À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du XI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Nous vivons dans l’époque de l’hyper-connexion, avec nos moyens et réseaux qui nous font vivre matraquage médiatique qui façonne notre manière penser et de voir le monde et les événements. Au-delà de la pollution de la planète que cela peut causer (internet pollue beaucoup, parait-il), Internet peut aussi causer une sorte de pollution intellectuelle et spirituelle en formattant notre vision du monde et de l’humain.

A cause de cette pollution médiatique et globale, nous ne savons plus voir les nombreuses merveilles tellement évidentes sous nos yeux ! Nous tellement le nez et les yeux dans les écrans dès le lever que nous ne savons pas voir un beau lever ou coucher de soleil, la beauté des fleurs en cette saison de printemps, un paysage exotique, remarquer le sourire sincère du matin du collègue râleur que nous n’avions pas vu depuis longtemps à cause du télétravail. Nous avons du mal à nous émerveiller de la beauté de la nature, les chants d’oiseaux…

Je pense toujours à ce jeune couple normand et leurs trois enfants que j’ai rencontrés il y a quelques années pendant mes vacances à Bukavu. Partis en coopération pour avec Fidesco, ils m’ont raconté combien ils ont réalisé que la vie d’une petite famille aristo française n’était pas toujours facile à Bukavu, dans ce Kivu en proie à la guerre et autres misères depuis des décennies.  Nous avions beaucoup échangé sur les difficultés rencontrées dans leur mission de coopérant, difficultés accrues à cause du décalage culturel. C’était un moment difficile pour eux. En se quittant le soir, je leur ai promis de prier pour eux. Le lendemain, ils m’envoyaient un texto et une photo du lever d’un beau soleil sur le lac Kivu, prise à partir du balcon de leur maison, avec ce message : « Père Joseph, un grand merci de nous avoir écouté hier ! Oui, ce n’est pas toujours facile, mais, vivre avec ces gens toujours souriants. C’est tellement merveilleux. N’est-elle pas belle la vie ! Nous avons la chance de nous lever chaque jour avec un beau lever de soleil sous ce beau lac Kivu et nous rendons grâce à Dieu ! »   Ne fut-ce que cela faisait pencher la balance dans la décision de rester et prolonger leur mission malgré les toutes les autres difficultés vécues.

Sachons reconnaître les merveilles que Dieu nous donne à voir à travers les petites choses du quotidien, la nature, les rencontres, les petits détails de la vie qui sont comme cette graine de moutarde, ou cette semence jetée en terre de la parabole qui nous invite à la fascination devant l’œuvre de Dieu qui est le semeur. Depuis quelques jours, nous nous appuyons sur cet évangile déjà plusieurs fois déjà, en particulier, avec les différents groupes KT lors des réunions de bilan et relecture de fin d’année. Nous essayons de voir ce que Dieu fait grandir en nous adultes et chez les enfants à travers le KT ou en aumônerie.  Soit qu’il veille ou qu’il dorme, cette semence germe et grandir sans savoir comment.  « D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. » Dieu est présent dans les petites choses, même dans celles qui peuvent paraître comme des échecs ou des épreuves.  Jésus nous redit qu’en dépit des épreuves ou des sentiments d’échecs, Dieu est toujours à l’œuvre, et nous conduit patiemment, humblement, par des voies inattendues à la plénitude de la vie.

En fin d’année pastorale, contemplons ce Dieu présent qui agit et travaille en nous, par nous et autour de nous pour faire grandir son royaume. Et je le dis d’autant plus que nous risquons de focaliser notre attention sur ce qui nous plombe déjà le moral, ce qui nos attriste et nous blesse actuellement au lieu de regarder comment le Seigneur nous conduit, nous libère et nous fait grandir au-delà des fatigues et découragements comme ces déportés à Babylone de la première lecture dont nous parle Ezéchiel ?

Comme je le disais, je fais beaucoup de réunions de bilan et relecture actuellement avec les différentes équipes et services. J’ai été marqué par les catéchistes de CE1 par exemple.  Un constat revient : découragement et fatigue des bénévoles à cause de plusieurs éléments, le manque d’implication de certains parents qui sont même prêts à payer une catéchiste au lieu de s’impliquer dans le KT deux ou trois fois dans l’année, qui ne répondent pas aux mails, le manque d’intérêt de certains enfants. Certains catéchistes se culpabilisent même de n’avoir pas des résultats excellents, le retour sur investissement immédiat de ce que ce qu’ils ont fait et enduré…  Conséquence : certains catéchistes sont tentés de jeter l’éponge.

Dans ce contexte, Jésus nous rassure à travers ces paraboles et nous invite à jeter la semence de sa Parole, dans le cœur de ces enfants, parents, familles, catéchumènes, néophytes, confirmands, confirmés, jeunes scouts ou de l’aumônerie, fiancés, famille en deuil de manière généreuse et sans compter. Le pape François, nous invite à sortir et jeter la semence, sans nous préoccuper des calculs des bilans comme les experts comptables. Avec le Seigneur, la logique comptable ne marche pas, car il n’est pas un bon comptable, sinon il mettrait chaque jour le doigt sur nos déficits ! Nous sommes tellement médiocres par rapport à lui, loin du compte.

Il nous appelle à parler, travailler pour lui et avec lui, témoigner, prier, simplement et en vérité. Les résultats ne dépendent pas toujours de nous ! D’autres facteurs comme, la qualité de la terre, du climat, de l’ambiance familiale, sociale et ecclésiale, de la liberté personnelle… Nous ne sommes que des disciples en mission, mais l’Esprit du Christ nous accompagne et nous précède. Il nous faut la grâce de la patience pour vaincre la tentation de tout maitriser, de tout contrôler, de tout programmer.  L’orgueil qui nous fait penser que tout dépend exclusivement de nous, de notre efficacité. Nous faisons des prévisions, même en ce qui concerne l’action de Dieu. Quand ça ne marche pas, nous disons que Dieu n’a rien fait, alors que nous avions tout planifié sans lui demander son avis !  A cause de la fatigue et de l’échec, nous pensons que Dieu est absent, avec le risque de douter de lui et de nous-même. Laissons faire Dieu, soyons sereins et confiants, patientons, et entrons dans la logique de cette parabole.

La vie dans l’Esprit, celle dont Dieu est maître, la naissance et la croissance du Royaume, se fait par petits pas, par petites touches, par petits signes. En nous, dans nos familles, dans l’Eglise, au sein de notre communauté, dans le monde, des petits gestes d’amour, de petits engagements pastoraux, des petits pas franchis, un petit don venu du cœur, une petite ouverture aux autres et au Seigneur, tout cela conduit timidement, progressivement à de grandes réalisations, à des résultats surprenants. On dit que ce sont de petits ruisseaux qui font les grands fleuves.

L’Eglise est née d’une petite communauté de 12 apôtres autour de Jésus, une petite communauté persécutée mais croyante dès le premier siècle, mais qui a transformé l’histoire, malgré ses fragilités et ses erreurs. Aujourd’hui, le monde a encore besoin des chrétiens. Ne dites pas que nous sommes minoritaires dans la société.  Il nous faut seulement témoigner simplement, humblement. C’est la dynamique de Dieu : elle est simple, humble et concrète. Que Seigneur ouvre nos yeux aux petits signes de sa présence en nos vies et nous donne la grâce de la patience qui fait grandir l’espérance. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-06-21T15:16:22+02:00

Le Conseil Pastoral paroissial et notre vision pastorale

En octobre 2022, nous avons vécu un temps fort, l’assemblée diocésaine qui a eu lieu à Pibrac.  Une année plus tard, le 15 août 2023, notre archevêque, Mgr Guy de Kerimel, a publié sa première lettre pastorale « L’Eglise de Toulouse, Famille de Dieu envoyée en mission ».  Ces deux événements ont donné un souffle nouveau à tout notre diocèse de Toulouse. Notre archevêque nous a rappelé l’importance d’être une famille ecclésiale dans laquelle chacun prend toute sa place et où nous nous soucions les uns des autres, collaborant à construire et faire grandir le Royaume de Dieu là où nous sommes et tout particulièrement dans les paroisses. Ministres ordonnés, membres de la vie consacrée, fidèles laïcs, nous sommes dans la même barque, conduite par le Christ qui nous conduit.

