Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui… silence. Pas de cloches. Pas de “Gloire à Dieu”. Pas d’Alléluia.
Aujourd’hui, c’est le jour du silence de Dieu. Un silence qui parle. Un silence qui saigne.
Aujourd’hui, c’est le Vendredi Saint.
Et j’aimerais vous parler d’une histoire vraie. Pas dans la Bible, non. Une histoire de chez nous.
Une histoire qui m’a touché et qui me touche chaque fois je l’évoque…je l’espère pour vous aussi…C’est une histoire réelle…
🔥 Une mère, un incendie, un enfant sauvé…
Dans un petit village d’Afrique… Une femme, seule, élève son enfant avec amour. Un jour, le drame : un incendie éclate. Sa case prend feu. À l’intérieur ? Son bébé qui dort.
Elle entend les cris. Elle voit les flammes. Et elle court. Tout le monde lui dit :– C’est trop tard ! Tu vas mourir !
Mais l’amour ne calcule pas. Elle se jette dans le brasier. Elle traverse le feu. Elle protège son bébé de son corps. Et elle en ressort… avec lui vivant. Mais elle, elle est brûlée, défigurée à vie.
Son visage est méconnaissable. Sa beauté est partie. Son corps est une plaie.
Mais… elle a sauvé son enfant.
⏳ Les années passent…L’enfant grandit. Il réussit. Il devient quelqu’un d’important. Un jour, il organise une grande fête pour son anniversaire de naissance. Il y invite tout le monde……sauf sa propre mère.
Mais la mère, apprenant cela, se lève. Elle se rend à la fête. Elle frappe à la porte. Le fils sort, un peu gêné.
– Maman, qu’est-ce que tu fais par ici ?…Je suis à la fête des personnalités… Regarde-toi…Regarde comment tu es … ! Je ne peux pas te présenter aux gens…Tu pourrais me faire honte…
Et là, la mère le regarde avec tendresse, et lui dit une seule phrase :
– Mon fils… n’oublie pas ton histoire…Je te l’ai racontée quand tu grandissais…si tu es en vie aujourd’hui… c’est parce que j’ai traversé le feu pour toi. Ce visage que tu caches… c’est ton salut que je porte dessus…j’ai perdu ma beauté d’antan dans les flammes pour te sauver de la mort….
Et le fils… se met à pleurer. Il quitte la fête en silence…et n’y est plus retourné… Il venait de redécouvrir le vrai visage de l’amour.
✝️ Le vrai visage de l’amour… c’est celui de Jésus sur la Croix.
Chers frères et sœurs, Cette mère, c’est le Christ.
Aujourd’hui, nous regardons le visage de l’amour crucifié. Et ce visage, souvent, on ne veut pas le voir. Il est trop fort. Trop blessé. Trop sanglant.
Écoutez le prophète Isaïe :« Il n’avait ni beauté ni éclat pour attirer nos regards… méprisé, homme de douleurs, habitué à la souffrance. » (Is 53,2-3)
Mais c’est lui…« Par ses blessures, nous sommes guéris. » (Is 53,5)
Oui, Jésus s’est jeté dans le feu de notre péché, de notre orgueil, de notre violence…Il est entré dans notre enfer pour nous en sortir. Et trop souvent, on lui ferme la porte au nez.
- Le grand prêtre miséricordieux (Lettre aux Hébreux)
L’auteur de la lettre aux Hébreux le dit avec une force bouleversante :« Il a appris l’obéissance par les souffrances, et devenu parfait, il est la cause du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent. » (He 5,8-9)
Notre Sauveur n’est pas un Dieu lointain, indifférent à nos douleurs. Il est le grand prêtre compatissant, qui a pleuré, supplié, qui a connu l’angoisse de Gethsémani. Un Dieu qui souffre, un Dieu qui se donne, un Dieu qui va jusqu’au bout de l’amour.
- La Passion selon saint Jean : le triomphe caché de l’amour
Dans la Passion selon saint Jean, tout est majestueux. Jésus ne subit pas la mort : il la traverse avec liberté, avec une dignité souveraine. « C’est moi que vous cherchez. Laissez les autres s’en aller. » (Jn 18,8)« Tout est accompli. » (Jn 19,30)
Il remet son esprit : ce n’est pas la mort qui le prend, c’est lui qui donne sa vie. Voilà la grandeur de l’amour. Voilà le feu de la croix.
Et comme la mère qui va jusqu’à frapper à la porte, Jésus aujourd’hui encore frappe à la porte de nos cœurs, non pour nous accuser, mais pour nous rappeler :– Ces blessures… je les porte pour toi. Ce sang… je l’ai versé pour toi. Ce silence… c’est pour t’attendre.
- Et nous ? Allons-nous pleurer, comme ce fils ? Ou tourner le dos ?
Chers frères et sœurs,
Le drame du Vendredi Saint, ce n’est pas seulement ce qui s’est passé hier à Jérusalem.
C’est ce qui se passe aujourd’hui, chaque fois que nous repoussons le visage du Crucifié, chaque fois que nous l’oublions, que nous l’excluons de notre vie.
Le Fils a pleuré devant sa mère brûlée. Et moi ? Est-ce que je reconnais le Christ dans ses plaies ?
Est-ce que j’ai honte de Lui ?
Est-ce que je l’aime vraiment ?
Aujourd’hui, il n’y a pas la célébration de la Messe. Pas de festin. Pas de chant de joie.
Mais il y a un geste à poser. Un seul…
Regarde la Croix. Prends le temps.
Laisse une larme monter. Laisse un silence s’installer.
Et dis-lui – peut-être pour la première fois : « Merci, Seigneur. Je ne t’oublierai plus. »
Conclusion – Une prière au Crucifié
Je termine avec cette prière d’un moine du Moyen Âge, inspirée du cœur :
Seigneur Jésus,
Toi qui t’es laissé briser pour moi,
qui as aimé jusqu’à être rejeté,
qui as donné jusqu’à n’avoir plus que le silence…
Prends mon cœur tiède,
prends mes oublis,
prends mes lâchetés.
Et grave en moi, à jamais,
le souvenir de tes plaies,
pour que je ne t’oublie plus jamais.
Car c’est par tes blessures, et elles seules, que je suis sauvé. Amen.