Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)
Mes chers frères et sœurs !
La Parole de Dieu de ce dimanche nous propose de contempler deux parcours !
-D’abord le parcours du prophète Elie qui chemine entre triomphe et peur, jusqu’à la montagne de Dieu, et qui nous rappelle qu’un disciple du Seigneur n’est jamais un héros, une superstar ! C’est important de le souligner en cette période où les JO nous présentent des héros, des super stars comme Léon Marchant, Teddy Riner ou l’Américaine Simone Biles auxquels tout a réussi par exemple. Le disciple lui, ne retombe pas toujours sur ses deux pattes. C’est quelqu’un qui vacille, qui souffre et tombe parfois….voire même très souvent. Il n’est pas toujours sûr de lui-même. Il est habité par des doutes et des crises. Il ne cherche pas à se nourrir des succès et acclamations, il n’est pas toujours « trop fort », toujours « capable » comme nous pouvons parfois l’imaginer ! Il disciple qui se nourrit que du succès et applaudissement finit par tomber du piédestal. Le vrai disciple est fragile, parfois hésitant, fatigué et doit sans cesse compter sur l’aide du Seigneur.
– L’autre parcours est celui de Dieu, en Jésus, un chemin qui n’est pas une montée triomphale, passant de victoire en victoire mais bien une descente et abaissement : descente pour prendre notre humanité, abaissement dans la mort, descente aux Enfers comme nous le disons dans le Credo… et lui-même nous dit aujourd’hui : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »
Le prophète Elie chemine entre triomphe et peurs, entre exaltation-gloire et dépression. Il va devoir s’opposer au roi Acab et son épouse, la reine Jézabel qui favorisaient et sponsorisaient la diffusion du culte païen de Baal en Israël. Dans la première lecture, nous avons écouté le passage qui marque la rupture entre les deux parties de la vie du prophète Elie. La première phase est triomphale parce qu’elle représente certains grands miracles et prodiges, en particulier la victoire contre les 450 prêtres de Baal exécutés par lui sur le mont Carmel ! Elie a fait exécuter les prêtres de Baal et considère cela comme une victoire éclatante au nom de Dieu, mais cet horrible massacre des prêtres païens au nom de Dieu devient pour Elie le début de son propre calvaire et de sa chute. Déçu, amère, rempli de peur, fatigué de sa mission et de vivre Elie, poursuivi par Acab et la reine Jézabel, Elie a peur et est obligé de fuir vers le mont Horeb, la montagne de l’Alliance pour sauver sa vie et s’en remettre à Dieu.
Dans cette phase difficile, Elie dit au Seigneur : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » En ce moment de crise spirituelle, existentielle et de dépression, Dieu vient « toucher » Elie par l’intermédiaire d’un ange. « Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! » Toucher ici, dans le langage biblique, signifie : s’approcher, caresser ou alors frapper fort : c’est important comprendre ces trois significations qui veulent nous rappeler que l’intervention de Dieu dans notre vie est toujours de plusieurs niveaux : Dieu n’est pas effrayé par notre éloignement, mais il nous accompagne, nous console parfois en nous caressant et aussi, quand il le faut, Dieu nous secoue fermement, nous frappe fortement en nous demandant de nous bouger et de nous convertir.
Par deux fois, l’ange du Seigneur est contraint de « toucher » Elie qui est presque mort de sommeil. « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Cela veut dire que Dieu insiste même quand nous résistons, il nous nourrit, nous secoue, nous frappe… dans le but de nous faire comprendre que le ciel n’est pas fermé au-dessus de nous. Elie désespérait de la présence de Dieu dans sa vie, mais Dieu, à travers son ange, descend des cieux à la rencontre d’Elie. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il intervient en notre faveur dans notre vie de différentes manières, en particulier à travers les amis, les frères et sœurs qui nous accompagnent, nous réconfortent, nous conseillent, nous secouent parfois en nous demandant de nous bouger, en touchant là où ça fait mal pour nous pousser à réfléchir, ceux qui nous nourrissent et nous abreuvent…. comme Il le fait avec Elie par le biais de l’ange.
Elie est remis sur pied et devient de nouveau capable de marcher, non grâce à un banquet extraordinaire, un barbecue un bon repas comme ceux que nous partageons en cet temps de vacances, mais seulement grâce une « une galette cuite et un peu d’eau » c’est-à-dire grâce à très peu de chose mais qui nous rappelle que la puissance de Dieu se déploie à travers la faiblesse, la pauvreté des moyens, les choses simples et essentielles du quotidien !
Dans la deuxième lecture, saint Paul nous propose de cheminer dans la charité, dans l’Amour. Il souligne une chose très importante : ne faire obstacle à l’esprit de Dieu mais devenir chaque jour ce messager, cet ange qui remet à pied et redonne vigueur, qui encourage les vies pliées et blessées. Pour cela, saint Paul nous dit que nous devons faire disparaître et éliminer certaines choses : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. » Il nous déconseille de manière explicite d’être des gens qui répandent du venin ou du mépris. Saint Paul nous donne aussi des conseils pour grandir dans la charité dans nos familles, nos communautés, avec les gens que nous côtoyons : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. »
En imitant le Christ, le chrétien, son disciple déploie autour de lui les vertus de générosité, de tendresse et de pardon ! Le chrétien est celui qui devient bienveillant parce qu’il a découvert un Dieu infiniment bienveillant envers lui. Il devient miséricordieux, capable de pardonner parce qu’il se reconnait comme premier bénéficiaire du pardon et de la miséricorde de Dieu. Bienveillant, miséricordieux, capable de pardonner ! Nous pouvons être chaque jour l’ange ou le messager, l’ami envoyé par Dieu aux frères et sœurs, pour être une présence qui rassure et permet d’avancer au lieu de semer la rancœur, alimenter des querelles, des petites luttes de pouvoir. Nous sommes appelés à être une présence attentive qui se fait proche, conseille et aide les autres à retrouver la force, la volonté et le désir de vivre à nouveau.
« Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » Le disciple est celui qui désire imiter le Maître, Jésus. Imiter Jésus, c’est l’écouter nous redire dans l’évangile : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. ». Demandons la grâce de devenir nous aussi, autour de nous, dans nos familles, dans la communauté, du pain vivant, du soin, de l’attention, de la sérénité, de la gratuité, de la générosité pour les autres. Que cette eucharistie nous donne de devenir du pain, nourriture, présence, soutien, messager, ami et ange pour les autres comme celui que Dieu a envoyé pour sauver la vie du prophète Elie. Amen