Chers frères et sœurs, Marie se rend en hâte auprès de sa parente Elisabeth pour lui venir en aide. Elle vient d’apprendre qu’Elisabeth était enceinte et qu’elle en était à son sixième mois de grossesse.

Vous vous souvenez qu’Elisabeth quand elle s’est aperçue qu’elle était enceinte s’est cachée. L’Évangile nous dit qu’elle s’est cachée pendant cinq mois, donc jusqu’à la venue de Marie…

On peut penser qu’elle s’est cachée parce qu’elle n’était pas certaine de pouvoir porter l’enfant jusqu’à son terme, elle a vécu cinq mois dans cette inquiétude… Elisabeth a peut-être soixante ans, peut-être soixante-dix ou plus nous ne le savons pas, mais dans tous les cas il est naturel qu’elle ait craint de ne pas être capable de porter l’enfant jusqu’à son terme…

Et Marie a l’intuition de cela. Certes elle vient aider Elisabeth pour les derniers mois parce qu’elle sera fatiguée, et puis parce qu’elle aura besoin de son aide au moment de l’accouchement. Mais elle a aussi eu l’intuition qu’Elisabeth avait besoin de soutien spirituel, de soutien moral, et pour toutes ces raisons elle se rend auprès de sa parente – en hâte…

Nous devons nous rappeler un peu mieux de la situation d’Elisabeth. Vous vous rappelez que Zacharie n’a pas cru dans l’annonce de l’ange, dans le temple, dans le Saint des Saints. Il n’a pas cru et l’ange lui a dit Je suis l’ange Gabriel qui est toujours auprès de Dieu, et puisque tu n’as pas cru à ma parole alors tu deviendras muet.

Là il faut bien réaliser qu’il y a un éloge très grand de la religion hébraïque. Zacharie est un prêtre, il entre dans le Saint des Saints, il est très proche de Dieu comme Gabriel est très proche de Dieu, le peuple est en prière pendant ce temps, il y a comme un effet de miroir entre Zacharie et l’ange, entre le peuple en prière et la cour céleste.

La religion hébraïque est tellement élevée que la situation de Zacharie avec le peuple est comme un reflet de la situation de Gabriel avec les autres anges. Il y a un tel effet de miroir que l’ange lui dit Tu ne crois pas à ma parole donc tu pers la parole. Il y a un grand éloge et en même temps une grande limite. Zacharie ne croit pas. Malgré la grandeur de cette religion, le fruit, le résultat est celui de l’incrédulité.

Et dans le même temps Elisabeth est enceinte, ou peu de temps après. La grossesse d’Elisabeth est l’image d’une foi nouvelle, il s’agit d’une façon nouvelle d’être en relation avec Dieu.

Ce que nous expérimentons, et ce qui commence avec Elisabeth, c’est quelque chose qui nait et qui grandit au milieu de nous, qui est déposé en nous et qui participe de la vie de Dieu et de notre vie, dont nous avons la responsabilité.

Ce n’est plus une religion avec un ensemble de rites, de sacrifices, de prophéties. C’est une réalité qui est sous le signe du fils de Dieu fait homme qui grandit dans notre sein et dans notre vie comme il a grandi dans le sein de Marie et dans sa vie. Comme lui nous sommes rois, prêtres et prophètes.

C’est nouveau et Elisabeth croit – on peut difficilement imaginer que Zacharie et Elisabeth aient un enfant comme annoncé par l’ange et en même temps qu’aucun des deux n’aient cru… Donc Elisabeth croit, mais en même temps sa foi est fragile, elle a besoin de soutien.

Et Marie se rend en hâte auprès d’elle pour lui communiquer la bénédiction et la vie dont elle a besoin, la vie intérieure.

Un salut est une bénédiction, toujours, les paroles qui accompagnent un salut sont le développement d’une bénédiction. Quand nous nous saluons les uns les autres nous nous bénissons. Marie porte dans son sein la plénitude de la bénédiction qui est le Fils éternel de Dieu fait homme.

Peut-être lui dit-elle Bénie sois-tu et le fruit de ton sein et ensuite Elisabeth répète les mêmes paroles comme nous faisons habituellement quand nous nous saluons, nous échangeons les mêmes paroles et bénédictions. Ou bien peut-être lui dit-elle Réjouis toi le Seigneur est avec toi en reprenant la salutation de l’ange, puisqu’à présent le Seigneur est présent dans le sein de Marie…

L’enfant dans le sein d’Elisabeth tressaille de joie et elle est remplie de l’Esprit Saint. Nous trouvons un nouveau jeu de miroir. Ce n’est plus le jeu de miroir entre l’ange et Zacharie dans le temple, c’est un jeu de miroir entre Elisabeth et Marie, où Marie porte le Fils de Dieu et où Jean Baptiste et Elisabeth sont remplis de l’Esprit Saint. Ce que vit Elisabeth est tellement proche de ce que vit Marie qu’elle reconnait en elle la mère de son Seigneur.

Marie en hâte vient auprès d’Elisabeth et nous enseigne que notre foi ne peut pas être vécue en dehors de la charité, et qu’avant tout nous avons besoin de recevoir un soutien dans la foi.

Elisabeth reçoit ce soutien de Jésus, de Marie, et nous voyons ensuite – ou nous verrons – qu’Elisabeth et Zacharie vont se soutenir l’un l’autre. Elisabeth donne comme nom à son fils Jean en pensant que Zacharie va la soutenir et en effet Zacharie la soutient et confirme le nom.

Donc on voit que la foi d’Elisabeth a grandi et s’est renforcée. Elle a foi en Dieu, elle a foi dans ce qui grandit en elle et en dehors d’elle et elle a foi dans le soutien qu’elle va recevoir de l’extérieur.

Nous aussi, pour nous préparer à accueillir le Seigneur dans notre vie et à le faire grandir, nous sommes appelés à nous soutenir, à donner, et à croire que nous recevrons le soutien dont nous avons besoin.

C’est notre vertu de l’espérance, notre foi vécue comme naissance du Fils de Dieu en nous qui nous fait croitre dans l’espérance et la charité.