À propos de Justin Bertho

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Homélie du père Justin du 1er dimanche de l’Avent, Année C, Lc 21, 25-28.34-36

Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé nous rappelle que nous sommes dans l’attente du Seigneur. Il nous l’annonce lui-même : il reviendra dans la puissance avec une grande gloire. Lui est Dieu en personne, il est le Créateur et le Rédempteur, il a tout en créé en six jours, il a tout recréé en trois jours par sa mort et sa résurrection, et il reviendra en un jour. Sa puissance s’exprime progressivement dans notre histoire et à son retour elle sera pleinement manifestée.

Elle sera pleinement manifestée à son retour et donc il ne pourra y avoir aucun contraste à sa gloire et à sa puissance au moment de sa venue. Dans l’attente de ce jour nous sommes appelés à vivre dans la foi, dans l’espérance et la charité.

Nous vivons dans la foi mais peut-on véritablement vivre dans l’espérance et la charité si nous imaginons que l’histoire – notre histoire personnelle et universelle – consiste à traverser une mer de douleurs et de calamités dans l’attente de sa venue ?

Le Seigneur nous le dit au début de son discours – dont nous avons à présent entendu seulement ce qui correspond à la fin – il y aura des guerres et des désordres, mais ce ne sera pas encore la fin. Si on vous dit : Le temps est proche, ne les croyez pas ne marchez pas derrière eux, ce n’est pas encore la fin.

Le fonds de commerce du Seigneur n’est pas la peur, l’angoisse, la détresse, sa venue n’est pas annoncée par des catastrophes. Ce sont les faux messies qui à l’occasion des guerres nous disent que la fin est proche.

Alors quel sera le signe annonciateur de sa venue ? le Seigneur nous le dit dans l’évangile que nous avons proclamé aujourd’hui. Mais pour le comprendre il faut le replacer dans son contexte.

Nous avons proclamé l’évangile de Luc, il s’agit de l’évangile que nous proclamerons particulièrement durant toute cette nouvelle année liturgique. Luc est grec d’origine et il a suivi saint Paul dans sa mission auprès des païens, auprès de peuples de culture grecque principalement. Et son évangile en est marqué, il est adressé particulièrement à des personnes de culture, de mentalité grecque. Comme chaque évangile il naît dans un contexte et avec une adresse qui lui est particulière, d’où les légères différences d’expression d’un évangile à l’autre – légères mais qui ont leur importance.

Quel est le contexte donc ? tout simplement celui de la magie. La magie est la réalité la plus répandue dans le monde grec, en lien à la fois avec la médecine, qu’elle détourne, la religion et l’astrologie qu’elle détourne également. La magie prétend gouverner sur les éléments de la nature à partir d’un culte – à cette époque solaire, le soleil est considéré comme un dieu – et surtout à travers l’invocation d’esprits, nous dirions aujourd’hui de démons.

Cette volonté de domination cependant n’appartient pas seulement à l’Antiquité mais nous la retrouvons jusqu’à aujourd’hui. Volonté de domination qui s’exprime à travers l’usage que nous faisons de la science et de la technologie. Nous voulons dominer les uns sur les autres, les nations les unes sur les autres, et surtout sur la nature dans son ensemble et l’exploiter.

Quand le Seigneur annonce des signes dans le soleil, la lune, les étoiles, que les nations et les personnes seront dans la frayeur à cause du tumulte des flots, que les puissances célestes seront ébranlées, tout cela signifie que les forces qui sont celles de la magie à son époque vont être ébranlées, que ces forces qui ne peuvent pas nous sauver vont perdre leur pouvoir d’illusion et que les personnes qui ont mis leur confiance dans ces forces seront désemparées parce que tout leur semblera incontrôlable.

Et de même de nos jours nous le voyons, comme à chaque époque certainement, qu’en réalité notre illusion de pouvoir tout contrôler se révèle à chaque fois pour ce qu’elle est, une volonté de domination qui ne porte qu’à la frustration.

Ce qui annonce la venue du Seigneur ce ne sont pas à proprement parler des catastrophes mais cette perte de puissance et de capacité à illusionner des forces qui ne peuvent nous donner le salut. Elles se dressent les unes après les autres mais les unes après les autres elles perdent leur pouvoir. C’est cela qui est pour nous un signe d’espérance et qui nous annonce la venue du Seigneur, jusqu’à ce que toutes ces illusions soient définitivement perdues.

Donc nous vivons dans la foi et dans l’espérance si nous savons lire les signes qui nous entourent, les signes de notre temps, si nous savons les interpréter.

Et le Seigneur nous enseigne aussi à vivre dans la charité. Il nous avertit que nos contemporains qui n’ont pas la même espérance attendent le salut de cette domination sur chaque chose, pour eux il s’agit du salut. Et quand ils sont désillusionnés, souvent ils cherchent une nouvelle illusion ou bien ils sombrent dans l’alcoolisme, ou d’autres addictions, per le sentiment d’impuissance et de frustration qui les domine.

Le Seigneur nous enseigne à prendre conscience de la détresse de chacun, d’en comprendre les causes, pour témoigner devant chacun d’une autre voie que celle de la domination. Il nous enseigne à prier en tout temps pour savoir vivre véritablement dans la foi, dans l’espérance et la charité en sachant reconnaitre les signes de sa venue pour se mettre au service de la création et du bien de chaque personne et ainsi l’annoncer véritablement.

