À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

La Parole de Dieu de ce dimanche nous propose de contempler deux parcours !

-D’abord le parcours du prophète Elie qui chemine entre triomphe et peur, jusqu’à la montagne de Dieu, et qui nous rappelle qu’un disciple du Seigneur n’est jamais un héros, une superstar ! C’est important de le souligner en cette période où les JO nous présentent des héros, des super stars comme Léon Marchant, Teddy Riner ou l’Américaine Simone Biles auxquels tout a réussi par exemple. Le disciple lui, ne retombe pas toujours sur ses deux pattes. C’est quelqu’un qui vacille, qui souffre et tombe parfois….voire même très souvent. Il n’est pas toujours sûr de lui-même. Il est habité par des doutes et des crises.  Il ne cherche pas à se nourrir des succès et acclamations, il n’est pas toujours « trop fort », toujours « capable » comme nous pouvons parfois l’imaginer ! Il disciple qui se nourrit que du succès et applaudissement finit par tomber du piédestal. Le vrai disciple est fragile, parfois hésitant, fatigué et doit sans cesse compter sur l’aide du Seigneur.

–  L’autre parcours est celui de Dieu, en Jésus, un chemin qui n’est pas une montée triomphale, passant de victoire en victoire mais bien une descente et abaissement : descente pour prendre notre humanité, abaissement dans la mort, descente aux Enfers comme nous le disons dans le Credo… et lui-même nous dit aujourd’hui : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »

Le prophète Elie chemine entre triomphe et peurs, entre exaltation-gloire et dépression. Il va devoir s’opposer au roi Acab et son épouse, la reine Jézabel qui favorisaient et sponsorisaient la diffusion du culte païen de Baal en Israël. Dans la première lecture, nous avons écouté le passage qui marque la rupture entre les deux parties de la vie du prophète Elie. La première phase est triomphale parce qu’elle représente certains grands miracles et prodiges, en particulier la victoire contre les 450 prêtres de Baal exécutés par lui sur le mont Carmel ! Elie a fait exécuter les prêtres de Baal et considère cela comme une victoire éclatante au nom de Dieu, mais cet horrible massacre des prêtres païens au nom de Dieu devient pour Elie le début de son propre calvaire et de sa chute. Déçu, amère, rempli de peur,   fatigué de sa mission et de vivre Elie, poursuivi par Acab et la reine Jézabel, Elie a peur et est obligé de fuir vers le mont Horeb, la montagne de l’Alliance pour sauver sa vie et s’en remettre à Dieu.

Dans cette phase difficile, Elie dit au Seigneur : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » En ce moment de crise spirituelle, existentielle et de dépression, Dieu vient « toucher » Elie par l’intermédiaire d’un ange.  « Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! »  Toucher ici, dans le langage biblique, signifie : s’approcher, caresser ou alors frapper fort : c’est important comprendre ces trois significations qui veulent nous rappeler que l’intervention de Dieu dans notre vie est toujours de plusieurs niveaux : Dieu n’est pas effrayé par notre éloignement, mais il nous accompagne, nous console parfois en nous caressant et aussi, quand il le faut, Dieu nous secoue fermement, nous frappe fortement en nous demandant de nous bouger et de nous convertir.

Par deux fois, l’ange du Seigneur est contraint de « toucher » Elie qui est presque mort de sommeil. « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Cela veut dire que Dieu insiste même quand nous résistons, il nous nourrit, nous secoue, nous frappe… dans le but de nous faire comprendre que le ciel n’est pas fermé au-dessus de nous. Elie désespérait de la présence de Dieu dans sa vie, mais Dieu, à travers son ange, descend des cieux à la rencontre d’Elie. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il intervient en notre faveur dans notre vie de différentes manières, en particulier à travers les amis, les frères et sœurs qui nous accompagnent, nous réconfortent, nous conseillent, nous secouent parfois en nous demandant de nous bouger, en touchant là où ça fait mal pour nous pousser à réfléchir, ceux qui nous nourrissent et nous abreuvent…. comme Il le fait avec Elie par le biais de l’ange.

Elie est remis sur pied et devient de nouveau capable de marcher, non grâce à un banquet extraordinaire, un barbecue un bon repas comme ceux que nous partageons en cet temps de vacances, mais seulement grâce une « une galette cuite et un peu d’eau » c’est-à-dire grâce à très peu de chose mais qui nous rappelle que la puissance de Dieu se déploie à travers la faiblesse, la pauvreté des moyens, les choses simples et essentielles du quotidien !

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous propose de cheminer dans la charité, dans l’Amour. Il souligne une chose très importante : ne faire obstacle à l’esprit de Dieu mais devenir chaque jour ce messager, cet ange qui remet à pied et redonne vigueur, qui encourage les vies pliées et blessées. Pour cela, saint Paul nous dit que nous devons faire disparaître et éliminer certaines choses : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. » Il nous déconseille de manière explicite d’être des gens qui répandent du venin ou du mépris.  Saint Paul nous donne aussi des conseils pour grandir dans la charité dans nos familles, nos communautés, avec les gens que nous côtoyons : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. »

En imitant le Christ, le chrétien, son disciple déploie autour de lui les vertus de générosité, de tendresse et de pardon ! Le chrétien est celui qui devient bienveillant parce qu’il a découvert un Dieu infiniment bienveillant envers lui. Il devient miséricordieux, capable de pardonner parce qu’il se reconnait comme premier bénéficiaire du pardon et de la miséricorde de Dieu. Bienveillant, miséricordieux, capable de pardonner ! Nous pouvons être chaque jour l’ange ou le messager, l’ami envoyé par Dieu aux frères et sœurs, pour être une présence qui rassure et permet d’avancer au lieu de semer la rancœur, alimenter des querelles, des petites luttes de pouvoir. Nous sommes appelés à être une présence attentive qui se fait proche, conseille et aide les autres à retrouver la force, la volonté et le désir de vivre à nouveau.

« Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » Le disciple est celui qui désire imiter le Maître, Jésus. Imiter Jésus, c’est l’écouter nous redire dans l’évangile : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.  Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. ».  Demandons la grâce de devenir nous aussi, autour de nous, dans nos familles, dans la communauté, du pain vivant, du soin, de l’attention, de la sérénité, de la gratuité, de la générosité pour les autres. Que cette eucharistie nous donne de devenir du pain, nourriture, présence, soutien, messager, ami et ange pour les autres comme celui que Dieu a envoyé pour sauver la vie du prophète Elie. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-09T14:54:17+02:00

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Nous avons écouté, dimanche dernier, l’évangile du récit de la multiplication des pains. Ce dernier finissait par le fait que Jésus s’est enfui, échappant ainsi à la foule qui voulait l’enlever pour faire de lui leur roi. Quel succès, dirions-nous ! Cependant, comme vous le savez, après l’apogée, vient le déclin. Aujourd’hui, l’évangile qui nous est proposé sonne pour Jésus comme le début de la fin, la chute, le déclin de popularité, la baisse dans les sondages, mais Jésus n’a rien vu venir.

