Mes chers frères et sœurs !

En cette veillée de Noël, c’est un bébé qui est au centre de notre contemplation ! Du coup, j’ai décidé de vous parler de ce qu’un nouveau-né apporte dans une famille.  J’aurais cependant préféré qu’une jeune mère, un jeune papa vienne faire le topo à ma place. J’ai une vingtaine de neveux et nièces, je côtoie des familles dans nos paroisses, des amis qui ont des tout-petits enfants que je vois toujours au meilleur moment, en soirée, lors d’une visite, ponctuellement, ils me font souvent de grands sourires ! Bref, je ne suis presque jamais là quand les tout-petits vous tournent en bourrique. ! Alors, oui, je le confesse, je ne suis pas un expert dans cette science bien particulière qu’on appelle « un nouveau-né », « un bébé… »

Je vais cependant me jeter à l’eau en vous parlant, à mes risques et périls, de cette chose que ne je ne connais pas très bien, au risque de choquer ceux qui ont l’expérience….et  conforter  « l’esprit critique » de ceux qui disent que les curés ne devraient pas parler de famille, du mariage, des enfants…parce qu’ils n’en savent rien.…..  Malgré mon manque d’expérience dans cette science des bébés, le nouveau-né de Bethléem dont nous célébrons la naissance ce soir m’autorise à vous parler des grâces qu’un bébé apporte dans une famille, et de ce que l’Enfant Jésus nous apporte ce soir.

Ce soir, « un enfant nous est né, un fils nous est donné, éternelle est sa puissance ». Non seulement Dieu a choisi d’assumer l’identité d’un nouveau-né sans défense, un bébé qui a besoin de tout, incapable de survivre tout seul. Dieu a choisi de devenir notre fils, ou notre frère…. J’aimerais qu’à l’occasion de Noël, aucun de nous ne se sente dispensé de revivre de la belle expérience de Noël : vivons cette fête comme une chance qui nous est donnée pour devenir le papa, la maman ou le grand-frère, la grande sœur d’un petit bébé s’appelant Jésus de Bethléem ou de Nazareth.

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans une famille, l’attention se focalise totalement sur lui. Nous lui offrons des cadeaux dès avant la naissance, nous apportons des fleurs à la jeune mère, au père aussi peut-être, nous faisons une carte de félicitations aux parents. Le bébé devient notre centre d’intérêt. En cette veillée de Noël, demandons-nous si l’Enfant-Jésus attire lui aussi à ce point notre attention. Est-ce que ce bébé de Marie et Joseph est vraiment le centre de notre attention en la période de Noël ? Ou peut-être que nous faisons la fête sans faire attention au bébé qui nous réunit en cette veillée de Noël ? Célébrer Noël sans penser à l’Enfant Jésus, c’est faire comme ce jeune couple. Ils viennent d’être parents, ils  invitent les amis, font tellement la fête, dansent de joie, la musique à fond, au point d’oublier le bébé couché dans la chambre d’à côté, qui pleure toute la soirée : personne n’entend ses cris et se pleurs. Cet enfant meure de froid et de faim pendant que ses parents et leurs amis transpirent de chaleur à force de danser et de faire la fête ! Quand tout le monde sera reparti, les parents découvriront ce bout de chou, auteur de la fête, couché sans vie dans son berceau parce que personne ne s’était occupé de lui dans la soirée ! Ces chers amis, vivons ce noël en prenant soin de l’Enfant Jésus, le fils de Dieu qui est donné à notre attention en cette période de Noël. Jésus a besoin de notre attention lui aussi.

Lorsqu’un bébé arrive dans une famille, nous baissons le volume de la télé et le ton de nos conversations. Les visiteurs sont priés de ne pas appuyer sur la sonnette pour ne pas réveiller le bébé.  Un bébé impose le silence dans la famille.  Demandons-nous ce soir si nous sommes capables, en ce temps de Noël de faire aussi silence pour reconnaitre la voix, les pleurs, les rires de l’Enfant Jésus qui nous parle, qui crie, qui rit de joie à travers la Parole de Dieu, à travers les personnes que nous allons rencontrer, à travers les événements de notre quotidien….

