Mes chers frères !

Alors que nous sommes en carême qui nous appelle à faire quelques privations, comme consommer moins d’écran, je vais vous parler de Netflix !   Il y a trois ou quatre ans, sur Netflix, j’ai regardé un film que j’avais beaucoup apprécié.  Le titre en Anglais est « The Good liar » (l’Art du mensonge, en Français). Dans ce film, un monsieur âgé, Roy, un peu manipulateur et, séducteur et menteur, séduit Betty, une ancienne prof d’Oxford. La relation a pris naissance via internet, à travers un site de rencontre pour personne âgées !  Comme quoi ! Vous savez, je suis impressionné par le pourcentage élevé des mariages (même célébrés à l’église) qui prennent naissance à travers le site de rencontre. Mais il faut faire très attention parce que beaucoup de menteurs, comme Roy, se cachent derrière un écran !

Pour conquérir très rapidement la confiance de Betty, Roy lui propose de le mettre sur son testament.  Ses intentions, ses paroles mielleuses, son mode opératoire sont tellement convaincants, tout ce qu’il dit et fait parait tellement sensé et cohérent. A la fin, cependant, Betty se révèle moins naïve qu’elle paraissait et la situation se renverse. Elle a réussi à démasquer le menteur Roy.  Je n’entre pas dans les détails pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui auraient envie d’aller voir ce film, même pendant le carême.

Il semble que les menteurs, manipulateurs et séducteurs suivent tous le même mode opératoire. Il suffit de regarder leur père et Maître, le Diable, dans l’évangile de ce premier dimanche du carême avec les tentations de Jésus dans le désert. Le Diable, à travers trois propositions cohérentes et sensées, cherche à faire tomber le Seigneur, mais il n’y arrive pas malgré sa ruse. Il fait de même avec nous au quotidien, quand, par sa ruse, il cherche à nous couper de nous-même, des autres et de Dieu. Ce sont là les trois dimensions du péché contre lequel nous sommes appelés à lutter plus particulièrement pendant de carême qui est un combat spirituel.

 Tentation contre nous-même : « Pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » La première tentation nous explose devant nos besoins primaires les plus élémentaires. Nous avons naturellement besoin de manger, de boire, de dormir. Quand nous ressentons ces différents besoins à travers notre corps et nos sens, cela parait tellement irrésistible ! C’est ce que le Diable veut nous fait croire. Les publicitaires nous attrapent par nos sens : la musique, des odeurs, un visuel pour attirer notre attention.

Jésus nous rappelle que nous pouvons résister, voire, vaincre ce combat qui voudrait nous limiter à notre seule dimension corporelle. Nous pouvons résister aux tentations du corps (ce qu’on appelle en théologie « les péchés de la chair » à travers le « jeûne et abstinence » qui nous ouvrent à notre dimension spirituelle, aux besoins de l’âme : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain.».  Nous valons plus que notre corps, même si nous ne devons pas mépriser l’importance de notre corps qui est l’épiphanie de notre être profond. Le mépris du corps, comme l’idolâtrie du corps sont deux déviations anthropologiques. Pendant ce carême, éveillons-nous à cette dimension spirituelle que la société nous pousse facilement à négliger. Sans oublier le corps, prenons soin de notre âme à travers les différents aliments et moyens que nous donne Jésus dans l’Ecriture et à travers les différentes traditions spirituelles de l’Eglise.

Tentation contre les autres : « Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.   Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »

Cette tentation est le pouvoir de dominer, soumettre, commander et manipuler les autres. En politique, en famille, dans les relations professionnelles, amicales, et même au sein de l’Eglise, le pouvoir risque de nous pervertir. Les abus, les rivalités…dans l’Eglise, dans le couple, entre frères et sœurs de la même famille, entre collègues de travail, les harcèlements dans tous les domaines… sont éléments révélateurs de la tentation du pouvoir.

On pourrait s’interroger comment nous cherchons à nous imposer aux autres. La racine de tout cela est notre orgueil. Pour en guérir, contemplons le Christ s’est anéanti et s’est abaissé jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Phil 2, 6-8). Au bout du carême, nous le verrons laver les pieds de ses disciples, porter sa croix, accepter les humiliations, lui qui est doux et humble de cœur ! Efforçons-nous de lutter contre notre propre orgueil ce temps de carême. Demandons la grâce de l’humilité, acceptons même ces petites humiliations qui nous blessent parce qu’elles révèlent notre orgueil.

Tentation contre Dieu : « Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »

La troisième tentation est cette vanité qui nous pousse à éprouver Dieu, le rendant responsable de nos malheurs et des conséquences de nos péchés ! Nous nous dédouanons ainsi de toute responsabilité. Ici encore, le Diable cite les Ecritures, de manière sournoise : « Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher de ta demeure : il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte les pierres ; tu marcheras sur la vipère et le scorpion, tu écraseras le lion et le Dragon. » (Ps 90, 8-13).

Nous procédons parfois de la même manière : au lieu d’assumer nos actes, nous accusons Dieu.  Se jeter du haut du temple est un comportement à risque, comme conduire alcoolisé ou sous l’effet de stupéfiants. Les conséquences sont logiques, désastreuses et dramatiques. Je me rappelle une rencontre avec une dame dont j’enterrai le fils mort dans un accident de circulation et qui avait donné la mort à trois autres personnes. Elle me disait : « chaque fois que mon fils sortait, je m’attendait à la visite de la police venant m’annoncer un malheur, tellement il avait des comportement à risque. Ne mettons pas Dieu à l’épreuve par nos comportements à risque s’il vous plaît. ! Les guerres, beaucoup de malheurs, la famine… ce n’est pas la faute de Dieu qui ne fait rien, qui reste passif,… mais sont le  fait de notre responsabilité, nous  qui refusons de partager, qui cultivons la rancœur, cupidité, rivalités, convoitises et nos jalousies !

En ce temps de carême, contemplons Jésus qui a été tenté comme nous, mais qui nous montre que nous pouvons aussi vaincre ce combat contre le mal, car nous ne sommes jamais seuls. Depuis notre baptême, dans les sacrements, nous avons le Saint Esprit qui nous est donné pour lutter contre le mal et le péché. Que ce temps de conversion nous permettre de mener fermement ce combat contre le Malin pour grandir dans l’Amour envers nous-même, envers nos frères et sœurs, et envers Dieu. Père, ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du malin. Amen.