Chers frères et sœurs, chers Anaïs, Stéphanie, Salim, Mélissa, Mélanie, Xavier, Anaïs, Laetitia, Kévin, Mathilde, Amélie, Ludovic, Vicky qui allez vivre votre nouvelle naissance dans l’eau et le saint Esprit, par le sacrement du baptême, et vous qui allez faire votre première communion !

En cette veillée pascale, nous revivons l’événement qui fonde la foi chrétienne, le coeur de notre espérance : « La confiance des Chrétiens, c’est la résurrection des morts. Par elle, nous sommes des croyants ! » dit Tertullien. Oui, la résurrection du Christ est le cœur de notre foi. Elle est au coeur de tous les sacrements, dont le baptême le premier et le plus grand, sacrements à travers lesquels Dieu nous transmet sa vie et des grâces particulières. Malheureusement, les enquêtes attestent qu’aujourd’hui encore, plus de la moitié de ceux qui se réclament chrétiens ne croient pas en la résurrection. Beaucoup croient, par ignorance ou par commodité spirituelle en la réincarnation et tout ce que vous voulez. Même tous ceux qui vont à la messe n’ont pas toujours cette conviction profonde du mystère de la résurrection du Christ et notre propre résurrection. Pour illustrer mon propos, je vous raconte une histoire vécue personnellement en octobre 2006.

Encore tout jeune prêtre et vicaire dans une paroisse, je suis invité un dimanche avec un groupe des paroissiens, pour déjeuner chez une dame de la paroisse ! Ambiance bon enfant, très conviviale, joie de se retrouver. On rigole, on parle de tout et de rien, on prend l’apéro. C’est un groupe de copains, des paroissiens qui étaient tous plus ou moins pratiquants qui se connaissaient très bien depuis longtemps, s’entendaient bien aussi parce qu’ils avaient la même sensibilité spirituelle, ecclésiale et pastorale

A un certain moment la discussion tourne autour la résurrection. Un monsieur, pourtant très engagé dans sa paroisse, avoue spontanément croire en la réincarnation mais pas en résurrection ! Imaginez le choc quand un africain rougit, de honte, de colère, d’étonnement ! Ma voisine enchaine en affirmant qu’elle non plus ne croyait pas en la résurrection. La parole se libère, les langues se délient, l’apéro y aidant aussi un peu. La moitié de ceux avec qui j’étais à table croyaient plus en la réincarnation qu’à la résurrection du Christ et des morts. Encore tout jeune prêtre, très timide, ordonné depuis trois mois seulement et envoyé dans cette paroisse, il fallait que je reste dans mes petits souliers, poli et sage ! J’avais vraiment besoin d’un grâce particulière pour prendre sur moi, terminer mon plat et ne pas faire des vagues avec ces paroissiens que je connaissais à peine. Quelques jours plus tard, en écoutant France Info, j’apprends que, dans une enquête, plus de la moitié des Français qui se disent chrétiens ne croyaient pas en la résurrection !

Et vous, croyez-vous en la résurrection ?  C’est le plus grand mystère de notre foi qui nous rassemble ce soir et sans lequel l’Eglise, ni le baptême, ni la messe, ni aucun autre sacrement n’existerait pas ? L’Eglise essaye de nous conduire à la compréhension de ce grand mystère, par des symboles. La veillée pascale nous en offre plusieurs, mais je ne parlai que de trois symboles pour éviter de passer la nuit dans cette église : la lumière, l’eau et la joie exprimée à travers nouveau qu’est l’alléluia.

La lumière ! Ce soir, la liturgie pascale représente le mystère du Christ-Lumière à travers le cierge pascal, dont la flamme est à la fois lumière et chaleur. Pendant notre procession, par trois fois nous avons acclamé le Christ notre lumière : « Lumière du Christ, nous rendons grâce à Dieu ».  La lumière du cierge pascal s’est propagée à travers toutes nos bougies de processions en partageant cette lumière entre nous. C’est un rite qui contribue à la beauté de la liturgie de la veillée pascale. Le Christ ressuscité entre dans notre vie et nous éclaire par sa présence. Il nous invite à partager sa lumière parce que notre monde a besoin de la vraie lumière ! Je parle de cette lumière qui éclaire nos vies, nos âmes pour nous permettre d’avancer chaque jour dans la confiance, car notre monde a tellement besoin de confiance.

