aumônerie. Fabrice, un séminariste de Lozère que j’avais en stage il y a quelques années me disait comment en aumônerie de lycée, on leur faisait dessiner des cœurs et chanter des chants de JC Giannada et de Yannick Noah au lieu de lire la Bible ou le catéchisme ! Résultat : des adultes et de jeunes qui ne savent vraiment pas grand-chose de Jésus ni de la foi catholique. Ce jeune homme de l’évangile a appris les commandements, sait en rendre compte et essaye de les mettre en pratique depuis son enfance. Que c’est beau !

Nous dirions : C’est une « belle âme ! » ou alors, « quel prétentieux ! » ce jeune homme ! Jésus préfère la première option ! Il voit toujours le côté lumineux de nos vies, le verre moitié plein de nos vies, de ma vie. Il sait que ce garçon est sincère et chemine avec enthousiasme sur la voie des commandements de Dieu. Surpris, Jésus lui adresse un regard rempli d’amour et de bienveillance : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima ».

C’est ce même regard qu’il posa un jour sur Simon, devenu Pierre et Lévi devenu Matthieu. Chaque disciple d’hier et d’aujourd’hui a vu se poser sur lui ce même regard plein d’amour et de bienveillance. Il ne suffit pas de suivre les règles. Il nous faut aussi faire l’expérience de ce regard du Seigneur posé sur nous pour le suivre. Pas besoin d’apparition ni de miracle, mais seulement un regard qui transforme, convertit et appelle à faire un pas de plus. C’est l’expérience concrète du Seigneur nous qui rejoint dans la prière, l’oraison, l’adoration, la lectio Divina, la louange… Une expérience qui change la vie : le regard de Jésus posé sur nous, plein d’amour et de tendresse, un regard qui ne nous juge pas mais qui nous appelle à accueillir la vérité de notre propre vie pour ensuite suivre Jésus. Tu es aimé, au-delà de tout, infiniment aimé de Dieu et son Amour donne la vraie joie, car il est la source d’Amour.

Jésus nous aime bien avant de nous demander quoi que ce soit, avant de nous demander un parcours qui engage.  Jésus se dit : « Si vraiment ce jeune veut la vie éternelle, il peut alors faire quelque chose de plus grand, dépasser les règles, avoir de l’audace ». Jésus est sur le point de tout laisser. Alors, Jésus appelle le jeune homme à faire ce sauf de la confiance en Dieu : « Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »

Le sourire s’éteint sur le visage du jeune homme ! Non, il ne le sent pas. Il refuse de lâcher prise. Il veut tout garder et contrôler la situation. Il veut aussi garder sous contrôle sa propre foi.  Il se dit : « C’est trop ce Jésus me demande. C’est réservé à une élite, aux religieux, aux saints ! N’exagérons pas ! » Il s’en va, triste. Quel dommage ! Ce n’est pas un happy-end, comme dans les films romantiques.

Jésus nous aime d’un amour fou mais nous avons du mal à tout lâcher pour lui.  Il a tout donné pour nous mais nous n’arrivons pas à lâcher priser pour lui, à abandonner un peu de toutes ces richesses matérielles, affectives, intellectuelles (qu’il nous a donné d’ailleurs) qui nous bloquent et nous empêchent de le suivre. On peut être chrétien sans véritablement être disciple du Christ.

Dans une formation, on nous rappelait que dans l’Eglise en général, et en France en particulier, nous avons des chrétiens de culture, de tradition… mais qui ne sont pas devenus disciples du Christ. L’ex-président, Nicolas Sarkozy lors d’une émission télé, disait récemment que, lui, le chrétien de culture et de tradition, pas pratiquant, savait pourtant que la personne la plus importante qu’il aimerait avoir à sa table, c’est Jésus Christ.

Quand pourrons suivre le Seigneur pour celui qu’il est vraiment, et pas seulement pour ce qu’il nous donne. La foi à quelque chose de commun avec l’amour ! Pour l’amour d’un homme ou d’une femme, on est capable de prendre de grandes décisions, quitter son pays, son boulot, faire des km… Quand pourrons-nous croire et aimer le Seigneur au point de prendre de grandes décisions qui nous coûtent par amour pour lui ? Fixons notre regard sur Jésus qui nous regarde et nous aime, et demandons-lui la grâce de la confiance, du lâcher prise et de l’abandon à son Amour. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-14T14:14:09+02:00

Edito : En mission, avec le soutien de sainte Thérèse de Lisieux et saint François d’Assise

Passées les premières semaines de la rentrée scolaire et pastorale où nous étions tous sous l’eau, le nez un peu dans le guidon, il est temps de nous poser et penser à ce qui est au cœur de la vie chrétienne et de toute communauté ecclésiale : la mission. Octobre nous rappelle bien cela, dès le premier jour du mois, avec la fête de sainte Thérèse de Lisieux, docteur de l’Eglise et Patronne des missions. Le pape François rappelle que sainte Thérèse est l’une des saintes les plus connues et les plus aimées dans le monde entier. Comme saint François d’Assise, elle est aimée même par les non-chrétiens et les non-croyants. Dans l’exhortation apostolique « C’est la confiance » à l’occasion du 150è anniversaire de la naissance de sainte Thérèse de Lisieux, le pape François insiste sur le fait qu’au cœur de la vie de sainte Thérèse, il y a un double désir :  

« Comme il arrive dans toute rencontre authentique avec le Christ, son expérience de foi l’appelait à la mission. Thérèse a pu définir sa mission en ces termes : « Je désirerai au Ciel la même chose que sur la terre : Aimer Jésus et le faire aimer ».  Elle a écrit qu’elle était entrée au Carmel « pour sauver les âmes ».  En d’autres termes, elle ne concevait pas sa consécration à Dieu en dehors de la recherche du bien de ses frères. Elle partageait l’amour miséricordieux du Père pour l’enfant pécheur, et celui du Bon Pasteur pour les brebis perdues, éloignées, blessées. C’est pourquoi elle est la Patronne des missions, maîtresse en évangélisation ».

Puisse chacun de nous, chaque membre de notre communauté brûler du même désir de salut pour soi-même et pour tous nos frères et sœurs ! C’est la raison d’être de l’Eglise et du baptisé ! Approchons-nous donc du Christ pour qu’il touche nos cœurs, le faisant brûler de son Amour pour nous envoyer en mission pour l’annoncer et le faire connaître à travers notre vie, nos engagements et propositions pastorales au cours de cette année à peine commencée.

