Chers frères et sœurs, l’Évangile nous dit que la renommée de Jésus se diffusait dans toute la Galilée, et sa ville de Nazareth notamment. La renommée, la gloire dans l’Antiquité était très importante, dans la culture grecque particulièrement – Et l’Évangéliste Luc dont nous proclamerons l’Évangile durant toute cette année liturgique adresse son Évangile à des personnes de culture grecque.

La gloire était très importante dans l’Antiquité grecque, elle était le moteur de l’existence. Mais nous devons voir en même temps que nous sommes dans la Galilée nous dit l’Évangile, c’est-à-dire dans une région qui est méprisée, par l’élite religieuse du pays qui se trouve en Judée, dans les montagnes, à Jérusalem. Les personnes et les villes de la Galilée sont méprisées, et les gens de Nazareth particulièrement qui est un village insignifiant de ce point de vue.

Les gens de la Galilée quand ils font grandir la gloire de Jésus ils le font pour se glorifier eux-mêmes puisque Jésus accomplit des miracles parmi eux. Et à Nazareth aussi quand on glorifie Jésus on se glorifie soi-même, puisque Jésus est un enfant du pays. La ville de Nazareth pense que la gloire de Jésus va rejaillir en gloire sur elle par rapport aux autres villes de la Galilée et pourquoi pas de la Judée et au-delà.

Le Seigneur au milieu d’eux ouvre le livre du prophète Isaïe et leur annonce qu’il est venu leur apporter la bonne nouvelle.

Le discours du Seigneur sera assez mal reçu par ses concitoyens – vous relirez l’ensemble de cette page évangélique si vous le souhaitez – il sera progressivement mal reçu quand ils s’apercevront qu’ils ne recevront pas de gloire de la part de Jésus. Jésus n’est pas là pour les glorifier – en tout cas pas comme ils se l’imaginent.

Le Seigneur leur dit Du moment que vous recherchez la gloire, vous êtes misérables, vous êtes vraiment pauvres. Si vous êtes éblouis par les richesses et par les honneurs vous êtes véritablement des aveugles. Si vous cherchez à vous élever les uns au-dessus des autres c’est parce que véritablement vous êtes opprimés par le péché, par le mépris qui vous entoure.

Et cela c’est vrai du temps de Jésus, c’est vrai de ses contemporains, mais c’est vrai aussi de notre temps.

Nous recherchons aussi la gloire dans le sens que le modèle de vie en société qui nous est offert et que nous offrons nous-mêmes est un modèle où on cherche à se surpasser soi-même dans une logique où en réalité il s’agit autant de nous surpasser les uns les autres. Il s’agit d’un péché personnel comme il s’agit en même temps d’un péché social. Si tu n’es pas en possession de telle chose cela ne va pas, si tu n’obtiens pas tel titre cela ne va pas.

Donc le Seigneur leur dit Voilà vous êtes gravement malades et vous êtes des pauvres et des opprimés…

Mais si nous regardons attentivement cette page nous voyons que le Seigneur en même temps les provoque – il les provoque et ils vont essayer de le mettre à mort. Le Seigneur est en train d’enseigner toujours, il est en train de nous dire que c’est moins grave qu’on essaie de le tuer. C’est tellement grave de chercher à le glorifier et à se glorifier que c’est encore moins grave qu’on se rue sur lui et qu’on essaie de le tuer. Si ses concitoyens cherchent à le tuer il y a une amélioration !

Le Seigneur au moment où nous proclamons cet Évangile est vainqueur de la tentation. Nous avons proclamé l’évangile de son baptême il y a deux semaines et maintenant nous proclamons celui du début de son ministère publique. Mais entre-temps le Seigneur a été tenté dans le désert – cela nous le proclamerons dans le temps du Carême, mais il faut le rappeler maintenant.

Le Seigneur quand il arrive à Nazareth est vainqueur du tentateur. C’est parce que Jésus est vainqueur du mal qu’il peut apporter le salut à Nazareth parmi les siens, même si au premier abord le rapport avec eux est difficile. Contrairement à ce qu’ils ressentent il leur annonce véritablement une bonne nouvelle, celle de leur guérison, mais celle-ci passera par de nombreuses étapes. Même s’il formule des critiques à l’encontre de ses concitoyens, quand il le fait il n’est pas en train d’être agressif, ou de répondre au mal par le mal, mais il est en train de les soigner dans la bienveillance et la charité – parce qu’il est vainqueur de la tentation.

Si nous vainquons la tentation nous pouvons vraiment vivre une vie nouvelle, non pas dans la recherche effrénée de la gloire mais une vie de service. Nous pouvons même critiquer puisque nous le faisons dans l’amour, dans la recherche de la justice et sur la base de la justice dans la recherche de la paix.