Jésus en prend conscience, il encaisse cet échec qui marque aussi un changement de cap, un tournant dans sa mission. Il faut tirer leçon de nos échecs. Jésus lui aussi profite de cet échec pour opérer un changement de stratégie pastorale : désormais, il ne s’adressera plus aux grandes foules venues de partout : son enseignement sera désormais destiné à un groupe plus intime, restreint, un noyau plus resserré constitué du petit groupe de ses disciples. Lors d’une formation pastorale faite aux prêtres, on nous avait fait remarquer le danger que nous avons, nous prêtres, à nous occuper de tout le monde, les nombreuses foules qui arrivent et viennent pour la messe le dimanche, aux funérailles, baptêmes, mariage… au point que cela peut nous faire oublier de prendre soin de ces groupes restreints, les équipes qui collaborent étroitement avec nous dans la mission. Les disciples ont aussi besoin que Jésus s’occupe d’eux.

Jésus avait espéré que les foules seraient prêtes à faire un saut de qualité, le saut de la foi après la multiplication des pains.  Il se rend compte malheureusement que cette foule n’a rien compris au message de la multiplication des pains. L’effet du miracle du partage et de la générosité qui nous appelait à faire de même dans notre quotidien est vite tombé à l’eau car la  foule a compris exactement le contraire de ce que voulait Jésus : pour les gens, Jésus ne leur servait que de nourricier, un faiseur des miracles, un Dieu qui les nourrit gratuitement tout simplement. Déçu, Jésus décide de s’en aller et d’échapper à ces gens qui veulent faire de lui un roi ! Qui ne voterait pas pour un président, un premier ministre qui, au lieu d’augmenter les impôts et de serrer les vices, fait des cadeaux à tout le monde, et pas seulement aux plus riches ? Voici pourquoi cette foule cherche Jésus et le rejoint pendant qu’il cherchait à s’isoler dans la prière.

Jésus a décelé leurs petits calculs hypocrites. Ils lui disent : « Oh Jésus, tu nous as tellement manqué ! Nous t’avons cherché partout ! » Une opération de séduction calculée et pas sincère comme celle à laquelle nous assistons quand nos enfants, le conjoint veut obtenir quelque chose…! Quand vous voyez votre adolescent toujours râleur et turbulent s’approcher de vous avec douceur, vous câliner alors qu’il ne fait jamais une bise à personne… vous vous dites bien qu’il y a anguille sous roche ! Jésus a du mal à accepter ce côté manipulateur parce qu’il voit bien que la foule veut l’instrumentaliser : Il leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Bref, ça suffit maintenant !  Je refuse de se faire avoir ! J’ai tout compris à votre petit jeu !

Vous le savez bien, spontanément, nous ne cherchons pas Dieu parce qu’Il nous indique le chemin pour grandir, pour aimer, mais pour qu’il résolve nos problèmes, sans nous fatiguer et nous faire attendre, le plus tôt possible. Nous avons parfois un comportement calculateur, commerçant et commercial avec le Seigneur.

Je vous donne un exemple ! Un jeune couple arrive au presbytère ! Ils habitent l’une de nos 5 paroisses ! Depuis mon arrivée, je ne les ai jamais vu à la messe ! Ils veulent se marier à l’église, et tout d’un coup, il se rappelle que Dieu existe, que se marier à l’église est quand même plus beaux que les 15 minutes passer devant monsieur le maire, entendre deux ou trois articles de lois et signer vite fait un bout de papier ! A un certain moment du dialogue, après avoir raconté leur histoire amoureuse, les péripéties et étapes de leur vie de couple, j’ose poser des questions touchant à la foi parce que c’est un sacrement qu’ils demandent. « C’est quand que vous avez été à l’église récemment ? » Leur réponse « Euh, je ne me rappelle plus ! C’était malheureusement aux funérailles de grands parents d’un copain… ! » et je poursuis « C’est quand est vous avez prié la dernière fois ?»  Réponse « Pour être honnête, je ne me souviens plus ! » Et pourtant vous voulez vous marier à l’Eglise, devant Dieu

En fait, Dieu n’a pas de place dans votre vie. Vous le cherchez parce que vous avez besoin de lui pour vous marier, comme cette foule qui cherche Jésus parce qu’elle veut manger. Ensuite, vous reviendrez à lui pour le baptême de votre enfant….et la dernière fois que vous reviendrez dans une église, c’est sera quand d’autres personnes vous y amèneront dans un cercueil pour les funérailles. Je caricature un peu mais il y a un peu de  pour ces gens qui ne se rappellent de Dieu et de l’Eglise que quand ils ont une demande à faire.

Pour beaucoup de gens malheureusement, Dieu existe seulement quand et s’il résout leurs problèmes. Nous arrivons à déterminer l’utilité de Dieu, à quoi il nous sert. C’est une vision utilitariste d’un Dieu au service de nos besoins.  Dans nos relations amicales et familiales, vous pouvez compter ceux qui s’approchent de vous, vous appellent, viennent vous voir que quand ils ont besoin de vos services ? A un certain moment, vous en avez marre et vous rayez cette personne de la liste de vos amis. Il en est de même pour le Seigneur, même si lui n’est pas capable de nous rayer sur la liste…car il est tellement grand dans son Amour que, même blessé par notre égoïsme, il nous appelle à nous convertir. On le voit dans l’attitude de Jésus. Il est déçu mais ne s’enferme pas dans sa déception ! Bien au contraire, il donne à la foule une voie de sortie digne par un enseignement qui rappelle ce qui est essentiel dans la vie.

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». L’être humain est dévoré par la soif du succès, de la réussite, des biens matérielles.… Nous pouvons avoir tout l’agent du monde, tout le pouvoir et tous les succès… il restera toujours en nous une soif que rien, que personne ne pourra étancher. Et cette soif-là, seul Dieu peut l’étancher. Aujourd’hui, Jésus nous le dit : le seul pain qui rassasie vraiment, c’est moi qui peux vous le donner. Il nous dit qu’il est en personne le Pain vivant et vrai.

Alors, profitons des joies que la vie nous offre, des amours, les satisfactions, les vacances, plaisirs, les petits et grands succès…sans oublier que la plénitude du bonheur est ailleurs.  N’oublions pas chercher Dieu. Que le Seigneur nous convertisse et nous donne de le chercher, sans calculs, sans égoïsme, gratuitement, pour lui-même, lui qui est le Pain Vivant et Vrai qui nous donne la Vie.

 

 

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-02T16:16:03+02:00

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœur !

Au comment de préparer cette homélie hier soir, je m’attendais à récit qui fasse une sorte de suite d’évangile deux dimanches précédents : Il y a 15 jours, Jésus avait envoyé ses disciples deux par deux, et dimanche dernier, il les invitait à se mettre à l’écart et à se reposer, à prendre un peu de vacances !

J’aurais bien préféré que l’évangile de ce dimanche nous dise que les disciples se sont réellement reposés et ont pris des vacances… Mais non ! Jésus et ses disciples sont poursuivis par une foule immense qui les empêchent de se reposer, comme ceux parmi vous qui êtes poursuivi par le boulot même pendant les vacances, avec le téléphone, les mails… …qui vous rappellent que vous devez être accessibles et joignables, même en vacances, pour gérer les urgences !