Homélie du père Justin du 1er dimanche de l’Avent, Année C, Lc 21, 25-28.34-362024-12-02T08:53:03+01:00

Homélie du Père Justin pour la Solennité du Christ roi de l’univers, Gv 18,33b-37 

Chers frères et sœurs, peut-être avez-vous entendu parler du philosophe-roi, ou du roi-philosophe, qui est une idée de l’Antiquité, chère à Platon. C’est une idée qui a eu une importante postérité jusqu’à nos jours…

Selon cette idée c’est le philosophe qui doit gouverner parce qu’il contemple la vérité en esprit, le bien et la justice, et ensuite il peut agir, les mettre en pratique. Ou bien le roi doit pour le moins apprendre à philosopher et dès lors il peut mieux gouverner.

Et l’Évangile de Jean est adressé à des juifs, surtout à Alexandrie, qui sont fascinés par la pensée grecque et ont remplacé Moïse par Platon – pire, quand ils parlent de Moise en réalité ils pensent à Platon, ils interprètent toute l’Écriture à la lumière de Platon.

L’Évangéliste s’inscrit en faux envers cette perspective du philosophe-roi ou du roi-philosophe. Dans cet échange entre Jésus et Pilate, qui est un échange assez long, vous vous en souvenez certainement, Pilate dit : Qu’est-ce que la vérité ? il le dit avec mauvaise humeur, avec impatience. L’évangéliste enseigne que le souverain n’est pas un philosophe, il n’a pas un rapport contemplatif, philosophique avec la vérité.

Cependant en contrepartie il a un rapport avec la vérité et un rapport important, parce qu’il a des responsabilités. En l’occurrence Pilate doit décider d’ôter ou non la vie à un homme, il doit en outre chercher à éviter une insurrection, il doit penser aux conséquences politiques de ses décisions.

Il doit déterminer des actions importantes, il a besoin de discerner, de distinguer le vrai du faux dans ce qu’on lui dit, donc il a un rapport important avec la vérité. Et on le voit, en effet, Pilate saisit ce qui est important. On lui dit que Jésus est un malfaiteur, qu’il faut le mettre à mort – et lui il conclut qu’il est le roi des Juifs.

Il comprend qu’il s’agit d’une rivalité de pouvoir, que si c’est personnes-là lui disent cela de Jésus c’est pour une question de rivalité. C’est tout cela que Pilate comprend et il le comprend tellement bien qu’il fera écrire sur la croix, en trois langues, que Jésus est le roi des Juifs pour bien marquer la vérité qu’il a perçue.

Ce que je dis de cette façon, ce que dit l’Évangéliste, c’est un scandale pour l’intellectualisme de Platon et de ses adeptes – et pour beaucoup de gouvernants – pour lesquels il faut d’abord comprendre avant d’agir, savoir avant de prendre des responsabilités.

L’Évangile dit le contraire. D’abord on vit, on prend des responsabilités, dès lors par voie de conséquence on va comprendre, juger, agir, connaitre toujours mieux la vérité. La vérité est une personne qui nous accompagne, avec qui nous sommes en dialogue comme Pilate avec Jésus.

Nous avons tous bien entendu un rapport à la vérité parce que nous sommes des personnes, nous sommes créés à image de Dieu, nous sommes souverains dans notre propre vie et donc nous prenons des responsabilités, des décisions qui ont toutes leur importance.

Mais nous devons surtout nous demander en quoi consistent ces responsabilités que nous devons prendre.

Est-ce cela prendre pleinement nos responsabilités : décider ou non d’ôter la vie à une personne ? Le Seigneur nous répond et nous enseigne par ces paroles : Mon royaume n’est pas de ce monde. Dans mon royaume on ne se demande pas si on va ôter la vie à une personne ou à une autre.

Quand le Seigneur dit que son royaume n’est pas de ce monde, nous ne devons pas imaginer que le Seigneur pourrait appeler des anges pour venir le sauver. Ce n’est pas suffisant come différence, il n’y a pas des anges qui pourraient venir blesser ou tuer des soldats romains pour libérer Jésus et ainsi le sauver, mais que lui décide de ne pas les appeler. Non ce n’est pas suffisant comme différence.

On le voit dans la question qui occupe Pilate : mettre à mort ou ne pas mettre à mort Jésus, c’est de la médiocrité et on voit où mène la médiocrité. Pilate devra accepter de condamner Jésus à mort contre sa propre volonté et contre ce qu’il a compris du jeu de pouvoir qui est en cours…

Mon royaume n’est pas de ce monde nous dit le Seigneur – il y a un jeu de mots en grec : il n’est pas de cet ordre, il n’est pas de cette nature. Dans mon royaume on donne la vie, on sauve la vie, on donne sa vie, on est au service de la vie – toujours – il n’y a jamais d’exception, il ne peut pas en être autrement. Et il en est ainsi de toute éternité.

Le Seigneur dit qu’il est né et qu’il est venu dans le monde pour témoigner de la vérité. Il est le Fils éternel de Dieu parce que Dieu est le vivant et veut donner la vie autour de lui – là c’est la plus pure tradition biblique, c’est Moïse qui reprend ses droits, Dieu est le vivant qui donne la vie en abondance et te commande de ne pas tuer.

Et puis il est venu dans le monde pour nous donner cette vie, il s’est uni à toute la création. Dans sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection au sein de ce monde il occupe le centre de chaque réalité, il est vraiment le roi de l’univers, qui donne et redonne la vie.

Si on considère la politique, où est-ce que je vais trouver le Christ dans la politique ? Si je regarde attentivement sans préconceptions, sans faire de violence aux choses, sans idéologie je vais trouver le Christ au centre de la politique. Il s’agit de mettre tout en œuvre pour que chacun puisse se développer pleinement et être heureux. Et si je regarde l’économie je vais me dire Mais où je vais trouver le Christ là-dedans ? et je le trouve au centre, sans forcer, dans la destination universelle de tous les biens.

Si on accueille pleinement notre responsabilité envers la vie alors nous sommes pleinement en relation avec la vérité et nous ne subissons plus les évènements, nous ne sommes plus entrainés par eux à faire le contraire de ce que nous voudrions. Le Christ est avec nous toujours, en nous, il nous guide toujours. Il est véritablement le roi de l’univers.

