Mes chers frères et sœurs !

Quelle image avons-nous de Dieu ? Quel visage de Dieu donnons-nous à voir, nous sui sommes chrétiens ? Il nous arrive ou il nous est déjà arrivé d’avoir ou de transmettre une image très terrifiante et assez dégoutante de Dieu. Cette image naît de ce que nous entendons, voyions, nos peurs, les épreuves, des expériences malheureuses que nous vivons…auxquelles nous n’avons pas d’explication rationnelle. Parfois, dans notre dire et notre agir, nous détruisons l’image de Dieu, nous défigurons son visage en parlant mal de lui au point que ceux qui entendent ou nous voient vivre de méfient de notre Dieu au lieu de se rapprocher de lui.

Un Dieu qui laisse mourir de famine les enfants, qui n’arrête pas les guerres, qui laisse faire les criminels, qui semble fermer les yeux devant des épidémies ou qui laisse mourir un enfant d’un cancer, qui ne résout pas et semble impassible devant les nombreux problèmes des hommes, qui laisse la nature se déchainer. Bref, Dieu qui terrorise, terrorisant, terrifiant, impassible et détestable qui ne donne pas envie qu’on l’aime et qu’on s’approche de lui.

Même les athées, ceux qui croient ne pas croire ont une certaine image, une certaine idée de Dieu… parce qu’en fait, ils se sont faits ou alors, nous les croyants, leur avons transmis une idée, une image horrible de Dieu qui les pousse à se décider de ne pas croire.  Parfois il vaut mieux de ne pas avoir un Dieu que d’en avoir une image terrifiante et détestable. La plus difficile des conversions à vivre est le passage de ce Dieu terrifiant que nous portons parfois dans notre cœur au Dieu d’amour révélé dans notre histoire du salut, par le Christ Jésus et dans le saint Esprit.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Amen ! Nous répétons, parfois de manière mécanique et routinière, cette formule ! La solennité de la Trinité Sainte que nous célébrons a été voulue par l’Eglise pour nous rappeler ce que signifie vraiment être chrétien et ce que cette formule implique pour nous.

D’abord, cette formule implique que la foi chrétienne, tout en étant absolument, rigoureusement monothéiste, c’est-à-dire la foi en un Dieu unique, qu’elle est aussitotalement et rigoureusement différente deux autres monothéismes, c’est-à-dire, du Judaïsme et de l’Islam. Rappelons que Jésus a été condamné par les chefs religieuxJuifs parce qu’il disait qu’il était Fils de Dieu, et se faisait ainsi l’égal du Père… Ce qui est un blasphème pour le judaïsme. Quant à l’islam, la foi chrétienne en un Dieu en trois Personnes est considérée comme du polythéisme. Très récemment, un jeune lycéen de la paroisse m’a réveillé par un coup de téléphone un matin pour discuter de la foi chrétienne parce que ses copains musulmans du lycée se moquaient de lui en le traitant de païen parce qu’adorateur de trois Dieux, le Père, le Fils et le saint Esprit. La foi chrétienne est un « monothéisme trinitaire ». Cela veut dire que selon ce queDieu a révélé de lui-même dans l’histoire du salut, et selon l’enseignement de l’Eglise, nous professons notre foi en un Unique Dieu mais en Trois Personnes. Ce sont les PersonnesDivines dont il s’agit dans le Credo et dans la conclusion de toutes les prières liturgiques : « Nous Te le demandons par Jésus Christ ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’Unité du saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen »

Un et Trois : un beau et grand mystère, mystère des mystères, dont découlent tous les autres mystères de notre foi, mystère dépassant les capacités humaines, que nul ne peut comprendre uniquement par son intelligence, mystère accessible seulement par la grâce de la Révélation de Dieu.

La trinité sainte est un mystère insondable. Plusieurs grands esprits, des grands théologiens, aussi brillants les uns que les autres ont entrepris de réfléchir sur la Trinité, de l’expliquer, mais ils n’y sont jamais arrivés car la trinité ne se comprend jamais par le seul biais de la raison humaine. Devant ce mystère ineffable, les explications et paroles humaines sont inadéquates. Notre langage n’est qu’un timide balbutiement limité qui ne peut qu’effleurer cette réalité qui dépasse notre intelligence.