La Providence Divine a voulu que cette année, notre diocèse, et tout particulièrement notre ensemble paroissial, accueille une communauté missionnaire : les Franciscains de l’Immaculée. C’est une grâce ! Au cours de la messe de rentrée du 22 septembre au Phare, nous les avons accueillis dans la joie. Un merci du fond du cœur pour tout ce que vous faites et donnez afin que leur installation se passe dans de très bonnes conditions, tant matériellement que pastoralement. Au cours de ce mois missionnaire d’octobre, nous pouvons compter sur la prière et le soutien de saint François d’Assise fêté le 4 octobre, afin que notre diocèse et notre ensemble paroissial en particulier reçoivent en abondance des grâces pour la mission, à travers la présence des pères Clément, Justin, (et de Jacques qui viendra plus tard).

Bien que déjà accueillis, l’installation officielle des frères franciscains dans le diocèse aura lieu le dimanche 3 novembre au cours d’une messe célébrée par notre archevêque, Mgr Guy de Kerimel en présence du Supérieur Général des Franciscains de l’Immaculée, le père Immacolato Maria ACQULI. Nous manifesterons notre joie d’accueillir les Franciscains de l’Immaculée parmi nous, occasion favorable pour un temps convivial, fraternel et un repas partagé à L’Oustal (de nouveau) avec les nos hôtes. Je vous invite fortement à noter cet événement dans votre agenda et à venir nombreux, donnant ainsi le témoignage d’une communauté paroissiale accueillante et pleine de vie.

Que Sainte Thérèse de Lisieux et saint François d’Assise nous accompagnent et intercèdent pour nous !

Edito : En mission, avec le soutien de sainte Thérèse de Lisieux et saint François d’Assise2024-10-07T14:47:14+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques années, et surtout depuis le pape François, qui a publié l’exhortation apostolique « Amoris Laetitia » ou (La Joie de l’Amour), l’Eglise catholique porte une attention particulière aux couples séparés, divorcés, recomposés, ceux qui, après un divorce ou une séparation se sont reconstruits affectivement en commençant une nouvelle relation de manière plus ou moins stable. Ces formes de vie sont regroupées, canoniquement parlant, autour d’une expression, un peu malheureuse à mon avis !

On parle de situations matrimoniales « irrégulières ou difficiles ». En admettant le fait que derrière un amour qui finit, qui ne réussit pas à trouve une stabilité à l’intérieur de la société civile ou religieuse il puisse y avoir des difficultés et une série des souffrances qu’on n’a pas su dépasser, je me demande toujours quel est le critère de régularité ! Moi-même, pasteur de mon état, j’ai un peu de mal définir « régulière » la vie affective d’un couple ou d’une personne et « irrégulière » telle autre, parce que je ne sais pas toujours ce qui se passe dans la vie d’un couple. Notons au passage que chaque couple est unique, et lorsque l’on creuse un peu, nous nous rendons compte de la complexité de la vie de couple, surtout de nos jours !  En cas, je ne pense pas que la régularité, le bonheur et moins encore la sainteté d’une vie à deux soient donnés par un certificat religieux conservé depuis des années !

Rendons grâce au Seigneur pour tous les couples qui, entre mille difficultés, problèmes et épreuves, ont eu la grâce de conserver intact lien du mariage ! Essayons de dépasser la mentalité qui considère comme un problème, une difficulté ou une chose irrégulière la vie affective de ceux qui n’ont pas eu cette grâce, ou qui n’ont pas réussi à la conserver. Tout en dénonçant notre société qui n’aide pas à tenir le lien du mariage dans la durée, nous savons cependant que derrière certaines séparations il y a souvent des abus, de la violence, le manque de respect, des trahisons… et beaucoup de blessures. Ces sujets sont très délicats, et il est parfois plus facile de ne pas en parler.

Il y a une quinzaine d’années, lors d’une messe des familles dans une paroisse où je venais d’être nommé comme vicaire, il y avait ces mêmes lectures. Les catéchistes m’avaient alors proposé changer les textes, pour prendre des lectures plus douces et moins traumatisant pour les enfants et les parents présents et qui étaient pour la plupart dans ces situations dites « irrégulières ».  On ne peut pas changer la Parole de Dieu simplement parce qu’elle touche là où ça fait mal ou quand elle met le doigt sur nos difficultés !

Les lectures de ce dimanche, avant même de parler de problème et difficultés, nous rappellent que la vie de couple, le mariage est d’abord et avant tout une très bonne nouvelle et fait partie du plan de Dieu. En témoigne l’émerveillement d’Adam quand Dieu lui amène Eve : « Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. »  À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » Rappelons sans cesse, malgré la crise, et parce qu’il y a crise, que le mariage, la famille est une très bonne nouvelle pour l’Eglise et la société. C’est dommage qu’on parle du mariage seulement en termes de crise ou de problème.

Le plus important de ce texte, c’est la mise en valeur de la beauté du couple, de deux personnes créées différentes mais complémentaires : complémentaires malgré leur différence, deux personnes faites l’une pour l’autre pour s’entraider de manière harmonieuse, devenant une seule chair, chair de sa propre chair et os de ses propres os parce qu’entre ces personnes il y a quelque chose de grand qui les unit et qui s’appelle l’Amour. J’aime bien les animaux, mais aucun animal, même le plus fidèle des animaux de compagnie ne te donnera l’Amour que te donne une épouse ou un époux.

La Genèse relit la vie de couple à la lumière d’une situation originelle d’un homme et une femme qui vont passer graduellement de l’attirance réciproque en amitié, puis en affection, puis en amour, laissant le père et la mère pour former une unité et une communion profonde de cœur, de corps et d’esprit.

Telle est la nature du mariage, aujourd’hui encore et toujours. C’est ce que Jésus le rappelle aux pharisiens : « au commencement de la création » Dieu l’avait prévu ainsi. Tel est le projet originel de la création : que les deux soient une seule chair, une seule fragilité et une seule faiblesse, ou mieux encore, deux faiblesses et deux fragilités qui, mises ensemble, sont capables de donner solidité à la vie de couple. On n’épouse pas un ange tombé du ciel, mais un être fragile comme nous, et nos fragilités acceptées et mises ensemble deviennent une force. C’est cela la bonne nouvelle du mariage malgré les épreuves et la crise.