L’évangile nous décrit une grosse urgence à résoudre : « Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? ».  Jésus est saisi de compassion pour cette foule affamée et il faut urgemment trouver une solution.  Mais la solution proposée par les disciples est celle que nous proposons aussi très spontanément devant la misère dans le monde. Leur réponse en gros : « Ils n’ont qu’à se débrouiller !» C’est la réponse de Philippe : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain ».

Le raisonnement des disciples et la solution bien pratique, logique, la seule économiquement tenable qu’ils proposent est de renvoyer la foule affamée. Devant certains les drames, comme la famine, la guerre dans certains pays, la misère croissante… nous préférons parfois fermer les yeux pour ne pas voir… car voir et toucher réellement la souffrance de l’autre nous obligerait à faire quelque chose.

Prenons un exemple, tellement flagrant et actuel : l’immigration. Nous en  avons tellement parlé lors des dernières élections européennes et législatives après la dissulution. Devant la crise migratoire, nous avons des solutions logiques toute faites et prêtes ! La France, l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! L’UE est prête à payer des milliards à la Turquie, à la Lybie, à la Tunisie juste pour que ces pays empêchent ces migrants d’arriver nos territoires.  Le dernier premier ministre britannique avait même proposé au Rwanda, en échange de quelques centaines de s millions de dollars, d’être un « pays de transit » pour les demandeurs d’Asile ! Imaginez le Rwanda : un pays minuscule, avec la plus forte densité d’Afrique, où les gens se marchent presque dessus ; et là, c’est à ce petit pays qui étouffe déjà qu’on demande et qui accepte d’accueillir encore des demandeurs d’asile, simplement pour que cette misère migratoire ne nous atteigne pas, pour ne pas la voir de nos yeux, car voir cette misère nous obligerait forcément à faire quelque chose.

Nous n’avons qu’à les renvoyer chez eux en Afrique, en Syrie, en Irak, au Liban…tant pis s’ils meurent dans cette guerre et ces conflits même si c’est aussi nous qui les avons provoqués chez eux directement ou indirectement ! Nous oublions que ce sont certaines de nos politiques qui parfois provoquent ce chaos dans ces pays !

« Faites-les asseoir et donne-leur vous-même à manger ! » Jésus nous responsabilise. Inutile de chercher à qui la faute ! Nous sommes là devant un drame, et au lieu de disserter des heures et des heures, Jésus demande de réagir avec notre cœur et de tenter des solutions de cœur ! Tout d’un coup, devant l’insistance de Jésus, voici que les disciples cherchent d’autres solutions ! Ils auraient quand pu y penser avant !  André a une tentative de solution : « André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Voilà comment devrait réagir un chrétien : essayer de trouver une solution, d’être généreux, même si nos solutions sont être limitées.

Devant la souffrance qui nous entoure, essayons chacun de faire notre part, de manière généreuse et responsable. Dieu fera sa part ensuite. En effet, pour 5 mille hommes et tant de femmes et d’enfants, 5 pains et deux poissons ne sont pas grand-chose, juste une misère ! C’est le pique-nique d’un enfant perdu au milieu de la foule.  Un adage dit que ce sont les petits ruisseaux qui dont des grands fleuves.  Nous aussi, faisons notre part, comme dans la « légende du colibri » : Un incendie se produit dans une forêt où il y a tous grands et petits animaux. Quelle tragédie qui provoque un sauve-qui-peut ! Mais le colibri, petit oiseau, s’en va à la mer et de bon bec, amène une goutte d’eau qu’il déverse sur le feu pour éteindre l’incendie, puis revient. Les gros animaux, lion, éléphants… se moquent de lui en lui faisant comprendre que le mieux est de se sauver, au lieu de vouloir éteindre un grand feu avec goutte d’eau alors que les canadairs n’y arrivent pas. Le colibri leur rétorqua : « moi je fais ma part et j’essaye de trouver une solution ! Peut-être que si vous aussi vous vous y mettez, vous qui êtes plus grands et plus forts que moi, nous pouvons arriver à éteindre ou au moins à ralentir l’incendie »

Cet enfant de l’évangile a accepté de mettre son pique-nique à la disposition de tous. Le miracle que l’on appelle souvent « la multiplication des pains » pourrait être appelé aussi le « miracle du partage et du coeur généreux ». Cet enfant n’a pas encore la tête et le cœur bourrés et pollués par tous les calculs politiques et macro-économiques ! Il a simplement accepté de partager parce qu’il a un cœur et c’est cela qui provoque un miracle. Aujourd’hui encore, Jésus se sert de notre générosité pour manifester sa puissance.

Je n’entrerai pas aujourd’hui dans les considérations théologiques de ce miracle avec sa symbolique eucharistique. Voyons simplement, dans le geste de cet enfant, une invitation au partage dans notre société et dans notre monde devenu de plus en plus individualiste et égoïste.  Au moment où nous parlons des vacances, de voyage, cet évangile est un appel à penser à ceux qui, autour de nous, n’ont pas les moyens de prendre des vacances ou de pouvoir voyager ! Nos mains, notre pain, nos pieds, notre bouche, notre cœur généreux…sont les outils au service du Seigneur pour nourrir, guérir et prendre soin de nos contemporains souffrants. Que cette eucharistie nous obtienne la grâce d’un cœur généreux, attentif, compatissant, comme le Christ, comme ce jeune garçon de l’évangile. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-26T10:43:15+02:00

Homélie du Père Joseph du XVI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, Jésus nous a envoyé en mission deux par deux, en équipe, nous rappelant l’annonce de l’Evangile et la mission en Eglise se fait toujours avec les autres. Il nous invitait aussi à accepter les déplacements qu’impose la mission, à nous bouger, à nous donner toujours de nouveaux objectifs et à ne jamais rester statiques. Cela nous rappelle que ce que Jésus nous demande de faire et de vivre, nous pouvons certes le faire seul, mais si nous voulons être fécond, il nous faut travailler avec les autres, en équipe. Jésus nous commande de le faire en équipe ! Ce dimanche, Jésus aborde d’autres thématiques pour nous inviter à la conversion.

Dans la première lecture, Dieu n’emploie pas une méthode douce pour appeler à la conversion, mais il le fait à travers des paroles dures que nous n’aimerions peut-être pas entendre, comme ces paroles du prophète Jérémie contre les pasteurs d’Israël. Ces pasteurs sont coupables d’avoir mal conduit le peuple et de l’avoir conduit à sa perte : « Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage ». Ce qui est beau et rassurant, c’est de voir comment un oracle qui a commencé avec une menace se conclut par la révélation de la tendresse et miséricorde de Dieu pour son peuple : « Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur. » Cette promesse va se réaliser plus tard en Jésus, le Bon Berger.

En écoutant cette parole, nous pouvons faire comme tous les bons paroissiens qui écoutent l’évangile et les homélies des prêtres pour les autres d’abord, mais jamais ou alors très rarement pour leur propre conversion. « Chéri, chérie, t’as entendu ce que le prêtre pendant l’homélie ! On dirait qu’il s’adressait vraiment à toi !  Si mon collègue mon manager, mon responsable pouvait entendre ce que le prêtre a dit aujourd’hui ! » Pour nous parfois, c’est comme si l’appel à la conversion était d’abord adressé aux autres, et pas à nous.  Cette tentation nous guette de penser que ces paroles dures de Dieu, prononcées par le prophète Jérémie ne nous concernent pas parce qu’elles s’adressent aux pasteurs, aux prêtres, aux autorités, à ceux qui sont responsable et qui gouvernent. Non, la parole de Dieu s’adresse d’abord à nous, personnellement.

