Mes chers frères et sœurs !
Ce 4 octobre, à Rome, fête de saint François d’Assise, le saint patron des écolos, le pape François a ouvert la session ordinaire du synode des évêque sur la Synodalité. Je vous invite à prier pour ce synode afin que les participants puissent se laisser guider le saint Esprit, pour le bien de l’Eglise et du monde, et non pas motivés par des intérêts partisans et des idéologies néfastes pour l’Eglise. Le même 4 octobre, 8 ans après la parution de l’Exhortation Laudato si, le pape a publié une deuxième exhortation sur la sauvegarde de création. Le titre est Laudate Deum, dont la version française est « Louez Dieu pour toutes ses créatures. ». Tout ceci tombe en ce début d’octobre où nous avons clôturé un mois dédié à la prière pour la création, avec la fête de saint François d’Assise.
Dans la profession de Foi de l’Eglise, exprimée dans le Symbole de Nicée–Constantinople, nous proclamons croireen « Dieu Créateur du ciel et de la terre, de l’Univers visible et invisible ». Ce Dieu Créateur nous parle de ses créatures visibles, des hommes et femmes avec leurs trajectoires parfois fascinantes, parfois tristes ! Des malheurs comme le Déluge, des guerres, encore présente dans le monde ( je pense en particulier au Proche Orient entre Israël et la Palestine), des maladies (on parle du retour de la Covid), la destruction de la création et le changement climatique (qui le nie n’a qu’à regarder la chaleur qu’il fait en plein automne).
Dans cette exhortation le pape François écrit : « Mais je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. Quoi qu’il en soit de cette éventualité, il ne fait aucun doute que l’impact du changement climatique sera de plus en plus préjudiciable à la vie et aux familles de nombreuses personnes. Nous en ressentirons les effets dans les domaines de la santé, de l’emploi, de l’accès aux ressources, du logement, des migrations forcées, etc »
Cette destruction de la planète accidentelle ou du fait de notre responsabilité, nous met devant un défi à relever, défis d’une foi qui s’engage, défis de prendre soin les uns des autres, non pas dans un anthropocentrisme égoïste, mais un soin cosmique qui annonce aussi la Bonne nouvelle à toute la création.
La foi de notre baptême nous engage dans une triple mission : sacerdotale, prophétique et royale (prêtre, prophète et roi). Qu’est-ce que cela veut dire : que la fonction sacerdotale nous invite à prier ! Un chrétien qui ne nourrit pas sa vie par la prière est comme une voiture, électrique, hybride, à essence ou diesel… peu importe, mais une voiture qui n’a pas de batterie ou du carburant, d’huile moteur nécessaire et qui finit par casser son moteur qu’est notre âme. La foi nous engage à prier, pour nous-même évidemment, mais pas seulement ! Nous devons prier pour et avec les autres humains, devenir des intercesseurs pour et avec ceux qui habitent la même planète que nous. Nous ne pouvons pas prétendre aimer la création si nous méprisons l’humain de sa conception à sa mort, ou si nous n’aimons que certains humains et pas les autres, ceux des pays du Sudqui sont ou peuvent être des victimes innocentes de nos choix de vie. C’est cela l’Ecologie humaine intégrale à laquelle nous invite le pape François. Être chrétien, c’est aussi prier pour toutes les autres créatures…même les moustiques, les araignées, les serpents, toutes ces bestioles qui nous font peur, qui nous piquent : le récit de la création dans Genèse nous dit que « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, c’était très bon ! »
La foi de notre baptême fait de nous des prophètes ! Le prophète annonce et témoigne. Il rassure, console, encourage, réconforte. Parfois il doit dénoncer le mal. Il annonce la Bonne nouvelle à toute la création et loue Dieu pour la beauté harmonieuse de ses créatures.
Être prophète, c’est annoncer la Bonne nouvelle, celle de la conversion du cœur pour passer du mal au bien, du vieil homme à l’homme nouveau, la bonne nouvelle de la vraie conversion écologique, une écologie pleine d’espérance, pas celle pessimiste et déprimante de l’effondrement de la création mais de son relèvement progressif, pas d’une écologie égoïste, toujours punitive et culpabilisante, car Jésus nous montre toujours la route à suivre, nous accompagne sur ce chemin qui est long et difficile. Nous pouvons y arriver si nous acceptons de nous mettre en route.
L’important est de nous lancer, de commencer, à petit pas, chacun à son rythme jusqu’au jour où nous retrouverons cette harmonie céleste quand le Seigneur restaurera toute la création, comme dit le prophète Isaïe :
« Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » (Is 11, 3-9) Nous sommes loin la haine et des meurtres de cet évangile des vignerons homicides, haine et violence dont nous sommes à la fois responsables et victimes vis-à-vis des frères et sœurs humains et de toute la création.
Enfin par le baptême, nous participons à la fonction royale du Christ Serviteur qui touche et se laisse toucher par les lépreux, les pauvres, les exclus, les marginaux. Nous ne servons pas parce que nous sommes chrétiens ! Il y a des non-chrétiens qui s’engagent dans le service et qui le font bien mieux que nous, de manière professionnelle même. Le chrétien lui se met au service de ses frères et sœurs, et toute la création parce qu’il sait qu’à travers ce service, il imite le Christ serviteur et grandit en humanité, dans l’Amour, l’Espérance et la Foi.
De même que la foi qui n’est pas nourrie par la prière dépérit, de même, celle qui ne se met pas au service des autres et de la création, celle qui ne s’engage pas risque petit à petit de s’éteindre et perdre sa vigueur. Engageons-nous pour rendre notre monde plus habitable, plus fraternel, plus juste, plus solidaire, pour construire déjà ici-bas le Royaume de Dieu. Le Ciel est certes un don de Dieu mais c’est ici et maintenant, par notre liberté engagée et servante que nous le construisons, le préparons en prenant soin de toute la créature qui nous invite à louer Dieu à travers toutes ses créatures.
Les lectures de ce dimanche nous parlent beaucoup de la Vigne et des vignerons, dans la première lecture, le psaume et l’évangile. N’oublions jamais que c’est Dieu le Père qui est le Vigneron et notre monde est sa vigne. Jésus nous le dit dans l’évangile selon saint Jean : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 1-5)
Puissent nos engagements pour la Création, pour un monde plus solidaire, dans l’Eglise, dans la société, nous enraciner et nous attacher comme des sarments, en Jésus qui est la Vigne car sans Lui, nous ne pourrons rien faire ! Amen