Une anecdote de l’histoire de théologie illustre l’incapacité humaine à comprendre le mystère de la Trinité Sainte. Il s’agit de la tentative de l’un des grands théologiens de l’histoire de l’Eglise, saint Augustin d’Hippone qui nous a laissé l’un le plus grand et le plus beau des traités sur la Trinité sainte, le De Trinitate. On raconte qu’un jour, Saint Augustin se promenait, faisant des va et vient sur la plage, plongé dans une grande réflexion pour s’expliquer et comprendre le mystère de la Trinité. Tout d’un coup, il est intrigué en voyant un petit garçon qui avait creusé un trou dans le sable et avec son petit seau : l’enfant essayait de vider l’eau de la mer pour remplir son trou de sable. « Que fais-tu petit enfant ? », lui demanda saint Augustin. « Je veux vider la mer dans ce trou de sable », lui répondit le petit garçon. « Arrête, mon enfant, comment peux-tu y arriver ? C’est impossible ! Tu ne vois pas que la mer est immense et trop grande pour ton petit trou de sable perméable ». L’enfant lui répliqua : « Et toi, comment peux-tu prétendre contenir l’immensité du mystère de Dieu dans petite intelligence ? ».En fait, c’était un ange qui était apparu à saint Augustin pour lui rappeler  que la trinité sainte est une mystère insondable et inépuisable.

Notre intelligence ne peut contenir le mystère de la Trinité qui n’est compréhensible que par un cœur qui croit et qui aime. Nous ne pouvons comprendre un peu ce grand mystère, que par l’intelligence de notre cœur qui croit. C’est le cœur qui nous aide à comprendre par exemple, que les trois Personnes de la Trinité agissent depuis l’Origine. Le salut de l’humanité n’est pas l’œuvre du Christ seulement, mais des trois Personnes Divines agissant en communion. Jésus ne nous sauve pas en solitaire, comme certains qui aiment, par orgueil, amour propre ou égoïsme, travailler et faire le bien tout seul, sans collaborer avec les autres. Le Père a voulu sauver l’humanité en nous offrant aussi la possibilité de retisser une relation avec lui, relation rompue par le péché originel et actuel. Pour cela, le Père a envoyé son Fils qui, pour réaliser cette mission, a pris complétement la nature humaine. Avec sa mort et sa résurrection, il a racheté l’humanité entière. Il l’a fait une fois pour toute, il y a plus de deux mille ans à Jérusalem.

Cet événement, qui a eu lieu longtemps dans l’histoire et en un lieu donné, éloigné dans le temps et dans l’espace, devient actuel pour chaque être humain, de tout temps et dans tout pays grâce à la troisième personne de la Trinité sainte, le saint Esprit, actif et opérant dans le baptême et la confirmation et dans tous les autres sacrements d’ailleurs qui sont les moyens confiés par Jésus à l’Eglise pour offrir à chaque humain la possibilité de bénéficier et d’accueillir le salut.

La volonté du Père, accomplie par le Fils il y a plus de deux mille ans est poursuivie aujourd’hui grâce au Saint Esprit : Dieu Unique en trois Personnes, intimement uniesmais distinctes, opérant en parfaite communion. Dieu veut nous faire entrer dans la communion trinitaire. Par la prière, à travers la célébration des sacrements, dans nos engagements ecclésiaux et humains, nous pouvons participer à cette communion trinitaire et à l’œuvre des Rrois PersonnesDivines. Jésus a prié pour que nous soyons plongés dans cetteunité-communion trinitaire, entre le Père et le Fils par le Saint Esprit :

« Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». (Jn 17, 21). Nous avons été créés à l’image et à la ressemblance du Dieu unique en trois Personnes : cela veut dire que nous sommes des êtres de relation, communion,  communication vraie, dialogue,  don total de soi, accueil de l’autre, collaboration et amour…Un Dieu communion qui nous révèle que l’égoïsme, la solitudecontredit notre nature profonde car nous sommes faits pour être en relation, pour nous donner aux autres et nous recevoir d’eux , comme dans la relation des trois personnes de la trinité sainte.

Que cette eucharistie nous plonge en profondeur dans cet Océan d’Amour trinitaire et fasse grandir l’unité et la communion entre-nous. Prions en particulier pour les enfants et adolescents qui font leur première communion et la profession de foi ce dimanche et le weekend prochain : qu’ils soient intimement plongés dans la communion trinitaire.Amen