Mes chers frères et sœurs, chers paroissiens et chers amis !
Ca y est ! Pour vous et pour moi-même, c’est une nouvelle étape ! Le Seigneur veut l’écrire pour nous avec nous. Il est bien l’auteur de tout ce que nous faisons même si parfois nous nous comportons comme ces invités qui pensent que les premières places leur reviennent. Vivre les événements dans la foi, c’est apprendre chaque jour que c’est au Seigneur que revient la première place. C’est donc naturellement à lui que va notre action de grâce, notre gratitude et notre louange car il est Bon pour nous. Rendons toute grâce au Seigneur pour ses bienfaits envers nous, en particulier, pour ce qu’il a fait pour nous et à travers nous depuis ces 6 années où j’ai eu la grande joie d’être votre curé.
Contemplons le Seigneur à l’œuvre en nous et parmi nous, en nous appuyant sur sa parole. « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : ‘Cède-lui ta place’ ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place ».
Nous sommes tous, consciemment ou inconsciemment, victimes de cette logique, de cette manière d’être et de faire qui nous stresse et nous angoisse au quotidien, qui nous pousse à viser toujours plus haut, faire des conquêtes, rassembler et amasser les trophées et des médailles, être toujours plus performants, meilleurs compétiteurs, même s’il faut pour cela écraser les autres pour conquérir ces premières places dans la société, au niveau scolaire avec les concours, dans le sport, au travail, la vie de couple, en famille.
Mais il s’agit de la logique du monde. Et comme nous le savons, dans l’Eglise, nous ne sommes pas vaccinés contre cette logique des premières places qui nous empêche de regarder le Seigneur parce que nous passons tout notre temps à nous contempler de manière narcissique et à nous battre pour des places qui nous reviennent plus ou moins, à tort ou à raison. L’évangile de ce dimanche nous invite à évaluer avec justesse la réelle place qui nous revient ?
Cette question de place revient très souvent dans les évangiles. A la veille de sa mort en croix, Jésus disait aux disciples : « Je pars vous préparer une place afin que là où je suis, vous soyez aussi ! Dans la maison de maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon vous aurais-je je pars vous préparer une place ! » Dans un autre passage, Jésus rassure les disciples, les invitant à la joie parce que leurs noms sont inscrits au ciel. Parlant de sa venue, il appelle les justes à recevoir en héritage le royaume préparé pour eux depuis la fondation du monde !
C’est cela que nous devons viser et rechercher en premier. Chacun de nous a la place qui lui revient dans le coeur de Dieu. Personne ne peut se substituer à moi, à toi parce que nous sommes chacun unique aux yeux de Dieu et chacun a une place unique la grande histoire de l’humanité. Personne ne prendra la place qui me revient au ciel, notre mission dans l’Eglise étant celle de travailler, de prier, de tout mettre en œuvre de telle sorte que chacun puisse occuper la place préparée pour lui. C’est cela le salut, la vie éternelle qui est le but ultime et la finalité de notre vie.
En attendant, pendant que nous sommes encore pèlerins ici-bas tout l’enjeu est alors de discerner et prendre la place qui nous revient, celle que le Seigneur nous donne et qui est la nôtre dans l’Eglise et dans le monde. Cet exercice n’est pas facile et nécessite l’aide du saint Esprit. Pas de besoin de nous battre pour cela ! Pas besoin de rivalité entre nous ! C’est pourtant une tentation naturellement humaine, une réalité bien présente dans nos cœurs. Nous sommes marqués plus ou moins par l’un des 7 péchés capitaux qui s’appelle l’orgueil par lequel le Malin cherche à nous couper de Dieu Créateur, source de tout bien et de toute vie, et à vouloir prendre sa place, comme on peut le voir à notre époque où l’humain veut remplacer Dieu, et où tous les coups sont permis pour occuper les meilleures et premières places, même s’il faut pour cela faire du mal et écraser les autres.
