Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons contemplé Jésus nous envoyant en mission deux par deux, en équipe, et nous invitant à vivre toujours des déplacements, à nous bouger, à nous donner de nouveaux objectifs et à ne jamais rester statiques. Cela nous rappelle que ce que Jésus nous demande de faire et de vivre, nous pouvons certes le faire seul, mais si nous voulons produire du fruit, Jésus nous commande de le faire en équipe ! Le hasard fait que nous venons de vivre une Coupe d’Europe de Football. La France a été éliminée très tôt, alors que nous avons des stars (Mbapé, Griezman, Girou, Kpogba, Benzema), des individualités très talentueuses mais qui n’ont pas su vraiment travailler en équipe, en cohésion. L’Italie, championne d’Europe, a su miser, non pas sur des stars – car elle n’en avait pas, mais sur le collectif, en jouant vraiment en cohésion, en équipe compacte comptant sur chacun de joueurs…. Après la leçon de dimanche dernier sur le travail et  la mission portée en équipe, Jésus  aborde aujourd’hui  d’autres thématiques  pour nous inviter à la conversion.

Dans la première lecture, le Seigneur n’emploie pas une méthode douce pour appeler à la conversion. Il le fait à travers des paroles dures que nous n’aimerions peut-être pas entendre comme ces paroles du prophète Jérémie contre les pasteurs d’Israël. Pour Dieu, parlant à travers le prophète Jérémie, les pasteurs sont coupables d’avoir mal conduit le peuple et de l’avoir conduit à sa perte : « Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage ». Ce qui est beau dans cette Parole de Dieu, c’est de voir comment l’oracle qui a commencé avec une menace se conclut par la révélation de la tendresse et miséricorde de Dieu pour son peuple : « Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur. » Cette promesse va se réaliser plus tard en Jésus Christ, le Bon Berger, le seul Vrai Pasteur.

En écoutant la parole de Dieu de ce dimanche, nous pouvons faire comme tous les bons paroissiens qui écoutent l’évangile et les homélies des prêtres pour les autres d’abord, mais jamais ou alors très rarement pour leur propre conversion. « Chéri, chérie, t’as entendu ce que le prêtre a pendant l’homélie ! On dirait qu’il s’adressait vraiment à toi !  Si mon collègue pouvait entendre ce que le prêtre a dit aujourd’hui » Pour certains chrétiens souvent, c’est comme si l’appel à la conversion n’était pas d’abord adressé à eux.  Il y a toujours cette tentation qui nous guette de penser que ces paroles dures de Dieu, prononcées par le prophète Jérémie ne nous concernent pas parce qu’elles s’adressent aux pasteurs, aux prêtres, aux autorités, à ceux qui gouvernent. Non, la parole de Dieu s’adresse d’abord à chacun de nous, personnellement.

Petits et les grands, nous sommes tous disciples du Christ qui ont, dans notre vie familiale, professionnelle, associative, ecclésiale des rôles, responsabilités et des missions. Le Seigneur nous demande de remplir des rôles avec le cœur. Chacun de nous devrait se poser en conscience la question de l’état d’esprit, la quantité et qualité d’amour avec lesquels il accomplit ses missions et responsabilités.  Dans tout ce que nous faisons, la Parole de Dieu nous invite à regarder Jésus, le seul bon pasteur que nous devons tous imiter si nous voulons remplir nos missions comme disciples.

L’Evangile de ce dimanche rappelle qu’un chrétien, disciple du Christ est d’abord appelé pour « être avec Lui, à part ». C’est ce que Jésus demande à ses disciples qui reviennent d’une mission, tous heureux de leur réussite et succès. « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Se mettre à l’écart pour rendre compte au Seigneur, pour se ressourcer…C’est Jésus qui les avait envoyés pour aller annoncer la Bonne Nouvelle. Au retour, c’est vers Lui qu’ils vont en premier, pour rendre compte et relire avec Lui leur mission.

Cet évangile voudrait aussi nous fait réfléchir sur la manière dont nous exerçons nos missions et services dans l’Eglise.  Au niveau ecclésial, une responsabilité est toujours est reçue : Je n’ai jamais décidé d’être curé de l’ensemble paroissial de Tournefeuille. Le pape François a été élu par les autres cardinaux. Un évêque est nommé par le pape… comme service à rendre, pas comme un pouvoir. Cela veut qu’être pape, évêque, vicaire épiscopal, formateur de séminaire, simple prêtre ou curé de paroisse, membre l’EAP, de l’équipe liturgique, SEM aumônerie, catéchisme, Secours catholique, préparation aux sacrements… Aucune de ces missions n’est une initiative personnelle, une question d’envie, de besoin d’autoréalisation personnelle : c’est d’abord notre réponse à Dieu qui appelle, confie et envoie en mission. Cela veut dire aussi que, comme les disciples du Christ dans l’évangile de ce dimanche, nous devons rendre compte au Seigneur des missions qu’il nous confie.

Cet évangile me rappelle un beau souvenir de ma vie de séminariste en théologie à Rome.   Il s’agit d’un beau témoignage de l’un des prêtres formateurs que j’ai eu la chance de rencontrer à Rome. Le père Mario Gadda était supérieur de la maison de formation. Mais il était en même temps aumônier de prison. Le matin, quand nous allions à l’université, le père Mario partait aussi à son apostolat dans la grande prison romaine de Regina Caelli. C’est la prison où le pape François est allé parfois laver les pieds des prisonniers, au point de choquer certains catholiques.  Chaque matin, avant son de partir à la prison, le père Mario passait une demi-heure d’adoration eucharistique pour être avec le Seigneur qui l’envoie à la rencontre des prisonniers.  De même, à son retour, il allait directement à la chapelle pour une autre demi-heure devant le Saint Sacrement pour rendre compte au Seigneur de sa mission et lui présenter tous les visages des prisonniers qu’il avait rencontrés.

Cet évangile est un beau cadeau que Dieu au moment où nous sommes déjà ou nous nous apprêtons à partir en vacances d’été.   Heureux de retrouver nos proches et amis après une année éprouvante à cause de cette pandémie, nous sentons le besoin de nous poser, de nous reposer, de couper avec les tralalas professionnels. Nous méritons ce repos et ces retrouvailles pour refaire nos forces, être boosté afin de mieux servir à la rentrée… Alors, nous aussi, comme les disciples revenus de leur mission, mettons-nous un peu à l’écart de temps en temps avec le Seigneur pour faire le point sur notre vie personnelle, professionnelle, spirituelle, familiale, ecclésiale. Si possible, profitez de l’été pour vivre une halte spirituelle, un petite de retraite, tout seul ou en couple, en famille ou avec des amis. Ce repos physique sera ainsi accompagné de beaucoup de grâces spirituelles pour approfondir notre relation avec le Seigneur sans lequel notre vie risque de rester fade et sans saveur. Amen.