En couple, en famille, en Eglise, dans toute société, il faut des normes ! Evidemment ! On ne peut vivre dans une société sans normes. Mais n’oublions jamais que la norme, la loi par excellence, c’est l’Amour. Seulement l’amour peut t’aider à ne pas transformer celui ou celle que tu as aimé en ennemi à écraser au tribunal, lorsque malheureusement, il vous semble que, malgré tous les efforts, il n’est plus possible de continuer votre vie à deux.  La guerre lors des divorces et séparations sont l’œuvre du Malin qui veut tuer l’amour dans notre cœur.

Dans cet évangile, Jésus nous rappelle que par-dessus tout, nous devons être très attentifs à nos enfants. L’amour et le bonheur des enfants doit être la priorité et le critère de nos décisions ! Pour faire souffrir son ex, l’enfant devient le jouet de nos rancœurs, de nos jalousies et notre guerre morbide. Ecoutons Jésus nous redire dans cet évangile « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »   Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. »

Un enfant ne se demande pas si papa ou maman sont régulièrement mariés à l’église : il se demande seulement si ses parents l’aiment. Un enfant ne demande pas si la maman et le papa ont toujours été une seule chair et un seul esprit : il désire seulement que ses parents l’aiment, et si ses parents s’aiment, c’est encore mieux pour lui et pour toute la société.  En rendant grâce pour la bonne nouvelle du mariage et de la famille, nous prions aussi pour eux qui sont éprouvés et blessés dans leur vie de couple.  Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-04T16:46:51+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus se trouve dans un moment de calme et d’intimité avec ses disciples. Ils sont loin des dérangements et des bruits. C’est dans ces moment d’intimité qu’il est possible de poser les questions importantes, celles qui touche le cœur, pas celles que nous pouvons poser devant la télé, entre deux coups de téléphone, entre deux épisodes de votre série préférée ou à la mi-temps d’un match de foot ou de rugby. Certaines questions exigent d’être posées dans un cœur à cœur, en toute intimité avec un ami, son enfant, ses parents, son amoureux !

Au cours de ce cœur à cœur, Jésus pose une question décisive dont dépendra tout le reste : la foi, les choix, la vie… ! Il ne s’agit pas de faire un sondage d’opinion auquel les réponses sont multiples, prenant Jésus pour Jean-Baptiste, Elie ou un autre prophète passé. La question de Jésus exige une réponse qui vient du coeur « Et vous, que dites-vous ! » Parlez-moi de vous, pas des autres ! La question commence par « Et vous ! » Ne vous contentez pas d’une foi par oui dire, par tradition. « Et vous qui avez abandonné vos barques, avez tout quitté pour me suivre, vous qui avez cheminé avec moi depuis trois ans, que j’ai choisis un à un… qui suis-je pour vous ? »

Cette question est le cœur de foi chrétienne : qui est Jésus pour toi ? Jésus ne cherche pas des paroles mais des personnes, pas des définitions de soi mais une implication de soi. Qu’est-ce qui a changé en toi lorsque je t’ai rencontré ? C’est comme les questions que se posent les amoureux : « quelle place ai-je vraiment dans ta vie, combien je compte pour toi ? » et à l’autre de répondre : « tu es ma vie, mon trésor, mon oxygène, mon homme, la femme de ma vie, mon amour… »  A ce type de question, tu ne répondras pas par ce que les gens racontent de votre relation mais ce que tu penses et vis au plus profond de toi. De même, Jésus n’a pas besoin de l’opinion de Pierre pour avoir des informations, pour savoir s’il est plus fort des prophètes d’avant, mais pour savoir si Pierre lui a réellement ouvert son propre cœur.

Le Christ est vivant seulement s’il est vivant en nous. Notre cœur peut être le berceau ou le tombeau de Dieu, berceau qui prend soin de la vie et voit grandir Dieu dans notre maison, ou alors la tombe où Dieu en nous. Le Christ n’est pas ce que je dis de lui mais ce que je vis concrètement de lui. Il n’est pas mes paroles, mais ce que de lui rend ma vie ardente. La réponse à la question de Jésus exige l’implication personne, comme l’apôtre Thomas qui, huit jours après la résurrection, s’était mis à genou devant le Ressuscité en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Ce « mon » n’indique pas la possession, mais la passion, non pas une appropriation mais l’appartenance. Mon Seigneur ! Mon, comme ma respiration sans laquelle je ne peux vivre, comme mon cœur sans lequel je suis sans vie !

La réponse est collégiale, collective, unanime dans le contenu exprimé par Pierre au nom de tous : « Tu es le Christ », ça veut dire, tu es le Messie, le Consacré, l’Oint, l’Envoyé du Père. Après avoir accueilli cet acte de foi des apôtres, Jésus peut maintenant s’ouvrir librement à ses disciples, leur parler sans métaphore de ce qui l’attend, c’est-à-dire, de sa passion et sa mort en croix prochaine. Il ne pouvait pas le confier à ses disciples s’il n’avait pas préalablement reçu cet acte de foi et cette confiance de leur part. On ne peut s’ouvrir, confier les secrets de sa vie à des gens en qui l’on n’a pas confiance. Dieu ne peut se révéler véritablement à nous, toucher notre cœur, nous faire faire une expérience profonde de sa présence et de son action que s’il voit que notre foi n’est pas que de façade ou par oui dire. Après l’acte de foi des disciples, Jésus « commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite
 » Voilà le Kérygme, l’essentiel de la foi chrétienne.

De même que l’amour est éprouvé, purifié pour grandir, de même la foi est éprouvée, purifiée par les événements parfois douloureux de la vie.  La foi professée par Pierre au nom de tous doit être purifiée dans son cœur, comme nous l’indique la suite de l’évangile. Devant la bouleversante révélation de l’identité du Christ, « Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. » Un disciple qui fait la leçon à son Maître ! C’est absurde alors et toujours. Jésus ne veut pas laisser les disciples dans cette confusion sur sa propre mission. Il faut qu’il clarifie bien les choses. L’évangile nous dit : « Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » En fait, Jésus veut se rassurer que tout le monde comprenne son message pendant qu’il s’adresse à Pierre.  C’est l’occasion pour lui de faire une catéchèse et faire comprendre au mieux ce que signifie pour lui être véritablement son disciple.

