« Accueillir Dieu… et se laisser accueillir par Lui »
Frères et sœurs bien-aimés,
Il est parfois plus facile d’agir que de s’asseoir. Plus rassurant de tout organiser que d’ouvrir son cœur. Plus confortable de faire… que d’être.
Et pourtant, l’Évangile d’aujourd’hui nous déplace. Il nous emmène à Béthanie, dans cette maison chaleureuse où Marthe et Marie accueillent Jésus. Et à travers elles, c’est chacun de nous que le Seigneur vient visiter.
- Accueillir : non pas seulement faire entrer, mais se laisser rejoindre
Marthe et Marie ont toutes les deux un immense désir de bien faire. Marthe s’active, Marie s’assied. L’une prépare, l’autre écoute. Mais Jésus ne vient pas distribuer des bons points : il vient révéler un cœur.
Ce qu’il dit à Marthe – « tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses » – ce n’est pas un reproche dur, mais un appel tendre :Marthe, et si tu me laissais t’aimer ?
Car c’est cela, au fond, la clé de l’accueil véritable. Ce n’est pas d’abord notre générosité. C’est notre capacité à nous laisser aimer, enseigner, transformer.
Marie choisit la « meilleure part » parce qu’elle s’ouvre à la Présence, elle fait silence, elle s’émerveille. Et elle nous montre que la foi commence par l’écoute, pas par le faire.
Sainte Thérèse de Lisieux écrivait :« Jésus n’a pas besoin de nos œuvres, mais de notre amour. »
- Une hospitalité qui devient rencontre : Abraham sous le chêne de Mambré
La première lecture éclaire merveilleusement cette scène. Abraham, figure de l’hospitalité biblique, accueille trois étrangers. Il se donne du mal, il court, il fait préparer un vrai festin.
Mais soudain, tout bascule : ce ne sont plus trois simples visiteurs… c’est le Seigneur qui est là. Et dans l’accueil offert, c’est une promesse qui se déploie : « L’an prochain, tu auras un fils. »
Ce récit nous rappelle que Dieu vient souvent dans les visages inattendus. Il se cache dans les pauvres, dans les étrangers, dans les frères en recherche. Et quand nous ouvrons notre porte, c’est notre propre vie qu’il transforme.
Un proverbe éthiopien dit :« L’étranger que tu accueilles est le messager du ciel que tu ne reconnais pas encore. »
- Témoignage : « J’étais venu pour aider, j’ai été évangélisé »
Permettez-moi un témoignage. Une jeune bénévole est partie en mission dans un foyer d’accueil pour sans-abris. Elle voulait donner du temps, faire le bien.
Mais ce qu’elle a vécu l’a bouleversée. Elle raconte :« Un soir, un homme m’a dit : « Je te remercie pour ton sourire. Tu es la première depuis longtemps à m’avoir regardé comme un homme et non comme un déchet. » J’étais venue pour aider… et c’est moi qui ai été relevée. »
Elle a compris, ce jour-là, que l’accueil vrai n’est pas seulement horizontal. Il est aussi sacré. Quand nous accueillons l’autre, c’est le Christ que nous accueillons – et souvent, c’est Lui qui nous relève à travers lui.
- Une parole de Paul pour aller plus loin : « Le Christ en vous »
Dans la 2e lecture, Paul nous révèle ce mystère fou : « Le Christ est en vous, espérance de la gloire. »
Ce n’est pas un Jésus extérieur, distant, réservé aux lieux sacrés. Il est en nous. Il désire demeurer en nos maisons, en nos âmes, dans notre quotidien. Et ce Christ intérieur, il faut lui faire de la place.
Marthe nous dit : « Sers le Seigneur avec tout ton cœur. »
Marie nous dit : « Écoute le Seigneur avec tout ton cœur. »
Et Jésus répond : « Fais les deux… mais commence par me laisser t’aimer. »
Conclusion : Accueillir Dieu, c’est le laisser faire en nous ce que nous ne pourrions jamais faire seuls
En ce dimanche, frères et sœurs, Jésus vient frapper à la porte de notre vie.
Il ne cherche pas une maison parfaite. Il cherche un cœur ouvert.
Il ne vient pas pour être impressionné, mais pour nous transformer.
Alors que nous soyons aujourd’hui Marthe ou Marie, que notre cœur soit agité ou disponible, que nous soyons à bout ou pleins de zèle… faisons une chose simple :Arrêtons-nous. Écoutons. Et laissons-nous aimer.
« Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. » (Lc 10,42)
Et si c’était aussi la part que le Seigneur nous invite à choisir aujourd’hui ?
- « Marthe, sois bénie pour tes bons services ; lorsque tu arriveras à la patrie céleste, tout cela n’existera plus là-bas : il n’y aura là-bas que ce que Marie a choisi » (Saint Augustin)
🌿 Méditation – « La meilleure part »
Il y a tant à faire.
Tant à organiser, à prévoir, à réussir.
Mais Jésus ne nous félicite pas d’abord pour ce que nous accomplissons…
Il nous invite à choisir la meilleure part.
Et cette part, c’est Lui.
C’est ce moment de silence où il parle à notre cœur.
Ce regard posé sur un frère en détresse.
Ce souffle intérieur qui nous dit : « Laisse-toi aimer. »
Quand nous cessons un instant de courir,
le Christ entre.
Et c’est alors qu’il commence en nous l’œuvre que nous ne pouvions pas faire seuls.
Choisir la meilleure part,
c’est lui faire de la place.