Petits et les grands, nous sommes tous disciples du Christ qui ont, dans notre vie familiale, professionnelle, associative, ecclésiale des rôles, responsabilités et des missions. Le Seigneur nous demande de remplir des rôles et mission avec le cœur. Demande-toi dans quel état d’esprit, quelle quantité et qualité d’amour tu mets dans tes missions et responsabilités. N’y a-t-il pas trop d’égo dans ma manière de remplir mes missions ? Regardons ce qui se passe au niveau politique dans notre pays : finalement, nous remarquons qu’il y a aucun projet, ou de très peu de projet, mais seulement la guerre des égos et le positionnement personnel dans tous les partis !  Et le bien du peuple vient en dernier lieu. Nous ne sommes pas vaccinés contre cette dérive d’orgueil dans nos missions ecclésiales et professionnelles, d’où l’appel à la conversion.

L’Evangile rappelle qu’un chrétien, disciple du Christ est d’abord appelé pour « être avec Lui, à part ». C’est ce que Jésus demande à ses disciples qui reviennent d’une mission, tous heureux de leur réussite et succès. « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Se mettre à l’écart pour rendre compte au Seigneur, pour se ressourcer…C’est Jésus qui les avait envoyés annoncer la Bonne Nouvelle. Au retour, c’est vers Lui qu’ils vont en premier, pour rendre compte et relire avec Lui leur mission. Il y a des gens pensent être dépositaires d’une mission et qui refusent de rendre des comptes aux responsables. En fait, dans l’Eglise comme dans le monde professionnel, nous avons tous des responsables et nous avons toujours à rendre compte, à relire ce que nous faisons.

Cet évangile voudrait aussi nous fait réfléchir sur la manière dont nous exerçons nos missions et services dans l’Eglise. Au niveau ecclésial, une responsabilité est toujours est reçue ! On ne décide pas d’être curé d’une paroisse, évêque d’un diocèse ! C’est toujours un appel, une mission confiée par quelqu’un d’autre, comme service à rendre, mission à accomplir. Même le pape est élu par d’autres évêques ! Pape, évêque, curé de paroisse, formateur de séminaire, vicaire, simple prêtre, membre l’EAP, du conseil pastoral, de l’équipe liturgique, SEM aumônerie, catéchisme, Secours catholique, préparation aux sacrements… Aucune de ces missions n’est une initiative personnelle, une question d’envie, de besoin d’autoréalisation personnelle : c’est d’abord notre réponse à Dieu qui appelle, confie et envoie en mission. Cela veut dire aussi que, comme les disciples du Christ dans l’évangile de ce dimanche, nous devons rendre compte au Seigneur des missions qu’il nous confie.

Cet évangile me rappelle le souvenir d’un de mes formateurs pendant mes années de séminaire à Rome. Le père Mario Gadda était supérieur de la maison et en même temps, aumônier de prison. Le matin, quand nous allions à l’université, il partait aussi à son apostolat dans la grande prison romaine de Regina Caelli. Chaque matin, avant de partir à la prison, le père Mario passait une demi-heure d’adoration devant le saint sacrement pour être d’abord avec le Seigneur qui l’envoie à la rencontre des prisonniers. A son retour, le soir, il passait directement à la chapelle pour une autre demi-heure d’adoration pour rendre compte au Seigneur de sa mission et lui présenter les visages des prisonniers rencontrés. Pour moi en formation, c’est un témoignage qui m’avait beaucoup marqué.

Cet évangile est un beau cadeau au moment où nous sommes déjà ou nous nous apprêtons à partir en vacances. Heureux de retrouver nos proches et amis, nous poser, de nous reposer, de couper avec la routine et les tralalas professionnels pour refaire nos forces, être reboostés… Comme les disciples revenus de mission, mettons-nous un peu à l’écart de temps en temps avec le Seigneur pour faire le point sur notre vie personnelle, professionnelle, spirituelle, familiale, ecclésiale. Dans la mesure du possible, profitons de l’été pour vivre une halte spirituelle, un petite de retraite, tout seul, en couple, en famille ou avec des amis. Ce repos physique sera ainsi accompagné de grâces spirituelles pour affermir notre relation avec le Seigneur sans lequel nous ne pouvons rien faire. Amen.

 

 

Homélie du Père Joseph du XVI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-24T11:00:19+02:00

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Dimanche dernier, l’évangile nous rappelait la mission quasi impossible et les difficultés que rencontre un prophètequi veut témoigner dans un milieu connu et familier. Il nous disait lors de son passage à Nazareth « un prophète n’est méprisé que dans sa maison, sa parenté, sa propre famille ». Mais difficulté ne veut pas dire impossibilité ! Cesobstacles ne doivent pas nous empêcher d’oser annoncer la Bonne Nouvelle et témoigner dans nos familles, villages, villes, et cercles trop familiers.

Les plus jeunes, les adolescents aujourd’hui son moins timorée que nous les adultes pour parler de leur foi entre eux. Même si ce n’est pas évident, il nous faut annoncer la Parole qui, accueillie ou rejetée, elle garde toute sa puissance même si nous ne constatons pas des résultats immédiats. Les fruits arrivent parfois longtemps après, même si ce sont d’autres personnes qui les récolteront : certains sèment, d’autre arrosent, et plus tard, ce sont d’autres qui récoltent les fruits, mais dans tout cela, c’est Dieu qui est à l’œuvre car c’est lui qui donne la croissance !  

Pour illustrer le fait qu’il ne faut jamais baisser les bras ni se décourager après un échec, quelque chose qui n’a pas marché, Jésus nous dit qu’il faut changer de stratégie et de méthode, et surtout, se faire aider par les autres. Voilà pourquoi il envoie ses disciples en mission deux par deux. La vie chrétienne est un appel à cheminer, à voyager ! Au cours de ce voyage, nous sommes parfois bousculés, nous pouvons échouer, il nous faut nous réinventer, se renouveler fixer denouveaux objectifs, franchir des étapes, faire de pauses….

Le pape François nous appelle sans arrêt à être disciples-missionnaires qui vivent une conversion à la fois personnelle et pastorale, dans une mission toujours nouvelle dont le message est le même hier, aujourd’hui et demain : le Christ Ressuscité. Penser la vie humaine, chrétienne et ecclésiale de manière statique, immuable, nostalgique, figée dans le passénous conduit à la mort. La mission nous oblige forcément à faire des déplacements, des conversions, et à tenir compte du contexte spatio-temporel en mutation dans lequel le Christ se donne.

