Mes chers frères et sœurs !

Continuons, dans nos maisons et dans nos communautés, à préparer la naissance de Jésus, et surtout, n’oublions pas ce qui est le cœur de Noël : en Jésus veut naitre dans la vie de chacun de nous.  Nous sommes en chemin, en attente, et sur ce chemin, les évangiles (que vous allez recevoir tout à l’heure, vous les catéchumènes) nous présentent plusieurs visages qui nous accompagnent pendant le temps de l’Avent. Aujourd’hui, je voudrais en mentionner deux. D’abord, un visage féminin et maternel, celui de Vierge Marie, l’incontournable icône à contempler pendant le temps de l’Avent pour sa confiance, son accueil de la Parole dans son cœur, dans son sein. Il y aussi un autre visage, masculin, plus virile, celui de Jean-Baptiste que l’évangile de ce dimanche nous présente. On ne peut parler vivre l’Avent sans penser à Jean-Baptiste, l’humble Précurseur qui nous invite à préparer nos cœurs, à aplanir la route, rendre droits les sentiers, abaisser en nous ces nombreuses montagnes qui risquent d’empêcher la rencontre avec le Messie qui vient. Il est sec, transparent, sans mystère et ne se laisse pas séduire par la tentation de se faire passer pour le Messie.

Le visage de Jean-Baptiste est un appel à la conversion pour nous ! Il nous invite à regarder la vérité sur les choses qui nous entourent, nous angoissent, nous préoccupent mais surtout vérité sur nous-même, sur notre vie, sur notre foi appelée à se purifier pour se conformer chaque jour à Jésus que nous voulons suivre pour devenir ses disciples. Cela va s’adresse en particulier à ces 5 catéchumènes qui, à travers ce rite de l’entrée en catéchuménat de ce dimanche 6 décembre, font officiellement leur demande à l’Eglise pour devenir chrétiens. Demander le baptême, devenir chrétien, signifie pour nous creuser en nous le désir de se rapprocher davantage de Jésus qui fait de nous des créatures nouvelles, au lieu de rester dans la routine d’une vie passée, avec les casseroles et blessures que nous trainons parfois.  Pour Jean-Baptiste, le message est simple : en acceptant son baptême de conversion, le peuple se met en marche pour cheminer avec Dieu qui veut nous sauver en nous faisant découvrir son Amour qui renouvelle en profondeur notre vie personnelle.

La figure de Jean-Baptiste est très austère. Il porte un « vêtement de poils de chameaux, une ceinture autour des reins et mangeant des sauterelles et du miel sauvages ».  Je voudrais m’arrêter un peu sur l’habillement et le régime alimentaire de Jean-Baptiste parce que si saint Marc le souligne, c’est pour nous transmettre un message. D’abord son vêtement de poil de chameaux ! Heureusement que le mouvement Extinction Rébellion, n’existait pas encore à l’époque de Jean-Baptiste ! Le poil de chameau !  Dans la conception sémitique de l’époque, on pensait que le chameau était l’unique animal capable de traverser le désert sans perdre d’orientation et sans mourir. Un animal intelligent et très résistant aux aléas du désert qui est le symbole de la faim, de la soif, des dangers, et donc d’une mort possible.  Notre Seigneur a traversé le désert de la mort et en est sorti vainqueur par son Amour et il est vivant pour toujours.  Saint Marc, comme un bon catéchiste (on dit que l’évangile de Marc est celui du catéchiste par sa simplicité et sa pédagogie), en mentionnant cet habillement de poil de chameau, invite les chrétiens à chercher à revêtir le Christ, dans notre manière de vivre, de penser et d’agir. Devenir chrétien, c’est se revêtir de l’Evangile, de l’Amour de Dieu pour nous, embrasser la logique du bien. Nous nous revêtons du Christ qui nous permet de traverser notre quotidien marqué malheureusement par des épreuves de toute sorte, des dangers, des tentations. Saint Paul nous rappelle que rien ne peut nous séparer de l’Amour de Dieu en Jésus qui est mort pour nous ! Pendant ce temps de l’Avent, et ce cheminement vers le baptême, ouvrons au Christ notre coeur pour vivre de son Amour.