Homélie du Père Justin pour la Solennité du Christ roi de l’univers, Gv 18,33b-37 2024-11-26T11:21:27+01:00

Homélie du père Justin du XXXIII dimanche du TO, 17 novembre 2024, Année B

Chers frères et sœurs, nous risquons parfois d’être gagnés par le désespoir, surtout quand nous manquons de foi, d’espérance, de charité. Nous nous mettons à imaginer que l’histoire est une suite de catastrophes, de calamités – notre histoire personnelle, l’histoire de notre pays ou l’histoire universelle.
Et si nous nous enfonçons dans ce désespoir, nous nous mettons à penser que le Seigneur à la fin des temps viendra faire justice avec des actes violents, avec des cataclysmes, qu’il viendra régler des comptes… Certains risquent même de penser que le salut est réservé pour un petit nombre de personnes, un petit groupe de privilégiés qui seront sauvés tandis que le reste périra. Alors ou bien ils désespèrent d’appartenir à ce petit groupe, ou bien au contraire – ce qui n’est guère mieux – ils imaginent qu’eux-mêmes appartiennent à ce petit groupe.
Au début de ce discours dont nous avons entendu seulement une partie, la dernière partie, le Seigneur répond à quatre de ses disciples qui lui demandent quand la fin des temps adviendra. Ils sont quatre à l’interroger, ce sont les quatre que Jésus a appelés en premier, au début de l’Évangile : Pierre, Jacques, Jean et André qui étaient dans les barques – vous vous en souvenez.
Peut-être pensent-ils : Nous sommes les premiers à avoir été choisis donc nous sommes les apôtres les plus importants, le Seigneur va nous donner des révélations à nous et pas aux autres.
Le Seigneur dans son discours va corriger cette pensée, ce comportement. Et à la fin du discours il dira : Ce que je vous dis à vous je le dis à tous. Donc il y a autour de ce discours de Jésus, et en réalité dans toute l’histoire du peuple de Dieu, une atmosphère de catastrophisme et d’élitisme que Jésus entend corriger.
Dans son discours, Jésus ne cache pas que l’histoire est pleine d’évènements violents et de souffrance, il ne cache pas la vérité. On le voit aussi dans le crucifix. Le Seigneur se présente en paroles et en actes avec la croix, toujours, mais nous savons en même temps qu’il a vaincu la mort, donc nous voyons la croix comme un signe de victoire sur la mort et sur tous les maux.
De même dans ce discours, on y trouve certes beaucoup de calamités, mais celles-ci sont toujours dépassées par l’annonce d’une bonne nouvelle, d’un heureux évènement. Précisément si vous l’entendez dans son entier, vous verrez qu’il y a de façon répétée dans ce discours l’évocation de plusieurs évènements dramatiques, mais à chaque fois conclus par un évènement heureux, positif, et qui dépasse infiniment ce qui précède de négatif.
Par exemple le Seigneur dit que les nations se dresseront les unes contre les autres, les royaumes contre les royaumes, qu’il y aura des tremblements de terre et des famines. Cependant le Seigneur conclut en disant que ce sont les débuts des douleurs de l’enfantement. Il y a un enfantement, donc il y a un évènement infiniment plus heureux que toutes les douleurs qui l’ont précédé, au point qu’il les efface toutes.
Quand le Seigneur parle d’un enfantement, nous pouvons comprendre avec certitude qu’il y aura un renouvellement intégral de toute la création, une transfiguration de toute la création.
Et puis par exemple il y a aussi dans ce discours l’annonce d’un évènement catastrophique pour toute l’humanité où le Seigneur nous dit que tous devront fuir pour ne pas périr. Cependant là aussi la conclusion est ce qu’il y a de plus important, il conclut en disant que Dieu a abrégé ce temps particulièrement éprouvant pour permettre à l’humanité de survivre.
Donc nous voyons à travers ces exemples que l’œuvre du Seigneur n’est jamais une œuvre de destruction. Ce qui domine c’est la création et la recréation, la miséricorde, la transfiguration du monde que nous connaissons, même si cela comprend des bouleversements.
Et puis il y a une autre de ces conclusions positives que nous avons entendue tout à l’heure et que nous n’avons pas pu reconnaitre comme positive… C’est quand le Seigneur nous dit que le soleil s’obscurcira, que la lune ne donnera plus sa lumière, que les étoiles tomberont du ciel. En réalité il s’agit là aussi comme pour les précédentes d’une conclusion positive, parce que si vous lisez les versets qui précèdent, vous verrez que le Seigneur parle des faux prophètes, de ceux qui essaient de nous abuser en opérant des signes et des prodiges. Et dans le temps où parle Jésus, les faux prophètes que font-ils ? ils utilisent les astres, les planètes, les comètes, la lune etc… les phénomènes célestes et atmosphériques comme des signes pour leurs fausses prophéties.
Donc quand le Seigneur nous dit que le soleil s’obscurcira, que la lune perdra sa lumière, que les étoiles tomberont du ciel – que ce soit au sens propre ou au sens figuré – cela signifie que les faux prophètes perdront leurs moyens, leur crédit, leur capacité de nuire. Alors le Seigneur viendra sur les nuées avec grande puissance et gloire, et il réunira les élus des quatre vents, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel.
Le Seigneur corrige le catastrophisme, il corrige aussi l’élitisme. Les élus ne sont pas dans un lieu à part du reste de l’humanité. Le Seigneur le dit : On essaiera de vous abuser en disant Voici il est ici, ou bien Voilà il est là, dans un angle ou un autre de la Terre – n’y allez pas…
Le Seigneur ne nous dit pas que les élus sont un petit groupe caché dans un coin qui attend que la catastrophe arrive et emporte le reste de l’humanité, mais il nous dit que les élus seront réunis des quatre vents, des extrémités de la terre à l’extrémité du ciel.
Les élus sont disséminés dans toute l’humanité, répartis sur toute la surface de la terre et du ciel, ils sont associés à toute l’humanité sans exception, solidaires de toute la famille humaine dans tous les aspects de son existence. Ils connaissent des tribulations en union de prière avec le Christ et ils demandent le salut de leurs oppresseurs, ils sont sauvés oui mais ils le sont avec le désir de sauver autrui avec eux. Les élus sont appelés élus parce qu’ils sont les fils et les filles dans le Fils, ils ont part à sa mission, à son œuvre qui consiste avant tout à demeurer solidaire de toute la famille humaine.
Quand le Seigneur viendra, les faux prophètes auront perdu tous leurs moyens, il viendra avec grande puissance – il n’y aura aucun contraste à sa puissance – et il ne peut y avoir aucune espèce de contraste à sa puissance. Il viendra dans la douceur et la miséricorde.
Quoi de plus doux que cette image du figuier, quand ses rameaux deviennent tendres, que ses feuilles apparaissent, nous savons que l’été est proche, en juin il donne déjà des fruits et trois fois plus en août… Il y aura une histoire de grâce encore avec la venue du Seigneur, comme pour les fruits du figuier qui vont en augmentant.
Là où le Seigneur manifeste le plus fortement sa solidarité avec nous tous, c’est quand il dit que seul le Père connait le jour de sa venue, lui-même, le Fils, ne le connait pas. Cette affirmation est une épine dans le pied des théologiens depuis 2000 ans…
Le Seigneur veut partager notre humanité véritablement, et il le fait en choisissant d’ignorer la date de sa venue. Il demeure solidaire avec chacun de nous jusqu’à la fin des temps, solidaire dans l’attente du dernier jour, qu’il attend en même temps que nous et avec nous, pour nous accompagner en tout et toujours.

