Mes chers frères et sœurs
Si les derniers dimanches le Seigneur nous a parlé de la précarité et de la dimension éphémère de la richesse, c’est comme si l’évangile d’aujourd’hui venait nous dire que le Seigneur n’avait prêché dans le vide, et que les disciples ont bien compris son message. Nous contemplons les disciples, le cœur rempli d’un désir, mais des biens terrestres mais de la seule richesse qui compte comme cela est exprimé dans leur demande, qui est en réalité une prière que je vous invite à faire nôtre chaque jour : « Seigneur, augmente en nous la foi ! »
Demandons aussi le don de la foi ainsi que sa croissance ! Ces mêmes disciples qui demandent de grandir dans la foi avaient auparavant douté : ce qui leur avait valu ce « grand reproche » de Jésus qui les a appelés « hommes de peu de foi ». A présent, ils veulent grandir dans la foi, ce qui est une véritable conversion : passer du doute au désir de croire et de grandir dans de la foi. Il y a tellement de monde qui désirent croire mais qui ne le demandent pas ! Alors, c’est à nous, peuple croyant de prier pour la croissance de notre propre foi et pour ces hommes et femmes en recherchequi, après une vie de doute ou de non-foi, découvrent ou redécouvrent le chemin de la foi, les convertis, les « recommençants » qui deviennent ensuite de grands témoins d’une foi authentique et solide.
Nous avons besoin de la foi, surtout dans les situations difficiles car « rien n’est impossible à celui qui croit ». La foi qui est capable déplacer les montagnes ! Dans l’évangile, le Seigneur se refusant d’utiliser une telle expression… prend un exemple simple et humble : une graine de moutarde, plante pas très appréciée à l’époque en Palestine. Une parenthèse, il parait que nous reprenons la production de la moutarde à Dijon en France et n’avons plus besoin de l’importer en Ukraine ou au Canada ! Bref, au lieu de prendre une image impressionnante pour parler de la force de la foi, comme le Cèdre du Liban, par exemple, Jésus choisit l’image de la graine de moutarde qui n’impressionne personne en Palestine.
Cette image pose un premier enseignement ! Ce qui nous réunit en ce moment pour l’eucharistie, c’est la grâce de la foi. Chacun de nous est conscient que l’eucharistie est source et sommet pour sa vie. Et nous avons raison de le croire ! Cependant prenant l’exemple de la graine de moutarde, le Seigneur nous rappelle que la vraie foi nous dépouille de toute tentation de suffisance et ne doit pas être orgueilleuse. La foi appelle à l’humilité. Plus nous croyons, plus nous nous rendons compte combien nous sommes petits et éloignés de Dieu. D’où l’impératif pour le chrétien de chercher Dieu sans se lasser et faire un petit pas vers lui chaque jour. Un vrai chrétien ne peut avoir une foi assise, confortable et assurée dans un fauteuil parce que le mystère de Dieu restera toujours inépuisable, insondable… aussi longtemps que nous ne sommes pas devant Lui, contemplant son Visage… !
La foi appelle à l’humilité ! Une foi orgueilleuse, qui prétend être dépouillée de tout doute, bien assise dans les certitudes, celle qui méprise et humilie les autres, en particulier ceux qui ne croient pas…n’en est pas une ! Foi véritable et humilité vont de pair comme nous dit Marie dans le Magnificat : « Il s’est penché sur son humble servante ». Quand nous lisons la vie des saints, nous nous rendons compte qu’à un moment donné de leur vie, ils ont traversé quelques nuits obscures, de doutes et grands questionnements sur la foi.
Une autre caractéristique de la foi, c’est le témoignage ! Jésus dit qu’une lumière est faite pour éclairer et pas pour être cachée : « Vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre » nous dit Jésus. Nous ne pouvons pas taire notre foi, notre joie d’avoir rencontré le Jésus. Mais pour que notre témoignage soit crédible, il ne peut se contenter des paroles ou des formules, des concepts, de grandes démonstrations dogmatico-théologiques, d’une série des règles, des lois et doctrine bien définies derrière lesquelles nous nous cachons confortablement. Nous confondons dans notre société la religion et la foi. La foi des concepts théologiques, de précisions catéchétiques, de formules et gestes liturgiques bien exécutés…est la religion des pharisiens que Jésus a combattue jusqu’à en payer de sa propre vie !
Certains se disent chrétiens parce que baptisés, leurs noms figurant dans un registre de baptême d’une paroisse quelque part ou, parce que faisant partie d’une culture occidentale fondamentalement enracinée dans le christianisme ! Mais il y a des baptisés qui ne sont plus chrétiens parce qu’ils n’ont plus re relation personnelle avec le Christ. Le pape Benoît XVI rappelait que la foi chrétienne n’est pas d’abord une adhésion à une doctrine, un ensemble des dogmes. Notre témoignage de foi est simplement le rayonnement de cette rencontre et relation personnelle et existentielle avec Jésus, comme dit saint Jean dans sa première lettre : « Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ. Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite » (1Jn 2-4).
La foi ne peut pas être timorée. L’essence même de la foi nous envoie vers les autres pour leur témoigner de cette joie qui nous habite. Dans la Joie de l’Evangile, le pape François invite à témoigner de cette joie de la foi quijaillit de la relation personnelle avec le Christ : « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur ».
Il est temps de quitter cette peur et timidité caractéristiques des chrétiens en France, peut et timidité qui nous interdisent d’affirmer notre foi au tour de nous dans nos cercles amicaux, professionnels, familiaux. Saint Paul nous rappelle que : « ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur ». Demandons la grâce d’une foi qui grandisse chaque jour et dont nous témoignons autour de nous, humblement et sans agressivité. Comme tes disciples, nous te prions « Seigneur augmente en nous la foi ! » Amen.