Chers frères et sœurs !
La scène décrite dans l’évangile de ce dimanche de Pâques ne se passe pas à 11h00, comme maintenant. Ça se passe à l’aube. Deux disciples de Jésus, Pierre et Jean courent, presque sur les plantes de pieds, en silence, en évitant surtout de faire du bruit par peur de ce qui pourrait leur arriver si on les croise. En effet, à la veille, chez Caïphe, Pierreavait failli se faire arrêter parce qu’une femme l’avait reconnu comme disciple de Jésus, et c’est là qu’il a nié trois fois ne pas connaître Jésus. Jean, lui, avait été vu au pied de la croix avec Marie et Marie-Madeleine. Alors, ce matin-là, ils courent tous les deux mais ils n’ont pas la même vitesse parce qu’ils ne sont pas de la même génération. Pierre a déjà pris quelques rides à cause de son âge avancé, pendant que Jean lui est en pleine forme parce qu’il beaucoup plus jeune.
Ce jour-là à Jérusalem, on voit pointer le soleil qui illumine de sa lumière dorée les maisons de Jérusalem. Pierre et Jean ont peur, mais ils traversent la ville pour aller au tombeau. Marie-Madeleine les a réveillés parce qu’elle était la première à constater que le corps de Jésus n’était plus dans le tombeau. Elle est allée les voir et les a obligé de sortir de la maison où ils se cachaient. Ils courent vite ! Pierre s’essouffle mais s’accroche ! Sa tunique lourde l’empêche de courir vite ! Le jeune Jean semble ne pas vouloir l’attendre…. Ils courent tous les deux, mais chacun à son rythme, car pour aller suivre le Seigneur, il n’y pas de rivalité ! Ce n’est pas une compétition. Pas de premier ni de dernier. Le plus important est de le suivre. C’est Dieu qui suit notre rythme ! C’est dommage de voir des gens qui veulent imposer leur rythme spirituel aux autres, oubliant qu’avec le Seigneur, chacun de nous a son propre rythme !
Les soldats romains qui faisaient la garde ont disparu. Le tombeau donné par Joseph d’Arimathie est ouvert, mais il est vide. Ce tombeau était le dernier cadeau que Joseph d’Arimathie, disciple des derniers moments, un homme riche et puissant, avait offert à Jésus, n’ayant pas pu, malgré son pouvoir et son argent, sauver la vie de Jésusqui était condamné à mort. La lourde pierre qui fermait l’entrée du tombeau a été déplacée. Jean, le disciple le plus jeune est arrivé en premier : les plus jeunes vont plus vite et sont toujours pressés, c’est la force de la jeunesse ! Cela dérange parfois les personnes plus âgées qui disent ne plus rien comprendre aux jeunes ! Conflits de génération !
Observez néanmoins que dans cet évangile ce jeune homme attend son aîné, le vieux Pierre ! Il l’attend parce qu’il le respecte et veut l’honorer. Finalement, quand Pierre arrive à son tour, essoufflé et dégoulinant de sueur, Jean le laisse entrer le premier dans le tombeau, par respect pour les anciens. C’est la priorité, le respect qui est dû aux anciens mais qui malheureusement se perd de plus en plus dans notre société. Au matin de Pâques, l’apôtre Jean nous invite au respect des anciens, des parents et grands-parents, ceux qui sont passés avant nous, ceux qui ont construit la famille, le pays… que nous héritons de l’histoire passée.
Ce tombeau vide est le témoin muet et sans parole de la résurrection. Il existe encore aujourd’hui à Jérusalem. On l’appelle le saint Sépulcre. Une basilique y est construite. Des pèlerins du monde entier vont y prier depuis plusieurs siècles…mais il y a aussi toutes ces confessions chrétiennes qui, à Jérusalem, la revendiquent comme leur propriété privée. L’écrivain Éric-Emmanuel Schmidt témoignant de sa foi a dit que lors de son dernier pèlerinage en Terre sainte, l’ambiance au Saint Sépulcre de l’avait pas plu à cause de trop de brouhahas et des bousculades, des gens qui se poussent ! Nous oublions que Jésus appartient de tout le monde et qu’il n’aime pas nous voir nous exclure, nous diviser.
Peu m’importent ces querelles religieuses. C’est ce tombeau vide qui avait accueilli le corps vie de notre Seigneur ! Mais Jésus est ressuscité et nous-sommes là tous, pour célébrer la victoire de la Vie. C’est cela mystère que nous célébrons chaque dimanche. C’est dans ce mystère que nous sommes plongés dans le baptême. C’est le cœur de la foi que nous professons.
Et c’est la foi que vous, parents, parrains et marraines êtes invités à transmettre aux enfants qui sont baptisés aujourd’hui ! Apprenez-leur que croire en Jésus ressuscité, c’est croire en un jour nouveau dans lequel je reprends ma vie en main en m’émerveillant de toutes les belles choses que le Seigneur me donne. Croire en Jésus ressuscité, c’est croire que la mort, le mal, les épreuves n’ont jamais le dernier mot parce que Jésus les a vaincues par sa résurrection. C’est croire que la douleur, la croix et la mort n’ont pas le dernier mot. Croire en la résurrection, c’est croire à la vie qui renaît dans ce bébé qui va bientôt naître, ce bébé dont j’ai la fierté et le désir de voir grandir sur une planète plus propre, plus verte, avec des saisons moins déréglées comme aujourd’hui. C’est croire que Jésus est la Lumière qui éclaire ma vie, me montrant ce qui est essentiel dans ma vie !
Croire en Jésus Ressuscité, c’est croire que l’Amour qui est plus fort que la mort, plus fort que la violence, et que l’Amour gagne toujours ! L’Amour vrai, même quand il est trahi, foulé au pied et apparemment faible à cause de nos trahisons, cet Amour-là est plus fort que tout. Cet Amour avait été crucifié le vendredi saint, il a souffert, mais au matin de Pâques, il a triomphé ! Ne donnons jamais au Mal l’occasion de croire que l’Amour peut mourir, mais faisons mourir le mal par l’Amour et le Bien que nous faisons.
Croire au Ressuscité, c’est croire à la patience, patience avec nous-même, avec les autres. La patience nous guérit notre colère, cette colère qui engendre conflit et violence en nous, dans nos familles, groupes et mouvements. Croire en Jésus, c’est croire à la confiance en l’être humain parce que le Christ est venu restaurer dans sa mort et sa résurrection l’image de Dieu que le mal et le péché avait défiguré. La résurrection que nous vivons dans le baptême fait de chacun de nous un chef d’œuvre du Père.
Alors, comme Marie-Madeleine, comme Pierre et Jean, courrons, nous aussi ! La Pâques est la fête de l’Amour, l’amour de la Vie. Jésus est vraiment ressuscité ! Arrêtons de chercher un crucifié mort ! Séchons nos larmes et arrêtons de nous lamenter que Dieu est absent. Non, le tombeau est vide ! Dieu en est sorti et il est bien Vivant, éternellement vivant. Bonne Pâques à vous tous, fragiles et faibles disciples du Christ ! Jésus est ressuscité ! Alléluia. Amen.