Homélie du père Justin du XXXIII dimanche du TO, 17 novembre 2024, Année B2024-11-19T16:32:08+01:00

Homélie du Père Justin du XXXII° dimanche du TO, année B (2024)

Chers frères et sœurs, le Seigneur nous dit Gardez-vous des scribes, c’est-à-dire des faux maîtres, gardez-vous de leur fausseté. Ils sont des faux consacrés. Normalement ils devraient être consacrés à l’étude de la Loi, de la Parole de Dieu. Et puis par voie de conséquence à l’enseignement, et puis par voie de conséquence à la pratique de la loi, et donc au conseil. Ils vont se retrouver aussi à accompagner, à aider les personnes qui en ont besoin, comme typiquement les veuves par exemple.

Dans une société patriarcale une femme a peu de poids, elle n’a pas d’existence juridique, elle dépend pour toutes ses décisions d’un père, d’un mari ou d’un fils, si elle a un fils. Sinon elle est seulement une ombre, une veuve est une ombre qui a besoin du secours des scribes pour exister, pour participer à la vie commune.  Et ils peuvent en profiter, ils peuvent dévorer ses économies, sa maison…

Gardez-vous d’eux nous dit le Seigneur ils sont faux et leur fausseté a des conséquences sur vous et dans votre vie, elle peut en avoir de très importantes.

Il y a tout d’abord ceux qui vont perdre tout espoir au contact de cette fausseté – parce que cette fausseté est accompagnée du succès, du succès social, cela peut provoquer une perte d’espoir chez les personnes et celles-ci vont entrer dans la même fausseté comme s’il s’agissait de la seule voie possible.

C’est ce que nous voyons avec les riches dont nous parle aujourd’hui l’Évangile, ceux qui d’une façon ostentatoire font tomber de nombreuses pièces de monnaie dans le trésor du temple, en faisant retentir les pièces dans le tronc. Leur piété est fausse mais surtout elle vient des scribes, elle est fille des scribes, ces riches en l’occurrence se comportent pour l’essentiel comme les scribes. ils vivent dans le monde de l’apparence.

Et puis il y a une autre conséquence possible, c’est ce que nous voyons avec le cas de cette veuve, nous pouvons nous faire dévorer. C’est-à-dire que cette veuve jette tout ce qu’elle a, deux petites pièces de monnaie, et elle le fait pour exister, pour participer au culte public, pour y être, pour en être – c’est le seul moyen qu’elle voit pour ne pas être en reste, pour ne pas être en faute.

Le Seigneur n’est pas du tout en train de nous dire qu’il faut faire comme cette veuve et jeter dans le trésor du temple tout ce que nous possédons. Le temple du reste sera détruit quelques années plus tard, nous le savons – et Jésus dans l’Évangile de Marc, dans les versets qui suivent immédiatement cet épisode, annonce clairement la destruction du temple, qui est une institution qu’il a de nombreuses fois critiqué.

Le Seigneur n’attend pas de nous que nous donnions tout ce que nous possédons, dans la quête par exemple. La quête est très importante bien entendu, mais tout à l’heure la quête va être passée, notamment la quête digitale, il ne s’agit pas de vider votre compte en banque… Ça n’est pas ce que veut le Seigneur et ça n’est pas ce que veut l’Église. Le Seigneur n’est pas un vampire, l’Église n’est pas un vampire qui cherche à sucer toutes vos substances.

Le Seigneur a de la considération, du respect pour cette femme, mais il en a aussi pour les scribes et pour les riches, et il nous enseigne à ne pas vivre dans le règne de l’apparence, comme font les scribes, mais dans la vérité.

