Chers frères et sœurs, il se passe quelque chose de surprenant dans l’Évangile que nous avons proclamé. Nous devrions voir l’enfant être présenté à Dieu et être circoncis selon la Loi de Moise – et en effet c’est bien ce qui est arrivé comme nous le dit l’Évangile. Cependant ce n’est pas ce que nous voyons, ce n’est pas ce que l’Évangile nous donne à voir véritablement.

Ce que nous voyons c’est un enfant qui est Dieu en personne et qui nous est présenté à nous – c’est tout le contraire. Il est présenté à Siméon et à Anne, qui sont nos représentants, et à partir d’eux à toute la famille humaine – à chacun de nous en particulier – nous sommes tous appelés à l’accueillir.

Il se passe une chose similaire à ce que nous entendons dans l’Évangile de Jean où Jean le Baptiste désigne Jésus et il dit Voici l’agneau de Dieu. C’est le Seigneur qui donne un agneau ! Normalement c’est nous qui donnons un agneau au Seigneur – et là au contraire c’est Dieu qui donne l’agneau.

Normalement c’est nous qui faisons une offrande au Seigneur pour le réconcilier avec nous parce que nous pensons avoir un contentieux avec le Seigneur. Et dans l’Évangile au contraire c’est Dieu qui s’offre à nous pour nous réconcilier avec lui, il vient à nous en petit enfant et nous démontre ainsi qu’il n’a jamais eu aucune colère contre nous – cet enfant n’est pas en colère évidemment et Dieu ne change pas, il n’a pas un sentiment envers nous le lundi et un autre différent le mercredi – donc Dieu n’a jamais été en colère contre nous.

Cet enfant nous démontre que c’est seulement nous qui avons besoin de réconciliation avec lui. Et nous, nous sommes appelés à l’accueillir – comme Siméon et Anne – l’enfant arrive et est accueilli dans nos bras, dans notre vie – comme nous y avons été appelés durant tout le temps de Noël. Nous ne pouvons pas nous réconcilier avec lui par nos seuls moyens, mais lui s’il entre dans notre vie, progressivement il va nous réconcilier avec nous-mêmes, entre nous et avec lui…

Aujourd’hui nous fêtons la vie consacrée, et nous pourrions nous demander : Mais selon l’image que nous en avons le consacré c’est quelqu’un qui sort du monde et qui est consacré à Dieu. Et ici l’Évangile nous dit le contraire, c’est Dieu vient dans notre vie…

En réalité quand le Seigneur entre dans notre vie non seulement il restaure notre vie à tous mais il nous donne de vivre une vie nouvelle, il nous donne sa vie, il devient possible pour nous de vivre véritablement sa vie. Si nous sommes réunis chaque dimanche c’est pour nous nourrir de sa Parole, de son Corps et de son Sang – véritablement le Seigneur nous donne de vivre entièrement la même vie que lui.

Si nous nous marions par exemple, nous vivons la relation du Seigneur avec son Église. Comme le Christ est uni à son Église, ainsi l’époux est uni à l’épouse – ils vivent ensemble la même vie que le Seigneur dans ce grand mystère d’union.

Mais nous pouvons aussi être appelés à la vie religieuse, à la vie consacrée que nous fêtons aujourd’hui…

Vous savez tous que le Seigneur n’était pas marié, comme il l’a dit dans l’Évangile il a vécu sans avoir où reposer sa tête. Et il l’a fait pour pouvoir se donner à chacun de nous sans aucune préférence de personne. S’il s’était marié il y aurait eu dans sa vie une élection envers une personne en particulier et donc une préférence de personne.

De même les consacrés vont dédiés toutes leurs forces, tout leur amour, toute leur charité à chaque personne sans exception, selon le temps et le lieu, selon les circonstances concrètes de la mission – selon leur activité et leur prière – mais toujours avec la même attention portée à chacun.

Mais nous pouvons nous dire aussi : Tout cela concerne l’activité des consacrés, les œuvres de charité, l’apostolat… Mais les consacrés ce sont avant tout des contemplatifs, certains sont même cloîtrés et vivent à l’écart de tout contact humain, alors en quoi est-ce que cela est la vie du Christ ?

Il est vrai que certains religieux sortent de monde et se consacrent presqu’exclusivement à la pénitence et à la prière – le Seigneur aussi faisait de longs temps de prière et de jeûnes – mais ce n’est pas ce qui est le plus représentatif de la vie religieuse.

En réalité les consacrés en règle très général vivent en communauté, l’essentiel ce n’est pas qu’ils soient à l’écart du monde mais qu’ils vivent ensemble.

Là aussi nous devons voir que le Seigneur nous donne de vivre la même vie que lui et de faire la même œuvre que lui. Lui est venu vivre parmi nous qui sommes pauvres et pécheurs, il s’est fait pauvre et il ne s’est pas fait pécheur mais il s’est fait péché, il a pris sur lui nos péchés, donc il a vraiment embrassé notre condition de pécheurs de cette façon.

Et de même il nous appelle à vivre la même vie que lui en formant des communautés de personnes consacrées qui vivent ensemble, où chacun va se reconnaitre pauvre et pécheur et va accepter de vivre avec d’autres pauvres et pécheurs comme lui, des personnes qui comme lui ont été appelées sans se choisir les unes les autres.

Alors de cette façon puisque le Seigneur s’est fait pauvre et péché pour chacun d’entre nous et que les consacrés vivent de même, ils vivent véritablement auprès du Seigneur dans la charité – ils sont vraiment des contemplatifs. Ce n’est pas d’être enfermé qui fait qu’on devient contemplatif, mais c’est par la vie en communauté que nous vivons auprès du Seigneur et sommes donc des contemplatifs…

Je vous explique tout cela parce que vous ne devez pas avoir en vous une image erronée de la vie consacrée, où le religieux est réfugié dans la prière loin des soucis du monde, ce n’est pas la vérité.

Si nous voulons nous soutenir les uns les autres et si nous voulons répondre pleinement et librement à l’appel du Seigneur chacun selon notre vocation, nous devons avoir une vision juste des vocations qui sont la vie même du Seigneur parmi nous.

Ainsi rassemblés pouvons-nous à présent renouveler tous ensemble notre profession de Foi pour vivre la mêne vie que le Seigneur dans l’Espérance et la Charité…