Jésus envoie ses disciples deux à deux, et non pas seulparce qu’il sait que nous avons besoin du soutien des autres dans la vie et dans la mission ! La première mission est sans parole. C’est d’abord le témoignage d’être, de marcher et de travailler ensemble, l’un à côté de l’autre en unissant lesforces. Chez les religieux, une communauté est constituée au minimum de trois personnes. C’est pour cette raison que les congrégations n’envoient jamais un seul membre quelque part, dans une paroisse. Je vais vous faire un scoop et vous demander de prier pour un projet : Il se peut quà la rentrée, notre ensemble paroissial accueille une nouvelles congrégation religieuse : trois franciscains de l’Immaculéequi viendront s’implanter dans le diocèse  et que l’archevêque nous confie. Il y a 10 jours j’ai rencontré deux d’entre eux venus en repérage. Ils sont motivés mais la décision définitive doit être prise par leur supérieur général qui est à Rome. Il nous faut donc prier pour que cette communauté vienne chez nous  Dieu le veut.

La première chose qui donne envie de rejoindre à une équipe, un groupe associatif ou pastoral, c’est la qualité des relations entre les membres. « Voyez comme ils s’aiment », disait-on des premiers chrétiens à Jérusalem. Jésus disait à ses disciples en les envoyant : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». Une mission ecclésiale ne peut se vivre dans la solitude, seul dans son coin. Les disciples sont envoyésdeux par deux parce que différents, ils doivent mettre leurs différences au service du même projet, se soutenir pour faire face aux fragilités mutuelles et profiter des charismes les uns des autres. Saint Paul nous rappelle que nous sommes tous membres du même corps et que chaque membre est appelé à travailler pour le bien du corps entier, et c’est l’harmonie entre les différents membres qui permet au corps d’être en bonne santé. Vouloir travailler seul, c’est courir le risque de s’épuiser, de faire mourir la mission et empêcher la croissance de Parole de Dieu et de l’Eglise.

Un autre point important dans cette pédagogie missionnaire est la confiance en la providence de Dieu : « il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton » ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Non seulement il y a l’ami qui nous soutient, mais Jésus nous conseille aussi de nous appuyer sur le bâton du pèlerin et du missionnaire, un bâton pour s’y appuyer quand nous sommes fatigués. Les disciples partent dépouillés !

Quand je devais quitter mon ancienne paroisse pour venir ici, je me suis rendu compte combien il est difficile de déménager, et surtout faire les cartons ! J’ai réalisé qu’en 9 ans où j’étais curé, j’avais tellement accumulé des choses dont je ne m’étais jamais servi. D’où le besoin de faire le tri, donner aux autres et jeter aussi pour se dépouiller un peu. S’encombrer des choses, accumuler, acheter pour acheter sans discernement… tout cela peut reflète notre manque de confiance. Pensons à toutes les assurances et garanties que nous souscrivons : assurance vie, assurance voyage, annulation, panne, garantie pour tel appareil… Le Seigneur nous appelle à lui faire confiance et faire confiance en la générosité des gens qui nous entourent : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien », dit le psaume 22.

Très souvent, par orgueil sûrement, nous pensons que la mission dépend principalement de nos grands moyens au point d’oublier que c’est le Seigneur qui est le premier protagoniste de la mission qu’il nous confie. La pauvre, même en pastorale, est une belle la grâce ! Quand on sait qu’on est pauvre, on est modeste et humble, on cherche de l’aide, on appelle les gens au secours, on leur dit qu’on besoin d’eux, on sait s’appuyer sur les autres. Combien des gens sont allés s’investir dans une autre paroisse parce que, quand ils ont proposé leurs services dans leur paroisses territoriales, on leur a dit qu’on n’avait pas besoin d’eux…. Plus on est riche, plus on croit n’avoir besoin de rien et ni de personne, dans la vie etcome en pastorale, on étouffe les charismes et on appauvrit l’Eglise.

Puisse le Seigneur nous donner cette grâce de la confiance, du dépouillement et de cette pauvreté qui nous rendent tellement riches de Dieu et des autres. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-14T11:25:16+02:00

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus est un missionnaire infatigable, se donnant sans compter, parcourant villages et villes pour enseigner, guérir, annoncer la Bonne nouvelle. Pour reprendre l’expression chère au pape François, Jésus est un missionnaire qui allait dans les périphéries d’Israël sans se fatiguer, passant de ville en ville, de village en village. Cependant, même les grands travailleurs et missionnaires ont besoin de repos, de retrouver la famille, revenir aux sources, Jésus aussi revient de temps en temps à la maison. Le père Vital est parti aussi en vacances, et Willy y sera en août. Pour aider, Théodore et Rodrigue sont arrivés depuis mardi. Je pense aussi à vous tous qui, en cette période des vacances, allez pouvoir vous reposer en famille ou retrouver des amis.

Dans l’évangile, il est beau de voir Jésus revenir à la maison ! Cela nous montre qu’il est profondément humain et que rien de ce que nous pouvons vivre ne lui est étranger ! Ce retour à Nazareth est une leçon pour ceux qui ne pensent ou ne peuvent prendre des vacances, faute de temps ou parce qu’ils pensent qu’il y a trop de boulot. En ce temps de vacances, pensons et prions toutes ces personnes qui vont partir ou revenir dans les lieux familiers, lieu de leur naissance, de leur enfance, lieu de souvenirs familiaux, des cousinades…. cesrassemblements familiaux que l’été nous donne l’occasion de vivre, mais  qui sont aussi parfois source de tension dans  nos familles.

Mais, même là aussi, annonçons la Bonne Nouvelle comme Jésus le fait à Nazareth ! Pour Jésus, tout lieu, même la famille, son village, sont des occasions et lieuxd’évangélisation. Nous savons toutefois qu’évangéliser et témoigner de sa foi en famille et dans les lieux familiers peut être rude. Jésus qui suscitait enthousiasme, admiration et foi adu mal à passer dans son propre village natal : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Si cela est arrivé à Jésus, pas étonnant que cela nous arrive dans nos familles. Je me rappelle quand je suis revenu, après la profession religieuse, dans mon quartier habillé en soutane blanche, en été 2000. Je rencontre une camarade de lycée qui me dit : « Non, Joseph, tu es prêtre ! On aura tout vu ! ». Rassurez-vous je n’étais pas un mauvais garçon ! Mais pour cette collègue, c’était inconcevable de voir un camarade de classe devenir un religieux…. Pensez à un journaliste, un grand patron ou un homme politique qui ose avouer publiquement, à la radio ou sur un plateau de télévision qu’il est chrétien, en France ! Il aura signé sa mort médiatique et politique !

Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel est marquée dans sa mission aussi par le refus de Dieu de la partdu peuple. Il se rend compte très rapidement que Dieul’appelle à prendre sa part au refus même de Dieu : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi.  Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi.  Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. »

Chaque prophète (nous sommes prophètes par le baptême) est appelé pour porter et sentir dans sa propre chair le refus de Dieu, de la part des hommes et des femmes de son temps, au point d’être nous-même rejetés. C’est une manière de porter sa croix, de participer à humiliation subie parJésus.