Dans cette page de l’Évangile, dans les versets qui précèdent, le Seigneur nous parle explicitement de l’Esprit Saint, et il parle de l’Esprit Saint comme d’un maître. Cette page de l’Évangile est très importante, le Seigneur nous explique ce que signifie avoir l’Esprit Saint pour maître.

Cet enseignement est comme un testament de la part du Seigneur, il s’agit de son dernier enseignement public, ensuite il parlera en privé à ses disciples et peu après il connaîtra sa Passion. Et dans ce dernier enseignement public, le Seigneur nous enseigne comment nous pouvons avoir véritablement comme maître l’Esprit Saint.

Nous le voyons à partir du comportement du Seigneur, il est assis et il regarde chacun – l’Évangile nous dit littéralement qu’il contemple. La parole grecque utilisée signifie regarder avec respect, avec considération en s’attendant à être édifiés. Et le Seigneur regarde de cette façon chacun, il regarde les scribes, les riches, les pauvres avec la même considération et en s’attendant à être édifié et enseigné.

Si nous voulons que l’Esprit Saint soit notre maître le Seigneur nous enseigne à regarder chacun sans exception avec la même considération. Encore mieux si nous aimons Dieu de toutes nos forces et chaque personne comme nous-mêmes, alors là véritablement l’Esprit Saint prend possession de toute notre vie. Mais si nous avons de la considération pour chacun sans exception, que nous le regardons et nous l’écoutons, alors l’Esprit déjà commence à être notre maître véritablement. C’est garanti…

Mais justement le Seigneur nous met en garde, il y a un danger, il y a un écueil. Ce sont les faux maîtres, les faux apôtres, les faux consacrés. Eux ils cherchent à capter votre considération, la considération que vous devez à chacun ils vont vouloir la capter pour eux seuls. Eux qui n’ont pas même donné le superflu, ils vont capter votre considération et vous allez insensiblement les imiter ou bien vous allez vous faire dévorer.

Ils sont devenus experts à ce jeu de captation, à se faire passer comme plus importants, plus pieux, plus spirituels que les autres. On leur donne notre argent et on leur donne nos maisons – cela arrive – c’est comme cela qu’ils vous dévorent et dévorent ce qui revient à vos enfants.

Les biens sont toujours les biens de l’Église, les dons que l’on fait doivent toujours être pour l’Église, avec transparence, sans aucune ambiguïté, et l’Église n’oublie pas ses enfants et donne à ses apôtres ce qui leur revient et bien davantage, elle se charge elle-même de gérer les biens et de les donner en abondance à ses prêtres et à ses consacrés, ne vous inquiétez pas…

Homélie du Père Justin du XXXII° dimanche du TO, année B (2024)2024-11-18T15:05:29+01:00

Homélie du Père Justin du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mc 10,46-52

Chers frères et sœurs, vous vous souvenez des paroles de Jésus en conclusion de l’Évangile que nous avons proclamé dimanche dernier : Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir ; et il enseigne à ses disciples que celui parmi eux qui veut être grand sera le dernier et le serviteur de tous.

Et l’Évangile que nous avons proclamé aujourd’hui – et qui suit immédiatement ces paroles de Jésus – est là pour illustrer ce que cela signifie servir et non être servi, être le dernier et le serviteur de tous…

L’Évangile trouve important d’illustrer les paroles de Jésus, puisque nous pouvons très bien entendre ces paroles, les trouver belles et les appliquer, mais tout en nous cherchant nous-mêmes, notre gloire personnelle dans le service, tout en cherchant à nous donner le beau rôle.

Et quand nous lisons l’Évangile – je fais cette remarque générale – nous devons nous intéresser aux personnes présentes, pas directement à Jésus, si nous voulons comprendre le comportement de Jésus et ses paroles, nous devons nous intéresser avant tout aux personnes présentes, avec lesquelles Jésus est en relation.

Si nous allons directement à Jésus en réalité nous formons des malentendus, nous allons dans le mur, comme on dit familièrement.

Nous nous trouvons en présence de Jésus et d’une foule considérable, des disciples et de Bartimée, nous dit l’Évangile.

Nous devons nous intéresser à la foule, aux personnes de cette foule, l’Évangile nous donne des indications, il nous donne toujours des indications. Il nous dit que quand Bartimée demande aux personnes de cette foule quelle est la cause de cette agitation on lui répond que c’est Jésus le Nazaréen qui passe, Jésus de Nazareth.

Jésus de Nazareth c’est une formule très sobre, neutre, comme on appellerait n’importe qui d’autre avec son nom et la ville d’origine.

Si on parle d’un homme de notre ville on dit Un tel fils de, comme Bartimée fils de Timée, si on parle d’un homme d’une autre ville on dit Un tel de telle ville, c’est la désignation à minima.

Tandis que Bartimée de son côté appelle Jésus : Fils de David, c’est-à-dire le Messie, et il dit : Aies pitié de moi, il lui adresse une prière. Le contraste est saisissant !

Cela veut dire que pour la foule Jésus n’est pas le Messie.

Alors pourquoi le suit-elle ? il faut imaginer que c’est par curiosité. Il est célèbre et surtout il est sur le point d’entrer à Jérusalem, et la curiosité croit à mesure qu’il s’approche de la capitale religieuse, il y a une tension et avec elle une curiosité croissante.

Donc c’est une foule qui n’est pas bienveillante et qui n’est pas malveillante non plus, qui est curieuse. Et Jésus va répondre à cette curiosité avec les paroles de la profession de foi de Bartimée.

Quand Bartimée crie : Fils de David, accompagné de la prière qu’il lui adresse, Jésus demeure sans réaction non pas par indifférence mais pour faire entendre à tous la profession de foi de Bartimée, qui coopère et crie de plus en plus fort. Jésus et Bartimée font entendre cette profession de foi à ceux qui dans la foule voudront l’entendre et commencer à réagir.

