Mes chers frères et sœurs !

La situation actuelle du monde pourrait nous laisser sans espoir : une pandémie qui refuse de disparaitre et qui fait d’énormes dégâts, plongeant le monde dans une crise économique sans précédent. Les puissances mondiales se méfient les unes des autres, entre la Chine, les USA, l’Europe, la Russie !  On vit dans l’incertitude de la rentrée qui devrait avoir lieu dans quelques jours ! …. A tout cela il faut ajouter l’actualité parfois éprouvante de notre vie personnelle, professionnelle familiale, relationnelle, ecclésiale…  Ce sont de la violence et des tempêtes nous  font  peur  et qui nous font crier, comme les disciples dans la barque, sur la mer agitée « C’est un fantôme ! » Telle est l’actualité de la parole de Dieu de ce XIX dimanche ordinaire.

La première lecture nous situe neuf siècles avant Jésus Christ. Le prophète Elie découvre avec amertume que le peuple d’Israël, sans discernement, suit chaque nouvelle mode qui se présentait à lui. Après la conquête de la Samarie, le roi Akab épouse Jézabel, une princesse païenne qui apporte avec elle dans le royaume de Samarie le culte païen de Baal. Cette nouvelle mode ne déplaît pas au peuple qui trouve cette religion païenne « plus cool » et moins ennuyeuse que la religion juive, traditionnelle, avec sa litanie législative, et qui appelle à odorer un seul Dieu. C’est comme de nos jours où tous les prétextes sont bons pour s’éloigner de l’Eglise, abandonner le Christ pour  embrasser le New Age, se tourner vers  Allah ( l’islam), Buddha, Krisna, la Scientologie de Tom Cruise ou  Wall Street…. dans un mélange de religion sans identité où chacun se concocte sa propre religion en prenant ce qui lui convient dans le christianisme, dans l’islam, le bouddhisme,  un peu d’horoscope,  un peu de marabout… un vrai nomadisme spirituel qui nous fait changer de religion comme on change les couches d’un bébé.  On se fait ainsi la religion à notre propre sauce ! Alors, on vadrouille religieusement, on passe d’une religion à une autre, dans la même journée, on va à la messe, mais on n’oublie pas sa boule de cristal le soir : un théologien appelle cela de la « prostitution spirituelle » !

Devant cette prostitution spirituelle et religieuse, Elie est rempli de zèle pour Yahvé, Dieu Vivant et Vrai d’Israël. Mais il est bien seul. Personne à côté de lui pour défendre la vraie foi. Il est entouré, comme nous aujourd’hui dans notre société, par des gens qui ne se préoccupent plus tellement de la Vérité, mais qui suivent les émotions et mode du temps en se construisant une foi, une religion sur mesure et totalement subjective. C’est dans ce contexte qu’il met au défis les prêtres de Baal sur le mont Carmel pour montrer au  peuple que Yahvé est l’Unique, en faisant descendre du ciel un feu qui consume  un sacrifice, une chose que n’ont pas réussi à réaliser 400 prêtres de Baal. Pour lui, comme pour le peuple, Dieu est puissant et fort. La foule chante hosanna et acclame le Dieu d’Elie.  Malheureusement, Elie comment le crime de faire tuer les 400 prêtres de Baal, et nous assistons à un bain de sang qui rend la reine Jézabel furieuse. Elle veut faire tuer Elie pour venger ses prêtres païens.

C’est dans ce contexte  que nous trouvons Elie dans la première lecture. Il a pris peur et veut mourir au désert. Il se rend compte que sa victoire, mais une victoire illusoire, car elle s’est fait  dans un bain de sang avec les massacres des 400  personnes, n’a fait qu’empirer les choses. Non, cher prophète Elie d’hier et d’aujourd’hui, notre Dieu n’est pas dans la violence et n’aime pas la violence. On ne peut tuer au nom de Dieu ! Le Seigneur n’aime pas la violence.  Elie comprend maintenant sur le mont Horeb, montagne de l’Alliance que Dieu n’est pas dans la violence, ni dans les grands phénomènes naturels, les ouragans, tremblements de terre ! Aujourd’hui, avec Elie, redécouvrons un Dieu se manifeste à nous dans l’intime de nous-mêmes, à travers une brise légère, et il n’y a que dans le silence de notre cœur que nous pouvons vraiment l’écouter et le découvrir, loin des agitations et des bruits. Telle est la première leçon de la liturgie de la Parole d’aujourd’hui.