Mais, où veut nous conduire le Christ ?  Cette question a été au cœur du travail du tout nouveau Conseil Pastoral Paroissial mis en place à l’invitation du notre archevêque. Ce conseil – qui est différent de l’EAP – est composé d’une trentaine des personnes : des prêtres, diacre, religieuses, laïcs, responsables ou membres des services, groupes, mouvements, associations de nos 5 paroisses. Nous nous sommes réunis 4 fois à L’Oustal, accompagnés par Michèle Maraval du service diocésain de formation pour réfléchir sur la question de la vision pastorale, c’est-à-dire, chercher ensemble où le Seigneur veut nous conduire comme communauté paroissiale. Pendant ces quatre rencontres, nous avons fait connaissance. Nous avons écouté la Parole de Dieu et prié ensemble. Nous nous sommes mis à l’écoute les uns des autres, dans un climat fraternel, joyeux et respectueux de la parole de chacun. Nous avons posé un regard de vérité sur la réalité de notre communauté pour nous réjouir de ce que le Seigneur accomplit parmi nous, des belles choses que nous vivons. Nous avons aussi pointé nos manques et nos pauvretés, grâce aux 5 Essentiels pour la croissance de la mission (l’Adoration et la louange, Belle communauté grâce aux liens fraternels, la Charité dans le Service, le Devenir disciples par la Formation et l’Evangélisation). Nous avons aussi émis et exprimé nos rêves pour notre communauté, ce que nous aimerions voir naître et se développer.

Ces rencontres et tout ce travail nous ont aidés à construire une vision pastorale pour notre ensemble paroissial, confiants que c’est là que le Seigneur veut nous conduire. Cette vision n’est pas seulement celle du curé, de l’EAP, du conseil pastoral. Elle est la vision de toute notre communauté paroissiale et a besoin de chacun de nous pour être effective et concrète. Voici les termes de notre vision pastorale :

« Nous désirons bâtir ensemble une Église – famille de Dieu, où chacun est accueilli et accompagné personnellement, avec une attention aux plus faibles.

Nous voulons témoigner de la joie de l’Évangile qui nous fait vivre et annoncer le Christ à tous.

Nous voulons construire une communauté paroissiale unie dans la diversité, qui grandit à travers la participation de chacun de ses membres. »

Trois petites phrases où chaque terme est important. Les mots soulignés mettent l’accent sur ce qui est revenu le plus souvent. En automne, nous nous réunirons en grande assemblée paroissiale afin rendre grâce pour cette vision pastorale et voir ensemble les modalités de mises en œuvre concrètes à travers des projets et des actions portés par tous les groupes, services, mouvements et à travers chaque membre de notre communauté. Cinq personnes formeront le Bureau du Conseil Pastoral Paroissial. Il s’agit de Frédéric L, Benoît L, Annie T et Nathalie F et moi-même. Notre mission sera de proposer des sujets et de préparer les rencontres du conseil pastoral qui se réunit 4 fois par an.

Je dis un grand merci à chaque membre et rends grâce pour que ce que chacun a apporté cette année et apportera pour que grandisse notre communauté, la famille de Dieu qui est sur l’ensemble paroissial de Tournefeuille.

 

Le Conseil Pastoral paroissial et notre vision pastorale2024-05-31T15:53:22+02:00

Homélie du Père Joseph du X° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus rassemble de plus en plus de monde autour de lui. Il parle de Dieu de manière extraordinaire et fait autorité par son enseignement car tout le monde s’aperçoit qu’il est différent des autres rabbins, scribes et les pharisiens. Il accueille tout le monde !  A ses côtés, tout devient tellement simple. De gens témoignent qu’ils ont été guéris par ses paroles, son toucher, son regard. Cependant, Jésus est littéralement mangé par la foule. Toujours disponible, il reçoit et écoute tout le monde. Il n’a même plus le temps de manger et il saute très souvent les repas ! Il ne demande pas d’argent, ni de rémunération, ni de contrepartie pour les services rendus, et ne revendique aucun privilège ! Tout cela est bizarre, décidemment. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez ce type. « Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient :« Il a perdu la tête. ». Une personne normale ne peut agit de cette façon !  D’accord, nous sommes dans le domaine religieux. Mais, quand même !

Même si la Galilée, cette terre métissée, est loin et que beaucoup de juifs aimeraient bien l’abandonner à son propre destin païen, de Jérusalem sont envoyés quelques scribes pour enquêter, analyser ce nouveau phénomène et faire un rapport. Les responsables du temple nouvellement reconstruit et la naissante classe sacerdotale s’arrogent le droit de délivrer des autorisations et brevets pour enseigner. Aujourd’hui encore, malheureusement, certains dans l’Eglise préfèrent faire le gendarme, le douanier, comme dit le pape François, et contrôlent les documents plutôt que de se réjouir de la fantaisie du saint Esprit qui souffle de manière inattendue. Les contrôleurs-douaniers ont juste besoin d’un coup d’œil pour certifier, tamponner le document. Ils ne posent pas des questions, ne demandent ni ne parlent à la personne contrôlée. Ils jugent et certifient à coup d’œil, et basta ! Pour eux, Jésus est sûrement possédé par un démon ! Quelqu’un qui parle de Dieu et qui guérit gratuitement, sans rien demander, celui-là a certainement perdu la tête, il est sous-emprise du démon.

Pour les scribes, Jésus chasse les démons parce qu’il est lui-même un démon. Quelle bêtise ! Jésus, lui, au lieu d’envoyer balader ces scribes, le voici qui cherche à argumenter, à les faire réfléchir et revenir à la raison ! « Comment Satan peut-il expulser Satan ?  Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir.  Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui ».

Oui, si Satan commence à fuir et à trembler, c’est parce que quelqu’un de plus fort est arrivé, une lumière plus forte que les ténèbres du Malin. C’est tellement simple et évident ! Juste du bon sens. Mais l’évidence et le bon sens ont rarement pris le dessus sur l’obstination. Alors, Jésus explique et réexplique ! Ne pas reconnaitre dans ses actions l’œuvre de Dieu, ne pas y saisir l’agir de Dieu, voici ce qui s’appelle « blasphème impardonnable ».

Si vous êtes vraiment sur les traces de Dieu, préparez-vous être incompris par votre famille et vos proches qui vous trouveront bizarres parce que le saint Esprit a mis en vous la passion pour les choses de Dieu. Même à l’intérieur de l’Eglise, une conversion profonde risque de choquer et vous faire passer pour un fou, un illuminé. Mais, n’ayez pas peur : l’homme fort, le Seigneur, que nous invoquons, prions, suivons, aimons, que nous accueillons et que nous écoutons est capable de chasser toutes ténèbres, tout démon. Sois seulement patient si quelqu’un te prend pour un fou de Dieu. Le Malin peut penser avoir gagné, le Seigneur finit par le démasquer et l’écraser.

