Mes chers frères et sœurs !
Bonne fête ! C’est Noël ! Nous voulons vivre Noël, pas seulement le fêter. Vivre Noël, c’est savoir accueillir sur la terre, dans nos maisons, la grande surprise qui vient du Ciel. C’est accueillir dans notre humanité ce Dieu qui, parce qu’il nous aime tellement, se fait l’un de nous, a pris chair de notre chait, à travers ce petit enfant que nous contemplons dans la crèche avec Vierge Marie et Joseph. Vivre Noël, c’est se laisser bousculer par cette surprenante nouveauté de l’Amour de Dieu pour chacun de nous. Célébrer Noël chaque année c’est rappeler le fait que l’amour de Dieu pour chacun de nous n’est jamais une routine, mais une nouveauté permanente ! Contrairement aux amours humains qui tombent malheureusement dans la routine parfois, (pensez è votre vie de couple !) l’amour de Dieu est un oui toujours nouveau. Noël n’offre pas seulement des lumières, des guirlandes, des cadeaux dans des paquets, des repas somptueux, des maisons réchauffées par nos familles rassemblées…. A Noël, Dieu nous invite à nous laisser toucher par la tendresse embrassant toute notre l’histoire : Dieu s’est fait chair pour nous, afin que chacun de nous reçoive la vie divine. De la méditation de Noël, je retiens trois choses : accueil, joie et paix.
Le premier mot de Noël est l’accueil. Jésus n’a pas été accueilli par tout le monde. Au premier Noël, hier comme aujourd’hui d’ailleurs, des gens ont refusé et refusent encore d’accueillir Jésus. Pensez à toutes ces personnes qui n’ont pas voulu venir célébrer la veillée parce qu’ils ont mis leur préférence sur un repas qui commence très tôt et se prolonge tard ! L’enfant-Jésus n’est pas né à Jérusalem, la ville sainte, le centre de la vie économique et religieuse du peuple d’Israël. Il n’est pas né dans une grande ville que nous rêvons tous de visiter un jour comme Paris, New York, Londres, Rome. Non ! Jésus est né dans un bled perdu, dans une grotte, non pas dans un lit bien confortable, dans une des meilleures maternités du coin. L’évangile nous dit que la Vierge Marie « e mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune ». C’est le drame de l’indifférence.
Noël donne réellement la vraie joie seulement s’il est vécu de façon moins superficielle et moins commerciale, en sortant des nos maisons en fêtes pour chercher l’Enfant Jésus , aujourd’hui encore perdu et dispersé dans nos rues parce que SDF, caché dans le cœur des personnes âgées mourant de solitude, des malades condamnés dans leurs lits, des personnes seules abandonnées, de ces hommes et femmes humiliées par la pauvreté croissante, le Mahorais qui a tout perdu après le cyclone, ces réfugiés renfermés dans ces camps tellement deshumanisants en Jordanie, au Sud Soudan, au Proche Orient, au Kivu, en Ukraine, toutes ces personnes écrasées par la violence. A Noël, nous devrions au moins penser au désir de Dieu qui veut que chaque être humain venant au monde ait un endroit accueillant dans lequel il se sent aimé et par un peu de chaleur humaine qui permet de vaincre le froid de l’indifférence qui devient de plus en plus une réalité globale.
Si pour l’Enfant de Bethléem il n’y avait pas de place chez les hommes, rappelons-nous que, pour nous, il y a et il y aura toujours une place dans le cœur de ce Dieu qui redonne dignité à tout être humain, à nous aussi ! Le Seigneur Jésus, prenant chair du sein de la Vierge Marie, nous rappelle que chaque être humain est accueilli, quelle que soit sa condition, dans le cœur de Dieu qui est amour. La conséquence concrète, c’est que Noël nous appelle à nous accueillir mutuellement, et pas seulement ce soir dans cette grande salle devenue une église, mais aussi dans nos familles, nos communautés malgré toutes les raisons qui nous inciteraient à nous repousser, à ne pas ouvrir nos cœurs et nos maisons, même à certains membres de la famille.