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans notre famille, nous lui préparons sa chambre, lui apprêtons son espace personnel, nous améliorons la décoration de sa chambre.  Nous achetons même une voiture plus spacieuse et  son siège-auto. Nous nous organisons pour qu’il ne manque de rien à sa naissance, et surtout qu’il ne manque pas d’amour, surtout celui de l’aîné qui va probablement piquer sa crise de jalousie… Nous nous arrangeons pour que ce bébé se sente vraiment chez lui à sa naissance, avec une place qui lui est propre, une place différente de celle des autres enfants. Nous pouvons nous demander ce soir quelle place, quel espace nous réservons au Seigneur dans nos familles, dans nos cœurs ? Avons-nous libéré nos cœurs de quelques encombrants afin de trouver un peu d’espace pour accueillir l’Enfant-Jésus ? Avons-nous libéré nos esprits de toutes ces affaires, désirs exorbitants et préoccupations encombrantes qui prennent trop de place au point qu’il n’y ait plus en nous aucun petit espace où puisse naître le Seigneur, comme ces hôtels et auberges de Bethléem qui étaient tellement remplis au point de laisser le Fils de Dieu naître dans une étable ?

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans une famille, nous faisons en fonction de lui, nous travaillons notre caractère, notre impatience, nous refrénons notre besoin de sommeil et de grasse matinée, nous ajustons notre agenda et nos horaires de travail.  Nous passons à un mi-temps ou à 80% au travail pour être plus disponibles, afin de le voir grandir notre enfant. La naissance d’un bébé invite à la conversion, à des changements importants dans la vie des parents.  Ce soir, regardons en vérité où nous en sommes dans notre relation au Seigneur ?  A quelles conversions suis-je appelé dans ma vie personnelle, professionnelle, familiale, ecclésiale pour que Jésus puisse prendre toute sa place dans notre vie. Si nous ne sommes pas en mesure d’aimer ce tout petit bébé à peine né à Bethléem, qui est encore fragile, qui a besoin de nous, nous ne serons pas en mesure de l’aimer quand il sera adolescent et qu’il sera certainement moins mignon ! Si nous ne nous convertissons pas à Noël avec la contemplation d’un bébé encore fragile, nous ne serons pas capables de nous convertir non plus pendant le temps du carême à voyant cet adulte sur la croix !

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans une famille, nous nous rendons compte que la théorie, la belle poésie ne sert pas à grand-chose par rapport à la vie concrète, réelle et pratique. Une chose est de clamer son amour fou pour son bébé tout mignon quand il dort dans son berceau, quand il nous complimente avec ses beaux sourires… et l’autre est de supporter des nuits entières sans dormir parce que le bébé pleure, qu’il est malade, qu’il commence à faire des capricesen vous demandant d’être totalement à lui, sans vous laisser 5 minutes de sommeil. Vous vous levez le matin et il faut aller au boulot avec des traits de fatigue visibles sur votre visage. Tout le maquillage et anti-rides possible n’y feront rien pour cacher les cernes sur votre visage ! Mais vos collègues impitoyables vous demandent d’être aussi efficace comme quand vous avez dormi 10 heures de sommeil, alors que vous êtes en plein baby-blues, comme l’exprime bien Florence Foresti dans un de ses sketchs ! Un bébé nous dit que la vie quotidienne est sérieuse, qu’elle n’est pas toujours cette belle poésie idyllique que nous montrent toutes ces publicités commerciales autour de Noël qui ne tiennent pas compte de l’évangile….

Quand nous regardons Noël à travers les faits de l’évangile, nous nous rendons compte que Noël n’est pas du tout une poésie idyllique, mais bien une histoire éprouvante d’un jeune couple et de leur petit qui va naître… dans un monde qui refuse de l’accueillir. C’est pour cette raison que je finis cette méditation en pensant en particulier à ceux qui vivent ce Noël comme une épreuve :

Joyeux noël aux malades, à ceux qui sont fatigués, ceux qui ne peuvent pas se permettre un repos parce qu’obligés de travailler à Noël. Joyeux Noël à ceux qui ne feront que boire et manger jusqu’au 5 janvier, obligeant leurs estomacs et leur foie à quelques efforts supplémentaires et une cure de détox après les fêtes ! Joyeux Noël aux réfugiés et exilés. Joyeux Noël aux personnes seules, aux célibataires en quête d’amour qui ont la chance d’être en famille ou avec des amis ce soir, mais qui trouveront leur solitude éprouvante après les fêtes.… Joyeux Noël à vous tous qui êtes là ce soir et aux vôtres. Rappelons toujours que c’est le Christ qui est la Source de notre Joie, la raison de notre fête. Joyeux Noël. Amen.