La notoriété de Jésus en prend un bon coup, évidemment ! Parce que de Jérusalem les chefs ont décrété par jalousie que non seulement Jésus n’est pas autorisé à ce faire ce qu’il fait, et pire encore, qu’il est fils de Belzébul, beaucoup de gens s’éloignent de lui. Ça, c’est le pouvoir du pouvoir qui simplifie les choses, s’impose avec autoritarisme en empêchant les personnes de réfléchir et d’être libres.

Jésus nous apprend à être fils et filles de Dieu, libres et capables comprendre. Il nous rend notre dignité, sans déléguer à d’autres nos choix, sans aplatir ni écraser notre conscience. La nouvelle de l’excommunication de Jésus est arrivée dans les montagnes de Judée. Sa famille, embarrassée, se précipite sur le lac pour aller le récupérer. Jésus est devenu la honte de sa propre famille. Il faut le ramener à la maison. Pour être plus forts et plus convaincants, le clan a amené aussi, Marie, sa mère. Cependant, Jésus ne les reçoit même pas et envoie leur dire qu’il a à présent une nouvelle famille : les disciples qui vivent avec lui et construisent avec lui le Règne de Dieu, ceux qui écoutent et mettent en pratique la Parole de Dieu. Jésus a posé son choix. Si vous suivez Jésus, préparez-vous à accomplir des choix courageux. Le Seigneur est infiniment plus important que nos relations affectives, que nos familles, que n’importe quel rôle ou quelle responsabilité dans la société.

Le Seigneur nous cherche toujours, et faute de nous trouver là où nous devrions être, il nous appelle par notre prénom, comme il le fait avec Adam et Eve au début de la Genèse que nous avons écouté dans la première lecture. Le Seigneur nous invite à fixer notre regard sur les réalités invisibles, la vie éternelle qu’aucun amour sur terre ne pourra nous donner. Il nous invite à accueillir son Amour qui nous libère véritablement des emprises dans et par lesquelles le Malin peut nous enfermer, nous enchaîner. Non, Jésus n’est pas un fou ! Dieu n’a pas perdu la tête ! Il n’est pas possédé par le Malin, mais il nous prévient que le Malin est toujours à l’œuvre dans ce monde et qu’il peut nous faire du mal, beaucoup de mal, sans nous en rendre compte, en embrouillant notre discernement, notre conscience parce que le Malin a cette faculté de mettre de la confusion, en faisant passer le mal pour le bien, le malheur pour le bonheur.

En ce temps triste que nous traversons, demandons à Jésus de terrasser Belzébul, de démasquer Satan qui semble se glorifier et se réjouir du mal qu’il nous fait. Prions chaque jour pour que le Seigneur nous libère et libère tous ceux qui sont sous emprise du Malin et toutes ces personnes que Satan utilise pour nuire aux enfants de Dieu. Amen.

Homélie du Père Joseph du X° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-06-07T11:57:39+02:00

Homélie du Père Joseph de la fête du Saint Sacrement, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean reporte un discours prononcé par Jésus après la multiplication des pains. Ce discours est comme une explication du grand miracle qui venait d’être accompli. Jésus y rappelle le sens de l’eucharistie, parce que dans son évangile, saint Jean ne parle pas de l’institution de l’eucharistie mais seulement du lavement des pieds.

Je vais reprendre quelques versets des paroles du Christ : « Moi, je suis le pain de la vie.  Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde… Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6, 48-51 ;54-56)

La suite nous décrit le vide qui s’était fait autour de Jésus : « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »  Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Nous retrouvons la réponse à toutes ces questions lors de la Dernière Cène : « Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.  Faites cela en mémoire de moi »

Nous avons là des paroles dites et des gestes posés comme tels depuis plus de deux mille ans, chaque jour, chaque dimanche lors de la célébration de la messe, en obéissant ainsi à l’ordre donné par Jésus. Chaque messe célébrée rend actuelle et réalise ce qui s’est passée lors de la dernière Cène, sanctifiant ainsi l’assemblée qui célèbre. La question importante est de savoir pourquoi avons-nous besoin d’une fête particulière pour ce que nous célébrons chaque jour à la messe ? En fait, nous savons tous le risque d’un geste posé chaque : tomber dans l’habitude, dans la routine et perdre tout son sens et sa signification. Trop de familiarité avec une personne, un geste, un rite risque de nous perdre de vue qui est cette personne, quel est le sens profond de tel geste ou rite. Par exemple, quelqu’un qui habite Lourdes, Fatima ou Rome risque de sous-estimer la place imminente de ces lieux saints alors qu’au bout du monde, on rêve d’y venir en pèlerinage.

L’eucharistie coure le même risque. C’est pour cette raison que l’Eglise a institué la fête du très saint sacrement pour réveiller nos âmes, nos consciences et nous rappeler que chaque fois que la messe est célébrée, c’est Jésus lui-même qui se rend réellement présent dans son corps et son sang à travers le pain et le vin consacrés. C’est le concept théologique de la transsubstantiation c’est-à-dire, la fait que le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ.

Le Concile Vatican II rappelle que l’eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne qui y puise sa force et sa vitalité pour s’engager dans le monde et porter du fruit. La messe est la modalité par excellence par laquelle Jésus se donne à nous. Alors, si c’est le cas, comment est-il possible qu’il soit difficile de participer massivement et avec foi à l’eucharistie ? Nous entendons parfois comme raisons ou excuses que nos messes ennuyeuses, les assemblées pas toujours sympathiques et accueillantes, les homélies pas toujours brillantes et de qualité, nos chants ne sont pas assez joyeux et dynamiques…

Ces raisons et excuses sont compréhensibles, mais insuffisantes car elles oublient ce qu’est vraiment la messe : lieu où Jésus lui-même se donne, indépendamment des chants, de l’assemblée, de l’homélie, de l’accueil des assemblées…. D’ailleurs, c’est parce que ce qui se réalise à la messe est tellement énorme et important que nous devons soigner et célébrer avec foi et joie, fournir des efforts pour que nos chants, nos gestes, nos paroles, nos homélies pour être à la hauteur de l’enjeu de la messe.

Des gens viennent demander le mariage, le baptême, ou un autre service à l’Eglise et qui disent : « j’ai la foi, mais je n’ai pas besoin, je ne sens pas le besoin d’aller à la messe ! ».  Ce sont des paroles des anorexiques de la foi : la personne victime d’anorexie ne sent ni le besoin ni l’envie de manger…Son corps privé de nourriture dépérit à petit feu s’en rendre compte. Il suffit pourtant alors de manger un peu pour avoir encore un peu force et vigueur. De même, certains baptisés sont devenus « anorexiques dans leur vie de foi » parce qu’ils n’ont perdu l’envie, le besoin plus envie de participer à la messe, se privant ainsi de cette nourriture essentielle pour grandir dans la relation avec Dieu et avec les autres membres de l’Eglise. Nous avons besoin de cette nourriture pour avancer dans la vie notre vie et affronter certaines épreuves de la vie par la force que Dieu seul peut nous donner.

Participer à la même eucharistie, communier à la même coupe, au même pain eucharistique resserre nos liens fraternels et fait de nous les membres unis formant le même Corps du Christ. Malheureusement, que des divisions entre chrétiens à cause leur caractère, leur responsabilité, les petites jalousies, querelles de pouvoir, les égos forts, les appartenances politiques, surtout en ce moment des élections. On se catégorise chrétien de gauche ou de droite, conservateurs, progressistes, conciliaires, enthousiastes, observants, traditionnalistes.  Même les prêtres n’échappent pas à ces divisions : il suffit de participer à un repas ou une réunion pastorale entre prêtres pour s’en rendre compte : parfois les tons montent, des débats houleux sur la tradition, l’orthodoxie, la fidélité aux rubriques du Missel, la sensibilité liturgique, les options pastorales différentes… ! Et pourtant, nous célébrons tous la même eucharistie qui construit l’unité et nous invite à remettre le Christ au centre de notre vie. L’Eglise n’est un club de gens parfaits, mais une communauté des gens différents réunis autour du Christ et nourris du même pain et abreuvés à la même coupe. L’eucharistie est un catalyseur d’unité et de communion, malgré nos différences.