Vous avez vu que le cierge pascal s’allume à partir du feu, ce feu autour duquel nous nous sommes réunis sur le parvis au début de notre veillée.  Le feu affine et purifie, mais aussi brule et détruit. Cela veut dire que lorsque le Christ-Lumière entre dans notre vie, il l’éclaire, nous montrant toutes ces belles choses, toutes ces merveilles que le Seigneur nous a données. Le feu du saint Esprit purifie et affine alors tous ces dons et talents comme le feu qui affine le métal et purifie l’or. Le feu du saint Esprit, reçu au baptême, vient affiner et purifier tout ce trésor merveilleux que le Seigneur a déposé en nous. Il permet à notre vie d’être plus féconde, plus radieuse. De même, comme la paille qui est brûlée et détruite par le feu, le saint Esprit éclaire notre vie pour nous montrer tout ce qui est appelé à la destruction, au vieillissement. J’invite chacun de nous à regarder, dans sa propre vie, ce qui doit être affiné, purifié par feu du Christ Ressuscité. Présentons au Ressuscité le vieil homme qui est en nous, mais qui est destiné à mourir, cette paille en nous appelée à la destruction par le feu du saint Esprit.

Et vous, baptisés de Pâques, regardez votre vie ! Vous allez recevoir la lumière du Christ, avec ces paroles : « Vous êtes devenus lumière dans le Christ, marchez toujours comme des enfants de lumière ; demeurez fidèles à la foi de votre baptême. Alors, quand le Seigneur viendra, vous pouvez aller à sa rencontre avec tous les saints du ciel ».  Jésus ressuscité vous appelle à garder allumée cette lumière et à la porter aux autres. Il ne nous donne pas sa lumière pour la garder pour nous-mêmes, la mettre sous le boisseau.  Quand le Christ ressuscité apparaît à ses disciples, il leur confie une mission : « Allez, faites des disciples ! », « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement », « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». L’Eglise, le monde a besoin de votre lumière. Ne laissez pas la tempête du monde et les turbulences de la vie éteindre en vous cette lumière de la foi ! Témoignez-en, partagez-la pour qu’elle se répande partout.

Le deuxième symbole est celui de l’eau ! Pas de vie possible sans eau. Le baptême est une plongée dans l’eau détruit et qui fait naître la vie. Comme jadis le peuple d’Israël est passé par la mer Rouge pour être libéré d’esclavage, de même, chers baptisés de Pâques, vous allez passer avec le Christ à travers l’océan de la mort pour en sortir, avec lui, victorieux et pleins de vie. A travers l’eau du baptême, le vieil homme en vous est appelé à la destruction et à la mort, accueillant la vie divine qui fait de vous une création nouvelle dans le Christ. Cette eau fécondée par le Saint Esprit fait naître le nouveau peuple des fils et des filles de Dieu, un peuple de prêtres, de prophètes et de rois.

Le nouveau peuple de prêtres né du baptême prie le Seigneur, en le remerciant pour ses merveilles, action de grâce dont le sommet est l’eucharistie (la messe). Ce peuple de prêtres qui offrent à Dieu des supplications et des prières pour soi-même et pour le monde. C’est un peuple des prophètes qui annoncent la Bonne Nouvelle de Dieu et en témoignent concrètement, en répandant le parfum de Dieu, la bonne odeur du saint-chrême dans le monde ! C’est un peuple de rois, à la suite de Jésus-serviteur. Ils s’engagent à sa suite dans la dynamique du lavement des pieds et du service aux frères et sœurs, pour rendre l’Eglise radieuse, vivante, dynamique et notre monde plus juste, plus solidaire, plus fraternel.

Le dernier symbole est la joie marquée par le chant de l’alléluia ! Quand on est dans la joie, on se voit et se lit sur le visage. Une joie véritable se transmet, elle est contagieuse et rejaillit sur l’entourage.  Après quarante jours carême, nous avons chanté ce soir Alléluia pour exprimer la victoire du Christ sur la mort et sur le mal. La résurrection est la cause et la source de la joie que nous exprimons. Notre monde a tellement besoin de cette joie véritable que le Christ nous donne. Chers baptisés, finis avec les visages de deuil ! Même si la vie n’est pas facile chaque jour, la joie du Seigneur est notre rempart ! Partagez ce cadeau de la joie autour de vous. Soyez témoins de la joie chrétienne ! Vous donnerez ainsi au Christ ressuscité de nouveaux disciples. Notre Dieu n’est pas enfermé dans une tombe ! Jésus est vivant dans ta vie, dans l’Eglise, dans le monde. Il est vainqueur du mal et de la mort, Alléluia ! Soyons donc dans la joie !