Mes chers frères et sœurs !

Dans un monde où nous rêvons de paix, et où nous voyons la guerre de déchainer comme en Ethiopie, des morts, des massacres chaque nuit dans certaines régions du monde comme mon Kivu natal, dans un monde où le risque attentat est permanent… nous aurions voulu accueillir un Dieu fort, défenseur des faibles, présence qui sécurise nos vies exposées aux périls de toute sorte.

Dans un monde où nous observons et subissons un dérèglement climatique sans précédent, où nous voyons la planète de détruire, où inondations et sécheresse apparaissent dans des coins jadis improbables, où des gens meurent de famine, de soif et de froid, nous aurions besoin d’un Dieu Créateur du ciel et de la terre, impeccable horloger qui régule cet univers que nous n’arrivons plus à contrôler ni à maitriser.

Dans un monde où un virus sème la terreur et paralyse tout depuis deux ans maintenant, où nous ne savons plus à quel saint se vouer, où les variants se multiplient à côté d’autres maladies beaucoup plus graves encore dont nous souffrons et beaucoup souffrent autour de nous, nous aurions besoin d’un Dieu qui assainit l’atmosphère, un thaumaturge et médecin qui nous prescrits des médicaments miracles qui nous sortent de nos tâtonnements et nous libère de cette angoisse quasi permanente depuis deux ans.

Dans une Eglise qui n’a pas encore compris qu’il est temps d’en finir avec quelques jeux de pouvoir, éclaboussée par des crimes adieux d’un très petit nombre de ses membres, mais crimes qui  blessent beaucoup trop de victimes et défigurent le visage du Corps Mystique du Christ, dans une Eglise qui devraient ouvrir largement les portes au monde avec des attitudes d’écoute et de miséricorde, au lieu de se replier sur elle-même, nous aurions besoin d’un Dieu Réformateur qui secoue chaque baptisé, chaque prêtre, chaque évêque jusqu’au pape, bref, nous aurions besoin d’un Dieu-Maître qui nous secoue une fois pour toute en mettant fin à la  récréation ambiante.

Au milieu du chaos ambiant, il faudrait un Dieu, comme au commencement, qui fasse un peu d’ordre en remettant chaque chose à sa place.  Au contraire, pour revenir au « comme il était au commencement », l’évangile de ce jour nous dit que Dieu est le Verbe, la Parole, une Parole qui crée et ordonne les choses, certes, mais qui le fait « en se faisant chair ». C’est le message du prologue selon saint Jean que nous venons d’écouter. Le Verbe se fait chair, c’est-à-dire, prend la faiblesse totale, limite, mortalité, élément tellement humain qu’on ne trouve pas plus faible que la chair ! Jésus lui-même dira plus tard à ses disciples au Jardin de Gethsémani que la « chair et faible mais que l’esprit est ardent ! »

Celui qui semblait être le Dieu tout-puissant par sa force, Créateur et Seigneur de l’univers, le Dieu de l’Exode qui fait taire le pharaon, celui qui fait traverser les Hébreux la Mer Rouge à pied-sec, le Dieu de l’histoire et des armées, le Dieu immortel se fait chair et vient habiter parmi les hommes ! Ce Dieu-là ne résout pas nos problèmes de départ. Nous aurions aimé qu’il se révèle et se manifeste d’une manière un peu plus forte ! Pourquoi ne vient-il pas une fois pour toute arranger les choses et mettre un terme au chaos ambiant au lieu de laisser tous ces hommes et femmes politiques nous proposer chacun, à sa sauce, une solution-miracle qui ne fonctionne d’ailleurs presque jamais. Dieu aurait pu venir sur les nuées des cieux pour instaurer et proclamer son Règle, un règne de paix, de justice, sans égoïsme ni racisme de tout genre !  Cela aurait plus efficace et imposerait à tous de croire en lui !

Au contraire, « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ». Par con incarnation, Dieu s’affaiblit, il se vide de sa puissance, pour devenir faible comme nous et partager nos fragilités. Et c’est là que Dieu nous surprend ! A Noël, Dieu nous dit que nous ne sommes pas seuls. Notre chair n’est plus abandonnée à elle-même. Quelqu’un en prend soin, quelqu’un se fait proche, quelqu’un se fait tellement notre égal pour nous rendre totalement ses égaux : en prenant notre humanité en Jésus, Dieu désirait que nous devenions vraiment semblables à lui.  Le message de Noël est qu’en Jésus, Dieu a choisi de se faire semblable à nous et d’habiter parmi nous, au milieu de nous, pour que nous devenions semblables à lui. Ainsi, nous pouvons alors lui demander de venir prendre place au milieu de nous, au milieu de nos proches, au sein nos familles réunies pour les fêtes, de prendre cette place à table qu’on garde pour l’inconnu ou l’étranger ! Parce que Dieu a choisi d’assumer notre faiblesse, nous pouvons en toute confiance lui demander de nous sauver des faiblesses et fragilités.

Jésus, Fils de Marie, Fils de David, fils adoptif de Joseph, viens sauver notre humanité. Soulage la solitude de tant de personnes âgées isolées dans domicile ou dans nos maisons de retraite, ceux qui risquent de n’entendre un Joyeux Noël que celui de la Radio ou de la présentation du journal télévisé. Sauve-nous aujourd’hui de nos disputesentre voisins et encore entre parents lors de nos retrouvailles. Fais-nous échanger des vœux de joie, de bonheur, avec un sourire sincère et non feint. Enfant-Jésus, donne l’Amour à ceux qui sont en maque d’amour, du travail à ceux qui sont au chômage. Jésus, toi qui as assumé véritablement un corps humain, pose ta main et viens guérir nos corps et ceux de nos proches qui souffrent de tant de maladie graves et moins grave.

En ce jour de Noël, apprend-nous à supporter l’ingratitude de nos enfants ! Aide-nous à les laisser libres dans leurs choix de vie. Apprends-nous à écouter avec patience les lamentations, les récriminations de nos parents ou grands-parents âgés, à ne pas boucher nos oreilles quand ils nous font la litanie des maux et maladies vraies ou supposés dont ils souffrent et qui les rends toujours aigris.

Jésus, aide-nous à construire une société qui s’occupe vraiment de nous, à avoir des politiques qui ne se moquent pas de nous chaque fois que nous réclamons nos droits. Apprends-nous à ne pas barricader nos portes, surtout celles de nos cœurs, à ceux qui sont différents de nous, par leur religion, la couleur de leur peau, leur culture, sensibilité liturgique, pastorale ou politique ! Ne permets pas que nous soyons comme ceux qui ont refusé de t’accueillir dans leur maisons et auberges cette nuit-là à Bethléem, obligeant ta mère à te donner naissance dans une étable. Apprends-nous à ne pas rester scandalisé par une Eglise pécheresse qui refuse de se réformer, mais donne-nous le courage et la grâce de la changer de l’intérieur, en nous convertissant d’abord nous-même, afin que ton Eglise ne soit pas cette communauté monolithique et exclusive, mais une véritable ouverte à tous, missionnaire et heureuse d’annoncer chaque jour la joie que tu nous apporte depuis que tu as pris chair et habité parmi nous. Amen !