Tel est la signification de la fête du Saint Sacrement. La question importante n’est pas la langue, la formulation, le rite, la forme liturgiquemais grâce de la foi. Il serait mille fois mieux que nos assemblées soient plus accueillantes, chants plus joyeux, plus beaux et plus dynamiques, les homélies plus percutantes et édifiantes ! Attention cependant ! Ne nous faisons pas d’illusion ! De gens ne viennent pas à la messe simplement faute la grâce de foi que c’est Jésus lui-même qui est présent et se donne à nous dans le pain et le vin consacrés. Que la fête de ce jour ravive en nous une foi ardente devant l’eucharistie. Amen

 

Homélie du Père Joseph de la fête du Saint Sacrement, année B (2024)2024-05-30T12:05:48+02:00

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Quelle image avons-nous de Dieu ? Quel visage de Dieu donnons-nous à voir, nous sui sommes chrétiens ? Il nous arrive ou il nous est déjà arrivé d’avoir ou de transmettre une image très terrifiante et assez dégoutante de Dieu. Cette image naît de ce que nous entendons, voyions, nos peurs, les épreuves, des expériences malheureuses que nous vivons…auxquelles nous n’avons pas d’explication rationnelle. Parfois, dans notre dire et notre agir, nous détruisons l’image de Dieu, nous défigurons son visage en parlant mal de lui au point que ceux qui entendent ou nous voient vivre de méfient de notre Dieu au lieu de se rapprocher de lui.

Un Dieu qui laisse mourir de famine les enfants, qui n’arrête pas les guerres, qui laisse faire les criminels, qui semble fermer les yeux devant des épidémies ou qui laisse mourir un enfant d’un cancer, qui ne résout pas et semble impassible devant les nombreux problèmes des hommes, qui laisse la nature se déchainer. Bref, Dieu qui terrorise, terrorisant, terrifiant, impassible et détestable qui ne donne pas envie qu’on l’aime et qu’on s’approche de lui.

Même les athées, ceux qui croient ne pas croire ont une certaine image, une certaine idée de Dieu… parce qu’en fait, ils se sont faits ou alors, nous les croyants, leur avons transmis une idée, une image horrible de Dieu qui les pousse à se décider de ne pas croire.  Parfois il vaut mieux de ne pas avoir un Dieu que d’en avoir une image terrifiante et détestable. La plus difficile des conversions à vivre est le passage de ce Dieu terrifiant que nous portons parfois dans notre cœur au Dieu d’amour révélé dans notre histoire du salut, par le Christ Jésus et dans le saint Esprit.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Amen ! Nous répétons, parfois de manière mécanique et routinière, cette formule ! La solennité de la Trinité Sainte que nous célébrons a été voulue par l’Eglise pour nous rappeler ce que signifie vraiment être chrétien et ce que cette formule implique pour nous.

D’abord, cette formule implique que la foi chrétienne, tout en étant absolument, rigoureusement monothéiste, c’est-à-dire la foi en un Dieu unique, qu’elle est aussitotalement et rigoureusement différente deux autres monothéismes, c’est-à-dire, du Judaïsme et de l’Islam. Rappelons que Jésus a été condamné par les chefs religieuxJuifs parce qu’il disait qu’il était Fils de Dieu, et se faisait ainsi l’égal du Père… Ce qui est un blasphème pour le judaïsme. Quant à l’islam, la foi chrétienne en un Dieu en trois Personnes est considérée comme du polythéisme. Très récemment, un jeune lycéen de la paroisse m’a réveillé par un coup de téléphone un matin pour discuter de la foi chrétienne parce que ses copains musulmans du lycée se moquaient de lui en le traitant de païen parce qu’adorateur de trois Dieux, le Père, le Fils et le saint Esprit. La foi chrétienne est un « monothéisme trinitaire ». Cela veut dire que selon ce queDieu a révélé de lui-même dans l’histoire du salut, et selon l’enseignement de l’Eglise, nous professons notre foi en un Unique Dieu mais en Trois Personnes. Ce sont les PersonnesDivines dont il s’agit dans le Credo et dans la conclusion de toutes les prières liturgiques : « Nous Te le demandons par Jésus Christ ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’Unité du saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen »

Un et Trois : un beau et grand mystère, mystère des mystères, dont découlent tous les autres mystères de notre foi, mystère dépassant les capacités humaines, que nul ne peut comprendre uniquement par son intelligence, mystère accessible seulement par la grâce de la Révélation de Dieu.

La trinité sainte est un mystère insondable. Plusieurs grands esprits, des grands théologiens, aussi brillants les uns que les autres ont entrepris de réfléchir sur la Trinité, de l’expliquer, mais ils n’y sont jamais arrivés car la trinité ne se comprend jamais par le seul biais de la raison humaine. Devant ce mystère ineffable, les explications et paroles humaines sont inadéquates. Notre langage n’est qu’un timide balbutiement limité qui ne peut qu’effleurer cette réalité qui dépasse notre intelligence.

Une anecdote de l’histoire de théologie illustre l’incapacité humaine à comprendre le mystère de la Trinité Sainte. Il s’agit de la tentative de l’un des grands théologiens de l’histoire de l’Eglise, saint Augustin d’Hippone qui nous a laissé l’un le plus grand et le plus beau des traités sur la Trinité sainte, le De Trinitate. On raconte qu’un jour, Saint Augustin se promenait, faisant des va et vient sur la plage, plongé dans une grande réflexion pour s’expliquer et comprendre le mystère de la Trinité. Tout d’un coup, il est intrigué en voyant un petit garçon qui avait creusé un trou dans le sable et avec son petit seau : l’enfant essayait de vider l’eau de la mer pour remplir son trou de sable. « Que fais-tu petit enfant ? », lui demanda saint Augustin. « Je veux vider la mer dans ce trou de sable », lui répondit le petit garçon. « Arrête, mon enfant, comment peux-tu y arriver ? C’est impossible ! Tu ne vois pas que la mer est immense et trop grande pour ton petit trou de sable perméable ». L’enfant lui répliqua : « Et toi, comment peux-tu prétendre contenir l’immensité du mystère de Dieu dans petite intelligence ? ».En fait, c’était un ange qui était apparu à saint Augustin pour lui rappeler  que la trinité sainte est une mystère insondable et inépuisable.

Notre intelligence ne peut contenir le mystère de la Trinité qui n’est compréhensible que par un cœur qui croit et qui aime. Nous ne pouvons comprendre un peu ce grand mystère, que par l’intelligence de notre cœur qui croit. C’est le cœur qui nous aide à comprendre par exemple, que les trois Personnes de la Trinité agissent depuis l’Origine. Le salut de l’humanité n’est pas l’œuvre du Christ seulement, mais des trois Personnes Divines agissant en communion. Jésus ne nous sauve pas en solitaire, comme certains qui aiment, par orgueil, amour propre ou égoïsme, travailler et faire le bien tout seul, sans collaborer avec les autres. Le Père a voulu sauver l’humanité en nous offrant aussi la possibilité de retisser une relation avec lui, relation rompue par le péché originel et actuel. Pour cela, le Père a envoyé son Fils qui, pour réaliser cette mission, a pris complétement la nature humaine. Avec sa mort et sa résurrection, il a racheté l’humanité entière. Il l’a fait une fois pour toute, il y a plus de deux mille ans à Jérusalem.

