Chers frères et sœurs !

Psychologiquement, quand on a passé la fête l’Assomption, le 15 août, on sent déjà la fin des vacances et on commence à préparer la rentrée, même si je sais que beaucoup parmi nous ont déjà fini les vacances. Il est temps pour nous relire nos vacances et de notre été pour voir comment le Seigneur nous a accompagné à travers ce que nous avons vécu et reçu. L’évangile de dimanche dernier nous rappelait que « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » ! Avant la rentrée où nous risquons rapidement d’avoir le nez dans le guidon, relisons notre été pour fixer et redéfinir les priorités et l’essentiel dans nos vies.

 Avec Abraham, dimanche dernier, nous avons appris que croire, c’est faire confiance, accueillir la Parole même quand elle nous brûle et nous bouscule. Avoir la foi, c’est affronter les difficultés en gardant allumée la lumière de l’espérance. Ce dimanche, le Seigneur nous rappelle que l’annonce de l’Evangile, le témoignage de foi est un signe de contradiction. Le monde accepte difficilement l’ingérence divine et préfère souvent les ténèbres à la lumière. Les disciples sont aussi plongés dans ce monde, et sont faits de chair et d’os comme tous les humains. Nous aussi, tout en étant chrétiens, nous ne sommes pas vaccinés contre les contradictions et les peurs. Ce qui nous différencie des autres, c’est la lumière de la foi qui élargit notre cœur et nous rend capable d’aimer. Pour aimer notre monde, nous devons aller à sa rencontre même si c’est toujours un peu plus compliqué de lui témoigner de notre foi aujourd’hui.

Jérémie, prophète inquiet et persécuté, nous est présenté comme modèle à imiter dans la première lecture. Il passe sa vie à convaincre le roi de Juda et tout Jérusalem à ne pas s’opposer à la naissante puissance babylonienne. Confiants en leur diplomatie et du soutien de l’empire assyrien et de l’Egypte, le roi et son entourage n’ont pas voulu écouter les conseils et messages du prophète Jérémie. Ils ont commencé à le persécuter jusqu’à la condamnation à mort où il est sauvé in extremis « Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Melkias, fils du roi, dans la cour de garde. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue. »

Un prophète qui annonce la paix se voit persécuté. Il appelle au bien et c’est le mal qui s’abat sur lui. Les prévisions annoncées par Jérémie se sont avérées. Jérusalem est tombé entre les mains de Nabuchodonosor et sous la domination babylonienne, et ce fut le début de la déportation de plus de 8 milles chefs de familles. Jérémie n’avait pas été écouté ! Être prophète, c’est aimer les personnes auxquelles nous annonçons l’évangile, c’est dire la vérité aux autres, même quand ils ne veulent pas l’entendre, avec le risque d’être incompris même par les personnes que nous aimons.

Après la chute de Jérusalem aux mains des Romains et la destruction du Temple de Jérusalem par le général Titus, les premiers chrétiens seront excommuniés du judaïsme ! De là est née la persécution de l’Eglise naissante. Aujourd’hui encore, beaucoup font l’expérience de cette contradiction quand ils embrassent la foi chrétienne. Alors qu’ils entrent dans la nouvelle famille des enfants des Dieu, la communauté des baptisés, pas toujours accueillante, ces nouveaux convertis souffrent parfois d’exclusion de la part de leur propre famille naturelle et culturelle.

Pendant que nous sommes encore en été, je vous conseille un film à voir : « Le Prophète » qui nous décrit l’histoire d’un jeune musulman qui se convertit au christianisme et comment il est exclu, rejeté et persécuté par sa propre famille. Mais il n’est pas besoin de chercher un chrétien converti de l’Islam pour vivre et voir le déchainement de la persécution. Il nous suffit de regarder dans nos propres familles. Sans aller jusqu’à ces excès, chacun de nous a un jour constaté le changement d’attitude des frères et sœurs, des collègues… qui se sont parfois moqués de vous parce que vous êtes chrétiens, surtout dans certains milieux professionnels. Tel est notre sort : être chrétien, c’est subir parfois le même sort que notre Maître et Seigneur. Il a été persécuté jusqu’à mourir, et c’est normal que les chrétiens soient aussi persécutés ! La croix fait partie de l’ADN du christianisme.

Jésus rappelle qu’il est le feu ! Il apporte un feu qui brûle ce qui en nous dépérit. Il est venu apporter un feu qui illumine, réchauffe et consume le mal en nous. Mais, on a parfois l’impression que ce feu a cessé de bruler dans nos cœurs et nos communautés. Si le fait d’être chrétien se mesure à l’intensité du feu qui brûle en nous, alors les pompiers de la foi n’ont plus beaucoup de travail car nous ne brûlons plus tellement du feu de Dieu ! Il faudrait notre foi redevienne plus brulante. Nous sommes devenus tièdes et le monde ne voit plus le feu du Christ bruler en nous. Nous brulons d’envie et d’amour pour tant de choses, des gadgets, pour des personnes, pour telle équipe de foot, de rugby ou telle star… mais, y a-t-il encore un peu de feu qui brûle en nous pour le Christ ?

Vous est-il arrivé de ne penser qu’à lui, de témoigner de ce feu qui brûle en vous pour lui à votre collègue de travail ? Vous arrive-t-il de défendre le Christ dans un débat, quand il est injurié, moqué, comme cela arrive souvent dans les médias ? Je suis heureux impressionné par les nouveaux convertis, recommençants, les enfants et les adolescents qui sont moins timorés aujourd’hui qu’il y a quelques années et plus portés à témoigner à parler de leur foi. Les musulmans et les juifs montent plus facilement au créneau quand leur religion est méprisée ou discriminée… mais rares sont les chrétiens qui osent monter au créneau quand on se moque de Jésus. Dans un de ses sketch, le comédien Gad Elmaleh invite les cathos à être fier de leur belle religion et d’en témoigner. Parfois même, dès qu’un chrétien essaye de défendre publiquement sa foi, d’autres chrétiens le qualifient de fanatique et d’extrémiste. Si personne ne s’est jamais moqué de vous pour vos convictions chrétiennes, c’est un très mauvais signe !

Quand saint Ignace de Loyola, le fondateur de la compagnie de Jésus envoie ses douze compagnons annoncer l’Evangile jusqu’aux extrémités du monde connu jusqu’alors, il leur dit le jour de leur départ : « Allez, et incendiez le monde ! » Oui, être chrétien, c’est chercher à brûler d’amour pour Jésus et pour le prochain. Rallumons notre ardeur pour le Seigneur ! Que le saint Esprit fasse bruler en nous son feu dans l’Eglise et dans le monde. Amen