Jésus convoque alors la foule et ses disciples et utilise ce langage tellement explicite pour demander une véritable adhésion à sa personne et à sa mission. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive signifie. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Suivre Jésus, c’est prendre la croix, c’est donner sa vie pour les autres, c’ouvrir pour s’ouvrir à l’amour, à la joie du don.

Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous aide à comprendre cette vocation au service et au don dans la foi. Il nous appelle à passer du « dire » au « faire », des discours au témoignage concret, de la théorie à la pratique qui se fait charité et disponibilité envers les autres. Un chanteur Congolais rappelle que l’amour n’existe pas et qu’il n’y a que des preuves d’amour ! Une chose est de dire qu’on aime, qu’on est croyant,  une autre est de prouver son amour et sa foi  par des actes.  Ainsi, saint Jacques nous écrit : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte.  En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres.  Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. ». Cela veut dire que le croyant doit agir en conformité de ce qu’il croit. Nous ne pouvons pas nous contenter seulement de proclamer, annoncer et enseigner. Il est nécessaire d’agir et œuvrer pour le bien des autres pour être crédible.

En cette période de rentrée paroissiale, avec cette nouvelle année pastorale, personnellement comme communauté, nous pouvons nous interroger sur la vérité de notre foi, notre adhésion au Christ : est-elle authentique ou superficielle, de façade, surtout lorsque nous sommes tentés de faire le tri, sélectionnant ce qui nous convient dans la foi, dans les exigences de l’évangile ou de la doctrine, rejetant ce qui ne nous convient pas, comme a essayé de le faire Pierre dans l’évangile au point de se faire traiter de Satan par Jésus. Demandons-nous aussi si notre foi est simplement théorique ou opérante, en parole ou agissant en acte.  Demandons la grâce d’une foi authentique, concrète et agissante.

 

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-09-13T14:27:26+02:00

Edito : Se lancer, s’accueillir et rendre grâce !

Une nouvelle année pastorale a déjà commencé ! Comment sera-t-elle ?  Nul ne le sait ! Elle sera certainement ce que le Seigneur aura voulu, parce qu’il est Celui qui conduit son Eglise par son Esprit, mais aussi ce que chacun de nous voudra qu’elle soit par le don de soi-même, par son engagement, ses services à la communauté et notre abandon personnel et communautaire au souffle du saint Esprit.

Alors, lançons-nous dans l’Espérance, comme nous y a invités Mgr de Kerimel lors de la Journée Diocésaine à Lourdes. Celui qui espère ne se trompe jamais. C’est pour cela que je nous invite tous à nous lancer dans la confiance, sans se laisser bousculer par différentes peurs ou par le poids des habitudes ! Nous nous réjouissons que notre archevêque vienne personnellement lancer notre année pastorale lors de la messe qu’il présidera le 22 septembre à 10h30 au Phare de Tournefeuille. J’espère que nous serons très nombreux, non seulement pour l’accueillir mais aussi pour commencer l’année dans la dynamique d’un élan joyeux et missionnaire. J’appelle tous les fidèles et les membres tous les groupes, associations, équipes et services à venir à ce temps fort de notre ensemble paroissial.

La rentrée paroissiale du 22 septembre sera aussi l’occasion d’accueillir les personnes nouvellement arrivées dans nos paroisses. La santé d’une communauté dépend aussi de sa capacité à savoir accueillir. Si nous n’accueillons personne dans l’Eglise ou au sein de notre communauté, nous nous condamnons à la mort et à la disparition. Les nouveaux nous renouvellent ! Alors, soyons heureux d’accueillir une nouvelle communauté religieuse. Après les Sœurs de la Résurrection, notre ensemble paroissial est heureux d’accueillir une nouvelle communauté : les Franciscains de l’Immaculée.

Ils arrivent à trois et vont résider au presbytère de Plaisance-du-Touch. Le 22 septembre, il y aura les frères Justin et Clément.  Un troisième arrivera plus tard. Pour les accueillir, il faut quelques travaux d’aménagement intérieur dans le presbytère. Il faudra aussi des meubles et du matériel pour la cuisine et du linge pour la literie. Je sais que je peux compter sur vous pour équiper le presbytère. Aussi, je fais appel au don ou au prêt d’une voiture : les frères ont chacun un permis de conduire mais n’ont pas de voiture. Alors, j’en appelle à votre générosité. Si vous avez une voiture que vous pouvez donner ou prêter pour quelques mois, cela facilitera leur arrivée et leur implication pastorale et missionnaire. N’hésitez à vous manifester auprès du secrétariat paroissial. Je vous en remercie infiniment.

Le 22 septembre, avec le Père Vital MUDIMBE, nous allons rendre grâce pour cette année entière qu’il aura passée parmi nous. Nous rendons grâce pour sa présence et toute ce qu’il a permis de recevoir du Seigneur par son ministère et son amitié.  Nous pourrons lui dire au revoir et lui offrir un cadeau pour l’accompagner sur l’ensemble paroissial de Saint Nicolas-Sacré Cœur où il est envoyé à partir du 1er octobre. Une collecte va être faite dans nos paroisses les weekends des 8 et 15 septembre.

Après la messe au Phare, nous nous retrouverons, autour notre archevêque, avec les frères Franciscains Justin et Clément, le père Vital pour un temps convivial autour d’un repas partagé apporté par chacun. Pour une meilleure organisation, nous vous invitons dès à présent à vous inscrire sur les fiches placées dans les 5 églises. Elles seront retirées après les messes du 15 septembre. Belle année pastorale, qui sera aussi une année jubilaire !

Edito : Se lancer, s’accueillir et rendre grâce !2024-09-10T10:07:10+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

En ce moment où nous vivons les jeux paralympiques, nous rappelant que l’être humain ne peut être enfermé dans son handicap, l’évangile de ce dimanche nous parle d’une forme de handicap. La surdité. Dans la vie, le handicap est facteur d’exclusion. D’où notre attention à comment nous vivons l’inclusion avec les personnes porteuses d’un handicap dans nos sociétés et dans nos communautés ecclésiales. Dans l’Ancien Testament, la surdité n’est pas qu’une exclusion sociale.  Être sourd, dans l’AT signifie « exclusion du salut » parce qu’un sourd est incapable d’entendre les messages et appels du salut lancés par les prophètes, les prêtres et autres messagers de Dieu.  Très souvent d’ailleurs dans l’AT, les prophètes accusent le peuple d’Israël d’être sourd, c’est-à-dire, d’être fermé, bloqué aux appels à la conversion.