Cet événement, qui a eu lieu longtemps dans l’histoire et en un lieu donné, éloigné dans le temps et dans l’espace, devient actuel pour chaque être humain, de tout temps et dans tout pays grâce à la troisième personne de la Trinité sainte, le saint Esprit, actif et opérant dans le baptême et la confirmation et dans tous les autres sacrements d’ailleurs qui sont les moyens confiés par Jésus à l’Eglise pour offrir à chaque humain la possibilité de bénéficier et d’accueillir le salut.

La volonté du Père, accomplie par le Fils il y a plus de deux mille ans est poursuivie aujourd’hui grâce au Saint Esprit : Dieu Unique en trois Personnes, intimement uniesmais distinctes, opérant en parfaite communion. Dieu veut nous faire entrer dans la communion trinitaire. Par la prière, à travers la célébration des sacrements, dans nos engagements ecclésiaux et humains, nous pouvons participer à cette communion trinitaire et à l’œuvre des Rrois PersonnesDivines. Jésus a prié pour que nous soyons plongés dans cetteunité-communion trinitaire, entre le Père et le Fils par le Saint Esprit :

« Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». (Jn 17, 21). Nous avons été créés à l’image et à la ressemblance du Dieu unique en trois Personnes : cela veut dire que nous sommes des êtres de relation, communion,  communication vraie, dialogue,  don total de soi, accueil de l’autre, collaboration et amour…Un Dieu communion qui nous révèle que l’égoïsme, la solitudecontredit notre nature profonde car nous sommes faits pour être en relation, pour nous donner aux autres et nous recevoir d’eux , comme dans la relation des trois personnes de la trinité sainte.

Que cette eucharistie nous plonge en profondeur dans cet Océan d’Amour trinitaire et fasse grandir l’unité et la communion entre-nous. Prions en particulier pour les enfants et adolescents qui font leur première communion et la profession de foi ce dimanche et le weekend prochain : qu’ils soient intimement plongés dans la communion trinitaire.Amen

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année B (2024)2024-05-26T11:30:27+02:00

Homélie du Père Joseph du dimanche de la Pentecôte, année B (2024)

Chers frères et sœurs !

Quand on est fatigué, après une longue et exténuante journée, on n’a qu’une envie : se reposer, laisser tomber tout le reste que nous renvoyons au lendemain ou à plus tard encore. Imaginez que vous êtes fatigués après, mais votre club préféré de rugby va jouer une finale dans la soirée. Là, c’est comme si nous étions dopés et nous ne ressentons plus notre fatigue ! Nous attendons, surexcités et chaque minute qui passe compte : en attente de l’annonce de la compo, puis du coup d’envoi. Quand nous aimons et quand nous avons envie et plaisir, motivés, nous avons comme des ailes d’aigle, infatigables. Devant l’ordinateur dans mon bureau ou en voiture, j’écoute souvent de la musique : une habitude depuis le collège ! Il y a des musiques que j’aime bien écouter et dès qu’elle est passée, j’ai envie de la relancer, de la réécouter. Le temps passe vite. Mais si la chanson ne me plait pas, j’essaye de vite la passer, zapper pour ne pas l’entendre. Une activité, un travail fait avec envie, plaisir donne forcément une motivation supplémentaire et de la joie.

Dans toute activité, nous avons besoin de cette d’envie et du plaisir pour être réactifs, proactifs et ne pas rester passifs. Il peut nous arriver de faire du bien sans envie ni motivation. Mais quand nous posons de bonnes actions avec envie et motivation, nous y mettons tout notre cœur et cela donne une signification nouvelle à ce que nous faisons. Quand nous prions par exemple, il est possible que nous soyons dans une prière un peu répétitive, routinière : alors, nous prions sans nous arrêter au sens aux paroles, sans être totalement présents et sans implication du coeur. Ça nous arrive dans des moments de sécheresse spirituelle, de désolation. Et là, nous avons besoin d’élan, d’un peu de consolation, de motivation pour gouter à la joie de la prière qui implique tout notre être, en commençant par notre cœur.

En ce jour de la Pentecôte nous rappelle que c’est le saint Esprit qui apporte le désir, le plaisir, la motivation et l’élan dans tout ce que nous sommes et tous ce que nous faisons. Il est capable de transformer aumône que nous faisons à la personne qui se tiens à la sortie de l’église ou au coin de rue en véritable acte de charité, parce qu’il nous permet de poser ce geste avec amour. Il peut transformer notre prière routinière, répétitive en une oraison exaltante qui transfigure notre cœur et notre vie. Par le saint Esprit, les textes de la Bible ne sont plus des simples écrits, des récits à lire mais véritable Parole Vivante de Dieu qui est nourriture pour notre vie. Le même Esprit saint qui a inspiré l’auteur sacré, nous inspire aussi à la lecture de la Bible qui devient Parole vivante pour nous aujourd’hui.

Quand notre péché nous éloigne et nous ressentir moins qu’un esclave, indigne de l’amour d Père, le saint Esprit vient murmurer en nous pour nous rendre capables d’appeler Dieu « abba », c’est-à-dire « papa ». Il atteste que nous sommes enfants de Dieu et met en nous des véritables dispositions filiales en nous faisant nous reconnaitre et nous comporter de nouveau comme fils et filles de Dieu. Lorsque nos corps faiblissent par l’âge ou la maladie, le saint Esprit est capable de nous redonner vie, vitalité et vigueur, comme il l’a fait aux ossements desséchés décrits dans le livre du prophète Ezéchiel (Ez 37, 4-8). L’Esprit saint est capable de nous faire faire l’expérience du ressuscité dans notre vie personnelle et ecclésiale.

Avant la Pentecôte, les apôtres étaient vivants, bien sûrs ! Mais ils étaient comme morts de peur, tétanisés dans cette maison où ils s’enfermaient. Jésus leur avait promis qu’il ne les laisserait pas orphelins, qu’il leur enverrait le saint Esprit, le Paraclet, le Consolateur, l’Esprit de vie et de vérité. Sur la croix, quand Jésus a expiré, il a aussi remis l’Esprit au Père. La résurrection s’est opérée par la force du Saint Esprit. Au soir de Pâques, Jésus avait donné son Esprit aux apôtres pour leur donner le pouvoir de discernement sur les péchés des hommes. « Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

A la Pentecôte, se réalise pleinement la promesse de Jésus : le saint Esprit descend sur les apôtres et transforme fondamentalement leurs vies.  Jadis timides et remplis de peur, les apôtres deviennent intrépides et courageux. Jadis cachés, circonspects, taciturnes, maintenant ils s’explosent et parlent à tous franchement, sans réserve et plein de joie, parlant un langage compréhensible par tous. Jadis titubants, pas sûrs d’eux, maintenant ils émerveillent les habitant de Jérusalem par leur enthousiasme et leur zèle explosif. Certains pensent même qu’ils sont remplis de vin doux, qu’ils sont ivres. Le seul discours de Pierre, d’ordinaire timide, provoque la conversion de bien plus de 3000 personnes… et peut-être même que parmi eux il y en a qui étaient présents et demandaient le crucifiement de Jésus le vendredi saint. Le saint Esprit est passé par là et agit sur eux en leur donnant cette motivation nouvelle, cet élan nouveau qui leur manquaient dans leur mission. Le saint Esprit les instruit et les rend plus conscients de la présence du Ressuscité qui agit à travers eux qui vivent la naissance de l’Eglise.

« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement ». Chaque baptisé a reçu la mission de rendre témoignage au Christ. Prions pour tous les adultes qui vivent « leur Pentecôte » aujourd’hui en recevant le sacrement de confirmation dans l’Eglise, et particulièrement dans notre diocèse et sur notre ensemble paroissial, afin qu’ils soient témoins du Christ. Il y a urgence de témoigner de notre foi dans notre société aujourd’hui.  Rendons grâce pour ces jeunes et adolescents du collège et lycée qui, plus que nous les adultes, ont l’audace de parler de leur foi, d’en témoigner sans complexe. On le voit au nombre de jeunes qui viennent à l’aumônerie et demandent les sacrements de l’initiation chrétienne. Ils se cooptent, se motivent, se soutiennent pour avancer ensemble et oser parler du Christ sans avoir peur. C’est le signe que l’Esprit Saint agit dans la vie de ces jeunes de plus en plus nombreux qui découvrent ou redécouvrent Jésus, qui viennent ou reviennent à la foi.

Prions pour chaque baptisé entende l’urgence du message du Christ de témoigner de lui autour de nous. Que l’Esprit de Pentecôte embrase nos vies, nos communautés, toute l’Eglise et toute l’humanité afin de nourrir en nous l’espérance et nous faire avancer dans la confiance pour nous rassurer et nous guérir de la peur, même quand la réalité semble s’obscurcir. Amen

 

 

Homélie du Père Joseph du dimanche de la Pentecôte, année B (2024)2024-05-17T16:18:19+02:00

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche de Pâques, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs, Jésus nous aime tellement et sa mission principale a été celle de nous révéler l’Amour et la Tendresse du Père.  Uni au Père et l’Esprit, Jésus désire nous plonger dans la communion trinitaire où réside notre joie et notre salut éternels.

Pour cela, il s’est incarné, il est mort et ressuscité, et comme nous l’avons vu à de l’Ascension, il nous a précédé en montant au ciel où il siège à la droite du Père. Cependant, avant de s’en aller, Jésus a voulu et veut que chacun de nous soit à la fois bénéficiaire et acteur de cette communion trinitaire. Bénéficiaire parce que la communion, l’unité, est d’abord une grâce qui nous est donnée de Dieu ! Acteur parce que chacun est appelé à devenir témoin et artisan de communion et d’unité dans l’Eglise et dans le monde.

Pour nous associer à cette mission, Jésus a d’abord commencé par choisir des apôtres. Saint Luc nous dit qu’il le fit après une nuit de prière (6, 12-16). « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître. »  Jésus les choisis après avoir écouté son Père au cours d’une nuit de prière.

Même si c’est les a choisis, Jésus reconnaît que ses disciples sont un don du Père qui vient du Père. Le Père nous confiés à Jésus et nous confie les uns aux autres comme don précieux à prendre soin. Chacun de nous est un cadeau que Dieu fait aux autres au monde et à l’Eglise ! Dieu nous a fait pour être avec les autres ! Oui, c’est le Père qui l’a voulu ainsi, en nous donnant à Jésus, qui à son tour, nous appelle à être avec les autres et vivre du même amour qui vient du Père.

Jésus l’affirme lui-même dans cette grande la prière sacerdotale qu’il adresse au Père avant de quitter ce monde. « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données ». (Jn 17, 6-8)

Le jeudi saint, après Cène, sachant qu’il va quitter ce monde, Jésus s’inquiète du devenir de ses disciples. Même s’il sait que nous sommes un cadeau les uns pour les autres, il sait aussi que ce cadeau est parfois lourd à porter ! Les relations humaines ne sont pas toujours faciles ! Il y qu’à voir les tensions qui peuvent exister même au sein des familles, même dans monastères. Les relations n’étaient faciles entre les disciples non plus. Ils se disputaient parfois, comme on peut le voir à travers les conflits et rivalités déjà en présence de Jésus, et dans la petite communauté chrétienne naissante à Jérusalem.

C’est donc parce qu’il sait que nous sommes faibles et fragiles que Jésus prie pour nous ses disciples afin que nous restions en communion avec lui et entre nous. Il sait que le Malin, le Diviseur est toujours à l’œuvre. Ne soyons pas naïfs ! Le Malin cherche à diviser, à semer la zizanie entre les disciples, à créer des conflits entre eux. Le Malin prend plaisir et se glorifie à travers les divisions, les rivalités, les rancœurs que nous vivons dans nos familles, dans l’Eglise et nos communautés paroissiales. Voilà pourquoi Jésus prie pour notre unité avant de s’en aller au Père, comme nous l’avons entendu dans l’évangile : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous-mêmes ».

Notre unité est fondée dans l’Amour du Père, enracinée dans l’unité et la communion trinitaire dans laquelle nous sommes plongés grâce aux sacrements, en particulier le baptême. Pour réaliser la communion et l’unité, d’auprès du Père, Jésus a envoyé le Saint Esprit, comme nous allons le célébrer dans une semaine à la Pentecôte. Le saint Esprit nous apprend à demeurer dans l’amour du Père et du Fils, à aimer l’Eglise malgré ses défauts, à aimer le monde qui ne marche pas toujours comme nous le désirons, à nous aimer mutuellement malgré les milles raisons que nous pouvons trouver de nous éloigner. Le Saint Esprit vivifie notre foi, nous encourage et avive notre espérance. Il affermit notre foi.

Depuis l’Ascension, nous sommes dans cette neuvaine à l’Esprit saint qui nous conduit vers la Pentecôte. Comme les disciples, nous attendons le Saint Esprit envoyé aux disciples pour affermir leur foi, construire leur unité, chasser leur peur… Nous avons besoin de recevoir et de nous laisser façonner par l’Esprit de Vérité, le Défenseur, l’Avocat et le Consolateur. Une vie chrétienne privée de la présence et de l’action Saint Esprit dépérit forcément.

Invoquons le saint Esprit dans notre prière personnelle.  Invoquons-le tous ces futurs baptisés, ceux n’ont vont recevoir l’eucharistie, la confirmation prochainement. Invoquons l’Esprit sur ceux qui se préparent au mariage. Prions le saint Esprit Consolateur nos familles et nos communautés. Invoquons l’Esprit de Paix sur notre monde, sur toutes ces zones de conflits.

Que le saint Esprit nous enracine chaque jour dans la communion trinitaire pour en témoigner entre-nous et autour de nous. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche de Pâques, année B (2024)2024-05-13T13:25:45+02:00

Homélie du Père Joseph du jeudi de l’Ascension, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dans sa lettre aux Philippiens, saint Paul nous transmet un hymne christologique qui illustre ce que nous célébrons à l’Ascension : « Le Christ Jésus, qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père ». (Phil 2, 5-10)

Quelques versets qui nous indiquent le double mouvement de la vie de Jésus. D’abord l’abaissement par l’incarnation, la « kenosis », la descente du ciel vers la terre qui finit par la mort en croix et la mise au tombeau. La vie chrétienne entre dans ce mouvement descendant parce que le baptême signifie d’abord s’unir au Christ, mourir au péché, faire mourir le Viel homme. Jésus désire faire mourir en nous tout ce qui nous empêche de vivre pleinement dans l’Amour et la Joie véritable dont il est l’Auteur et la Source.

