Mes chers frères et sœurs !
Le matin de Pâques, l’apôtre Pierre est méconnaissable. Il a complétement changé. Ce n’est plus l’homme qui, la veille, sous le coup de la peur, a nié trois fois ne pas connaitre Jésus. Ce n’est plus cet apôtre d’habitude un peu arrogant et maladroit qui réussit toujours à sortir une bourde au mauvais moment, au point de se faire recadrer comme à Césarée de Philippe quand interdit à Jésus de ne pas embrasser la croix. Pierre n’est plus cet apôtre qui a peur, caché, avec les autres, dans une maison aux portes verrouillées. Non, Jésus est ressuscité ! Le saint Esprit promis est arrivé et a rempli la vie de Pierre qui est embrasé par le feu de l’Esprit saint ! Il complétement changé, poussé dehors de la maison où il se cachait pour parler devant ceux qui lui faisait peur et qu’il fuyait.
« Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem, sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles. Il s’agit de Jésus le Nazaréen… vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité…Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins » Pierre fait appel à la mémoire de ces gens qui semblent avoir oublié ce qui s’est passé. Impossible de chasser l’histoire ! Nous pouvons éloigner Jésus de notre vie, de notre pays, éteindre sa mémoire et sa présence comme on tente de la faire dans nos sociétés, le mettre entre parenthèse, l’enfermer ou l’exiler dans les sacristies pour qu’il ne sorte jamais de là et n’entre jamais dans la sphère publique… mais, rien n’y fait, Jésus est vivant et sa résurrection montre ses signes. On voir bien le nombre d’adultes qui demande le baptême. 12 000 baptêmes d’adultes et d’adolescents en France ! 30% de croissance par rapport à 2023. 5% de ces nouveaux baptisés adultes viennent de l’Islam ! Tout ceci montre que le Christ ressuscité est vivant et se manifeste toujours à beaucoup de personnes !
Le matin de Pâques, nous pouvons contempler une femme très courageuse, Marie Madeleine. Elle se rend au tombeau pendant qu’il fait encore nuit. Jérusalem n’est pas encore réveillée et Marie-Madeleine ne veut croiser personne en chemin. Saint Jean. Contrairement aux synoptique, Saint Jean nous dit qu’elle est seule à aller au tombeau en courant, puis, en courant, elle va chercher Simon Pierre. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Quelle angoisse ! Qui a pu dérober le corps de Jésus ?
Nous avons parfois du mal à trouver le Seigneur, à rester dans l’espérance, à regarder au-delà de ce temps de violence et de guerre, de colère et de victimisme que nous vivons. Où es-tu Seigneur ? Peut-être que, comme Marie-Madeleine, nous somme à la recherche d’un Dieu Crucifié enfermé dans un tombeau ! Non, Jésus est vivant ! Dites à ces enfants qui sont baptisés aujourd’hui que le Ressuscité est désormais vivant en eux. Par le baptême, nous sommes devenus le temple où demeure le Christ Ressuscité, l’ami fidèle sur qui compter quoiqu’il arrive.
Après la course de Marie-Madeleine, deux hommes qui courent à leur tour. La peur qui les avait poussés en s’enfermer comme des taupes s’est comme liquéfiée. Cette nouvelle inattendue les a poussés à sortir en courant. Ils arrivent à ce tombeau creusé dans un rocher, dernier cadeau fait par Joseph d’Arimathie à Jésus mort en croix. La lourde pierre que fermait l’entrée a été déplacée.
Le Christ est ressuscité. La foi n’est jamais statique, immobile ! La foi est une course, une recherche permanente du Christ Ressuscité ! Même baptisés, il nous faut courir, chercher encore et encore le Seigneur, ne jamais s’arrêter. On ne peut s’asseoir sur sa foi qui est toujours une quête de sens, de compréhension de Dieu qui restera toujours un mystère insondable. C’est pour cela qu’il faut écouter tous ces témoins de foi qui nous parlent du ressuscité depuis plus de 2000 ans. Pour mesurer les paroles que d’autres témoins nous ont annoncé. Une femme, dans ce cas précis. Aidez vos enfants à courir à la recherche du Chris, comme Marie Madeleine, l’apôtre des apôtres. Elle est poussée par l’Amour qu’elle porte au Seigneur et elle coure. L’amour fait pousser des ailes et fait voler, défie nos peurs, nos fragilités et nos limites.
Pierre et Jean trouvent le tombeau vide. Ils ne savent encore rien et peuvent tout imaginer. Comment expliquer cette absence du corps, ce tombeau vide ? Est-ce le Sanhedrin qui a volé le corps de Jésus ? Ou alors un vol de la part des adversaires religieux, voire la part quelque disciple exalté, un zélote déterminé. Toutes hypothèses sont plausibles pour eux, sauf une, la plus absurde : la résurrection qu’il avait lui-même déjà annoncée. Mais il n’y a aucun signe du ressuscité.
Ce matin-là, les disciples courent et le plus jeune, que la tradition identifie à Jean arrive en premier. Jean, symbole de l’amour est arrivé avant Pierre qui représente l’autorité, l’Eglise, le ministère, l’institution. Il y a toujours ce double aspect de la vie de foi : intuition et institution, charisme et magistère. Mais c’est l’amour qui précède. Personne ne se convertira véritablement sans amour au ressuscité, ou seulement sur base d’un raisonnement ou du bon sens. L’amour est un peu rebelle, créatif, intuitif et arrive rapidement à la conclusion. Mais l’amour respecte aussi. Quand on aime quelqu’un on respecte. Jean est arrivé le premier au tombeau mais il a attendu pour laisser Pierre y entrer le premier. Ça parle à l’africain que je suis qui sait qu’il faut respecter les anciens, ceux qu’on appelle chez nous les vieux et les vieilles dont la sagesse canalise la force et la fougue de la jeunesse. Ces deux dimensions sont essentielles. Le charisme brûle, l’expérience pondère. L’amour est fou, mais la prudence lui permet de s’incarner.
« Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place » Tels sont les signes pauvres et timides qui indiquent la vérité de la résurrection. Aucun signe éclatant ! Pas des portes qui sautent, des explosions atomiques, des lumières qui aveuglent. Rien ! Pourquoi ? Parce que la résurrection ne s’impose pas mais invite à croire, sans obliger. Elle fait appel à notre liberté, à notre adhésion, adhésion que devront faire plus tard ceux qui sont baptisés bébé.
Notre vie est cachée dans le Christ, parce que sa résurrection nous a atteint, nous a illuminé et remplis, comme dit saint Paul. Vivons déjà en hommes et femmes ressuscités parce que le Christ a changé notre vie. Nous avons 50 jours du temps pascale jusqu’à la Pentecôte, 10 de plus que le carême, pour nous convertir à la joie du ressuscité, pour passer d’une foi crucifiée à une foi lumineuse et joyeuse ; pour passer d’une foi doloriste, résignée, boiteuse à une foi forte et pleine de joie. Belles fêtes pascales !