Mes chers frères et sœurs !
Au premier Noël, personne ne s’est rendu compte de rien à Bethléem. A part quelques autorités comme César Auguste, Quirinus, très peu de gens étaient au courant de l’existence de Bethléem ! Les habitants de Bethléem ne se sont rendu compte de rien, tellement affairés à trouver de quoi loger tout ce monde qui arrivait pour se faire recenser ! Pourtant un événement tellement extraordinaire se produisait chez eux. La capacité d’accueil de Bethléem ne devait pas être particulièrement grande, et de ce fait, beaucoup d’habitants étaient obligés d’héberger les visiteurs dans les lieux de fortune ! C’est comme pendant les fêtes, si vous possédez une petite maison et que tous les enfants et petits-enfants débarquent, il faut bien se débrouiller pour dormir, qui sur le canapé, qui sur un tapis du sol, qui chez le voisin, trois dans le même lit…peu importe, en essayent de faire attention aux plus fragiles de la famille ! On se débrouille, on est un peu solidaires, dans la limite des moyens. Donc à Bethléem, il n’y a aucune discrimination délibérée contre Joseph et Marie ! Peut-être un manque de délicatesse et d’attention envers cette femme enceinte jusqu’au cou ! Là aussi, on ne sait pas prévoir exactement le moment de l’accouchement !
A Noël, personne ne s’est rendu compte de rien : et s’il a quelqu’un qui est intervenu pour rendre moins anonyme la naissance de l’enfant de ce jeune couple de Nazareth, un il y a ce groupe des bergers du coin, personnes simples, humbles, regardées avec méfiance parce que nomades, à qui fut annoncé la nouvelle de manière angélique. Au premier Noël, le Messie, celui qui venait sauver le monde, naît dans l’anonymat d’une ville où personne ne s’est rendu compte de rien sauf les bergers !
Ces bergers sont engourdis par le froid. Ils essayent de dormir, apeurés, éblouis et incrédules devant tant de lumière. La vie de ces bergers se consume dans une sorte de survie et de colère contre le destin cynique qui les a poussés aux marges de la société, obligés d’exercer un métier mal perçu, méprisé et mal payé. Des bergers, c’est-à-dire, « des gens qui ne sont rien », comme aurait pu le dire quelqu’un ! Des gens oubliés de tous. Errant avec leur troupeau dans les collines de la Judée, à deux cents pas du désert qui, la journée les suffoque avec la chaleur et la nuit les opprime avec le gel. Ils dorment à la belle étoile, brimés de ne pouvoir avoir une vie de famille, menant une vie impure aux yeux de la religion parce qu’incapables de respecter les prescriptions de la Loi et de fréquenter une communauté. Si un quelconque Messie devait un jour sauver Israël de l’oppression étrangère, on ne pouvait certainement pas l’imaginer chercher des bergers perdus dans leur sommeil.
Et pourtant ! Bergers, c’est pour vous qu’est né le Sauveur ! Non pas pour les autres, mais pour vous ! Non pour l’empereur de la lointaine Rome qui impose à ses sujets un recensement comme on compte son cheptel de troupeau. Il ne naît pas pour, Hérode, un roi criminel qui utilise la religion comme arme de propagande et qui voit en Dieu un concurrent. Il ne naît pas pour les prêtres affairés à célébrer la puissance du Dieu d’Israël et à se vanter de temple reconstruit, connaissant par les Ecritures le lieu où devait naître le du Messie mais qui sont incapable de sortir pas pour aller le voir ! Il n’est pas né pour les braves habitants de Jérusalem perturbés par la visite des mages, guidés par une étoile, à la recherche d’un roi qui venait de naître. Le Messie n’est même pas né pour le grand Rabbin de Jérusalem qui, avant de se coucher, avait prié avec force pour la venue du Messie : ce naissait pourtant à deux cents mètres de sa maison sans s’en apercevoir !
