Mes chers frères et sœurs !
Depuis le dimanche de Pâques, les évangiles qui nous accompagnent posent une question importante : comment pouvons-nous rencontrer le Christ Ressuscité ? De quelle manière se manifeste-t-il à nous ? Dans l’évangile de ce dimanche de la Divine miséricorde, nous passons du matin au soir de Pâques. « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » Malgré l’annonce de la résurrection par de l’ange, les apôtres ont toujours peur. Ledécret de les capturer est toujours en cours et concerne tout le groupe. Heureusement que les portes fermées et les cœurs verrouillées n’arrêtent pas Jésus. Notre manque de foi, nos fermetures n’arrêtent pas le désir de Dieu de nous rencontrer. L’amour de Dieu est plus fort que nos peurs.
L’abandonné du vendredi saint revient chez ses traites et lâches. On aurait pu s’attendre à de reproches, car en effet, l’apôtres l’avaient abandonné et trahi. Jésus n’a pas de rancœur. Si nous voulons imiter Jésus, devenir véritablementses disciples, il nous faut guérir de nos rancœurs et de notre orgueil. Au lieu de faire des reproches, Jésus annonce la paix et donne le saint Esprit : « La paix soit avec vous ! » Les premières paroles du Ressuscité veulent rassurer, apaiser, réconforter et guérir ses amis.
« Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » C’est un don ! Pour saint Jean, la Pentecôte n’attend pas 50 jours après Pâques ! C’est le jour même de Pâques que le Saint Esprit est donné. A sa mort en croix, Jésus avait remis l’Esprit au Père et au matin de Pâques, l’Esprit est donné aux apôtres. Une nouvelle page commence pour eux. L’accueil de l’Esprit saint dépend de notre capacité d’aimer et de l’accueillir. Ça me fait penser au sacrement deconfirmation, lors de la chrismation. L’évêque dit au nouveau confirmé : « sois marqué du saint Esprit, le Don de Dieu ». Le saint Esprit arrive avec une multitude des dons mais nous ne pouvons pas tout recevoir, mais seulement ce dont nous avons besoin, ce que nous sommes capables d’accueillir, de la largesse de notre cœur.
Nous avons besoin du saint Esprit pour entrer dans le mystère de la résurrection. C’est un mystère que même ceux qui se disent chrétiens et même parmi ceux qui vont à la messe, n’arrivent pas toujours à croire. Pour nous rassurer si nous avons du mal avec le mystère de la résurrection, nous rappelle que nous avons le saint Esprit, et qu’avant nous, lesapôtres aussi et aujourd’hui l’apôtre saint Thomas, ont eu du mal à y croire.
Celui qui a fait une de plus belles profession la foi dans les évangiles : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » est passé dans l’histoire comme le modèle des incrédules. Voyons cependantcomment est présenté l’apôtre Thomas à d’autres endroits de l’évangile. Dans l’épisode de la mort Lazare quand Jésus décide d’aller à Béthanie alors qu’on cherche à le mettre à mort, tous les apôtres, Simon Pierre en premier, lui en dissuadent. A cette occasion, l’apôtre Thomas surprend par son courage en incitant les autres à suivre Jésus : « Allons, nous aussi, mourir avec lui » (Jn 11,16). En le disant, saintThomas était sincère, comme l’était aussi Pierre quand promettait de donner de mourir pour Jésus, s’il le fallait, avant de le renier plus tard.
La deuxième fois que l’apôtre Thomas apparaît, c’est quand il expose ses doutes à Jésus qui rassurait ses apôtres avant sa mort. Jésus leur disait « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. » (Jn 14, 3-7). C’est un passage que nous écoutons très souvent lors des funérailles. Thomas nous avait alors obtenu du Christ cette grande révélation lui-même comme Chemin, la Vérité et la Vie. Il est caractérisé par sa spontanéité : quand il a des questions, il le pose sans tourner en rond.
Entre ces deux épisodes et soir de Pâques, il y a eu l’arrestation, la condamnation et la mort en croix. Le Vendredi saint, Thomas était resté pendant quelque temps au milieu de cette foule avant fuir, pour aller se cacher, comme les autres apôtres, par peur d’être arrêté et condamné. Le soir de Pâques, Thomas a toujours peur, il est en colère contre ceux qui ont condamné Jésus, contre les autres apôtres et surtout contre lui-même pour l’avoir abandonné. Entre temps, Jésus est ressuscité et est apparu aux autres, en l’absence de Thomas.
Quand l’apôtre Thomas revient dans le groupe, il voit des visages radieux et euphoriques ! Ce qu’il trouve très bizarre.Tous se précipitent pour lui dire : « Thomas, nous L’avons vu ! Il est vivant ! Oui, il est même apparu à Cléophas et Zacharie sur le chemin d’Emmaüs ! Simon Pierre l’a vu aussi ! » Thomas ne comprend rien ! « Vous avez vu qui, quoi ? quand ? comment ? » Ils lui expliquent qu’ils ont vu Jésus ressuscité. Interloqué et devant l’insistance des autres,l’apôtre Thomas dit « Arrêtez vos bagues de mauvais goût !Nous l’avons tous laissé mourir dans la solitude et vous vous permettez de faire des blagues sur lui ». Les autres insistent mais Thomas exige des preuves : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Thomas ne croit pas un seul instant au message de résurrection, et pourtant il reste avec les autres. Il ne claque pas la porte pour s’en aller de nouveau. Il reste dans l’équipe, ne quitte pas le mouvement, n’abandonne pas la communauté. C’est une leçon de que nous laisse saint Thomas : rester dans sa famille, dans l’Eglise, dans l’équipe même quand il a des blessures et des désaccords avec les autres. L’Eglise est sainte, mais comme structure humaine que nous formons, elle est comme nos familles : imparfaite et c’est normal qu’il y ait des blessures, des désaccords et des conflits…. Mais c’est au sein de cette même Eglise imparfaite que Jésus ressuscité nous rejoint et nous nourrit de ses sacrements symbolisés par l’eau et le sang qui ont jailli du cœur transpercé que Jésus montre à ses disciples et que nous contemplons particulièrement en ce dimanche de la Divine Miséricorde.
Thomas est récompensée huit jours plus tard : Jésus Ressuscité revient dans la maison où sont enfermés les apôtres. Thomas est choqué de voir Jésus venir seulement pour lui pour montrer sa miséricorde. Jésus s’avance vers Thomas : « Regarde mes mains, voix mon côté, touche mes plaies, et sois guéri de tes doutes et de ton manque de foi ». Ces gestes miséricordieux apaisent Thomas de sa honte, sa colère, sa peur et de ses doutes. Il se jette aux pieds du Ressuscité et devient le premier des adorateurs : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Saint Thomas devient alors le modèle de ceux qui adorent le Christ et qui croient en lui au-delà des obstacles et des doutes. Il soutient ceux qui, à un moment de leur vie, ont fait une crise de foi, envahis par des doutes, mais qui sont restés dans l’Eglise. Il est le modèle de ceux qui sont scandalisés et blessés par une Eglise parfois incohérente et blessante mais qui décident de ne pas la quitter, dépassant les fragilités de l’Eglise pour ne contempler que le Ressuscitéqui s’y donne à travers les sacrements.
En ce dimanche de la Divine Miséricorde, demandons au Christ Ressuscité de nous montrer ses mains transpercées, son cœur ouvert et de faire jaillir sur nous, sur son Eglise et sur notre monde un peu d’eau et de sang jaillissant de son Cœur. Amen.