Mes chers frères et sœurs !

Dieu élève Marie dans la gloire du ciel ! Telle est la signification la grande fête de l’Assomption que nous célébrons un dimanche cette année. Il y a certes un parallèle théologique de l’Assomption, qui nous invite à faire lien avec le mystère de la résurrection du Christ. C’est cela que nous contemplons dans la récitation et la méditation des mystères glorieux du Rosaire : Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de Marie.  Aujourd’hui cependant, je voudrais souligner la signification que Marie elle-même donne à cette fête dans le chant du Magnificat, quand elle crie : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.  Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. ».

L’élévation, la glorification des humbles et des petits, voilà ce que le Seigneur a accompli pour Marie, son humble servante. Cette fille pieuse de Nazareth, humblement et dans la foi, a toujours été à l’écoute de la Parole de Dieu pour laisser le Verbe de Dieu prendre chair, s’incarner, prendre corps en elle, malgré sa petitesse. Dieu voulu la Vierge Marie à ses côtés, dans la gloire du ciel, parce que Marie l’a d’abord accueilli dans son cœur, un cœur qui croit. Ensuite Marie accueilli le Fils Unique du Père dans son sein maternel, avec toutes les douleurs de l’enfantement et de la maternité. Après la naissance à Bethléem, Marie a pris soin, nourri, élevé Jésus dans son humble et pauvre maison de Nazareth. Elle l’a fait sans orgueil mais avec un amour maternel infini et dans la foi. L’élévation de la Vierge Marie, la fille de Sion qui a cru en la Parole qui lui fut dite par l’ange de la part de Dieu, c’est aussi l’élévation des faibles, des humbles, de tous ceux qui vivent la foi profondément, mais dans la simplicité de leur cœur, les saints du voisinage, de la porte d’à côté comme aime le souligner le pape François.

Marie nous est donné comme le modèle et l’exemple d’une foi humble. Notre société nous fait parfois oublier que la vertu de l’humilité est une grâce qui n’est pas donnée à tout le monde. D’ailleurs, à partir d’Adam et Eve qui ont manifesté leur orgueil contre Dieu, nous nous constatons que nous les humains, nous ne sommes pas « naturellement humbles ». Un philosophe qualifie les humains comme étant naturellement des êtres en « compétition ». Nous désirons naturellement faire mieux et être meilleurs que les autres. Heureusement que l’histoire nous donne l’exemple de quelques grands hommes et femmes qui l’ont marqué grâce à l’humilité et la simplicité de leur vie. En cette fête de l’Assomption, nous pouvons demander une grâce particulière pour nous-même et pour les autres : devenir humble comme Marie.

Pourtant, même si nous désirons et prions pour devenir humbles, pour grandir dans la vertu de l’humilité comme Marie, Mère de Dieu et notre Mère, curieusement personne parmi nous ne désire être humilié ni méprisé… L’humiliation est une chose négative qui nous vient de l’extérieur, une sorte d’agression de la vie, de l’histoire, des situations difficiles que nous sommes appelés à affronter, par la force des choses, sans le vouloir. Le chômage, la séparation, la maladie, la violence, la guerre, le mépris des autres… voilà différentes choses qui peuvent nous humilier, nous écraser sans pourtant nous faire grandir en humilité !

Marie, l’humble Servante du Seigneur, fille de Nazareth était aussi humiliée pour avoir dit oui au Seigneur. Nous pouvons imaginer tous les racontars dans le village, toutes les histoires et commérages ce qui se racontaient sur elle derrière son dos, tous ces doigts méchants et menaçants pointés sur elle, la probable condamnation à mort par lapidation qu’elle encourait pour avoir été enceinte avant le mariage…. parce que tout le monde croyait qu’elle avait trompé Joseph, alors qu’elle n’avait dit que oui à la Parole du Seigneur. Marie, humble servante du Seigneur, humiliée par les hommes, n’a pas gardé de rancœur, son cœur n’était que pureté et amour. En fait, nous pouvons demander la grâce de la pureté du cœur aussi en cette fête de l’assomption pour que le Seigneur nous libère des rancœurs et des pensées méchantes qui peuvent polluer notre cœur, en réaction des humiliations que nous pouvons subir dans la vie. Le cœur du baptisé est appelé à être ce lieu pur et purifié où Jésus veut être accueilli comme le fit dans le sein de la Vierge Marie.

Contrairement à Marie, quand nous sommes humiliés, quand notre moi et notre orgueil sont atteints et blessés, nous cherchons à nous défendre, à nous venger, à rendre coup pour coup. C’est cela qui qui fait naitre la haine et la guerre dans les cœurs, dans les familles, les communautés et dans le monde. Quand j’étais séminariste, l’un des formateurs le père Constantino Frisia (d’heureuse mémoire !) nous répétait quand on était frustré ou fâché parce que blessé injustement, que tous les grands saints nous enseignent que ce sont les humiliations qui nous apprennent à être humbles et à grandir en humilité. Celui qui refuse toujours d’être humilié aura du mal à être humble. Nous sommes serviteurs et disciples de Jésus Crucifié, du Fils de Dieu et de Marie, humilié et mort en croix. Suivre Jésus, c’est porter la croix pour le suivre, c’est accepter les humiliations, comme il nous le montre en mourant pour nous sur une croix comme un criminel.

Vierge Marie, humble et sainte Mère de Dieu, humiliée par les hommes sur la Terre mais glorifiée par Dieu au ciel, en cette fête de l’Assomption, intercède pour que tes enfants que nous sommes obtiennent toutes les grâces dont nous avons besoin pour partager un jour ta gloire, au Ciel, auprès de ton Fils Jésus notre Seigneur. Amen.