Mais la vie du Christ comporte aussi un mouvement ascendant. Après l’abaissement, il y a la glorification et l’élévation à travers le mystère pascal, la victoire du Christ sur la mort. Cette glorification culmine dans le mystère de l’Ascension. Celui qui s’était abaissé, descendu du Ciel, est exalté et glorifié par son ascension au ciel où il siège à la droite du Père. Saint Paul nous dit que tout être vivant se mettra à genoux devant lui, et que toute langue proclamera que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.

L’Ascension est la manifestation de cette gloire du Christ, montée dans la nuée. Malheureusement, elle nous fait aussi contempler les disciples restés là dans la tristesse parce qu’ils se sentent abandonnés une deuxième fois. La mort en croix avait été perçue comme un premier abandon, la résurrection a été une vraie source ce joie et de réconfort, mais la montée de Jésus au ciel est perçue comme un deuxième abandon par les disciples.

Leur tristesse révèle l’égoïsme humain, de nôtre égoïsme. Nous aimons retenir à nos côtés les gens que nous aimons, pas forcément parce que nous voulons leur bonheur, mais c’est surtout parce que leur absence provoque un vide, un manque en nous. Lors d’un deuil, par exemple, nous pleurons nos morts, pas parce que nous sommes malheureux pour eux : notre foi nous dit qu’avec la mort, nous entrons dans la vie éternelle où il n’y plus ni deuil ni douleur mais seulement la joie et la paix. Donc, théologiquement, spirituellement, nous devrions nous réjouir pour nos morts. Mais nous pleurons quand ils nous quittent, parce que leur présence physique et affective va nous manquer !

Votre enfant vous demande d’aller étudier dans une autre ville à la rentrée, quitter la maison familiale pour prendre un appartement, et cela vous met en crise et vous attriste parce que les parents s’inquiètent pour leurs enfants, et surtout leur départ nous dépossède un peu et nous appelle au lâcher-prise !  Et pourtant nous devrions être dans la joie quand nos enfants deviennent autonomes, responsables…. A titre personnel, quand la plus jeune de mes sœurs, Julienne s’est mariée, alors que je célébrais la messe du mariage, j’ai pleuré de tristesse et par égoïsme, je crois !! Pourquoi ? Même si j’étais heureux pour elle et son mari, je me voyais arriver à la maison en vacances, chaque année, et ne pas la retrouver chez maman… Mes larmes étaient égoïstes car elles exprimaient ce manque de ne plus voir Julienne à la maison pour m’accueillir !

C’est ce qui arrive aux disciples : ils veulent retenir le Seigneur et le garder seulement pour leur petit groupe des privilégiés, dans leur petit territoire de Palestine et dans le petit temps de leur petite histoire juive. Grâce à son Ascension, le Seigneur casse toutes ces limites spatio-temporelles pour se rendre présent à tous et embrasser toute l’histoire toute l’humanité. Parce qu’il est désormais auprès du Père et qu’il n’est plus visible aux yeux de chair, tous les peuples, toute chair, toutes les races, toutes langues, toute culture peuvent le connaître et se mettre à genoux devant lui pour l’adorer. Chaque humain peut le rencontrer et le reconnaître grâce à la Foi. Grâce à l’Ascension, Jésus se donne à toute l’humanité assoiffée de salut.

Avant sa montée au ciel, quand Jésus envoie ses apôtres, il leur dit : « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » Jésus sera toujours là, avec nous. C’est le seul l’Ami Fidèle qui ne nous abandonnera jamais. Mais Jésus ne sera plus visible de manière sensorielle et émotionnelle, mais il présent dans le silence de la Foi, et à travers les sacrements dont le baptême est le premier et le plus grand, il est présent dans l’eucharistie. Sa présence est vivante, certaine, évidente comme il l’a lui-même promis avant de monter au ciel. A nous d’en témoigner.

La fête ascension nous rappelle aussi notre vocation fondamentale : nous sommes citoyens du ciel, parce que le Christ est allé nous préparer une place auprès du Père. Nous sommes appelés à partager la destinée du Christ : partager sa gloire à la droite du Père au Ciel ! Nous sommes faits pour le Ciel, nous sommes citoyens du paradis, appelés à partager la gloire du Christ pour l’éternité. Nous hériterons le Ciel avec le Christ si nous croyons en Lui. En cette fête de l’Ascension, rappelons-nous notre vocation baptismale et témoignons de la présence du Christ vivant en nous et qui nous appelle à vivre au ciel plus tard. Amen.

Homélie du Père Joseph du jeudi de l’Ascension, année B (2024)2024-05-10T09:11:59+02:00

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Bientôt, avec la fête de la Pentecôte, nous allons conclure le temps pascal pendant lequel nous avons été accompagnés, presque au quotidien, par l’évangile selon de saint Jean, le disciple bien-aimé. Au cours du temps pascal, Jésus nous rappelé quelques fondamentaux de notre foi. Dans sa prière sacerdotale, il a prié pour l’unité entre nous : « qu’ils soient un comme nous sommes UN » et a invité à demeurer dans la communion trinitaire.  Il s’est révélé comme le Bon Pasteur, le Vrai Berger qui donne sa vie pour ses brebis, qui connait chacune de ses brebis et qui les appelle chacune par son nom. Dimanche dernier, Jésus nous a rappelé cette communion intime et vitale avec lui et entre nous, à travers l’image de la Vigne et ses sarments. « Mon Père est le Vigneron, je suis la Vigne et vous êtes les sarments » : notre vie ne peut porter du fruit et être féconde que si nous demeurons en lui, solidement attachés, branchés, connectés à lui sans qui nous ne pouvons rien faire.

Ce dimanche, Jésus nous ouvre son cœur passionné et plein d’amour pour nous. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans mon amour ». L’amour qui vient du cœur et qui est une réponse de la liberté. Personne ne peut t’obliger à aimer quelqu’un. L’amour n’est jamais une obligation ni un devoir : « Demeurez dans mon amour », nous dit le Seigneur. Quand on a trouvé le vrai amour, on fait tout pour y demeurer et en profiter pleinement chaque jour. Mais Jésus sait très bien que notre cœur est faible et que nous pouvons nous tromper en nous éloignant de lui, alors, comme on parle l’être aimé, Jésus nous supplie : « s’il te plaît, demeure dans mon cœur, s’il te plaît, laisse-moi t’aimer, reste auprès de moi, ne m’abandonne pas, ne me quitte pas, ne repousse pas l’amour que je désire te donner ». Il est important de le rappeler à quelques jours de la Pentecôte car seul le saint Esprit nous apprend à aimer véritablement.

Nous avons rencontré dans la vie des gens qui résistent, se défendent et se protègent leur cœur contre l’amour. Nous avons vécu des blessures dans l’enfance, des déceptions amoureuses par le passé au point que notre cœur s’est comme renfermé, barricadé et toujours sur la défensive contre l’amour. Chat échaudé ! Nous mettons alors une carapace pour ne pas être atteint par l’amour de l’autre. Le pire, c’est que nous produisons le même mécanisme envers Dieu ! Combien de gens ont peur de se laisser aimer par le Seigneur. Ils entretiennent avec lui une relation simple et politiquement correcte, une relation superficielle et de façade, « en posant des limites et des conditions et en aimant dans une certaine mesure ». Nous essayons de calculer avec lui, ne pas trop lui donner comme si nous avions peur de le regretter plus tard et en sortir blessés comme dans les relations amoureuses humaines. Jésus nous dit pourtant que son Amour nous donne une Joie parfaite…. Ce qu’aucun amour humain ne peut nous donner.