Alors, en cette messe d’action de grâce, nous sommes invités à nous regarder personnellement, mutuellement et surtout de regarder l’œuvre de Dieu avec humilité. Le curé d’Ars disait en effet que l’humilité est la plus grande des vertus. C’est l’humilité que le Christ nous apprend à travers le mystère son incarnation. De nature divine, il s’est humblement et par amour fait l’un de nous en prenant place parmi nous afin qu’un jour nous prenions notre place au sein de la communion trinitaire.
L’humilité est aussi la vertu que saint Paul nous appelle à vivre dans nos relations ecclésiales : « Ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres. » (Phil 2, 3-4). Lors de la première eucharistie dont nous faisons mémoire chaque jour, Christ nous laissé un témoignage d’humilité dans le geste du lavement des pieds le jeudi saint : « Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se remit à table. Il leur dit alors : « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13, 12-15). La mort en croix, à la place des pécheurs que nous sommes est le geste d’amour et d’humilité par excellence révélé par le Christ crucifié.
C’est donc avec humilité et plein de reconnaissance envers Dieu et envers vous que je regarde ces 6 années où j’ai essayé d’être au service, en prenant pleinement la place qui me revenait parmi vous comme votre pasteur. Cette mission, je n’ai pu la remplir que grâce à vous, grâce à chacun de vous qui, je le répète encore, êtes la plus grande richesse de l’Eglise. Une communauté sans les fidèles n’existe pas ! Les pasteurs que nous sommes sont au service de la croissance humaine et spirituelle du corps ecclésiale en chacun de ses membres, tous importants, chacun tenant la place qui lui revient dans l’Eglise.
L’une de mes priorités pastorales ces 6 années passées avec vous était de permettre que chacun prenne pleinement sa place au sein de notre communauté ! Dès ma messe d’installation dans cette belle salle du Phare (pour laquelle je remercie monsieur le Maire de Tournefeuille, son conseil et tout le personnel qui nous accompagne avec générosité), en présence de Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse à l’époque, je vous l’avais demandé, appelant chacun à prendre sa place au sein de la communauté et à travailler ensemble. Je ne pense pas y avoir toujours réussi, mais j’ai fait de mon mieux, et avec générosité !
J’ai essayé d’aller à votre rencontre, vous appelant à prendre place dans les mouvements, services, groupes ! Je vous ai parfois bousculé et même stressé parfois, mais c’était toujours dans l’objectif de nous permettre de grandir et d’avancer. Lors des célébrations, j’ai essayé de veiller à ce que chacun de nous prenne sa place dans l’assemblée, afin que personne ne soit ou ne se sente exclu, en particulier les nouveaux qui sont de plus en plus nombreux dans nos paroisses. L’Eglise est une famille et chaque membre doit y trouver sa place. La moisson est abondante et il y a de la place pour tout le monde.
Merci pour les sacrements célébrés avec vous et pour vous. Merci à chacun de vous pour votre place dans la mission que nous avons vécue ensemble ! Je n’aurais rien pu faire sans votre aide, votre soutien, vos conseils, votre générosité et vos prières. Certaines épreuves ont été très lourdes ces 6 dernières années mais j’ai toujours bénéficié de votre soutien. Merci pour les liens d’amitié que nous avons pu tisser ! Merci pour les invitations dans vos maisons, les apéros, les temps conviviaux, les camps d’été et les weekends avec les scouts. Merci pour vos maisons accueillantes et généreuses. Je reviendrai, mais non plus comme votre curé, mais en toute amitié et discrètement comme Nicodème qui allait rencontrer le Seigneur en évitant de faire de vague !
J’aimerais tellement dire un grand merci à chacun de vous personnellement. J’ai tellement reçu et appris de vous et parmi vous pendant 6 ans. J’implore la bénédiction du Seigneur sur votre communauté paroissiale dans cette nouvelle étape avec les franciscains de l’Immaculée. Que le Seigneur pose son regard et sa main sur chacun de vous et sur vos familles. Vous avez tellement de place dans mon cœur ! Je compte sur votre soutien et vos prières. Que le Seigneur vous donne de trouver votre place dans son Cœur Sacré ! Que le saint Esprit vous donne aussi de laisser le Christ prendre pleinement sa place dans vos cœurs. Amen.