Isaïe y fait allusion dans la première lecture : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds ». A notre époque et dans nos sociétés, nous sommes sollicités par tellement des choses à faire, de bruits qui nous viennent de partout, rumeurs et opinions venant de la rue, des tous les médias et les réseaux sociaux, la musique à fond, bruits de la circulation automobile…. au point de devenir presque sourds à nous-même,  aux cris de la planète, des nos frères et sœurs en humanité et aux appels de Dieu. Nous sommes parfois incapables d’entendre et d’écouter le désir profond de notre cœur, cette soif profonde qui est en nous et que rien ne peut étancher à part Dieu. Ce n’est pas pour rien que se développe toutes ces méthodes de méditations orientales qui révèlent à la fois le déficit mais aussi notre besoin profond d’apprendre à s’écouter soi-même, écouter son propre corps, son être profond.

Le protagoniste de l’évangile est un sourd. On parle, à défaut qu’un c’est un sourd muet mais ce n’est pas exactement ça. Il est sourd parce qu’il n’entend pas, mais il n’est pas totalement muet. « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler ». Il a juste du mal à articuler, à communiquer correctement, à se faire comprendre. Ne pas entendre et ne pas se faire comprendre, signifie avec beaucoup de difficulté à entrer en relation. Un sourd-muet risque de s’enfermer sur soi-même, sur son handicap et se couper du monde extérieur. Combien des gens aujourd’hui se coupent des autres pour ne pas s’exposer, surtout quand on porte un handicap, un défaut physique…, aussi parce que les autres peuvent être impitoyable et horrible. Essayez de demander aux élèves du primaires, collège ou lycées. En ce période de rentrée scolaire, on parle de harcèlement scolaire ! Si nous sommes porteurs d’un quelconque handicap (et rassurez-vous, nous en avons tous un, visible ou invisible !), cet évangile de ce dimanche nous rappelle que Jésus veut nous sortir de l’exclusion, de l’isolement par sa main qui nous touche ouvrir nos oreilles et délier nos langues.  Jésus veut nous mettre en relation, avec son Père et avec les autres. C’est le sens de la religion qui veut dire relier, mettre en lien avec Dieu et avec les autres. Le salut, le vrai bonheur, dépend fondamentalement de la qualité de relation que nous arrivons à tisser avec Dieu et les autres. Quelqu’un d’isolé, sans ami ni relation ne peut être véritablement heureux.

Au temps de Jésus, le salut était conçu par rapport à Jérusalem. Les juifs de Jérusalem étaient de facto considérés comme sauvés car résidants de la ville sainte.  Pensons aux avantages des Parisiens par rapport aux les provinciaux ! Plus on s’éloignait de Jérusalem, plus on s’éloignait du salut.  Rien de vraiment bon au-delà de Jérusalem ! Au-delà du périphérique, rien de bon ! Au-delà de Tournefeuille, de Lardenne, de Plaisance, de Saint Simon, de La Salvetat, il n’y plus grand-chose ! On est les meilleurs ! Plusieurs villages en France se réclament comme étant le vrai centre de la France ! C’est le chauvinisme !

Jérusalem était comme le centre du monde. Ceux qui habitaient dans les villes païennes étaient condamnés d’avance car il y avait chez eux un mélange culturel pas orthodoxe, pas du goût des Scribes et Pharisiens. Alors, habiter la Décapole (les10 villes situées au-delà de la Samarie), cela signifiait qu’on était complétement perdu. C’est pourtant là, chez les païens, ceux qui sont condamnés a priori que va Jésus pour commencer sa mission. Oui, la mission, pour les chrétiens est une option préférentielle pour ceux qui sont exclus : les pauvres, les malades, les prisonniers, les sourds et les muets, porteurs de handicap, ceux qu’on peut facilement abandonner en chemin parce que fragiles matériellement, humainement, socialement, intellectuellement, pastoralement.  « Je suis venus pour les pauvres, les malades, dit le Seigneur ! »

La guérison du sourd-muet provoque l’action de grâce du peuple : « Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. » Jésus les sauve au moment où ils s’y attendaient le moins. Dans la vie, seuls les gens qui n’attendent pas à un cadeau savent remercier et reconnaître valeur de ce qui leur est donné. La foi chrétienne nous redit que nous ne méritons pas ni salut ni l’amour de Dieu. C’est donné gratuitement, comme ce sourd-muet sauvé de manière inattendue par le Christ.

Un autre élément de cet évangile qui m’a touché est le fait que le sourd-muet était conduit et porté à Jésus par d’autres personnes. « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. »  Un rappel que nous avons toujours besoin des autres pour être conduit au Christ, pour entendre parler du Christ. L’Eglise, est une famille, une grande communauté où nous avons des frères et des sœurs qui nous conduisent au Christ. Un chrétien qui se coupe des autres, qui vit sa foi sans les autres, dans la solitude (« je suis croyant mais pas pratiquant !!! je n’ai pas besoin de la communauté pour prier, pour croire »), orgueilleux et solitaire coure un grand risque. Que le Christ nous guérisse l’orgueil spirituel et pastoral quand nous croyons tout savoir, pouvoir tout faire tout seul, sans besoin d’aide des autres. La fermeture aux autres, à la communauté est la grande surdité dont Jésus veut nous guérir en cette période de rentrée pastorale.

