Mes chers frères et sœurs !

L’Ascension marque une nouvelle modalité dans la relation qui unit Jésus et ses disciples qui le voient disparaitre sous leurs yeux après les avoir bénis. Nous célébrons une est fête paradoxale, une séparation joyeuse comme le souligne saint Luc : « Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel.  Ils se prosternèrent devant lui, ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. » D’habitude, lorsque nous nous séparons de quelqu’un que nous aimons, nous sommes un peu tristes pour sa présence qui va nous manquer. Pourtant, la séparation de l’Ascension est source de joie. Jésus avait déjà prévenu ses disciples que c’était bien pour eux qu’Il s’en aille pour leur envoyer le Défenseur, le saint Esprit ! Accueillons, nous aussi, la joie de l’Ascension qui est le prélude de notre vocation céleste et nous rappelle que nous sommes des citoyens du ciel.…

Notre humanité a besoin du sensible et du corporel. Nous aimons toucher, sentir les odeurs, goûter aux choses et expérimenter les choses à travers nos sens ! Pour les disciples, l’Ascension marque la fin de la relation commencée à Noël avec l’incarnation du Christ, une relation caractérisée par le contact physique et sensible comme le dit saint Jean dans sa première lettre : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. »

L’Ascension marque une nouvelle étape de la même relation du Christ avec nous. Il est toujours présent parmi nous comme il l’a promis : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » S’il a disparu physiquement de nos yeux, la présence du Christ nous est garantie par cette promesse faite avant de monter au ciel où il siège à la droite du Père, comme nous disons dans la Credo. Nous sommes entrés dans le temps de la présence du Christ à travers son Eglise née depuis plus de deux mille ans et qui nous conduit jusqu’à la parousie du Christ, comme cela est dit aux apôtres qui contemplent Jésus élevé au ciel, leurs nez et leurs regards dans les étoiles : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ».

Le chrétien a sa vie encrée dans le réel, les pieds par terre, le regard ouvert sur le monde qui l’entoure pour y voir les effets de la présence du Christ. C’est une histoire nouvelle qui a commencé à l’ascension, portée par des femmes et hommes nouveaux marqués par le saint Esprit promis et donné à la Pentecôte. Le saint Esprit est l’artisan du monde nouveau que veut le Christ et dont nous sommes les acteurs.

Si Jésus a été élevé au ciel, s’il a quitté notre terre, c’est aussi pour nous ouvrir à une autre réalité que nous risquons d’oublier : « Je pars vous préparer une place, et là où je suis, vous y serez aussi. »  Nous n’avons pas une résidence éternelle sur cette terre où nous sommes pèlerins de passage mais une demeure éternelle au ciel où Jésus nous a précédés. Le Christ qui a partagé notre humanité par son incarnation nous fait participer à sa divinité à travers les sacrements qui nous introduisent déjà dans la vie éternelle inaugurée par le Christ monté au Ciel.

Celui qui était avec ses disciples, avec nous, avant l’Ascension, c’est dans nos cœurs qu’il vit désormais et c’est par nous qu’il poursuit son œuvre. Par le baptême, nous sommes devenus la demeure de Dieu, le temple du Saint Esprit qui nous introduit et fait grandir en nous chaque jour la vie éternelle. La foi est cette certitude que chaque jour et en toute chose, Jésus est présent et agissant par le saint Esprit que nous avons reçu. Entrons dans la neuvaine à l’Esprit saint jusqu’à la Pentecôte en lui demandant de souffler sur nos vies, l’Eglise et le monde. Amen.