Et puis quand il dit Appelez-le, pour qu’ils aillent le chercher, ce n’est pas par froideur que Jésus ne va pas à lui mais pour impliquer les personnes qui le veulent dans la foule, pour les faire participer personnellement à la requête de Bartimée et au salut donné par Jésus.

Et en effet il y a des personnes qui s’avancent et qui vont chercher Bartimée avec enthousiasme !

Donc on commence à voir ce que cela signifie être au service. Cela signifie manifester la confiance envers les personnes, leur faire entendre une profession de foi sincère et leur donner de participer, d’être actifs dans le salut.

Et nous voyons aussi ce que cela signifie ne pas être servi. Nous voyons que le comportement de Jésus peut être compris de travers, il peut être mal jugé. Jésus peut être considéré comme indifférent alors qu’il est tout sauf indifférent.

Il peut être jugé comme froid et distant alors qu’il veut laisser la place à d’autres d’agir et de s’exprimer dans le salut que lui-même donne et lui seul peut donner.

C’est un malentendu qui se retrouve souvent parmi les personnes qui sont loin de la foi et même parmi les disciples du Seigneur, le sentiment que Dieu est indifférent, qu’il ne répond pas à nos appels, qu’il n’intervient pas pour faire cesser les injustices. Donc même s’il existe, ce Dieu ne nous intéresse pas.

Et parfois on trouve ce malentendu même dans des commentaires de l’Écriture – je le dis pour montrer à quel point Jésus s’expose à être mal compris. Des théologiens ont parfois dit que Jésus ne va pas vers Bartimée et fait venir Bartimée à lui parce qu’il est Dieu et il ne convient pas que ce soit lui qui vienne à Bartimée mais le contraire.

Donc Jésus s’expose aux malentendus – mais avec lui tous ses disciples sont exposés aux malentendus, tous connaissent des moments où leur comportement est mal interprété.

Donc voilà ce que cela signifie servir et ne pas être servi, c’est être souvent mécompris…

Et puis nous devons regarder le comportement de Bartimée parce qu’il est pour nous l’exemple du disciple, celui qui est pleinement disciple, qui est le dernier et le serviteur de tous.

Sa profession de foi est très forte, il dit de Jésus qu’il est le Messie, et puis il le prie : Aie pitié de moi. Lui qui est aveugle – paradoxalement – c’est lui qui reconnait en Jésus Dieu qui est présent parmi nous, qui vient au-devant de nos nécessités.

Et puis il répète sa profession de foi sans se décourager, sans prendre le silence de Jésus pour de l’indifférence, et en pressentant que sa profession de foi a une raison d’être qui va au-delà de lui.

Et quand il arrive auprès de Jésus il l’appelle maître mais avec un terme affectueux, Rabbouni, qui démontre qu’il n’a vu dans le comportement de Jésus aucune froideur et qu’il comprend que Jésus est en train d’agir et d’enseigner.

C’est cela qui représente un témoignage de foi, ce ne sont pas les prodiges. C’est d’une part la confiance que Jésus manifeste envers chaque personne sans exception. Il voit en chacun une personne créée à image de Dieu, destinée à devenir fils et fille de Dieu, il a confiance dans la bonté et la profondeur de vérité de chaque personne, malgré tous les malentendus que son apparente passivité peut engendrer.

Il fait confiance à chaque personne pour cheminer, pour entendre les professions de foi des disciples et participer, quand est donnée l’occasion, à l’œuvre du salut.

Et puis à cette confiance du Seigneur correspond la confiance des disciples, la confiance qu’ils partagent envers leur Seigneur et envers son œuvre, la confiance dans l’œuvre de la grâce dans la vie de chacun par le moyen d’eux-mêmes, de leur coopération et de leur profession de foi.

 

Homélie du Père Justin du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:15:21+01:00

Homélie du Père Justin du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs, nous critiquons beaucoup les disciples, ces dernières semaines particulièrement, dans l’Évangile, nous voyons les défauts des disciples et nous les critiquons. Et ceci est vrai aussi entre nous. Nous nous critiquons beaucoup les uns les autres, nous nous critiquons nous-mêmes, nous voyons seulement nos défauts.

Et pourtant les disciples du Christ sont très beaux, vraiment, leur parcours est très beau, aujourd’hui, hier, et réjouit le Seigneur. Bien sûr il y a des loups qui se glissent parmi les disciples mais les disciples en tant que tels sont très beaux, leurs sentiments sont beaux aussi. Et il faut sans doute commencer par le voir dans les disciples tels qu’ils apparaissent dans l’Évangile.

Certes on aperçoit leurs défauts, mais aussi la noblesse de leurs sentiments, on voit leur parcours avec ses difficultés et ses beautés. Il faut que nous voyions davantage cet ensemble quand nous parlons des disciples…

Ces dernières semaines par exemple, nous avons entendu les disciples discuter entre eux de savoir qui était le plus grand. Et nous nous précipitons à les critiquer : ils sont avec Jésus depuis un an, deux ans et ils sont encore aussi orgueilleux !

Mais les disciples sont comme des enfants, ils sont même vraiment des enfants. Qui a jamais été enfant comme les premiers disciples du Christ ont été enfants ?

Pour eux tout est nouveau, ils étaient pécheurs dans la mer de Galilée pour certains d’entre eux ou publicains et ils se retrouvent apôtres du Christ, ils vivent dans la compagnie de Dieu fait homme…

Tout est nouveau pour eux, tout est entièrement renouvelé, leur vision du monde, de Dieu, d’eux-mêmes. Ils ont soif de reconnaissance, d’être grands, de se réaliser – et ils ont peur. Ils ont tous ces sentiments à la fois, et ils manquent certainement de maturité. Mais c’est normal et c’est beau.