Le deuxième message parle de notre vie de foi. Nous sommes tous là parce qu’un jour, nous  avons rencontré le Seigneur sur notre chemin. Mais, la foi n’est pas toujours une marche paisible libérée des doutes. Même les grands saints ont fait cette expérience de l’absence de Dieu, des nuits obscures, à un certain moment de leur vie. Après avoir vécu le baptême, l’eucharistie, la confirmation à l’âge adulte, après avoir fait un beau chemin catéchuménal… beaucoup de personnes traversent un passage à vide car le Malin veut attaquer leur foi. J’ai déjà eu plusieurs témoignages dans ce sens ! Tout d’un coup disparaissent les belles émotions spirituelles, on perd le goût de la prière, la foi enthousiaste disparaît… On était convaincu d’avoir Dieu dans notre cœur ! Tout d’un coup, il devient lointain ! Nous ne doutons pas de son existence,  mais le Malin nous fait comprendre que Dieu est loin de nous, qu’Il ne se soucie pas de notre petite vie ! Spirituellement, tout nous parait fatiguant, ennuyeux, inutile et douloureux et les doutes grandissent dans notre cœur et nous pensons que nous nous nous sommés trompés de Dieu !

N’ayons pas peur des doutes ! Une foi évidente, sans ombre d’un doute est inutile et ne change pas notre cœur. Il nous empêche de grandir spirituellement.  Le doute nous pousse à la recherche, la compréhension, à la quête de sens et de l’essentiel, à l’abandon dans la confiance. L’épisode décrit dans l’Evangile d’aujourd’hui est plus théologique qu’historique. La barque est agitée et battue par les vagues des vents contraires. Cela veut dire que la barque était mise à l’épreuve, testée dans sa solidité. Il en est ainsi de notre vie de foi.  Les épreuves nous font peur, mais elles nous aident à comprendre si notre foi est robuste, affermie, fondée sur le Seigneur, notre Rocher imprenable, ou alors qu’elle est construite sur du sable.

Quand dans notre vie les vagues nous submergent, quand tout autour de nous dit que nous avons échoué, il y a quelqu’un qui marche à nos côtés ! Jésus marche sur la mer agitée par la tempête et nous dit « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » Pour le peuple d’Israël, la mer symbolisait tous les dangers et la mort, vrai cauchemar. En marchant sur les eaux agitées, Jésus montre qu’il peut vaincre les tempêtes de notre vie, même les plus horribles de nos cauchemars, ceux qui nous angoissent et nous empêchent de vivre, de dormir, d’être dans la joie véritable. La maladie, la mort d’un être cher, l’abandon, la solitude….  Jésus peut vaincre tout cela si nous lui faisons confiance ! Dimanche dernier saint Paul nous disait : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur ». Faisons-lui confiance. Il ne nous abandonne jamais.

Pierre veut lui aussi marcher sur les eaux ! Comme nous, Pierre veut vaincre son cauchemar et les difficultés de la vie. Il prend son courage en main, fait les premiers pas, mais il perd confiance et sombre dans la mer agitée. Le courage ne suffit pas pour vaincre les eaux de nos doutes. Pierre doit grandir dans la foi. Il ne se jettera plus de la barque, pour marcher sur les eaux, en quête d’une foi héroïque et éclatante. Il devra s’asseoir, ramer lui aussi, avec Jésus, pour porter ses frères sur l’autre rives de la mer.

Dans les doutes, devant les tempêtes de la vie, nous sommes appelés, comme Elie, dans le silence de notre cœur, à écouter le murmure de Dieu qui nous parle en silence et nous appelle à la confiance. Le silence est un océan de la présence de Dieu.  Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de la confiance, du silence et le refus de toute violence. Amen.