L’évangile nous dit que dans la synagogue de Nazareth, « nombreux étaient frappaient d’étonnement ». Ils se rendent compte qu’il y a quelque chose de nouveau. C’est comme quand nous allez proposer, en rentrant chez vous pour le déjeuner de faire un bénédicité, ou ce soir, en sollicitant toute la famille pour faire une petite prière avant d’aller au lit. Cette demande va en émerveiller certains, mais d’autresrisquent de vous prendre pour un fanatique surtout si les gens prétendent vous connaître trop bien ! « Non, ce n’est pas lui. Il doit être sous la coupe, sous l’emprise du curé, d’un groupe chrétien ! », encore si l’on ne dit pas que vous faites partie d’une secte ! Trop connu pour être un prophète ! La prétendue connaissance que les habitants de Nazareth ont de l‘enfant du pays devient un obstacle à la réception de l’Evangile.  Saint Marc conclut par une formule lapidaire : « Et ils étaient profondément choqués à son sujet. »

Pour la première fois, Jésus est appelé « charpentier » dans l’évangile de saint Marc. Ce qualificatif, dans la bouche de ses concitoyens exprime plus qu’un simple attribut : En Israël, presque tous possédaient un petit lopin de terre à cultiver pour se nourrir. Celui qui l’avait perdu pour diversesraisons, pour survivre, devait faire de petits boulots modestes. Parmi ces petits boulots, il y avait des petites réparations, du bricolage avec du bois : un travail d’artisan qui ne gagnait pas beaucoup d’argent et que personne n’avait envie de faire. Ce boulot, Jésus l’avait appris de son père Joseph.

« N’est-il pas le charpentier ? » Cette expression nous dit aussi ce que furent les 30 ans de la vie cachée de Jésus à Nazareth avant sa mission publique : une existence absolument anonyme comme n’importe qui, à tel point que, pour les Nazaréens, cela est incompatible avec le fait queJésus fasse des miracles, enseigne avec assurance et autorité. Ils n’ont jamais vu les grands rabbins, bien connus etbeaucoup mieux instruits, faire cela, et ce ne peut être possible pour un simple charpentier. En plus, les gens savent bien de quelle famille il provient. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?  Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » 

L’émerveillement du départ s’efface devant cette connaissance trop commune et familière. Les cœurs se ferment au lieu de s’ouvrir à la foi.  Ne laissons pas Dieudevenir trop familier, tellement habituel et commun au point de nous fermer à toute nouveauté qu’il peut apporter dans nos vies. Nous courons le risque que Dieu devienne tellement familier de nous, par nos missions, l’eucharistie, les études, la lecture de sa Parole au point de bloquer en nous la disponibilité intérieure à toute nouveauté qu’il veut nous proposer pour nous émerveiller. Ne devenons pas de experts de la religion, du rite liturgique, de la pastorale, de l’eucharistie dominicale ou quotidienne, de la prière communautaire, mais ouvrons-nous à ce Dieu tellement proche, mais toujours nouveau et dont l’amour se renouvelle chaque matin.

Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de ne pas nous habituer au Seigneur, mais de nous émerveiller sans cesse de la nouveauté de son Amour, dans l’actualitépermanente de sa Parole et de tout qu’il fait en nous, par nous, pour nous et autour de nous. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-07T11:25:12+02:00

Edito : Un été pour se poser !

Chers paroissiens et amis ! Voilà enfin les vacances d’été qui arrivent ! Je sais que tout le monde n’aura pas de vacances mais l’été est toujours une période où le rythme change !  Vous allez vous retrouver en famille, rendre visite aux amis. C’est aussi l’occasion de recharger un peu les batteries, à la fois physiquement et spirituellement. Profitez bien de ce temps pour tisser et affermir les liens en famille et avec les amis. C’est aussi une période de grandes fêtes ! Profitez-en. Un jeune paroissien me confiait son appréhension que les rencontres en famille soient gâchées par quelques tensions et conflits. En même temps, il se demandait ce qu’il pouvait faire pour que tout se passe bien. Finalement, n’est-ce pas la mission de chacun : faire de son mieux pour que ces retrouvailles soient réellement joyeuses, sereines et apaisées.

Pendant ces deux mois, au sein de nos communautés, nous verrons arriver des vacanciers, des gens de passage. Je compte sur vous pour les accueillir dans la joie. Je vois bien que nos communautés changent de visage en été :  pendant que beaucoup de paroissiens que nous croisons souvent disparaissent pendant quelques semaines, nous en voyons d’autres qui arrivent pour les vacances et cela enrichit nos communautés.

Le père Vital sera en vacances pendant le mois de juillet et le père Willy en août pour revenir début septembre. La sœur Jeannette prend aussi ses vacances et reviendra vers la fin du mois d’août. Et pendant ce temps, nous accueillons des prêtres que vous connaissez déjà : le père Théodore qui sera parmi nous en juillet et le père Rodrigue qui sera là jusqu’à la fin du mois d’août. Je leur dis merci de venir nous aider en cette période où l’activité cultuelle est dense et un peu plus compliquée dans l’organisation ! 

Je vous les confie et je sais que vous saurez leur faire bon accueil, comme chaque année, et faciliter leur mission parmi nous pour les déplacements, étant donné que ni l’un ni l’autre ne peut conduire en France. Je compte sur vous pour les inviter dans vos familles pour mieux faire connaissance avec eux. C’est toujours une grande joie pour nous de passer du temps dans vos familles et de rencontrer vos amis et parents de passage. Ce sont des temps gratuits qui font beaucoup de bien. Bel été !

 

Edito : Un été pour se poser !2024-07-05T15:24:06+02:00

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Voilà une des plus belles pages de l’évangile de saint Marc. D’habitude bref, timide et concis dans ses récits, il se lâche un peu plus dans la narration des faits où il mêle plusieurs histoires. On dirait qu’il veut nous faire vivre les sensations et les émotions intérieures, comme celui qui veut parler et raconter le doublé du Stade Toulousain, la Champions Cup il y a trois semaines et 23è Bouclier de Brennus. Nous avons vu la joie, l’allégresse, l’exultation, l’euphorie des Toulousains, alors que les voisins Bordelais étaient dépités, tristes, en larmes, découragés…. Dans cet évangile de ce dimanche, saint Marc nous fait vivre les sentiments, les émotions et les perceptions de ceux qui sont autour de Jésus, pour nous conduire sur un chemin de foi à la rencontre de Jésus qui nous libère et nous guérit. Il nous explique en quoi consiste la vraie foi et le fait de manière sensible et charnelle !

La foi n’est pas une doctrine qui s’adresse à la tête ni une éthique qui ne s’adresse qu’à la volonté, mais rencontre avec Jésus, Dieu fait homme, un Dieu sensible comme cette femme courageuse qui est privée de vie sociale et relationnelle à cause ses pertes de sang la rendant impure, un Dieu blesse et éprouvé comme ce chef de synagogue désespéré qui s’approche de Jésus pour demander la guérison de sa fille mourante.  Jésus est le Dieu des relations sociales libérées et libres des préjugés et exclusions. En Jésus, Dieu s’est incarné et notre foi a une dimension sensible, matérielle et corporelle car notre corps est appelé à être touché par la divinité de Jésus. La liturgie a une forte dimension corporelle comme, chanter, danser, se mettre debout, à genou, s’asseoir, taper dans les mains, pleurer, crier de joie…. Une foi véritablement chrétienne et sans idéologie ne peut faire fi de la dimension corporelle et sensible. Malheureusement il y a des chrétiens dénigrent le corps, soulignant le primat de l’âme à sauver, en oubliant que Dieu s’est incarné en Jésus.

