Mes chers frères et sœurs
Dimanche dernier, avec l’histoire du jeune homme riche qi voulait suivre Jésus, l’évangile nous expliquant en quoi consiste le fait de devenir disciple du Christ. Mais malgré les explications de Jésus, les disciples ont, soit du mal à comprendre, ou ne veulent pas du tout comprendre le message de Jésus. Ils ont du mal à renoncer à la soif de pouvoir et leur grand besoin de reconnaissance.
Sur la route qui les mènent à Jérusalem pour la troisième fois, Jésus annonce sa Passion aux disciples. En cours de route, les disciples se disputent les postes ministériels. L’évangile nous dit que les disciples discutaient entres eux pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Là encore, la réponse de Jésus rappelle le sens du service : « celui parmi vous qui veut être le plus grand, qu’il se fasse le serviteur de tous. Celui qui veut être le premier, qu’il se fasse le dernier de tous », avec l’exemple d’un enfant comme modèle. Mais là encore, cela n’a pas suffi pour que les disciples comprennent que suivre Jésus, c’est renoncer à la logique du monde, celle du pouvoir.
L’évangile de ce dimanche nous souligne encore combien les disciples étaient, comme nous tous parfois, obsédés par pouvoir. C’est rassurant pour nous : si c’est arrivé aux apôtres, il est normal que cela se passe dans nos petites communautés paroissiales aussi, où il y a parfois des quelques petites luttes de pouvoir. Pas besoin d’aller chercher les exemples, chez les politiques ou dans la hiérarchie de l’Eglise.
Regardons simplement autour de nous, dans nos petites communautés où, sournoisement, malheureusement, le Malin peut injecter le virus de la soif du pouvoir à travers les petits ou grands services que nous rendons à la communauté : le pouvoir pour faire les lectures à la messe le dimanche, animer les chants, la gestion des fleurs, de l’orgue, de la sacristie, l’animation de tel groupe de prière ou service…pour telle ou telle autre petite responsabilité…. Ce sont des services que nous rendons gratuitement et généreusement à la communauté ou dans le monde associatif mais parfois le Malin les utilise pour faire naître en nous une sorte de quête de pouvoir.
Mais, rassurez-vous, c’est normal ! Il s’agit d’une attitude pleinement humaine. L’évangile de ce dimanche nous montre d’autres victimes de cette même tentation : l’apôtre Jean, le mystique, le disciple bien-aimé, l’homme de l’intériorité, l’aigle qui nous a laissé le quatrième évangile, ainsi son frère Jacques…. Mais plus tard, ces deux apôtres ont donné leur vie pour le Christ. Cela veut dire qu’ils se sont convertis et ont dû abandonner l’obsession du pouvoir pour embrasser la logique du service et de la croix.
Marc souligne comment Jean et Jacques ont fait la demande au Christ : « En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ». Concrètement, la famille ou les deux fils de Zébédée veulent mettre la main sur l’Eglise, dominer les autres, les tirer par le bout du nez. Ils veulent occuper, l’un Matignon et l’autre le Quai d’Orsay. Pensez à la querelle politique que nous avons vécu après la dissolution et que nous vivons encore dans notre pays actuellement.
On se serait attendu à une sorte de honte ou d’embarras de la part des autres disciples, devant une demande aussi déplacée. Mais non, au lieu d’avoir honte, les autres disciples sont jaloux, car ils avaient la même envie de pouvoir, comme Jacques et Jean qui les ont doublés en faisant la demande en premier. Jean et Jacques ont été plus malins que les autres, et cela les met dans une colère folle ! « Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. » La guerre du pouvoir est ouverte entre les disciples. La jalousie règne en maître, et va faire ses dégâts. La recherche du pouvoir fait forcément naître de la jalousie, les rivalités qui produisent inévitablement ensuite des querelles, la haine, la rancœur, les divisions… Les disciples sont dans une guerre d’égo, et oublient l’immensité de la mission, la grande multitude de ceux qui ont faim et soif de Bonne nouvelle.
Accueillons comme une grâce pour notre communauté les paroles du Christ rappelant à l’ordre ses disciples et soulignant la logique de leur mission : « Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».
Rendons grâce pour ces hommes et femmes, discrets, invisibles, humbles, ne prenant jamais le devant, mais qui sont toujours disponibles et qui, dans l’ombre, discrètement et généreusement font vivre nos paroisses, sans rien réclamer, dans un véritable esprit service. Ces petites mains servantes et discrètes, Jésus nous les présente comme modèles à imiter.
Puisse le Seigneur donner à chaque membre de notre communauté la grâce du service pour que dans toute mission, nous soyons toujours dans un véritable esprit de service et de don de soi aux autres, à l’Eglise, au monde… libérés de toute tentation de pouvoir et de domination ! Amen.