« Aujourd’hui, Dieu est entré dans notre quotidien »

Frères et sœurs,

Noël n’est pas d’abord une date sur le calendrier, ni une parenthèse de douceur au cœur de l’hiver.
Noël est un événement, et même plus encore :un choc d’amour, le bouleversement silencieux par lequel Dieu change la manière d’être Dieu…pour changer la manière d’être homme. L’Évangile ne dit pas : « Autrefois, il vous est né un Sauveur » mais : « Aujourd’hui » (Lc 2,11).

Aujourd’hui, Dieu n’est pas ailleurs.

Aujourd’hui, Dieu n’est pas au-dessus.
Aujourd’hui, Dieu est , dans la chair fragile d’un enfant.

  1. Noël : Dieu choisit la petitesse

Le premier scandale de Noël, c’est celui-ci : Dieu n’a pas peur d’être petit. Il ne vient pas avec des éclairs, il ne s’impose pas par la force, il ne crie pas pour se faire entendre.

Il vient dans le silence, dans la dépendance, dans la fragilité d’un nouveau-né.Saint Augustin l’exprimait avec une force saisissante : « Celui qui tient l’univers dans sa main a eu besoin des bras d’une mère. »

Frères et sœurs,
ce mystère n’est pas une poésie… c’est une révélation. Dieu nous dit ainsi : « N’aie pas honte de ta fragilité.N’aie pas peur de tes pauvretés.C’est là que je viens demeurer. »

  1. Un témoignage : quand Noël convertit un cœur

Un prêtre racontait l’histoire d’un homme, cadre supérieur, éloigné de l’Église depuis plus de vingt ans. Il venait à la messe de Noël uniquement pour faire plaisir à sa mère. Ce soir-là, en regardant la crèche, il a été frappé par une pensée toute simple : « Si Dieu est capable de se faire aussi petit…alors peut-être qu’il peut encore m’aimer, moi. » Il dira plus tard : « Ce n’est pas un sermon qui m’a touché, c’est un enfant couché sur de la paille. J’ai compris que Dieu ne me jugeait pas de haut, mais qu’il me regardait d’en bas, avec tendresse. ».Ce fut le début d’un chemin de conversion. Noël a ce pouvoir-là : non pas d’éblouir, mais de désarmer.

  1. Noël : Dieu entre dans notre “aujourd’hui”

Frères et sœurs, Noël ne nie pas nos réalités : les familles blessées, les solitudes, les deuils, les angoisses économiques, les guerres, les cœurs fatigués.  Dieu ne nous sauve pas de l’extérieur, il nous sauve en entrant dedans.

Je ne sais pas si vous entendu parler une fois de Dietrich Bonhoeffer, il était un théologien, pasteur et résistant allemand au nazisme, né le 4 février 1906 à Breslau (aujourd’hui Wrocław, en Pologne) et mort exécuté le 9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenbürg, en Allemagne. Il écrivait, depuis sa prison : « Dieu ne vient pas supprimer la souffrance, mais la remplir de sa présence. » Voilà le cœur de Noël : Dieu n’enlève pas la nuit, il y allume une lumière.

  1. Un second témoignage : la foi retrouvée dans la nuit

Une femme racontait son premier Noël après la perte de son mari. Tout lui semblait vide, artificiel, presque insupportable. Elle est entrée dans une église tard le soir. Personne. Juste une crèche. Et cette phrase a jailli en elle : « Lui aussi est né dans la nuit. »Elle dira ensuite : « J’ai compris que Dieu ne me demandait pas d’aller bien, mais simplement de lui faire une place, comme Marie et Joseph l’ont fait, sans comprendre. »

Frères et sœurs, Noël ne supprime pas la croix…mais il lui donne un sens.

  1. Noël aujourd’hui : et si Dieu frappait à notre porte ?

Le mystère de Noël nous pose une question simple et redoutable : où Dieu peut-il naître aujourd’hui ?

– Peut-être dans une relation à réconcilier.
– Peut-être dans un pardon à offrir.
– Peut-être dans une foi fragile mais sincère.
– Peut-être dans une pauvreté assumée.

Charles Péguy écrivait : « Le chrétien est celui qui croit que Dieu a assez aimé le monde pour s’y faire enfant. »

Conclusion

Frères et sœurs, ce que nous célébrons aujourd’hui, ce n’est pas un souvenir attendrissant,
c’est une présence vivante. Aujourd’hui, Dieu choisit encore de naître là où on ne l’attend pas.

Alors, en quittant cette église, emportons cette certitude simple et bouleversante :  Si Dieu a osé devenir petit pour nous rejoindre, alors aucune de nos nuits n’est perdue, aucune de nos pauvretés n’est inutile,
aucune de nos vies n’est trop abîmée pour être sauvée.

Aujourd’hui vous est né un Sauveur. Aujourd’hui encore. Pour vous. Pour nous.