Le récit de ce dimanche commence par l’amour d’un papa qui fait face l’enfermement religieux. Jaïre est chef d’une synagogue et fille est mourante. De quoi souffre-t-elle ? Nous ne savons pas ! A sa supplication, Jésus ne dit rien mais accepte de marcher et cheminer avec lui.

Sur la route, Jésus croise une femme. Contrairement à Jaïre qui est riche (chef de la synagogue et qui a peur de perdre ce qu’il possède, la femme est pauvre et n’a même pas de nom et a perdu toute sa richesse dans les soins. Elle n’a pas et ne peut même pas avoir d’enfant à cause de sa maladie. Elle est doublement condamnée à l’exclusion et à la solitude imposées par la Loi qui la considère comme impure, ne pouvant ni se marier ni avoir des relations intimes à cause sa maladie. Dans son cœur pourtant, cette femme a un grand désir de vivre ! Elle est courageuse et lutte de toutes ses forces malgré la dégradation progressive de sa santé.

Elle a entendu parler de Jésus et cela a fait naître en elle l’espérance ! Témoigner, parler de Jésus autour de nous, annoncer les merveilles qu’il a accomplies pour nous et autour de nous est une façon extraordinaire d’évangéliser et peut donner courage et espoir à beaucoup de monde. L’évangile nous plonge dans la tête et le cœur de la femme : « Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »  Ensuite, de la pensée, elle passe à l’acte : affronter la foule, passer par derrière et toucher le manteau de Jésus. « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal ».

Jésus a senti une force sortir de lui. Chacun peut aussi faire l’expérience de cette force de Jésus qui guérit, libère et apaise…. La foi a une dimension communautaire et ecclésiale, comm aller à la messe, faire partie d’un groupe, un mouvement. Mais la foi, c’est d’abord rencontrer, aimer, sentir, toucher, vivre quelque chose personnel avec Jésus, comme cette femme de l’évangile Ne nous contentons pas d’une vie chrétienne qui soit seulement communautaire ou sociale. Il nous faut développer aussi la dimension personnelle. La femme cherchait à toucher l’habit de Jésus pour guérir, mais à un certain moment, c’est Jésus qui la cherche et veut la rencontrer.  « Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal ».

Jésus poursuit son chemin vers la maison de Jaïre, mais sur la route, il y a un obstacle : les prophètes des malheurs, les mauvaises langues, les pessimistes, les critiques négatives et les médisants qui veulent nous décourager : « comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Ça ne sert plus à rien !   Certains vous disent que la foi, le baptême, le mariage, la messe, tout ça ne sert à rien. Pourquoi votre Dieu ne fait rien pour tous les malheurs du monde ? Pourquoi Dieu ne t’a pas épargné de cette maladie, de cette épreuve parce que tu crois en lui ?

Ces annonceurs de malheurs ont même un côté culpabilisant quand ils parlent à Jaïre : ta fille est déjà morte et tu n’étais même pas présent ! Mais Jésus fait renaitre l’espérance : « Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. ». Ne te laisse pas manipuler par la peur, l’angoisse et tes fragilités. Crois seulement, abandonne-toi, laisse-toi aimer et tu apprendras à aimer à ton tour.

A ce moment, nous notons quelque chose d’important : Jésus construit une communauté resserrée avec Pierre, Jacques et Jean qu’il sort de cette foule qui le bouscule, qui pleure, critique, fait des reproches. Il prend le père et la mère pour les conduire là-où se trouve la jeune fille. Il saisit la main de l’enfant (encore un geste sensible), et lui dit : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher. Elle avait douze ans ».

Chez les Juifs du temps de Jésus, à douze ans, on est presque majeur ! Ce n’est donc pas une petite fille comme la décrivait son père, symbole tous ces parents qui considèrent leurs enfants comme des éternels bébés, leur refusant de devenir autonomes, les appelant « mon bébé » même à 40 ans alors qu’ils sont déjà mariés. Ça crée des conflits avec les belles-filles et les gendres ! Cette jeune femme est confiée aux deux parents pour former une nouvelle communauté créée par Jésus :  la famille est la première communauté ecclésiale. Si l’Eglise est une famille, elle se fonde et s’appuie sur la cellule familiale, parents et enfants qui constituent une Eglise domestique. En cette période estivale où nous allons nous retrouver en famille, puisse Jésus venir soigner nos relations, nos blessures et faire de nous familles des véritables Eglises domestiques. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-01T15:09:06+02:00

Homélie du Père Joseph du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et soeurs!

Les temps sont un peu durs et j’aimerais que cela  passe,  retrouver une vie plus lègere, même pastoralement.  Je sais que les épreuves sont le lot de tout le monde, alors je ne me plains pas. Au niveau personnel, ecclésial, professionnel, pastoral, familial, affectif… nous avons tous un jour vécu une expérience similaire à ce que vivent les disciples qui ont peur de mourir et pendant ce temps, nous avons pensé comme eux que Jésus dormait  sans se soucier de ce qui se passait dans notre vie.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille et chaque vie porte son lot de douleur et d’épreuve. Je ne voudrais pas vous pourrir le moral alors que vous penseé déja aux vacances qui approchent. La souffrance, la douleur, les épreuves, il y en a eu dans le passé, nous en vivons actuellement à des niveaux très différents et il y en aura encore dans l’avenir:  une maladie grave, les attaques injustes, la haine grauite, une séparation, un échec, le fait de n’avoit pas obtenu ce que vous avez désiré à cause de ParcourSup… Dans ces expériences tempêtueuses, il est normal et naturel de s’adresser à Dieu avec plus ou moins de colère :“Seigneur, ça ne te fait  rien que je souffre tant,” “Pourquoi dors-tu pendant que le malheur s’abat sur moi”, “ Mon Dieu pourquoi m’abandonnes-tu?”.

La Bible est remplie de ce genre de question. Certains psaumes, le cris de Job devant les malheurs qui s’abattent sur lui, Jésus sur la croix…Même les grands saints ont fait l’expérience de l’abandon et du silence de Dieu au moment des épreuves de la vie. Une dame dont j’ai célébré les funérailles du mari décédé après 40 ans de mariage me disait, lors de la préparation qu’elle avait le sentiment que Dieu l’avait abandonnée. Pour l’aider à regarder les choses différemment, je lui ai dit que mon père est décédé avant que j’ai 12 ans, mais en voyant Jésus sur la croix, je sais qu’il a porté sa propre croix  et la mienne aussi depuis cet âge jusqu’aujourd’hui, et que jamais je n’ai douté de sa présence à mes côtés! Et cette certitue est encrée en moi. Il ne faut  pas comparer les croix et les épreuves, parce que les gens n’ont pas les mêmes épaules. Les épreuves peuvent avoir la vertu bénéfique d’affiner notre vie, nous aider à cerner ce qui est essentiel, purifier notre foi, comme l’or qu’on purifie par le feu. Mais, rappelons-nous que le Seigneur n’abandonne jamais ses enfants.

