Chers frères et sœurs !
Quand on est fatigué, après une longue et exténuante journée, on n’a qu’une envie : se reposer, laisser tomber tout le reste que nous renvoyons au lendemain ou à plus tard encore. Imaginez que vous êtes fatigués après, mais votre club préféré de rugby va jouer une finale dans la soirée. Là, c’est comme si nous étions dopés et nous ne ressentons plus notre fatigue ! Nous attendons, surexcités et chaque minute qui passe compte : en attente de l’annonce de la compo, puis du coup d’envoi. Quand nous aimons et quand nous avons envie et plaisir, motivés, nous avons comme des ailes d’aigle, infatigables. Devant l’ordinateur dans mon bureau ou en voiture, j’écoute souvent de la musique : une habitude depuis le collège ! Il y a des musiques que j’aime bien écouter et dès qu’elle est passée, j’ai envie de la relancer, de la réécouter. Le temps passe vite. Mais si la chanson ne me plait pas, j’essaye de vite la passer, zapper pour ne pas l’entendre. Une activité, un travail fait avec envie, plaisir donne forcément une motivation supplémentaire et de la joie.
Dans toute activité, nous avons besoin de cette d’envie et du plaisir pour être réactifs, proactifs et ne pas rester passifs. Il peut nous arriver de faire du bien sans envie ni motivation. Mais quand nous posons de bonnes actions avec envie et motivation, nous y mettons tout notre cœur et cela donne une signification nouvelle à ce que nous faisons. Quand nous prions par exemple, il est possible que nous soyons dans une prière un peu répétitive, routinière : alors, nous prions sans nous arrêter au sens aux paroles, sans être totalement présents et sans implication du coeur. Ça nous arrive dans des moments de sécheresse spirituelle, de désolation. Et là, nous avons besoin d’élan, d’un peu de consolation, de motivation pour gouter à la joie de la prière qui implique tout notre être, en commençant par notre cœur.
En ce jour de la Pentecôte nous rappelle que c’est le saint Esprit qui apporte le désir, le plaisir, la motivation et l’élan dans tout ce que nous sommes et tous ce que nous faisons. Il est capable de transformer aumône que nous faisons à la personne qui se tiens à la sortie de l’église ou au coin de rue en véritable acte de charité, parce qu’il nous permet de poser ce geste avec amour. Il peut transformer notre prière routinière, répétitive en une oraison exaltante qui transfigure notre cœur et notre vie. Par le saint Esprit, les textes de la Bible ne sont plus des simples écrits, des récits à lire mais véritable Parole Vivante de Dieu qui est nourriture pour notre vie. Le même Esprit saint qui a inspiré l’auteur sacré, nous inspire aussi à la lecture de la Bible qui devient Parole vivante pour nous aujourd’hui.
Quand notre péché nous éloigne et nous ressentir moins qu’un esclave, indigne de l’amour d Père, le saint Esprit vient murmurer en nous pour nous rendre capables d’appeler Dieu « abba », c’est-à-dire « papa ». Il atteste que nous sommes enfants de Dieu et met en nous des véritables dispositions filiales en nous faisant nous reconnaitre et nous comporter de nouveau comme fils et filles de Dieu. Lorsque nos corps faiblissent par l’âge ou la maladie, le saint Esprit est capable de nous redonner vie, vitalité et vigueur, comme il l’a fait aux ossements desséchés décrits dans le livre du prophète Ezéchiel (Ez 37, 4-8). L’Esprit saint est capable de nous faire faire l’expérience du ressuscité dans notre vie personnelle et ecclésiale.
Avant la Pentecôte, les apôtres étaient vivants, bien sûrs ! Mais ils étaient comme morts de peur, tétanisés dans cette maison où ils s’enfermaient. Jésus leur avait promis qu’il ne les laisserait pas orphelins, qu’il leur enverrait le saint Esprit, le Paraclet, le Consolateur, l’Esprit de vie et de vérité. Sur la croix, quand Jésus a expiré, il a aussi remis l’Esprit au Père. La résurrection s’est opérée par la force du Saint Esprit. Au soir de Pâques, Jésus avait donné son Esprit aux apôtres pour leur donner le pouvoir de discernement sur les péchés des hommes. « Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
A la Pentecôte, se réalise pleinement la promesse de Jésus : le saint Esprit descend sur les apôtres et transforme fondamentalement leurs vies. Jadis timides et remplis de peur, les apôtres deviennent intrépides et courageux. Jadis cachés, circonspects, taciturnes, maintenant ils s’explosent et parlent à tous franchement, sans réserve et plein de joie, parlant un langage compréhensible par tous. Jadis titubants, pas sûrs d’eux, maintenant ils émerveillent les habitant de Jérusalem par leur enthousiasme et leur zèle explosif. Certains pensent même qu’ils sont remplis de vin doux, qu’ils sont ivres. Le seul discours de Pierre, d’ordinaire timide, provoque la conversion de bien plus de 3000 personnes… et peut-être même que parmi eux il y en a qui étaient présents et demandaient le crucifiement de Jésus le vendredi saint. Le saint Esprit est passé par là et agit sur eux en leur donnant cette motivation nouvelle, cet élan nouveau qui leur manquaient dans leur mission. Le saint Esprit les instruit et les rend plus conscients de la présence du Ressuscité qui agit à travers eux qui vivent la naissance de l’Eglise.
« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement ». Chaque baptisé a reçu la mission de rendre témoignage au Christ. Prions pour tous les adultes qui vivent « leur Pentecôte » aujourd’hui en recevant le sacrement de confirmation dans l’Eglise, et particulièrement dans notre diocèse et sur notre ensemble paroissial, afin qu’ils soient témoins du Christ. Il y a urgence de témoigner de notre foi dans notre société aujourd’hui. Rendons grâce pour ces jeunes et adolescents du collège et lycée qui, plus que nous les adultes, ont l’audace de parler de leur foi, d’en témoigner sans complexe. On le voit au nombre de jeunes qui viennent à l’aumônerie et demandent les sacrements de l’initiation chrétienne. Ils se cooptent, se motivent, se soutiennent pour avancer ensemble et oser parler du Christ sans avoir peur. C’est le signe que l’Esprit Saint agit dans la vie de ces jeunes de plus en plus nombreux qui découvrent ou redécouvrent Jésus, qui viennent ou reviennent à la foi.
Prions pour chaque baptisé entende l’urgence du message du Christ de témoigner de lui autour de nous. Que l’Esprit de Pentecôte embrase nos vies, nos communautés, toute l’Eglise et toute l’humanité afin de nourrir en nous l’espérance et nous faire avancer dans la confiance pour nous rassurer et nous guérir de la peur, même quand la réalité semble s’obscurcir. Amen