L’Amour vrai existe encore !!!! Même si on n’arrête pas de nous répéter le contraire ! Cet Amour, c’est Dieu lui-même. « Dieu est Amour », nous dit saint Jean ! Nous ne méritons pas son Amour, mais il nous le donne gratuitement ! Dieu nous aime de manière unilatérale, asymétrique parce que son amour ne tient pas compte de nos mérites ou de notre sainteté. Jésus nous demande simplement de nous laisser par lui pour ensuite voir son amour en nous déborder sur ceux qui nous entourent comme un vase bien plein ! Par son amour débordant, Jésus nous rend témoins de son amour : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Aimer comme Jésus, tel est le commandement nouveau, testament spirituel qu’il laisse à ses disciples à la veille de sa mort. Il leur montre en quoi consiste l’amour chrétien : aimer, c’est donner sa vie, c’est se mettre au service, c’est laver les pieds des autres, même ceux des Judas Iscariote qui nous entourent. Aimer comme Jésus, c’est aimer même quand nous sommes blessés et trahis. Si nous n’aimons que quand les choses vont bien, nous n’irons pas loin avec nos familles, nos amis, communautés et voisins. Si nous n’aimons que ceux qui nous aiment, Jésus nous dit que nous ne sommes pas différents des païens qui font la même chose. Il nous invite à aimer d’un amour semblable à celui de son Père qui fait lever son soleil sur les justes et les injustes.

Être chrétien n’est pas une chose simple ! Il ne suffit pas d’avoir son nom inscrit dans un registre de baptême quelque part. Aimer comme Jésus, c’est entrer dans une dynamique d’un don total : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ! » Es-tu capable de donner ta vie pour ton épouse, ton époux, tes enfants, tes frères et sœurs, ta famille… ? Peux-tu donner ta vie pour le Christ ? Pensons aux martyrs qui meurent pour le Christ, aujourd’hui encore, dans certains pays du monde, en témoignant jusqu’au don suprême. Quant à nous, nous cherchons une foi chrétienne à la carte, comme au supermarché, celle qui nous convient et quand ça nous convient, sans engagement, à notre sauce !

Pour mettre en pratique ce nouveau commandement de l’Amour, voici quelques recommandations, conseils et grâces à demander au Saint Esprit pour la Pentecôte :

S’attacher au Père comme Jésus : si le Seigneur n’est pas la source, au cœur de notre vie personnelle, familiale, ecclésiale…nous risquons de nous épuiser et devenir des sarments desséchés pour être brûlés… « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Celui qui ne demeure pas en moi est un sarment qui se dessèche et qui ne porte pas de fruit. Sans moi vous ne pouvez rien faire ».

– Cultiver l’amitié entre nous, considérer nos frères et sœurs comme des amis, des gens que nous désirons aimer un peu plus malgré nos et leurs défauts ! Cela nécessite que nous soyons guéris de toute forme de jalousie, de rivalité, de querelle, de rancœur, d’orgueil…. Pouvons-nous  fonder nos relations dans l’Amour du cœur de Jésus ?

Donner la vie pour les autres : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner la vie pour les gens qu’on aime ». Donner sa vie pour les autres ne signifie pas forcément mourir, mais faire mourir notre égoïsme, notre amour propre, pour nous mettre, humblement mais généreusement au service des autres ! Notre vie nous a été donnée, et elle ne se réalise pleinement que quand elle est donnée.

Pour finir, écoutons de nouveau Jésus nous dire : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». Aimer le Seigneur, se laisser aimer par Lui, aimer nos frères et sœurs, cela donne la joie. C’est cette joie parfaite que je souhaite à chacun, et plus particulièrement aux enfants, jeunes qui recevront prochainement le sacrement de baptême, l’eucharistie, la confirmation, le mariage, qui vont faire la profession de foi…Que Jésus nous donne d’être toujours dans la joie et d’en témoigner autour de nous. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année B (2024)2024-05-07T10:25:31+02:00

Edito : Mois de Mai, mois de la Bienheureuse Vierge Marie

« Voici enfin revenu le mois de la belle petite Maman », s’exclama un jour saint Padre Pio de Pietrelcina au début du mois de mai. Depuis des siècles, mai est le mois par excellence dédié à la Bienheureuse Vierge Marie. En pleine saison de printemps, la Sainte Vierge fait du mois de mai, à mon avis, le plus beau mois de l’année, mois au cours duquel l’Eglise exalte Marie, Rose Mystique.  La Vierge Marie obtient généreusement beaucoup de grâces à ceux qui la célèbrent et la prient tout particulièrement en mai : des grâces de progrès spirituel, de renouveau dans la vie, grâce de conversion, pour la santé, le travail, les études, la famille… Si le mois de mai s’ouvre avec la figure de saint Joseph, le charpentier (1er mai, fête du Travail), il se conclut avec la fête de la Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie.

J’invite donc chacun dans notre communauté paroissiale à vivre avec plus de dévotion mariale ce mois de mai qui s’ouvre.  Dans l’encyclique : Mense Maio (Mois de Mai) en 1965, le pape Paul VI réaffirmait expressément que l’Eglise considère le mois de mai comme le mois de prière et de grâces célestes le plus fécond pour tous les besoins de l’humanité et de l’Eglise. Ne perdons donc pas cette grande occasion de grâces pour nous-mêmes et pour les autres. Pendant ce mois, prions le chapelet dans nos communautés et dans nos familles. Le Seigneur nous comblera de beaucoup de grâces, si nous nous confions avec confiance à l’intercession de la sainte Vierge.

Je vous invite à confier au Christ, par l’intercession de la Vierge Marie ces jeunes collégiens et lycéens qui viennent de recevoir le sacrement du baptême le 21 avril à l’église de Plaisance-du-Touch. Que la sainte Vierge Marie leur garde cette joie de croire qui se lisait sur leurs visages au cours de cette belle célébration. Confions à la sainte Vierge tous ces adultes qui, au cœur de ce mois de mai, en la solennité de la Pentecôte, recevront le sacrement de confirmation avec le don du Saint Esprit qui fera d’eux des disciples-missionnaires participant activement à l’édification de l’Eglise. La Vierge Marie est la Mère de l’Eglise (fête célébrée le lundi après la Pentecôte). Par leur cheminement, ces adultes témoignent de la présence du saint Esprit qui souffle toujours et touche les cœurs pour faire grandir la communauté de ceux qui se reconnaissent fils et filles du Père en Jésus.

Confions aussi à Marie ces nombreux enfants qui vont faire leur première communion au cours de ce mois de mai, à l’Ascension pour les élèves de l’école Emilie de Rodat et le dimanche 26 mai au Phare pour les enfants de nos 5 paroisses. Que la sainte Vierge qui a su accueillir Jésus dans son sein obtienne à nos enfants la grâce d’accueillir dans leurs cœurs et avec beaucoup de foi la présence du Christ qui se donne dans l’eucharistie. La saison des mariages a bien commencé ! Alors, confions à la sainte Vierge Marie tous ces fiancés qui s’uniront dans le mariage au cours de ces prochains mois. Confions aussi à l’intercession de la Vierge Marie les nombreux malades que nous sommes et qui sont autour de nous. Demandons la grâce de la guérison des âmes et des corps.

Enfin demandons à la Vierge Marie d’obtenir à notre monde la grâce de la Paix.  Alors que les dirigeants du monde semblent décidés à transformer l’humanité en une jungle où règne la loi du plus fort, dans un affrontement permanent, dans un monde où chaque puissance veut montrer ses gros muscles et sa force militaire, demandons à la Vierge Marie, Notre-Dame de la Paix, de nous obtenir auprès de son Fils Jésus, le Prince de la Paix, la grâce de la paix dans le monde.

 

 

Edito : Mois de Mai, mois de la Bienheureuse Vierge Marie2024-04-23T12:10:02+02:00
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