Chers frères et sœurs, nous fêtons toujours aujourd’hui la Résurrection de notre Seigneur, dans cette octave de Pâques, mais aussi sa Miséricorde.
C’est à la lumière de la Résurrection que les premiers disciples ont revu l’œuvre du Seigneur et particulièrement sa Passion et l’ont comprise comme œuvre de Miséricorde.
Et quand nous revoyons son œuvre, nous revoyons notre œuvre aussi dans la même lumière, nous nous reconnaissons pécheurs et nous faisons l’expérience de sa Miséricorde, l’expérience du Ressuscité.
Et à ce sujet il est important de reprendre un peu la traduction de l’Évangile de Jean que nous avons proclamé aujourd’hui.
En réalité le Seigneur parle au passé, il ne dit pas Heureux ceux qui croient sans avoir vu, mais Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ; donc le Seigneur dit à Thomas Parce que tu vois tu crois, heureux ceux qui ont cru sans avoir vu.
Le Seigneur parle au passé, il parle des justes de l’Ancienne Alliance, des patriarches, Abraham en tête, il parle des prophètes, de tous les justes connus ou anonymes qui ont cru.
Ils ont cru dans l’avènement du Messie sans savoir quand ce jour viendrait, mais ils se sont réjouis et ont ordonné toute leur vie à ce Messie qu’ils attendaient.
Ils ont vécu dignement dans cette attente, selon leurs forces, et très solennellement le Seigneur les déclare Bienheureux, ils connaissent le salut bien qu’ils ne l’aient pas rencontré en personne de leur vivant.
Mais toi Thomas et avec toi tous les apôtres et nous tous, tous ses disciples, tu reçois et nous recevons une foi nouvelle où nous faisons l’expérience de Jésus-Christ mort et ressuscité parmi nous.
Et avec lui nous aussi nous renaissons, nous passons de la mort à la vie, de la mort du péché, du mal qui domine notre existence à la vie de la présence de Jésus parmi nous.
Tous les disciples font l’expérience de Jésus, du Ressuscité. Les apôtres l’ont vu, les femmes avant eux l’ont vu, saint Paul nous dit qu’il est apparu à 500 personnes à la fois. Mais aussi tout le peuple chrétien, dans la liturgie, dans sa Parole, dans l’Eucharistie, et de mille manières d’une façon particulière à chacun, tout le peule fait l’expérience de Jésus ressuscité.
Nous voyons et nous croyons, c’est les deux à la fois, c’est une foi et une vie nouvelles. Ce que nous croyons déborde ce que nous voyons, mais nous voyons, nous expérimentons la présence du Seigneur.
C’est très important de ne pas passer à côté de notre propre foi, de notre spiritualité propre de chrétiens.
Et tout autant il est important de ne pas occuper le terrain spirituel d’autres fois, d’autres spiritualités – la spiritualité de qui croit sans voir, sans connaitre le Seigneur personnellement.
Le Seigneur reconnait solennellement la valeur de la foi de l’Ancienne Alliance, de la foi juive : même en demeurant dans l’ignorance du Christ la foi sauve – du moment que l’ignorance du Christ est sans malignité.
C’est important de reconnaitre cette valeur et de voir que Jésus la reconnait. Dans l’évangile de Jean nous avons souvent l’impression que la vision de Juifs est très négative, pour leur hostilité à Jésus. Mais il y a en même temps de nombreux aspects du même évangile qui démontrent la haute estime que nous devons avoir de la foi juive. Par exemple l’évangile de Jean nous dit que le Christ a été immolé la veille de la Pâque juive. Donc si c’est la veille cela veut dire que le sacrifice du Christ ne remplace pas et n’élimine pas la Pâque des Juifs.
Mais cette reconnaissance solennelle de la part du Seigneur vaut pour toute forme de foi ou de spiritualité où un salut est attendu qui est tel que nous vivons en accord avec les préceptes et les enseignements fondamentaux du Seigneur. A tous, le Seigneur dit Bienheureux…
Dans notre foi chrétienne nous faisons l’expérience du Ressuscité dans notre vie de tous les jours, et c’est ce que les Évangiles nous disent durant tout ce temps de Pâques.
Les Évangiles ne nous montrent pas Jésus sortant du tombeau – même si bien entendu il en sorti – mais ils nous montrent ce qui se passe dans la vie de ses disciples.
Nous les voyons dans la peur, dans l’incompréhension, dans le désespoir, mais l’annonce de la Résurrection du Seigneur et leur rencontre avec lui les fait passer de la mort à la vie, ils ont part à sa Résurrection.
C’est cela la Résurrection du Seigneur, c’est le commencement de notre résurrection !
Le Seigneur nous dit La paix soit avec vous – il nous le dit trois fois dans cet Évangile.
Tour d’abord la paix soit avec vous dans le sens où tous vos péchés vous sont pardonnés et surtout dans le sens que le Seigneur n’a aucune espèce de rancœur envers nous parce que nous l’avons abandonné.
Ensuite la paix soit avec vous dans le sens où du moment que vous êtes en paix avec le Seigneur et avec vous-mêmes, alors vous allez apporter cette paix à toutes les personnes que vous rencontrerez.
Et puis la paix soit avec vous dans le sens où cette paix vient du Seigneur et peut seulement venir de lui, alors en la partageant vous ferez connaitre le Seigneur autour de vous, vous le ferez expérimenter et rencontrer comme vous-mêmes vous le rencontrez.
A ceux à qui vous pardonnerez il sera pardonné, à ceux à qui vous ne pardonnerez pas il ne sera pas pardonné.
Non pas dans le sens que certains seront condamnés – cela ne dépend pas de vous – mais dans le sens que vous allez pardonner progressivement, vous allez grandir dans la grâce, vous allez vous libérer du mal vous-mêmes progressivement et vous arriverez à pardonner davantage.