Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, Jésus nous a envoyé en mission deux par deux, en équipe, nous rappelant l’annonce de l’Evangile et la mission en Eglise se fait toujours avec les autres. Il nous invitait aussi à accepter les déplacements qu’impose la mission, à nous bouger, à nous donner toujours de nouveaux objectifs et à ne jamais rester statiques. Cela nous rappelle que ce que Jésus nous demande de faire et de vivre, nous pouvons certes le faire seul, mais si nous voulons être fécond, il nous faut travailler avec les autres, en équipe. Jésus nous commande de le faire en équipe ! Ce dimanche, Jésus aborde d’autres thématiques pour nous inviter à la conversion.

Dans la première lecture, Dieu n’emploie pas une méthode douce pour appeler à la conversion, mais il le fait à travers des paroles dures que nous n’aimerions peut-être pas entendre, comme ces paroles du prophète Jérémie contre les pasteurs d’Israël. Ces pasteurs sont coupables d’avoir mal conduit le peuple et de l’avoir conduit à sa perte : « Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage ». Ce qui est beau et rassurant, c’est de voir comment un oracle qui a commencé avec une menace se conclut par la révélation de la tendresse et miséricorde de Dieu pour son peuple : « Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur. » Cette promesse va se réaliser plus tard en Jésus, le Bon Berger.

En écoutant cette parole, nous pouvons faire comme tous les bons paroissiens qui écoutent l’évangile et les homélies des prêtres pour les autres d’abord, mais jamais ou alors très rarement pour leur propre conversion. « Chéri, chérie, t’as entendu ce que le prêtre pendant l’homélie ! On dirait qu’il s’adressait vraiment à toi !  Si mon collègue mon manager, mon responsable pouvait entendre ce que le prêtre a dit aujourd’hui ! » Pour nous parfois, c’est comme si l’appel à la conversion était d’abord adressé aux autres, et pas à nous.  Cette tentation nous guette de penser que ces paroles dures de Dieu, prononcées par le prophète Jérémie ne nous concernent pas parce qu’elles s’adressent aux pasteurs, aux prêtres, aux autorités, à ceux qui sont responsable et qui gouvernent. Non, la parole de Dieu s’adresse d’abord à nous, personnellement.

Petits et les grands, nous sommes tous disciples du Christ qui ont, dans notre vie familiale, professionnelle, associative, ecclésiale des rôles, responsabilités et des missions. Le Seigneur nous demande de remplir des rôles et mission avec le cœur. Demande-toi dans quel état d’esprit, quelle quantité et qualité d’amour tu mets dans tes missions et responsabilités. N’y a-t-il pas trop d’égo dans ma manière de remplir mes missions ? Regardons ce qui se passe au niveau politique dans notre pays : finalement, nous remarquons qu’il y a aucun projet, ou de très peu de projet, mais seulement la guerre des égos et le positionnement personnel dans tous les partis !  Et le bien du peuple vient en dernier lieu. Nous ne sommes pas vaccinés contre cette dérive d’orgueil dans nos missions ecclésiales et professionnelles, d’où l’appel à la conversion.

L’Evangile rappelle qu’un chrétien, disciple du Christ est d’abord appelé pour « être avec Lui, à part ». C’est ce que Jésus demande à ses disciples qui reviennent d’une mission, tous heureux de leur réussite et succès. « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Se mettre à l’écart pour rendre compte au Seigneur, pour se ressourcer…C’est Jésus qui les avait envoyés annoncer la Bonne Nouvelle. Au retour, c’est vers Lui qu’ils vont en premier, pour rendre compte et relire avec Lui leur mission. Il y a des gens pensent être dépositaires d’une mission et qui refusent de rendre des comptes aux responsables. En fait, dans l’Eglise comme dans le monde professionnel, nous avons tous des responsables et nous avons toujours à rendre compte, à relire ce que nous faisons.

Cet évangile voudrait aussi nous fait réfléchir sur la manière dont nous exerçons nos missions et services dans l’Eglise. Au niveau ecclésial, une responsabilité est toujours est reçue ! On ne décide pas d’être curé d’une paroisse, évêque d’un diocèse ! C’est toujours un appel, une mission confiée par quelqu’un d’autre, comme service à rendre, mission à accomplir. Même le pape est élu par d’autres évêques ! Pape, évêque, curé de paroisse, formateur de séminaire, vicaire, simple prêtre, membre l’EAP, du conseil pastoral, de l’équipe liturgique, SEM aumônerie, catéchisme, Secours catholique, préparation aux sacrements… Aucune de ces missions n’est une initiative personnelle, une question d’envie, de besoin d’autoréalisation personnelle : c’est d’abord notre réponse à Dieu qui appelle, confie et envoie en mission. Cela veut dire aussi que, comme les disciples du Christ dans l’évangile de ce dimanche, nous devons rendre compte au Seigneur des missions qu’il nous confie.

Cet évangile me rappelle le souvenir d’un de mes formateurs pendant mes années de séminaire à Rome. Le père Mario Gadda était supérieur de la maison et en même temps, aumônier de prison. Le matin, quand nous allions à l’université, il partait aussi à son apostolat dans la grande prison romaine de Regina Caelli. Chaque matin, avant de partir à la prison, le père Mario passait une demi-heure d’adoration devant le saint sacrement pour être d’abord avec le Seigneur qui l’envoie à la rencontre des prisonniers. A son retour, le soir, il passait directement à la chapelle pour une autre demi-heure d’adoration pour rendre compte au Seigneur de sa mission et lui présenter les visages des prisonniers rencontrés. Pour moi en formation, c’est un témoignage qui m’avait beaucoup marqué.

Cet évangile est un beau cadeau au moment où nous sommes déjà ou nous nous apprêtons à partir en vacances. Heureux de retrouver nos proches et amis, nous poser, de nous reposer, de couper avec la routine et les tralalas professionnels pour refaire nos forces, être reboostés… Comme les disciples revenus de mission, mettons-nous un peu à l’écart de temps en temps avec le Seigneur pour faire le point sur notre vie personnelle, professionnelle, spirituelle, familiale, ecclésiale. Dans la mesure du possible, profitons de l’été pour vivre une halte spirituelle, un petite de retraite, tout seul, en couple, en famille ou avec des amis. Ce repos physique sera ainsi accompagné de grâces spirituelles pour affermir notre relation avec le Seigneur sans lequel nous ne pouvons rien faire. Amen.