Le deuxième mot de Noël est la « vraie joie » que Jésus donne à qui l’accueille en vérité. « L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.
Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » La naissance de Jésus est une grande joie. La lumière est venue dans le monde, le Seigneur nous rend visite comme le soleil levant. La vraie joie vient du ciel nait du fait d’être visité. Il ne s’agit pas de n’importe quelle visite mais de celle qui porte qui m’apporte le plus beau des cadeaux : le salut par le Christ Jésus. Le mystère célébré à Noël, c’est-à-dire, l’incarnation du Seigneur m’apporte une joie telle que, si je l’accueille, elle chasse de ma vie la tristesse dans laquelle je me suis embourbé à travers les fausses et éphémères joies de ce monde qui n’ont pas maintenu leurs promesses. Nous ne sommes pas nés pour vivre de cette joie éphémère que nous propose le monde, mais de la joie chrétienne qui demeure et qui nous accompagne même dans les difficultés de la vie. Jésus nous redis aujourd’hui encore qu’il nous apporte, pas du tout une joie euphorique et superficielle, mais une joie profonde qui nous accompagne d sorte qu’aucune épreuve ne peut nous séparer de son amour.
Le troisième mot de Noël est la paix : « Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » La gloire de Dieu qui est au ciel se revêt d’humanité, elle descend sur notre terre pour porter la vraie paix aux hommes qu’il aime. La paix est donnée à tous parce que Dieu aime tous ses enfants. Dieu ne fait pas le tri pour décider des personnes, des populations qu’on peut moralement massacrer, tuer pour en sauver d’autres. Noël nous rappelle que Dieu veut la paix pour tous ses enfants parce qu’il les aime tous, sans préférence ni discrimination. A Noël, dans nos familles parfois, il y a des tensions parce que, même nous parents, nous préférons certains de nos enfants aux autres. Du coup, nous créons des divisions, des rivalités et des guerres entre eux. A Noël travaillons à la paix entre-nous ! Ce qui permet de bâtir la paix, c’est l’amour que nous avons les uns envers les autres, même ennemis. Si nous n’aimons que ceux qui nous aiment, ceux qui pensent comme nous… en quoi sommes-nous différents des païens ? Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes meilleurs que les autres, mais parce que nous sommes simplement ses enfants. Demandons cette grâce de l’Amour qui nous permet d’être des artisans de paix pour devenir vraiment semblables à Dieu qui donne son amour tous.
Noël n’est pas un appel à la bonne volonté des hommes, mais l’annonce de l’amour et de la bienveillance de Dieu pour nous. Rappelons-nous cependant que la paix apportée par Jésus ne signifie pas l’absence des problèmes dans vie. Il s’agit de la paix même au milieu des problèmes de la vie. Comme la joie véritable qui ne nous épargne pas des épreuves, de même, la paix du Christ ne nous vaccine pas contre les désaccords, des conflits et des tensions. Mais, dans les conflits, Jésus nous demande d’être des artisans de paix parce que nous sommes avec lui fils et filles d’un Dieu qui aime et qui donne la Paix.
A Noël, nous célébrons la naissance du Prince de la Paix. Jésus ne peut pas naître dans les cœurs qui s’enferment dans la violence, la rancœur, la haine et tous ces conflits que nous entretenons et qui ne peuvent produire que la mort. Car même si je ne donne pas physiquement la mort, ma haine et ma rancœur donne la mort car elles tuent la relation d’amour avec les autres. A Noël, le Seigneur nous appelle à accueillir sa paix pour en témoigner dans nos familles, pour devenir des artisans de paix, des bâtisseurs des ponts et pas de murs de la haine et des divisions.
Alors, ce soir, demain et chaque jour, accueillons-nous dans la joie et la paix. Ainsi le Christ viendra naître en nous et parmi nous. Amen.