Mes chers frères et sœurs,

A quelques jours de l’Ascension, Jésus nous indique trois attitudes nécessaires et urgentes pour manifester sa vie et sa gloire dans notre vie. Ces attitudes sont urgentes pour chacun de nous, pour l’Eglise et pour notre monde en quête d’un renouveau, d’un nouvel élan, comme nous pouvons le voir avec l’élection du pape Léon XIV, d’une conversion en profondeur comme aimait le rappeler le pape François…Ces attitudes nous permettent de retrouver l’ADN du vrai disciple, et ne plus nous contenter d’avoir notre nom inscrit quelque part dans un registre de baptême, de première communion ou de confirmation.

La première attitude est celle-ci : « Demeurer en Jésus et Le laisser demeurer en nous ». Cela se réalise dans la communion (entre autres) où nous recevons le Christ en nous. Il vient demeurer en nous et nous l’accueillons pour devenir un avec lui. Nous sommes ainsi totalement unis à lui. Jésus nous dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Jésus nous dit qu’il a besoin de notre amour. Il ne s’agit pas d’un copain ou d’une copine de classe, de bureau, de l’appartement d’à côté qui tout d’un coup nous avoue ses sentiments amoureux ! Il s’agit de Dieu lui-même, le Christ Ressuscité frappant à la porte de notre cœur pour nous donner son amour et nous demande de l’aimer à notre tour.  Comme vous le savez, un amour à sens unique, ne donne aucune joie. Pour être bénéfique et produire du fruit, l’amour a besoin de réciprocité, de réponse positive.

Cette expérience humaine est transposable au niveau spirituel. Depuis notre baptême, Jésus nous aime et nous donne son amour et la vie divine sans compter. Il attend cependant notre réponse libre, notre amour car c’est dans la rencontre de ces deux amours, celui du Christ avec le nôtre que se réalise l’ADN de disciple. Pour cela, comme deux amoureux qui se parlent et s’écoutent en essayant de mieux communiquer, Jésus nous demande de garder sa Parole, la fréquenter, la prier, la méditer.

La Parole de Dieu est lumière et nourriture pour notre âme, de même que le pain et le vin consacrés que nous recevons à la messe. Le disciple n’appuie pas sa foi sur les apparitions, les miracles…, mais sur cette parole de Jésus qui nous certifie lui-même qu’il demeure réellement en nous par l’eucharistie : « Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui » et dans l’évangile de ce dimanche « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Nous devons en être conscients chaque jour. Demeurer en Jésus signifie rester avec Lui, lui donner un bout de mon temps ou un bout de ma vie ». N’ayons pas peur d’ouvrir notre cœur à Jésus pour qu’il y fasse sa demeure et le remplisse de son Amour.

La deuxième attitude est : « se Souvenir, se rappeler, ne pas oublier ». Jésus nous dit « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » La maladie d’Alzheimer est une catastrophe pour qui en souffre car il oublie tout, se souvient de rien et ne reconnait parfois même pas ses enfants. De même, l’Alzheimer spirituel est une vraie catastrophe pour le monde et l’Eglise. Se souvenir des guerres et les tragédies du passé nous prévient d’y retomber, mais notre mémoire est tellement courte ! De même, se rappeler des bienfaits des Dieu dans notre histoire personnelle et collective nous aide à garder l’espérance dans les moments difficiles. C’est pour cette raison que nous devrions, personnellement, dans nos groupes, mouvements, services…faire des relectures spirituelles pour voir Dieu à l’œuvre dans ce que nous vivons et faisons. Se souvenir que la main de Dieu nous a accompagné dans le passé nous permet d’entrevoir l’avenir avec espérance car il a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Le Saint Esprit nous rappelle que nous sommes définitivement enfants de Dieu en murmurant en nous « Abba », c’est-à-dire, « papa ». Il vient à notre aide pour nous souvenir de tout ce que Jésus nous a donné, afin de ne pas le laisser endormir mais lui faire porter du fruit. Imaginez un peu ! Un jour, vous recevez un très beau cadeau à Noël, à votre anniversaire… Fatigué par la fête, vous posez votre cadeau quelque part…et vous l’oubliez complétement ! Une année plus tard, en faisant du rangement, vous retrouvez votre cadeau, couvert de poussière ! Quel gâchis ! De même, le saint Esprit nous rappelle que nous sommes définitivement enfant de Dieu qui nous a comblés de beaucoup de grâces et dons depuis notre naissance et qu’il nous faut les faire fructifier.

La troisième attitude, « c’est de cultiver la Paix en nous et autour de nous ». Jésus nous dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Nous sommes effrayés et avons peur de tous ces conflits et guerres dans le monde. Les disciples étaient aussi effrayés et angoissés après la mort de Jésus. En venant à leur rencontre, après la résurrection, Jésus leur dit « La paix soit avec vous ». Ce sont aussi les premières paroles du nouveau pape Léon XIV. Construire la paix, veut dire la recevoir d’abord dans nos coeurs. Illusoire de penser apporter au monde la paix si nous ne la recevons pas du Seigneur et ne cultivons pas dans nos cœurs et au sein nos réseaux les plus resserrés.

Jésus nous envoie témoigner dans le monde de la paix qu’il nous donne, lui, le Prince de la Paix, qui apporte la paix sans arme à la main. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». La paix dont parle Jésus est celle qui ne refuse pas de se compromettre avec le mal. Se taire devant le mal subi, encaisser toujours sans rien dire, n’est pas une attitude pacifique parce que cela nous détruit de l’intérieur et ne convertit pas celui qui le commet. Devant le mal, l’artisan de paix exprime ses désaccords, sait dire « stop, ça suffit maintenant ! » en dénonçant le mal.

C’est cela que nous trouvons dans la première lecture qui nous présente la communauté chrétienne primitive à Jérusalem. Les apôtres ont un désaccord profond entre eux concernant l’accueil des convertis venus du paganisme. Ils expriment leurs divergences ouvertement, après avoir prié le Saint Esprit. C’est ce qu’on appelle le concile de Jérusalem qui leur permet de trouver la solution qui convient à tout le monde. Leur exemple montre que la paix se construit dans la vérité, dans le dialogue et non en se taisant devant le mensonge. Que le Saint Esprit reçu dans le baptême nous donne de goûter à la paix de Dieu en nous et d’en témoigner chaque jour. Amen.