Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé est assez révélateur, il est un peu comme un test. Dans le sens où nous avons une tendance en nous qui n’est pas très consciente et que cet Evangile révèle.

Il s’agit d’une tendance à voir Dieu comme quelqu’un qui est occupé à nous récompenser ou à nous punir, à nous faire des reproches, qui nous attend au tournant, un peu comme un père fouettard – en exagérant.

Et ce qui va avec cette première tendance, c’est notre tendance à penser que nous méritons les dons que nous recevons, que certains d’entre nous ont des mérites et d’autres pas ou que certains sont préférés par rapport à d’autres…

C’est le ressort de beaucoup de situations et de récits dans l’Ancien Testament, et cet Évangile nous prend un peu sur le fait de penser de cette manière.

Le Seigneur nous fait remarquer qu’un seulement sur les dix lépreux est revenu en glorifiant et louant Dieu et nous, nous nous prenons à penser que le Seigneur fait son éloge tandis qu’il ferait des reproches aux neuf autres…

En réalité le Samaritain n’est pas tenu d’obéir à la loi, tandis qu’elle oblige les neuf autres à aller se montrer aux prêtres et Jésus lui-même leur commande d’y aller.

Il est vrai qu’ils pourraient tous faire demi-tour, remercier Jésus et repartir – mais en fait il ne s’agit pas de cela…

Tout d’abord il faut rappeler que le Seigneur est le Fils éternel de Dieu, il est le Fils de toute éternité, de toute éternité il reçoit tout du Père et il le loue, le glorifie et le remercie. Et dans sa vie terrestre de même il a passé son temps à contempler et louer Dieu et son œuvre dans la Création et dans les évènements de chaque jour.

Vous vous souvenez des paroles de Jésus dans l’Évangile : Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux intelligents et aux habiles et tu les as révélées aux tout-petits… C’est ce que fait le Seigneur continûment, il loue le Père – et c’est présentement ce qu’il fait maintenant et partage avec nous, la louange, l’émerveillement devant le don du Père.

Quand il nous dit qu’un seul est revenu louer et glorifier Dieu à la différence des neuf autres, il attire notre attention sur le fait qu’un seul sur les dix a reçu le don de la foi.

Il lui dit Ta foi t’a sauvé, c’est-à-dire Tu as reçu le don de la foi qui seul peut sauver, réaliser pleinement votre nature, réaliser ce pour quoi vous êtes faits et que seul Dieu peut vous donner.

Le don de la foi c’est le don d’une relation personnelle avec Dieu, d’une relation de personne à personne qui existe normalement seulement dans la Trinité, entre le Père et le Fils éternels.

Et cette relation il nous est donné à nous de l’avoir, c’est le don de la foi, d’une relation où comme Jésus nous sommes appelés à glorifier et à louer Dieu avant toute chose.

C’est ce que Jésus souligne dans cet Évangile, il nous dit Regardez le don de Dieu, sur les dix un seul a reçu ce don, c’est un don extraordinaire qu’il ne faut pas banaliser, et qui est reçu par cet homme qui se met à son tour à louer Dieu.

C’est tout, le Seigneur nous entraine à la louange à notre tour…

De même dans cette assemblée, si vous êtes venus aujourd’hui c’est parce que vous avez reçu le don de la foi, tandis que votre voisin de palier ou dans votre rue ne l’a pas reçu.

Il n’y a pas de mérite à cela, c’est un don gratuit, mais c’est un don qu’il faut recevoir et là il peut y avoir une différence. Le don il faut vraiment le recevoir, c’est notre rôle, c’est la part que nous avons à jouer.

Si le Seigneur nous bénit, est-ce que nous recevons pleinement cette bénédiction si nous ne bénissons pas à notre tour, est-ce que nous nous la recevons vraiment ? Si Dieu nous pardonne est-ce que nous recevons vraiment son pardon si nous ne pardonnons pas nous-mêmes ?

Il faut vraiment recevoir les dons de Dieux, il n’est pas suffisant qu’il nous les donne.

Si le Seigneur nous donne la foi, le don d’une relation filiale, personnelle avec lui, est-ce que nous le recevons vraiment, à tous les effets, si nous pensons que le Seigneur récompense nos mérites et blâme ceux qui n’ont pas reçu le même don ?

Si nous voulons vraiment recevoir le don de Dieu, alors le Seigneur nous enseigne à nous émerveiller, à louer Dieu à notre tour, à le glorifier et à le remercier.

Glorifions Dieu, remercions-le pour le don qu’il nous a fait, sans nous en attribuer le mérite ni le retirer à qui que ce soit, ainsi nous rendrons témoignage de qui il est véritablement et de ce qu’est vraiment la relation avec Lui.