Mes chers frères et sœurs !

Quel est visage de Dieu donnons-nous à voir au monde, nous qui sommes chrétiens ? Quelle image avons-nous de lui ?  Le visage que nous avons de Dieu naît de ce que nous vivons : les expériences heureuses et malheureuses de la vie. J’ai mangé récemment avec un ancien catéchiste et animateur d’aumônerie. Ce dernier a cessé de croire en Dieu (selon ses propres mots) lors du décès tragique de quelqu’un qui avait beaucoup compté pour lui, s’occupant en particulier de son enfant autiste. Devant cette expérience encrée, aucune explication rationnelle possible, pas d’argument théologique. Il a fallu seulement écouter son récit et sa douleur. Par contre, une jeune Ambre (18 ans), de saint Simon que j’ai rencontrée mercredi, revient à la foi en demandant la communion et la confirmation depuis la mort de sa prof de Français, décédée après une longue maladie. Une épreuve de part et d’autre, mais effets contraires. Faisons attention aux paroles, explications et spéculations sur Dieu car elles risquent de blesser et d’éloigner du même Dieu que nous avons pourtant envie d’annoncer.

Un Dieu qui laisse mourir les enfants des maladies graves, de la faim ou sous les bombes, qui n’arrête pas les guerres et laisse prospérer les criminels, qui semble fermer les yeux devant des épidémies…. Nous avons souvent entendu cela ! Bref, Dieu qui terrorise ou terrifie, impassible et indifférent ne donne pas envie qu’on l’aime et qu’on s’approche de lui. Quel visage avons-nous de Dieu.

Même les athées, ceux qui disent ne pas croire ont une certaine image de Dieu… ! Ils se la sont construite ou c’est nous les croyants, qui leur avons inconsciemment transmis une image horrible par nos paroles et nos actes. Parfois il vaut mieux de ne pas avoir un Dieu que d’en avoir une image terrifiante et détestable. La plus difficile des conversions à vivre est le passage de ce Dieu terrifiant que nous portons parfois dans notre cœur au Dieu d’amour révélé dans notre histoire du salut, par le Christ Jésus et dans le saint Esprit.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Amen ! Nous répétons, parfois de manière mécanique et en toute vitesse, cette formule ! La solennité de la Trinité Sainte que nous nous rappelle ce que signifie vraiment être chrétien et ce que cette formule implique concrètement.

D’abord, la foi chrétienne, tout en étant absolument monothéiste, c’est-à-dire la foi en un Dieu unique, est aussi totalement différente de deux autres monothéismes que sont le Judaïsme et de l’Islam. La raison de la condamnation de Jésus par les chefs religieux Juifs est qu’il disait qu’il était Fils de Dieu, et se faisait ainsi l’égal du Père…Un blasphème pour le judaïsme ! Pour l’islam, la foi chrétienne, un Dieu en trois Personnes, est considérée comme du polythéisme. C’est ce qu’on appelle le « monothéisme trinitaire » : un Dieu Unique, un Seul Dieu mais en Trois Personnes distinctes.

C’est la foi de notre baptême, celle que nous profession dans symbole de Apôtres ou de Nicée-Constantinople le dimanche et dans la conclusion de toutes les prières liturgiques : « Nous Te le demandons par Jésus Christ ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’unité du saint Esprit, Dieu pour les siècles des siècles. Amen » Il à a là une communion et non pas une fusion. Communion implique la distinction, alors que la fusion implique la perte. Or, dans la trinité sainte, les trois Personnes Divines sont en profonde communion tout en gardant leur distinction. Parfois les fiancés, lors de la préparation au mariage, exaltent leur côte fusionnel en oubliant que la fusion est différente de la communion des cœurs. L’unité et la communion dans le couple signifie le respect de l’identité de chacun des conjoints. La communion au sein d’une communauté nécessite de s’accueillir dans la diversité, comme les différents membres qui forment le même corps.

La sainte trinité restera ce mystère inépuisable qui ne se comprend jamais par le seul biais de la raison. Devant ce mystère ineffable, les explications et paroles humaines sont inadéquates. Notre langage tellement limité pour l’expliquer. Des théologiens illustrent et brillants ont essayé de l’expliquer tout en reconnaissant les limites de leurs raisonnements.  Saint Augustin nous a écrit l’un des plus grands des traités théologiques sur la sainte Trinité. Un jour, se promenant au bord de la Méditerranée, sur la plage, il était plongé dans une grande réflexion pour comprendre afin d’expliquer le mystère de la Trinité.  Il fut subjugué par enfant qui avait creusé un trou dans le sable et avec son petit seau, essayait de vider l’eau de la mer pour remplir son trou, en vain. « Que fais-tu petit enfant ? », lui demanda saint Augustin. « Je veux vider la mer dans ce trou de sable », lui répondit le petit garçon. « Arrête, mon enfant, comment peux-tu y arriver ? C’est impossible ! La mer est immense et trop grande pour ton petit trou de sable perméable ». L’enfant lui répliqua : « Et toi, ta raison ne peut prétendre contenir l’immensité du mystère de Dieu ! ». En fait, c’était un ange qui lui était apparu pour lui rappeler que la sainte trinité n’est pas à comprendre par la raison.

La sainte trinité n’est compréhensible que par un cœur qui croit et qui se laisse aimer par Dieu. Le cœur croit, qui aime et qui espère, comprend que les trois Personnes divines agissent toujours en communion, que notre salut n’est pas l’œuvre du Christ, agissant tout seul, mais des trois Personnes Divines. Aucun égoïsme, aucune solitude, aucune tension, mais communion, relation et réciprocité. C’est toujours dans la communion des trois Personnes que Dieu agit dans les sacrements qui nous transmettent la vie divine par l’Eglise.

La volonté du Père, accomplie par le Fils, est poursuivie aujourd’hui dans le Saint Esprit qui nous plonge à dans la même communion trinitaire. Par la vie de prière, la célébration des sacrements, les engagements ecclésiaux et humains, nous pouvons participer à cette communion trinitaire pour laquelle Jésus a prié avant sa mort : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». (Jn 17, 21).

Créés à l’image et à la ressemblance du Dieu Trine, nous sommes des êtres de relation, communion, de don de soi, accueil de l’autre, collaboration et amour…Le Dieu trinitaire et communion nous révèle que l’égoïsme, la solitude contredit notre nature profonde car nous sommes faits pour être en relation, pour nous donner aux autres et nous recevoir, comme dans la relation des trois Personnes Divines.

Que cette eucharistie nous plonge dans cet Océan d’Amour et qu’elle fasse grandir l’unité et la communion entre nous ! Amen