Mes chers frères et sœurs
Avec la semaine sainte qui débute par ce dimanche des Rameaux et de la Passion, nous entrons dans ce qui constitue le cœur de l’année liturgique. Je vous invite s’il vous plaît, même si vous êtes peut-être venu aujourd’hui seulement pour récupérer le rameau béni à ne pas louper tout ce que Dieu peut apporter dans notre vie si vous accueillez sa grâce en participant aux célébrations de cette semaine sainte, en particulier celle du jeudi, vendredi et samedi saints, et le dimanche de Pâques ! Cette année, pour ce dimanche des Rameaux, c’est la Passion selon saint Matthieu que nous avons écouté. Si vous avez le temps (prenez-le s’il vous plaît !), reprenez chez vous cet évangile pour le lire et le relire. Personnellement ! Vous ferez ainsi une belle expérience spirituelle.
Saint Matthieu s’adresse à des chrétiens venus du judaïsme, leur rappelant que Jésus est bien le messie attendu, même s’il est rejeté par les chefs religieux, politiques et le peuple juif…, rejet qui finit par la condamnation à mort. C’est pour cette raison que Matthieu est très dur avec les scribes, les pharisiens, les chefs religieux. Matthieu veut ainsi montrer que tous les juifs, et plus deux mille ans après, nous tous, sommes responsable et coupables de la mort de Jésus.
La passion selon saint Matthieu me rappelle une anecdote missionnaire. A début du siècle dernier, un père Blanc belge est envoyé sur l’Ile d’Idjwi qui est le lac Kivu : la plus grande île d’Afrique après le Madagascar ! Cette île sépare la RDC et le Rwanda. Ce missionnaire va d’abord dans la forêt, auprès d’une tribu des pygmées. L’accueil est très chaleureux : le chef rassembla toute la tribu. En introduisant son message, il posa aux pygmées la question de savoir s’ils avaient déjà entendu parler de Jésus. Le chef qui, je ne sais par quel biais, avait déjà entendu parler de la mort de Jésus prit la parole et réagit violemment : « Pas de provocation ! Nous ne voulons pas en entendre parler pour ne pas en être responsable : Jésus était blanc comme vous, juif si vous voulez et ce sont ses frères blancs ou juifs qui l’ont condamné en le crucifiant. Nous n’étions pas présents et nous n’y sommes pour rien ! Nous ne voulons pas endosser la responsabilité, ni la culpabilité ». Le père blanc dit :« Voilà, exactement ce queje vais vous expliquer : vous aussi, aujourd’hui, dans la vie, par ce que vous faites, par la vie que vous menez, vous êtes responsables de sa mort ».
C’est la démarche de saint Matthieu : rappeler que chacun de nous, dans notre vie actuelle, est responsables et coupables de la mort du Christ, en pensée, en parole, par action ou par omission, nous nous en demandons pardon au début de la messe. Nous pouvons pour cela nous retrouver dans quelques personnages de ce long récit.
Judas Iscariote se sent tellement coupable, pris de remord qu’il va jusqu’à se donner la mort : « Alors Judas, le traître, fut pris de remords en le voyant condamné ; il rapporta les trente pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit : « J’ai péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Qu’est-ce que cela nous fait ? Cela te regarde ! » Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre. Juda voit bien qu’il s’est laissé piéger par les chefs religieux et qu’il n’est qu’une petite partie dans une chaîne des responsabilités coupables. Assoiffé d’argent et opportuniste, Judas vend son Seigneur et se vendre soi-même pour gagner plus.
Nous aussi, pour l’argent, pour un salaire plus conséquent ou un profit de quelque nature, nous sacrifions ce qu’il y a de plus beau : le Seigneur, la famille, les amis, les valeurs humaines… Je me rappelle qu’à la sortie du confinement il y a trois ans, les gens disait que l’une des grâce de la Covid19 était de nous rappeler l’essentiel qui n’a pas de prix ! On ne peut monnayer dans la vie !
L’apôtre Pierre, c’est l’homme enthousiaste etsentimental, mais inconstant devant les difficultés. Il dit à Jésus : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas» ! Plus tard, par trois fois, il renie le Seigneur. Où est parti son enthousiasme ? Pierre avait surestimé ses forces et sa capacité d’aimer. Nous ressemblons à Pierre quand nous refusons de reconnaître nous fragilités et nous limites. C’estune expérience du quotidien : nous vivons recevons le baptême, la confirmation, l’ordination, mariage, nous prenons des engagements, promettant fidélité, mais nous abandonnons…. Comme Pierre, nous sommes parfois victimes de nos propres lâchetés, mais Jésus nous aime et il nous invite à accepter et à accueillir nos propres fragilités.Combien de fois, nous avons pris de grandes résolutionscomme, -arrêter de boire, -de fumer, et autres addictions, faire plus attention aux autres, aux parents en maison de retraite, aux plus pauvres, s’engager dans l’Eglise et dans le monde, prendre plus temps avec sa famille, et pas seulement le week-end, éteindre la TV ou la console de jeu, se priver de quelques match de foot ou rugby pour passer du temps avec ses proches ! Mais tous cela a fait pchit parce que nous sommes fragiles et avons manqué de constance, de persévérance, de ténacité ! Nous avons compte seulement sur nos propres forces, sans demander l’aide de Dieu et des autres.
L’autre personnage est Pilate qui veut bien relâcher Jésus, mais il cède à la justice populaire. Il se lave les mainspréférant ainsi ne pas se mêler de cette histoire qui ne concernait que les juifs. Il pense se dédouaner ainsi de sa responsabilité dans la mort de Jésus.
Nous ressemblons à Pilate quand nous restons passifsdevant la souffrance, les injustices, la pauvreté, la crise écologique, tortures, massacres… qui touchent les autres ! Quand nous refusons d’agir parce que nous estimons que les nous ne sommes i la cause, ni les responsables des difficultés des autres. Comme Pilate, nous avons toujours le choix, d’agir, de faire quelque chose ou de fuir la responsabilité en se lavant les mains !
Enfin il y a la foule ! Comme des moutons, manipulée par le Sanhédrin, elle crie : « Barabbas, Barabbas ». Nous sommes cette foule chaque fois que nous nous laissons manipuler, quand nous refusons de juger par nous-même, de discerner, de chercher la vérité, la justice ! On l’a dit à la télé ! Cyril Hanouna a dit que ! On raconte sur les réseaux sociaux ! J’ai lu dans Paris Match, dans Gala…. Alors on rapporte, on partage, même les fakenews. Chaque fois que nous ne refusons de prendre du recul devant toutes ces opinions imposées par les médias, la rumeur, nousressemblons à cette foule qui refuse de réfléchir et qui libère un criminel, Barabbas en condamnant un juste.
Que les grâces de cette Semaine sainte descendent en abondance sur chacun de nous, sur nos familles, sur notre communauté paroissiale, l’Eglise et notre monde.