Saint Marc nous dit ensuite que Jean-Baptiste portait une ceinture autour de rein. Pendant l’Exode, le peuple hébreu était appelé à nouer son habit d’une ceinture, (comme quand on noue son aube par un cordon) pour pouvoir marcher librement, pour ne pas piétiner son habit, ne pas glisser et tomber, et surtout pour parcourir plus rapidement le chemin vers la Terre Promise. Nous sommes appelés, surtout en ce temps de l’Avent, à aller de l’avant, à avancer, à nous empresser pour entrer dans la plénitude de vie qui nous attend. Pour cela, mettons en place des mécanismes humains et spirituels pour ne pas tomber en glissant sur les distractions, les tentations, les épreuves…qui risquent de ralentir notre marche ou de nous faire changer de destination ou de direction. Cela veut dire que nous devons être attentif à garder le cap, être déterminé à ne suivre que Jésus jusqu’au bout : c’est le choix que font les catéchumènes dès l’entrée en catéchuménat (et le jour du baptême) en renonçant au mal et à d’autres divinités qui pourraient nous détourner de Jésus.

Jean Baptiste se nourrit de miel sauvage. Du miel, même sauvage, c’est quand même du miel ! Dans toute la Bible, le miel est le symbole de la Parole de Dieu.  En soulignant le régime alimentaire de Jean-Baptiste, l’évangéliste-catéchiste saint Marc nous rappelle que pour marcher à la rencontre et à la suite de Jésus, nous devons nous nourrir de la Parole de Dieu. Rappelez-vous que lors des tentations au désert, le diable avait demandé à Jésus en lui demandant de transformer les pierres en pains pour nourrir son corps affamé des 40 jours de jeûne. Jésus lui avait rétorqué que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». En ce temps de l’Avent où spontanément nous sommes appelés à nourrir et vêtir nos corps (achats et fête de Noël), n’oublions de nourrir notre âme par la Parole de Dieu et par la prière. La Parole de Dieu, écoutée, priée, méditée est une nourriture qui fortifie l’âme, une lampe, une lumière sur notre route et nous aide y voir où le Malin veut nous tenter dans notre quotidien. Pendant  l’Avent, tout votre cheminement vers le baptême, et pas que, ouvrons les Evangiles, la Parole de Dieu pour s’en nourrir.

Le temps de l’Avent est un temps d’attente du Sauveur qui vient combler nos vies et étancher ces soifs, petites et grandes que nous ressentons en nous. En ce temps d’Avent, apprenons à discerner nos désirs les plus profonds pour les présenter à Jésus Sauveur. Mais, rappelons-nous aussi que le Sauveur ne vient pas que pour moi, mais pour toute l’humanité. Noël n’aura vraiment tout son sens que si je me soucie des faims et soifs des hommes et femmes qui nous entourent, et si nous faisons de notre mieux pour qu’aucun être humain, et plus particulièrement les plus pauvres les personnes malades, isolées….ne puissent penser que Noël, c’est la fête de certains seulement, et pas de tous. Non, Noël est bien la fête de toute l’humanité, même des non-chrétiens car à Noël, Dieu embrasse notre condition humaine pour nous faire partager sa divinité. Ainsi, pendant l’attente de l’Avent, ouvrons nos yeux pour voir, nos oreilles pour entendre les cris de nos frères et sœurs qui ont besoin d’être sauvés des différentes prisons, de la solitude, de l’isolement, de la pauvreté, du froid, de la maladie, de différentes addictions, de la peur de perdre sa famille, son travail…. Attendre un Dieu solidaire qui a accepté de partager notre humanité par amour nous invite à vivre une attente, un avent plus solidaire, plus fraternel avec le monde qui nous entoure.

Dans l’évangile de ce jour, Jean-Baptiste prêche un baptême de conversion. Très souvent, nous prenons des résolutions pendant le Carême. Au cœur de l’Avent, le message principal du Baptiste est la conversion. Pour cela, il nous montre une attitude : l’humilité et simplicité. « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint » Jean-Baptiste reconnait humblement qu’il n’est pas le messie. Une leçon pour nous, pour notre monde tellement orgueilleux qu’il veut prendre la place du Créateur. C’est aussi l’humilité de Marie, l’humble servante du Seigneur. C’est cette même humilité simple que nous allons retrouver dans la crèche de Noël.

Pendant ce temps de l’Avent, demandons de nous convertir à l’humilité et à la simplicité dans ce que nous vivons dans nos maisons et dans nos communautés. Nos célébrations, comme nos rencontres familiales, cette année, n’auront pas la même intensité matérielle que les années précédentes à cause du contexte. Peut-être, dépourvu de cette dimension très solennelle et pompeuse, nous vivrons un Noël sombre mais de grande qualité, la sobriété heureuse dont parle le pape François, la belle simplicité que nous trouvons chez Jean-Baptiste et que nous contemplons dans le visage de la Vierge Marie, de saint Joseph, qui nous accompagnent pendant ce temps de l’Avent.