Et le Seigneur ne leur fait aucun reproche. Il met un enfant au milieu d’eux et leur enseigne : Vous devez vous reconnaître comme des enfants, qui ont besoin de l’aide de Dieu et les uns des autres, alors vous pourrez grandir. Et le Seigneur leur enseigne dans quelle direction grandir.

Et maintenant nous arrivons à l’Évangile d’aujourd’hui où nous risquons aussi de nous précipiter à critiquer les disciples.

Jacques et Jean s’avancent et ils demandent au Seigneur de siéger à sa droite et à sa gauche dans sa gloire. Ils disent Fais ce que nous te demandons…

Ces paroles doivent nous rappeler le dialogue entre Hérode et la fille d’Hérodiade, quand celle-ci a dansé devant le roi et celui-ci lui dit : Demande-moi tout ce que tu veux et je te le donnerai, fut-ce la moitié de mon règne.

L’expression d’Hérode, comme roi, est celle de la toute-puissance. Je suis tout-puissant donc tu peux me demander quoique ce soit, je suis tellement puissant que si je te donne la moitié de mon règne il m’en restera tellement que ça ne paraitra pas… Hérode bien entendu est présomptueux.

Mais c’est cette image que Jacques et Jean renvoient à Jésus : Tu es tout-puissant, et si tu ne nous accordes pas ce qu’on va te demander alors tu n’es pas vraiment tout-puissant.

On doit surtout se demander d’où vient cette idée de toute-puissance…

L’Évangile nous donne un indice, il appelle Jacques et Jean « les fils de Zébédée » comme pour suggérer que cette requête vient peut-être plus de leur père que d’eux-mêmes. L’Évangile de Matthieu si vous vous en souvenez est plus clair, puisque chez Matthieu c’est la mère de Jacques et de Jean qui demande la gloire pour ses fils. Et l’Évangile de Matthieu l’appelle « la mère des fils de Zébédée », la mère des fils de leur père : ils disparaissent complètement derrière leurs parents !

Je ne suis pas en train de dire qu’au lieu de critiquer les disciples, nous allons nous mettre à critiquer leurs parents. Mais savoir d’où vient la requête de gloire nous permet d’approfondir.

Pourquoi les parents sont intéressés par cette toute-puissance et par cette gloire ?

Parce qu’ils veulent éviter à leurs enfants des souffrances, celles qu’ils ont connues eux-mêmes, celles que leurs ancêtres ont connues, celles qu’ils craignent pour une raison ou pour une autre.

Là aussi nous trouvons un sentiment très noble que nous aurions tort de critiquer trop fortement, mais un sentiment qui n’est pas très bien vécu.

Comment Jésus réagit-il ?

Il interroge Jacques et Jean bien entendu et non leurs parents. Et il leur demande : La coupe que je vais boire, vous la pouvez boire ? le baptême que je vais recevoir, vous le pouvez recevoir ? Et ils disent Oui, et le Seigneur le leur confirme.

Le Seigneur a interrogé leur cœur, eux-mêmes ont interrogé leur cœur et ils ont répondu avec générosité.

Nous voyons que dans notre cœur, dans le cœur d’un fils, d’une fille, dans notre cœur à tous on ne trouve pas le refus de la souffrance.

On trouve un sentiment profond de solidarité avec toute l’humanité, qui avant tout est naturel, et on trouve l’acceptation généreuse de la peine du moment que cette peine a un sens. Et ce sens n’est jamais aussi grand que dans le Christ.

Et si on vit cette peine en solidarité avec autrui, pour sauver ou plutôt contribuer à sauver autrui, eh bien on devient un père et une mère envers autrui à notre tour. Sur un plan biologique, existentiel ou spirituel.

Le Seigneur continue son enseignement et dit que Lui il ne recherche pas la toute-puissance, ni son Père qui a « préparé » telle ou telle gloire et telle ou telle mission pour l’un ou pour l’autre. Il l’a préparée, elle n’est pas imposée, elle peut être accueillie ou ne pas être accueillie par les intéressés.

Et puis surtout il nous dit qu’elle est préparée dans le sens où du moment que nous écoutons vraiment notre cœur, nous pouvons entendre aussi la voix du Seigneur qui petit à petit nous fait connaître ce qu’il a préparé pour nous.

Et quand nous le découvrons nous ne découvrons pas des attentes d’autres personnes à qui nous répondons, mais nous découvrons des nécessités que les personnes ont et auxquelles le Seigneur nous appelle à répondre.

Ce n’est pas la même chose, souvent nous avons des attentes mais nous ne connaissons pas nos véritables nécessités, elles sont même antagonistes.

Le Seigneur nous enseigne que répondre aux attentes des autres, même s’ils sont bien intentionnés, peut suffoquer l’œuvre de la grâce en nous, suffoquer la nouveauté d’un appel personnel.

Il faut bien écouter son cœur. On peut penser à l’exemple de Marthe et de Marie qui est assez parlant. Marie est assise au pied de Jésus et elle écoute sa Parole. C’est-à-dire qu’elle écoute avant tout son cœur, elle a envie d’écouter Jésus, et ce faisant elle se dispose aussi à entendre la Parole de Dieu.

Tandis que Marthe pense être spirituelle en répondant aux attentes des autres – en tout cas ce qu’elle imagine comme étant leurs attentes, comme nous le faisons souvent – elle pense qu’être spirituel c’est s’oublier soi-même.

Le Seigneur nous enseigne à suivre le chemin de Marie…

Cependant il faut aussi parfois répondre aux attentes d’autrui, c’est un acte de charité qui est important.

Je prends l’exemple fameux de saint Paul quand il enseigne aux Corinthiens à ne pas manger la viande sacrifiée aux idoles pour ne pas choquer les membres de la communauté que manger cette viande scandalise. Donc il répond à leurs attentes et interdit de manger la viande – c’est clairement un acte de charité.