Pour terminer, je vous invite à l’action de grâce, à la louange, comme ce peuple qui crie : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ! » Nos contemporains ont besoin d’entendre notre témoignage de ce que Dieu fait pour nous afin de le suivre et lui ouvrir leurs cœurs. Le monde retrouvera le Seigneur s’il retrouve des chrétiens missionnaires qui croient et qui témoignent de leur foi, de la joie de l’évangile. Seigneur, guéris-nous de nos surdités pour écouter ta Parole, entendre les cris de joie et de souffrance nos frères et sœurs ! Délie nos langues, pour te louer, pour dire du bien des autres, pour te bénir et témoigner de la Joie que tu nous donnes.  Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-09-06T15:48:54+02:00

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains ». Avec cette citation du prophète Isaïe, Jésus nous renvoie nous ouvre son cœur et invite chacun de nous à regarder son propre cœur pour vérifier, si mon cœur est petit ou grand, large ou étroit, fait de chair, sensible ou dur comme une pierre.  Jésus me demande de regarder objectivement et en vérité ce qui sort de mon propre cœur, quels sont mes désirs les plus profonds, quelles questions sont fondamentales pour moi car elles sont au cœur de ma vie.

Tout est parti du comportement des disciples, un agir qui scandalise et choque les scribes et les pharisiens car il est contraire à la tradition. La polémique tourne autour de l’halakah, c’est-à-dire la pratique des préceptes et prescriptions reçus de la tradition, et en l’occurrence, le fait que les disciples prennent leur repas (littéralement manger des pains) sans se laver les mains, c’est-à-dire avec des mains impures. Je pense l’époque du Covid 19 et actuellement à la variole du singe dont l’épicentre est la RDC. Très facile d’attraper cela si l’on est en contact avec quelqu’un qui l’a.  Il faut éviter les contacts physiques, se laver les mains… Il s’agit ici d’hygiène. Là, je fais de l’anachronisme qui ne veut pas dire que ceux qui respectent ou appellent à respecter les mesure barrières sont des scribes et pharisiens, car dans ce cas, j’en fais partie.

En réalité, la Loi de Moïse exigeait ces ablutions rituelles des mains seulement aux prêtres, surtout lorsqu’ils offraient le sacrifice. (Ca fait penser au lavabo du prêtre, quand il se lave les mains après la préparation de l’autel pendant la messe).Mais au temps de Jésus, il y avait quelques mouvements des radicaux. Des radicaux, il y en a à toutes les époques, comme aujourd’hui et dans tous les domaines : nous avons des radicaux politiques de gauche comme de droite, des radicaux écolo, des radicaux économiques, des radicaux en morale, des radicaux religieux… et il y a même des radicaux dans l’Eglise, plus catholiques que le pape ! Ces radicaux du légalisme religieux multipliaient les prescriptions de la Loi, avec une particulière obsession autour du thème de la pureté.

Jésus lui était totalement libre et laissait ses disciples libres de ces observances qui n’avaient pas été demandées par Dieu, faisant une distinction entre ce qui est la volonté de Dieu et ce qui est une coutume humaine, forgée par des hommes qui se déclarent fidèles au Dieu d’Israël. Ces radicaux religieux appellent « tradition » tout ce qu’ils onteux-mêmes inventé et mis en place au cours de l’histoire. Ildénonce cette hypocrisie de la distance entre leur adhésion des lèvres à Dieu et leurs cœurs totalement éloignés de Dieu.  Ces scribes et pharisiens allaient très fréquemment au culte, célébraient chaque semaine le Shabbat, assidus à la liturgie, bref, ils étaient extérieurement très croyants. Il leur manquaitcependant une authentique adhésion du cœur, celle qui exige que l’on vive et agisse en cohérence avec ce que nous disons en parole. Jésus nous disait de nous méfier d’eux car ils disent mais ils ne font pas.

Croire et adhérer au Seigneur, c’est l’aimer vraiment et aimer son prochain. Saint Paul nous dit dans son « l’hymne à l’Amour », dans sa première lettre aux Corinthiens que j’ai beaucoup entendu lors des mariages célébrés cet été que c’est la Charité, vertu théologale qui est le critère ultime de vérification de ce qui est dans notre cœur, et non pas ces prescriptions que les scribes et pharisiens objectent à Jésus et à ses disciples en parlant de nourriture impure, des mains impures et des personnes impures avec lesquelles nous pouvons entrer en contact.

 Demande-toi s’il ne t’arrive pas de considérer certaines personnes comme impures, à mettre à part, avec qui il ne faut pas se mélanger parce que qu’elles ne font pas les choses comme tu le voudrais, parce que vous n’avez pas la même sensibilité politique, idéologique, ou pour des raisons sociales,philosophiques, sanitaires, religieuses ? Jésus nous invite à ne jamais traiter un frère ou une sœur d’impur, et cela interrogema manière de regarder et de traiter ceux qui m’entourent. Dans la vie, il y a un « toucher les autres » qui craint et fait mal, comme celui des scribes et des pharisiens, et un toucher qui aime et qui sauve, comme celui de Jésus. Comment touchons-nous les autres, comment regardons-nous les autres ?Je pense souvent aux personnels soignants ! La manière de toucher un malade, de le regarder réconforte ou provoque l’angoisse. En ayant peur d’eux, en les écartant, en les traitant d’impurs comme les scribes et les pharisiens, ou en les accueillant, en les aimant comme le Seigneur ?

Jésus nous laisse libre ! La liberté est bien le grand thème qui est au cœur de l’évangile. En cette période rentrée, je pense à la communauté que nous formons. La paroisse, la communauté, c’est ce lieu dans lequel rien et personne ne peut nous rendre impur, lieu où rien et personne ne peut être considéré comme exclu, car chacun devrait trouver sa place au sein de la communauté.  N’oublions jamais qu’un scribe et un pharisien peut se cache en chacun de nous. Jésus nousrappelle que le premier des commandements c’est aimer Dieuet son prochain comme soi-même.

Jésus nous rappelle l’importance du cœur ! C’est du fond de notre cœur que sortent les intentions mauvaises. Le cœur est le centre des décisions et des sentiments. Le cœur est le centre des intentions, pensées, sentiments et Jésus nous dit que peuvent être mauvais. Jésus dit dans l’évangile : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses :  inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.  Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » 

Il nous arrive tous de pécher par intention, en pensées. Mes intentions mauvaises, je peux certes les cacher à tout le monde, mais Dieu sait et voit tout ce qui se passe dans mon coeur, tout ce qui pollue mon âme appelée pourtant à être sa demeure. Imaginez que quand on laisse ces intentions et pensée mauvaises s’entasser dans notre cœur, c’est comme quelqu’un qui laisse le désordre et la poussière, la saleté s’entasser dans sa maison au point que nos amis n’ont plus envie de se faire inviter chez nous à cause de cette poussière et mauvaises odeurs que dégage notre maison !