Le Seigneur n’est pas ailleurs et il ne dort pas! “Non, il ne dort pas, il ne sommeille pas le gardien d’Israël” nous  dit le psaume 120. Il est toujours présent et agissant dans notre vie, mais il est présent à sa prorpre manière, pas à la nôtre. Nous aimerions tellement qu’il soit là à notre manière, quand et comme nous le voulons. Heureusement que ce n’est pas le cas. Dieu est toujours présent mais il refuse de se laisser manipuler par nos chantages et se faire prendre par des sentiments. Le Seigneur est là, il veut me sauver, il ne veut pas qu’un seul cheveu de ma tête se perde… Cependant, il le fait en me demandant d’être responsable, de me prendre en main, d’utiliser les facultés qu’il m’a donnée. Dieu ne veut jamais intervenir à notre place  parce qu’il nous fait confiance. Il ne nous épargne pas la traversée de la mer avec ses turbulences et la tempête mais il  nous accompagne. Il nous a promis d’être avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde”. Il est toujours présent dans la traversée de nos vies, il prend soin de nous. Il ne nous protège pas de la peur mais sa présence est notre assurance tout risque.

La traversée  est parfois très dangéreuse et  angoissante, mais rappelons-nous que le Seigneur est là, nous appelant à vaincre la peur et à devenir meilleur, à être toujours plus responsable.  S’engager dans le mariage est une traversée qui peut faire peur quand l’on  prend cet engagement au sérieux. Faire confiance à un homme, à une femme et se donner entièrement pour la vie fait naturellement peur, surtout de nos jours… et nécessite beaucoup de confiance dans la vie. Passer le BAC de Philo,  la Grand Oral, un concours, est une traversée qui fait peur. L’avenir politique du pays après cette dissolution peut faire faire. Accueillir des étrangers peut faire peur à certains. On parle beaucoup des étrangers en cette période campagne pour les législatives.  Voir un prêtre qu’on croyait être bon prêtre peut faire faire….. Toutes ces peurs sont légitimes, normales, naturelles, mais, de grâce, ne laissons jamais la peur étoufer la confiance dans le Seigneur et dans nos frères et soeurs. Contempler Jésus en croix fonde ma certitude qu’il est présent dans mes propres croix.

L’évangile de ce dimanche décrit ce sentiment de peur et d’abandon ches les disciples. Toute la journée, sur les rives du lac de Tiberiade, Jésus a enseigné et à présent il est fatigué. Oui, Jésus était aussi parfois très fatigué par le boulot, par sa mission.. La nuit tombée, il congédie la foule et demande ensuite aux disciples d’aller à l’autre rive Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. »

Au cours de la traversée du lac, la menace réelle et objective, le danger de mort imminent. « Maître, nous sommes perdus. Cela ne te fait rien ?» Réaction de peur, manque de confiance. Tout d’un coup, un miracle s’opère : en peu de mots paroles et un simple geste d’autorité : « Silence ! ». Le vent s’arrête, le calme revient. Jésus s’adresse ensuite aux disciples « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ».

Les disciples sont saisis de crainte devant ce geste puissant et totalement nouveau : « même la mer et le vent lui obéissent ». Pourtant, ils avaient assisté aux miracles et gestes extraordinaires accomplis par Jésus. Ils étaient censés avoir foi en lui, mais ce n’était pas le cas. Ceux qui ont eu la chance de voir Dieu à l’œuvre sont souvent ceux qui ne font plus attention à Lui. Dieu leur devient un quelqu’un de familier, de normal, de banal mais en qui ils ne croient plus. Les disciples avaient déjà entendu ses enseignements et assisté à ses miracles et prodiges… mais il leur manquait toujours la vraie foi.

La nécessité de la foi est l’enseignement essentiel de l’évangile de ce dimanche.  Même au cœur de l’épreuve la plus douloureuse, celui qui regarde vers Jésus sera toujours sauvé et joyeux de cette joie profonde que seul Jésus peut donner. Au milieu de nos tempêtes, Jésus traverse avec nous et nous sauve, même s’il semble parfois dormir !  Même devant la mort, la foi dans le Christ nous procure le salut et la vie éternelle que la mort ne pourra jamais nous ravir. Demandons la grâce d’une confiance et de la foi solides lorsque nous traversons une période de tempête et d’ouragan. Comme et avec les disciples, sachons toujours crier, avec de confiance « Seigneur, nous sommes perdus, sauve-nous ». Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-06-21T15:18:34+02:00

Fixer notre regard sur le Christ, Grand-prêtre et Bon Berger

Le mois de juin est traditionnellement celui des bilans et relectures, occasions de rendre grâce au Seigneur ! Mais cette fin d’année est assez éprouvante pour notre communauté paroissiale qui traverse des sentiments assez contradictoires : la tristesse, l’incompréhension, sommes dans la tristesse, la colère, la délusion, le découragement, le brouillard…? Tout cela ne nous aidera pas à avancer ! Au contraire, il nous faut continuer à prier, prier et prier encore.

Au-delà de l’émotion, levons les yeux vers le Christ pour rendre grâce pour tout ce qu’il nous a permis de vivre et de recevoir ces dernières années. Oui, nous sommes bénéficiaires des grâces de Dieu à travers le ministère des prêtres que nous côtoyons. Cependant, n’oublions jamais que le Bon Berger, le Vrai Pasteur, c’est le Christ lui-même et c’est de lui que nous sommes tous les disciples, prêtres et fidèles laïcs.  Et lorsque nous bénéficions des grâces à travers le ministère d’un prêtre, ne perdons jamais de vue l’Auteur de toute grâce : le Christ Jésus.

Alors, oui, au-delà de tout, rendons grâce au Christ pour tout ce que nous avons vécu cette année sur notre ensemble paroissial. Il y a des milliers des raisons pour lesquelles je rends grâce au Seigneur, m’émerveillant de voir son œuvre au sein de notre communauté paroissiale et dans vos vies personnelles, et aussi à travers tout ce tout ce que nous vivons au niveau ecclésial en cette année pastorale. Soyez remerciés pour tout ce que vous êtes et faites comme membres vivants du corps du Christ qu’est l’Eglise. Ce corps peut être parfois éprouvé et éprouvant, mais au cœur de nos épreuves, nous devons prier, nous serrer les coudes et compter sur le soutien mutuel. Prenons soin les uns des autres !

Vous savez combien personnellement et pastoralement je compte sur votre soutien. Le Malin peut se servir d’une épreuve, d’un moment de crise pour diviser et semer la zizanie, mais le Christ Jésus lui veut nous plonger chaque jour dans l’unité et la communion trinitaire. L’unité, la communion sont un don de Dieu, mais elles sont aussi le résultat des efforts fournis chaque jour par chacun de nous. Au lieu de nous décourager, avançons ensemble sur ce chemin sur lequel nous sommes à la suite du Christ, pour annoncer et servir le Règne de Dieu, confiants dans la certitude que le Christ a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Pour terminer, je voudrais rassurer ceux qui s’inquiètent de l’avenir pastoral ! Nous ne sommes pas seuls. Mgr l’archevêque porte aussi le souci de notre ensemble paroissial. Tous les secteurs de la mission pastorale seront honorés. Restons confiants, sereins, et dans l’action de grâce pour Dieu qui nous aime d’un amour infini, au-delà des turbulences d’un moment. Je suis à votre disposition si vous avez besoin de parler.

Fixer notre regard sur le Christ, Grand-prêtre et Bon Berger2024-06-19T09:37:16+02:00
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