Cependant quand il fait cela en réalité, en profondeur, il est en train de répondre aux nécessités de ces personnes, puisqu’il évite de les scandaliser pour pouvoir progressivement les former à une doctrine plus saine.

 

Homélie du Père Justin du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:14:49+01:00

Homélie du Père Justin du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé nous enseigne avant tout que recevoir la vie éternelle c’est entrer dans une relation personnelle avec le Seigneur, une relation autonome, volontaire, de personne à personne.

Cette relation est appelée à croître dans l’éternité dans une joie parfaite, dans un bonheur infini.

Et cette relation commence avec l’observance des commandements, elle commence et recommence avec cette observance. Quand nous nous sommes attiédis, quand nous nous sommes éloignés du Seigneur, nous retournons à Lui en redoublant de zèle dans l’observance de ses préceptes.

La relation avec le Seigneur ne peut commencer ni recommencer sans l’observance de ses commandements.

Cependant la relation avec Lui ne se réduit pas à cela, la relation continue et se développe quand nous le considérons comme le bien suprême, quand nous vivons nos joies et nos peines avec Lui, quand nous le suivons dans toutes ses voies jusqu’à avoir part à sa mission, quand nous avons part à toute son existence…

L’homme que nous rencontrons dans cet Évangile, qui nous est décrit comme possédant beaucoup de biens, manifestement connaît les commandements mais il ne les connaît pas encore comme relation avec le Seigneur.

Il les connaît comme relation avec ses parents, certainement, depuis son enfance, pour leur obéir ou leur plaire, et il les connaît comme relation avec les autorités religieuses.

Mais il ne les connaît pas comme base d’une relation entièrement personnelle avec Dieu, comme commencement d’une relation unique qui est entièrement à découvrir.

C’est cette découverte que le Seigneur lui faire faire avant tout.

Le don de la vie éternelle est un don gratuit que l’on accueille dans une relation filiale qui se développe dans le don de soi. C’est tout nouveau pour cet homme ! Et le Seigneur lui demande de vendre tous ses biens…

Il faut bien comprendre ce que fait le Seigneur. Il fait en sorte que cet homme voit ces biens comme ses propres biens, puisqu’il peut en disposer, les vendre et en distribuer le prix.

Jusqu’à ce moment ces biens pour lui étaient des réalités purement familiales, comme pour les commandements. Il en jouissait comme d’une part qui était la sienne au sein d’une propriété familiale.

A présent il prend conscience que ces biens sont à lui, et ce faisant il prend possession de lui-même, il prend conscience de lui-même et notamment de ses limites, de ses faiblesses.

Il entre dans la tristesse mais cette tristesse n’est pas négative. Elle n’est pas stérile.

Il est vrai que la rencontre avec le Seigneur a comme caractère la joie. Mais cette joie – nous devons nous en souvenir – est toujours précédée d’une tristesse, d’une pesanteur, d’une difficulté existentielle.

C’est le moment de la vérité. Nous prenons conscience de nous-mêmes et du monde qui nous entoure, dans notre jeunesse ou à d’autres moments de notre vie, lors de tournants de notre vie.

Nous avons alors comme cet homme la possibilité de voir et de choisir le monde avec ce qu’il nous propose et de nous étourdir avec lui, ou bien de choisir la relation personnelle avec Dieu, en partageant tous les moments de notre vie avec Lui.

Il faut bien comprendre que pour cet homme tout est possible, rien n’est encore décidé. Le Seigneur fait en sorte qu’il se possède lui-même de manière à pouvoir se donner lui-même dans la vérité.

Tout est ouvert. Peut-être vendra-t-il tous ses biens pour les donner aux pauvres, ou les conservera-t-il pour les donner en aumônes ponctuelles durant toute son existence… Il est libre, et sans cette liberté il ne pourrait pas exister de relation véritable avec notre Seigneur.

Il est libre notamment de conserver ses richesses.

Nous devons faire attention à ne pas mésinterpréter les paroles du Seigneur quand il dit qu’il est impossible pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.

Le Seigneur n’est pas du tout en train de déclarer que les biens de ce monde sont mauvais et qu’il faut les mépriser pour entrer dans son Royaume.

Lui s’est fait l’un de nous, dans sa vie, sa mort et sa résurrection. Il s’est uni réellement et mystérieusement à toute la Création, à tous les biens quels qu’ils soient, d’abord comme Créateur et ensuite et surtout comme Rédempteur.

Il ne peut en aucune manière nous faire voir les biens de monde par eux-mêmes comme mauvais ou suspects.

Quand il dit qu’il est aussi difficile pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu que pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille, il parle vraiment d’un riche.

Il ne parle pas de quelqu’un qui devrait se débarrasser de tous ses biens, mais de quelqu’un qui conserve tous ses biens et entre dans le Royaume de Dieu.

Il entre dans le Royaume de Dieu avec tous ses biens, c’est-à-dire qu’il entre dans une relation personnelle avec le Seigneur, à part entière, comme fils ou fille de Dieu, avec ses biens et pas sans ses biens.

Tous ses biens entrent à part entière dans cette relation et servent à la croissance du Royaume de Dieu déjà sur cette terre, tout en préfigurant mystérieusement et réellement les biens à venir.

Il ne s’agit absolument pas de se démunir pour se démunir, en aucune manière. Tout est bon, tout est saint, tout est pur. Seul notre regard, notre cœur peuvent receler de l’impureté.

Avec l’œuvre de sa Rédemption le Seigneur a entièrement transfiguré ce monde, les personnes et les biens de ce monde, et cette transfiguration passe par notre libre participation à son œuvre en union avec toute la Création.

Homélie du Père Justin du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:13:21+01:00
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