De la même manière, Dieu n’a plus envie d’habiter dans mon âme polluée par mes pensées et intentions mauvaises, cette rancœur que je laisse grandir, cette jalousie que je nourrie envers les autres. Le Seigneur nous connait plus intimement que nous même. Il sait de quoi nous sommes pétris. Il nous aime, non pas parce que nous sommes des gens bien, vertueux, pour nos qualités, mais bien parce qu’il est Amour et veut nous sanctifier si nous lui ouvrons notre cœur en lui demandant de le purifier par sa présence.

Puisse l’eucharistie que nous célébrons aujourd’hui nous donner la grâce d’un cœur pur et d’une âme purifiée de tous ses sentiments, pensées et intentions qui risquent de nous polluer. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-09-01T11:24:53+02:00

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques dimanches, nous avons été nourris par le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean qui est, comme je disais dimanche dernier, une véritable catéchèse eucharistique. Jésus nous y livre un enseignement sur le pain vivant descendu du ciel. Ce chapitre commence par le grand récit du miracle de la multiplication des pains. Aujourd’hui, Jésus nous appelle à un sursaut de foi car il nous demande de prendre position pour ou contre lui, décider de rester avec lui ou de partir comme les disciples dans l’évangile de ce dimanche.

Jésus ne nous retient pas ! Son message est exigeant et il nous faut sans cesse se décider de l’accueillir ou pas, donner son adhésion et s’en aller. Nous pouvons faire des discours sur Jésus, de thèses de théologie, faire partie d’une communauté… sans véritablement être disciple de Jésus…Un chrétien décide chaque jour de renouveler son oui à Jésus, Le choisit chaque matin dans l’obéissance de la foi malgré les péripéties éprouvantes de notre existence, le suit même quand il a du mal à certaines de ses exigences très dures à avaler dans les Evangiles, dans la Doctrine disciplinaire ou pastorales.

La foi est cette ouverture, cette décision inconditionnelle, à première vue irrationnelle, mais libre pour le Seigneur. Il n’est pas rationnellement possible de concevoir qu’un bout de pain puisse contenir le Fils de Dieu, Verbe Incarné. Il est difficile d’accepter une telle proposition contraire au bon sens de la raison humaine ! Ceci ne peut être possible que dans et par la Foi, si nous ouvrons notre cœur librement et spontanément au don que Jésus fait de lui-même, si nous ouvrons notre cœur et levons les yeux de notre cœur à ce mystère extraordinaire qui s’opère dans chaque eucharistie célébrée.

La foi est toujours un acte de courage, une aventure décisionnelle parce qu’elle comporte dans tous les cas un saut qualitatif comme celui d’Abraham, de la Vierge Marie, de Simon Pierre dans l’évangile d’aujourd’hui. Oui, se livrer totalement, faire confiance à Dieu peut être comparé à un saut dans le vide, mais en même temps, c’est à travers ce saut dans le vide, cette confiance dans les bras du Seigneur que nous faisons l’expérience de la certitude de son Amour. C’est un cercle vertueux paradoxal ! Comme on ne peut réaliser et bénéficier pleinement des bienfaits d’une piscine pendant la chaleur estivale qu’en décidant de s’y jeter, de même, on ne pourra bénéficier de l’Amour Infini que si l’on fait ce saut dans les bras de Dieu par la décision de la foi. En lui ouvrant notre cœur, Dieu se révèle à nous de manière progressive, simple, et parfois même foudroyante !

C’est ce saut de la foi qui manque aux disciples qui abandonnent Jésus dans l’évangile de ce dimanche. Ils l’abandonnent après avoir entendu de sa bouche un discours trop dur qui irrite ces bons juifs qui condamnent l’anthropophagie ou le cannibalisme : « Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson… Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous… ! »  Une des raisons de la persécutions des chrétiens des premiers siècles, c’est qu’on les accusait d’être de cannibales parce qu’ils disaient manger la chair de Jésus et boire son sang lors de leurs célébrations eucharistiques dans les maisons et la catacombe ! Ce difficile discours sur le pain de vie se conclut donc par une fracture. Beaucoup n’y croient pas et s’en vont. « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.  Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »  Jésus veut que ses disciples prennent une décision pour ne pas rester avec lui sans être convaincu, juste pour faire nombre !

Encore une fois, nous nous appuyons sur la Profession de Foi de Pierre, comme à Césarée de Philippe quand Pierre professe la foi au nom de tous les autres apôtres. Pierre répondit « Seigneur, à qui irions-nous ?  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » En professant sa foi, Pierre se sauve lui-même et sauve les autres qui ont choisi de rester avec Jésus, et il sauve aussi le choix de l’Eglise, de tous les disciples de Jésus. Un chrétien est celui qui a l’humilité de reconnaitre qu’il est capable de trahir le Seigneur, qu’il le trahit souvent en abandonnant de vivre des nourritures et moyens de salut qui nous sont donnés dans et par l’Eglise pour rester uni à Jésus. Car si nous ne sommes pas unis au Christ, sans manger son Corps et boire son sang à travers les sacrements et l’eucharistie, nous risquons de dépérir et de mourir à petit feu.

L’amour de Dieu, comme tout vrai amour ne s’impose pas. Il se donne, se reçoit et se construit progressivement. Jésus nous a offert sa vie dans le baptême et il continue à nous nourrir aujourd’hui encore à travers l’eucharistie et les autres sacrements. Il est dramatique de voir beaucoup de baptisés qui soient privés ou se privent eux-mêmes de l’eucharistie. Il est important de se nourrir en grignotant par la prière, l’oraison, la lecture de la Bible, réciter le chapelet et autres formes de prière. Cependant, ne nous contentons de ça : cela devrait nous conduire au repas eucharistique sans lequel nous risquons de dépérir.

Dans l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, nous avons la présence même de Christ, nous y trouvons toutes les vitamines nécessaires pour vivre déjà de la vie éternelle, comme dit Jésus dimanche dernier : « qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ! ». Pensons à ces hommes et femmes qui témoignent de la force extraordinaire de l’eucharistie, comme Mgr Nguyen Van Thuan qui pendant 13 ans de détention communiste au Vietnam a trouvé sa force en célébrant l’eucharistie avec un bout de pain et une goutte de vin ou tous ces saints qui ont puisé leur force et construit toute leur vie sur l’eucharistie.