Non, il n’est pas né pour eux mais c’est pour vous que le sauveur est né par parce que vous ne vous y attendiez pas ! Parce que vous savez ce que veut dire « se sentir perdus », que vous avez besoin d’un sauveur, parce que, le désir du bien et de Dieu, dans votre cœur, est profond comme un abîme que vous n’osez même plus regarder ! Jésus est né pour vous parce que la dureté de la vie a rendu votre cœur dur comme une pierre et que vous avez besoin que Jésus vous donne un cœur de chair et de douceur ! C’est pour vous que le Sauveur est né parce que Dieu cherche les brebis comme les bergers qui se sentent perdus !
C’est pour vous et moi que Jésus est né ! Avons-nous encore un peu d’honnêteté pour reconnaitre que nous sommes un peu perdus dans un monde de fou où nous ne nous reconnaissons plus, un monde qui ne semble plus nous appartenir. Jésus est né pour nous si l’espérance d’un sens à la vie habite encore en nous. Il est né pour nous qui nous sentons parfois les perdants de la société parce que Dieu vient pour les derniers, les perdants. Il coure dans les déserts pour les débusquer, il envoie ses troupes d’anges pour les éclairer et les remplir de sa joie.
Noël est une création nouvelle, un aujourd’hui nouveau. En naissant parmi nous, en embrassant nos habitudes, nos fragilités, nos émotions ! Jésus veut que nous donnions un nouveau visage, un nouveau sens à nos émotions, même celles qui nous sont imposées par le marketing et la publicité. A Noël, Jésus nous demande d’aller au-delà de cette abondance de sucre et de bûche, de foie gras du vin blanc et de champagne, de cette atmosphère idyllique et magique qui risque d’exaspérer la douleur de tant de gens qui, pendant cette période, sont obligés d’endosser le masque du bonheur, de la joie, du sourire en espérant surtout que ces fêtes ne durent plus très longtemps.
C’est pour moi, ici et maintenant que Jésus est né. Dieu me redit que c’est pour moi, pour toi, qu’il a pris l’humanité. Pour toi qui n’en peux plus, pour toi qui te sens à plat actuellement. Tu vaux tellement que Dieu s’est incarné pour te montrer combien il t’aime. Pour toi, Dieu a parcouru les galaxies et le Cosmos pour te trouver, t’embrasser, te redire que tu es aimé. Dieu le fait en devenant petit enfant, un bébé fragile qui a besoin de tout, besoin d’être accueilli, qui ne demande qu’à être pris dans tes bras, l’envelopper d’une couverture d’amour et de joie comme seul Noël est capable de nous offrir.
Dieu s’est fait homme pour toi, pour que tu puisses devenir Dieu ! Dieu t’aime et attend que tu puisses l’aimer à ton tour. Ce soir, demande l’Enfant-Jésus de te sauver des ténèbres qui t’empêchent de voir le bien autour de toi, de ce sentiment de non-sens qui oppresse ta vie, du victimisme par lequel tu culpabilise les autres, du découragement qui t’empêche d’avancer, de cette arrogance et du narcissisme par lesquels tu fais le vide autour de toi.
Le signe qui est donné à Noël, c’est un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Dieu naît encore en moi et m’invite à le reconnaitre à travers des signes simples ! Dieu ne se cache pas, il ne fait pas le difficile, il ne se fait pas désirer ! Il nous invite seulement à le reconnaitre à travers les signes de vie quotidienne : un bébé, dans les bras de sa mère, les personnes que nous rencontrons dans les rues, un rayon de soleil qui traverse les nuages, un beau chant de noël, des bougies allumées, le coup de téléphone que je fais à quelqu’un ou que je reçois, cette personne qui t’offre un cadeau, cette réconciliation et ce pardon demandés et reçus, ces gens qui t’entourent, ceux qui travaillent même à Noël afin que nous vivions de belles fêtes. A eux et à nous tous, Joyeux Noël ! Seigneur Jésus, aide-nous à reconnaitre les signes de ta naissance, de ta présence, dans notre quotidien et donne-nous la joie de chanter ta gloire avec les anges et les bergers. Amen !