La prière comme l’âme de la vie chrétienne
La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à la prière pour nous-mêmes et pour les autres. Comme l’homme qui ne mange plus meurt lentement à cause de la faim, ainsi le chrétien qui ne prie plus meurt lentement. La prière est l’âme de la vie spirituelle. Qu’est-ce que la prière ? Sainte Thérèse d’Avila la définit comme « un commerce d’amitié avec Celui qui nous aime, Celui dont nous savons aimés ». Dieu est toujours celui qui nous aime et veut notre bien.
Dans l’Évangile, Jésus enseigne à ses disciples comment prier. En effet, le disciple n’a pas demandé à Jésus de leur enseigner une prière à réciter, mais plutôt de leur apprendre à prier ». Ainsi, la prière du « Notre Père » est une prière avec laquelle on apprend à prier, mieux encore, c’est une école de prière. Elle contient les caractéristiques d’une bonne prière chrétienne. Je voudrais en souligner deux : : 1. La prière du « Notre Père » commence par des paroles de louange à Dieu et ensuite par des demandes pour la vie quotidienne. Ce qui signifie qu’une bonne prière doit commencer par s’intéresser à Dieu avant de penser à nous-mêmes. Comme dans une relation amicale, si nous voulons parler comme Thérèse d’Avila, lorsque je rencontre mon ami ou mon amie, je commence par demander de ses nouvelles : comment va ta santé, ta famille, le travail, … Voici les trois premières invocations du  » « Père » : « Que ton nom soit sanctifié », « que ton règne vienne” ; « Que ta volonté soit faite. » Celles-ci nous montrent comment nous devons commencer nos prières communautaires comme celles personnelles. Louer Dieu d’abord pour ce qu’il est.
Chers frères et soeurs, si Dieu est notre ami, il serait injuste de le considérer comme une station-service où l’on va quand on a besoin du carburant. Mais quand la voiture est à pleine, nous passons sans penser qu’il y a cette station. Non, chers frères et soeurs, une conception erronée de la prière est de penser que la prière est seulement pour les pauvres matériellement parlant afin de demander l’aide de Dieu. D’une part, oui, la prière est pour les pauvres et devant Dieu nous sommes les pauvres du Seigneur (les anawim). Nous sommes tous pauvres devant Dieu, en fait nous sommes appelés à être pauvres en esprit, c’est-à-dire des gens qui savent qu’ils n’ont rien sans la main du Seigneur. D’autre part, nous ne pouvons pas réduire la prière à une litanie de demandes, mais comme deux coeurs qui s’aiment, c’est un dialogue, une confiance mutuelle. Comme il serait beau que notre prière devienne cette confiance, ce dialogue avec Celui qui nous aime profondément avec nos difficultés, nos misères et nos faiblesses.
2. La deuxième caractéristique que je voudrais souligner est l’utilisation de la première personne du pluriel. Dans le modèle de prière que Jésus nous donne, il y a toujours la première personne du pluriel, le « nous » et non « je » : « Notre Père », « donne-nous chaque jour », « pardonne-nous, … ». Ce qui signifie
que la bonne prière est avant tout communautaire. Ne pensons pas à nous-mêmes, mais pensons et portons les nécessités de tous pour notre bien aussi. Le bien des autres contribue à la construction d’un monde meilleur. Par conséquent, l’insécurité de la Russie et de l’Ukraine ; d’Israël et de la Palestine, l’insécurité des iraniens et des libanais qui sont bombardés, des congolais, des soudanais tués chaque jour comme des mouches, doit nous interpeller et émouvoir nos coeurs ici en France ; la misère de certains pays du monde nous touche aussi ici : tant de jeunes qui périssent dans notre mer à la recherche de bien-être ne nous laissent pas indifférents. C’est pourquoi la prière chrétienne est vraiment communautaire, elle porte la communauté dans son coeur. Et après avoir prié, le chrétien sort pour faire quelque chose, pour se transformer et chercher à changer le visage du monde. Le modèle de la prière pour la communauté est Abraham dans la première lecture. Il intercède pour les villes de Sodome et Gomorrhe, deux villes païennes. Insiste sans se lasser devant Dieu. Sa prière exprime la confiance devant Dieu et la préoccupation pour les autres.
Aujourd’hui, demandons la grâce de Dieu pour que notre prière nous rapproche de Lui, nous transforme et nous ouvre aux besoins de toute l’humanité souffrante. Amen