Les disciples qui abandonnent Jésus sont ceux qui, aujourd’hui encore, malheureusement, s’éloignent de lui Christ à cause des péchés et de la fragilité de l’Eglise pécheresse dans ses prêtres et fidèles laïcs, dans certaines de ses positions morales ou doctrinales ! Aucune raison néanmoins ne devrait nous couper de la grâce extraordinaire que Jésus nous donne dans l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Seigneur Jésus, toi qui t’offres à nous dans l’eucharistie, donne-nous la grâce de ne jamais t’abandonner, de ne jamais nous couper de toi qui es la vraie Vigne dont nous sommes les sarments, car sans toi, nous risquons sûrement nous dessécher en nous privant de ton Corps et de ton Sang la vraie nourriture et la vraie boisson qui nous donnent la Vraie Vie. Amen

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-23T10:29:37+02:00

Homélie du Père Joseph du XX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

 Après la multiplication des pains, la relation entre Jésus, la foule et ses disciples se complique et devient difficile. Mais, devant cette difficulté Jésus reste très courageux et refuse de se résigner. Attristé par la réaction de la foule rassasiée, Jésus entre dans une sorte de tension, un conflit ouvert avec la foule qui l’a rejoint. Il leur rappelle leur hypocrisie, leurs ventres bien remplis et les invite à travailler pour le pain qui donne la vie éternelle. Il s’insurge contre cette foule qui veut manger gratuitement et n’a aucune envie de se convertir. Les gens ont douté après le signe de la multiplication des pains en demandant d’autres signes. Ils ont mis en cause le fait que Jésus se proclame être le Fils de Dieu, prétendant être plus grand que Moïse. En affirmant « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement », Jésus choque et accepte un conflit ouvert. « Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Pour accéder au Père et avoir la vie éternelle, il nous faut nous nourrir de Jésus, de ses paroles, de son enseignement, le prendre pour modèle, au point de dire, comme saint Paul, « ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Cela nous permet de voir le monde et les autres avec les yeux même du Christ. Se rapprocher du Seigneur, écouter et méditer sa Parole, le prier en vérité change fondamentalement notre vie. Jésus devient alors notre pain quotidien, la nourriture qui nous fait vivre, le moteur qui nous permet d’avancer ! En nous nourrissant du Christ, nous devenons à notre tour nourriture pour les autres, pour faire face aux multiples et épineuses questions comme la pauvreté, la faim, la violence, la guerre ! C’est à nous de les résoudre, comme ce garçon qui avait donné son pique-nique lors du miracle de la multiplication des pains.

 « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. » C’est l’élément délicat qui met en crise son auditoire et ses disciples. Jésus demande de nous nourrir de lui, de manger sa chair et boire son sang ! Sommes-nous appelés à devenir des cannibales ? C’est l’une des accusations portées contre les premiers chrétienspendant la persécution à Rome ? Le concept « chair » dans la tradition juive, signifie la plénitude de la personne. Il ne s’agit pas de nous nourrir seulement de sa Parole, de sa doctrine, mais de l’assumer dans sa totalité, même dans son aspect humain. Jésus se livre à nous totalement. Sa divinité est livrée à nous, totalement donnée dans l’eucharistie.

Le sang est le principe vital des êtres, ce qui les tient en vie ! Vous le savez, les juifs mangent seulement la viande kasher, des animaux dont le sang a été versé. En buvant son sang, Jésus nous donne son propre principe vital, son essence même. Manger la chair du Christ et boire son sang transfigure et divinise nos propres vies. C’est ce qui nous rend véritablement vivants, car même si nos corps sont appelés à dépérir, l’eucharistie nous plonge déjà dans l’éternité. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

 En écoutant cet évangile, comment ne pas penser à la dernière Cène ? Comment ne pas sentir dans ce discours le « faites ceci en mémoire de moi » prononcé à la veille de sa mort ? » Saint Jean n’a pas repris le récit de l’institution de l’eucharistie, préférant parler du lavement des pieds le soir de la Dernière Cène. Mais tout le chapitre 6 de son évangile est une véritable et profonde catéchèse sur l’eucharistie, sur le pain vivant.

Jésus parle de ce don simple mais intense qui nous invite à la foi, qui nous sort des habitudes ! Chaque dimanche, nous nous rassemblons pour répéter la Cène du Seigneur, un geste par lequel nous obéissons au Maître. Nous nous nourrissons du pain de la Parole et du pain eucharistique, nous gardons ce pain dans nos églises, dans le tabernacle, nous l’apportons aux malades. Nous nous mettons en adoration devant ce pain parce qu’en lui nous voyons en la présence réelle du Christ. C’est pour cette raisons que nous sommes là, rassemblés, parce que affamés, assoiffés de vie divine, de vie éternelle ! Nous avons un besoin de rassasier nos cœurs, nos âmes. Cela invite à croire finalement sans ambiguïté : croire de tout notre cœur et de toute notre âme que Jésus est là, présent, qu’il se donne totalement à nous dans son corps, sa chair qui est la vraie nourriture, son sang qui est la vraie boisson. Tel est le mystère de notre foi !

Réjouissons-nous de la chance que nous avons lorsque nous participons à l’eucharistie avec ferveur et foi. Nous n’en sommes pas dignes, mais c’est le Seigneur nous lui-même qui se donne à nous, par pure grâce, dans son infinie miséricorde. Alors, nourris et abreuvés par lui, il nous envoie aussi dans le monde pour devenir nourriture pour les autres. Si Jésus nous transmet sa vie, il nous invite aussi à transmettre et à donner sa vie au monde. Notre vie est appelée à devenir totalement eucharistique, c’est-à-dire donnée par amour aux autres et au monde. Une vie n’est féconde que si elle est donnée par amour. Si le Seigneur divinise nos vies dans l’eucharistie, c’est pour que nos vies soient les vecteurs de la vie même de Dieu partout où nous sommes, là où nous vivons !

« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ».  Seigneur, nous te remercions de te donner à nous dans l’eucharistie. Donne-nous de vivre de toi et de nous donner à notre tour à nos frères et sœurs, dans l’Eglise et dans le monde. Amen.

Homélie du Père Joseph du XX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-19T21:11:28+02:00
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