Mes chers frères et sœurs !
L’anniversaire d’un proche, d’un ami, un membre de notre famille est toujours une occasion spéciale pour lui dire et nous montrer combien nous l’aimons, combien nous tenons à lui. Le cadeau que nous lui offrons à cette occasion est une petite démonstration de l’amour et l’affection que nous avons envers lui. Ainsi, ce jour, qui est la commémoration des fidèles défunts, est une occasion spéciale pour montrer et dire à nos proches qui ont quitté ce monde avant nous que nous les aimons encore. Même s’ils sont partis depuis très longtemps ou il y a peu de temps, leur présence et l’amour que nous leur portons garde en nos coeurs, et surtout dans le cœur de Dieu, une marque indélébile. L’amour ne meurt jamais ! L’amour est plus fort que la mort !
La commémoration des fidèles défunts est, dans cette perspective, une fête de l’amour : l’amour partagé dans le passé, quand ils étaient encore pèlerins sur terre avec nous, mais aussi l’amour qui reste malgré l’absence physique causée par la séparation de la mort. Pour les chrétiens, la commémoration des fidèles défunts est la fête de l’amour parce que nous aimons nos morts et croyons aussi qu’ils sont plongés dans la vie éternelle, comme le rappelle Jésus dans l’évangile selon saint Jean : « Or la volonté de mon Père, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés mais que je les ressuscité tous au dernier jour ! »
Même si ce jour est abusivement appelé parfois, « le jour des morts », en réalité, c’est le jour des vivants : nous ne célébrons pas le souvenir des personnes qui ont disparu pour toujours, mais nous faisons mémoire des vivants, mais qui vivent dans une autre dimension. C’est cela que nous appelons « la communion des saints ». Quand nous parlons de nos défunts, rappelons-nous toujours que ce sont leurs corps qui ont disparu, mais que leurs âmes continuent à vivre.
La douleur que nous ressentons pour leur éloignement révèle la « beauté collatérale de la mort ». C’est le signe qu’il y a eu l’amour et que cet amour demeure. S’il n’y avait pas cette douleur, la souffrance et la tristesse, cela aurait signifié qu’il n’y a jamais eu d’amour entre nos défunts et nous. Mais, nous souffrons, nous sommes tristes parce que nous sentons au fond de nous cette absence, ce manque de d’amour que nous avons jadis reçu et partagé avec nos proches qui sont auprès du Père. Tel est le destin paradoxal de l’amour : celui de provoquer la tristesse au moment de la séparation, et le caractère inéluctable de cette tristesse est la condition même de l’amour. Refuser d’aimer pour ne pas souffrir, c’est la chose la plus triste que nous puissions faire. Ne peut aimer que celui qui souffre. Celui qui n’aime rien et personne ne peut savoir ce qu’est la douleur, et ne peut savoir ce qu’est l’amour.
C’est la beauté paradoxale de la mort. Non seulement elle révèle la dimension de notre amour, mais encore, elle révèle la grandeur de notre foi. Jésus a vaincu la mort. C’est le cœur de la foi chrétienne. La mort n’a pas le dernier mot. Un jour, nous nous retrouverons auprès du Père avec ceux qui nous ont précédé dans la mort. S’il n’en était pas ainsi, la vie aurait été le plus grand mensonge, une farce et un théâtre de l’absurde. Parce que nous savons qu’il existe la nouvelle et vraie vie future remplie de sens et de beauté parce qu’illuminée par la présence du Christ ressuscité, Vainqueur de la mort par sa mort et sa résurrection.
Notre participation à la messe de ce jour, la visite et le recueillement dans les cimetières, les intentions de messes que nous demandons pour les défunts ainsi que notre prière pour eux sont le plus cadeau que nous puissions leur offrir. En faisant ainsi, c’est comme si nous disions à chacun de nos défunts : « Non, nous ne t’oublions pas ! Nous continuons à t’aimer et à te recommander aux soins du Père Céleste qui t’aime d’un amour infini ». A travers la communion des saints, nous sentirons la douceur de chacun d’eux nous dire, en réponse : « Moi non plus, je ne vous oublie pas et je continue à t’aimer ». Seigneur, Consolateur des affligés, prends soin de nos défunts, en attendant le jour glorieux où nous nous reverrons avec eux auprès de toi, après notre pèlerinage sur la terre. Amen.