Mes chers frères et sœurs !

L’un des fruits du saint Esprit que saint Paul énumère dans sa Lettre aux Galates, c’est la Joie ! Il ne s’agit pas d’une joie euphorique, la joie superficielle de celui qui est bourré ou sous l’emprise des stupéfiants… mais de la joie profonde, simple et contagieuse. C’est de cette joie dont parle souvent le pape François, la Joie de l’Evangile. La joie, c’est aussi le cadeau que Jésus Ressuscité nous envoie apporter au monde ! Je sais cependant que beaucoup de chrétiens ont beaucoup de mal avec la joie ! Une frange des chrétiens pratiquent ou invitent à pratiquer encore aujourd’hui la flagellation, grandes mortifications corporelles !  J’ai appris récemment que quelqu’un donnait un cours à des séminaristes en les invitations à se flageller pour atteindre un niveau spirituel élevé, ce qui a choqué les séminaristesPour certains milieux (qui se disent eux-mêmes très cathos), être un bon chrétien, un bon catho, c’est avoir le visage toujours sérieux, voir même triste, manquer d’humour et revenir sans arrêt à la contemplation des mystère douloureux, alors que le temps pascal rappelle que le Christ est ressuscité, vivant, et c’est cela qui fonde la joie chrétienne.

 Ce III dimanche nous contemplons Jésus Ressuscité marchant avec les deux disciples d’Emmaus, Cléophas et son compagnon de route.  Ce dernier n’a pas de prénom, ce qui veut dire que chacun de nous peut y mettre son prénom et être le compagnon de Cléophas). Les deux disciples d’Emmaüs me font gens, surtout les chrétiens qui ont du mal à trouver et à accueillir et à témoigner de la joie. Je pense aux chrétiens qui ont un penchant presque naturel à la tristesse. Nous pouvons trouver autour de nous ces éternels pessimistes qui ne voient d’abord et presque toujours que le mauvais, voire le pire côté des choses. Ce sont ces gens que je n’aime pas voire prendre la parole au début des réunions pour ne pas vous plomber l’ambiance parce qu’ils commencent d’abord par dire ce qui ne va pas ! Alors, toi l’animateur, la manager, le modérateur… tu auras tout le mal à remobiliser les troupes !  J’avais une telle catéchiste dans l’ancienne paroisse où j’étais curé et qui te déprimait tout le monde dès l’entrée en réunion à cause de son pessimisme et récriminations ! Quoi que vous ayez fait, ça ne pouvait jamais aller bien !

Ces gens qui pleurent tout le temps, qui râlent, pour qui le monde et tout vont toujours mal, qui se lamentent et qui pensent qu’ils sont les plus malheureux de la terre, qui ont toujours mille raisons pour se sentir incompris, persécutés partout, frustrés en famille, en paroisse, au travail, dans les associations…! Nulle part ils se sentent à l’aise, sauf évidemment quand ils rencontrent un autre pessimiste comme pour partager et disserter sur leurs petits malheursqui deviennent des montagnes. Alors, ils font une sorte de compétition, chacun racontant ses malheurs, ses épreuves… comme pour voir qui va gagner, et gagner ici signifie celui qui fait plus de record de malheur que l’autre ! On pourrait même dire pour ces gens-là, bonheur et la joie résident dans le fait d’avoir des malheurs et des épreuves à raconter ! J’ai horreur de rencontrer ces gens là et j’essaye de les fuir quand c’est possible !

Cléophas et son compagnon ont évidemment vécu un grand malheur à Jérusalem : Jésus est mort sur la croix ! Ils en sont très tristes. Et comme si cela ne suffisait pas, les disciples ont peur pour leur propre sécurité. Ça fait double peine. Ils sont sur la route vers Emmaüs, retournant à leur village d’origine, leur passé qu’ils veulent retrouver ! Ils sont comme ces nostalgiques qui veulent sans cesse revenir au passé qui, pour eux, était meilleur que le présent : ils parlent, ils parlent encore, ils se racontent et tournent en boucle, on dirait ces mauvaises nouvelles qui sont répétées en boucle sur des chaines d’infos en continu comme BFMTV que je vous conseiller de ne pas trop suivre !

C’est dans cette ambiance déprimante qu’un inconnu s’approche et leur demande de quoi ils parlent ! « Quoi ? » Les disciples d’Emmaüs s’arrêtent un instant et se sentent presque offensés : « On doit te faire un film sur notre tristesse comme si cela ne se voit pas assez sur nos visages ? Tu vois bien que nous sommes malheureux, non et que nous méritons un peu de compassion ? Tu es à ce point insensible pour ne pas voir que nous déprimons ? Tu es bien le seul à ne pas être au courant du dernier grand fait divers, mais tellement dramatique pour nous, qui est arrivé à Jérusalem ? » Jésus fait semblant d’être au courant de rien ! Il a presque oublié qu’il était crucifié, mort et mis au tombeau. Sa résurrection lui a fait oublier sa propre mort ! Alors, il demande, c’est quoi ce fait divers qui vous attriste tant ?

Rebelotte ! On y revient ! Les deux disciples ont une occasion de plus pour raconter le film de leur malheur : ils parlent de la mort de Jésus.  A cette étape, il y a quelque chose de plus dramatique encore dans l’histoire des disciples, et que nous retrouvons dans cette phrase : « Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ! ». Nous espérions ! L’espérance conjuguée au passé ! Ils sont désormais sans espérance ! Cette vertu théologale qu’est l’espérance a été, pour les disciples d’Emmaüs, comme pour beaucoup de chrétiens encore aujourd’hui, enterrée, mise au tombeau avec la mort de Jésus.

Oui, malheureusement aujourd’hui encore, il y a des chrétiens qui vivent sans espérance. Quand vous les écoutez parler du monde, du pays, de l’Eglise, de leur travail… c’est comme s’ils vous incitaient au suicide car il n’y a rien de bon, que tout est perdu, qu’il n’y a plus d’issue ; tout est corrompu, abominable, pas un homme de bien, pas même un seul. Ces nostalgiques qui n’arrêtent pas de nous répéter que le passé était infiniment meilleur que le présent, que nous allons déjà droit dans le mur, c’est la fin du monde…!   On a vite oublié tous les bienfaits des progrès dans le domaine de la science, de la médecine…. Même si tout n’est pas bon dans ces domaines, nous oublions parfois la chance que nous avons aujourd’hui par rapport à hier !

Jésus traite les disciples d’Emmaüs « d’esprits sans intelligence ! » Il ne les cajole pas dans le sens du poil mais les appelle à faire une relecture de tous ces événements douloureux pour faire naître en eux un peu d’espérance. Grâce à cette relecture qui a fait naître un peu d’espérance dans leur cœur, les disciples ont aussi vu naitre un peu d’amour dans leur cœur. Au départ, ils tournaient en rond en répétant leurs malheurs, ne regardaient que leur petit nombril. A présent, ils trouvent un peu d’amour pour inviter le pèlerin étranger et inconnu dans leur maison : « Reste avec nous car le soir approche et déjà le jour baisse ».

Reste avec nous Seigneur ! Une invitation devenue prière adressée au Seigneur. Dans le cœur des deux disciples, la relecture des événements a fait naitre l’espérance, l’espérance a fait naitre l’amour et grâce à l’Amour, nous remarquons que la Foi est aussi revenue : grâce à la fraction du pain, Cléophas et son compagnon reconnaissent Jésus Ressuscité. Leur tristesse s’est transformée en joie et ils reviennent à Jérusalem pour en témoigner auprès des autres.

 Mes chers amis ! Je vous invite chaque jour, avant de vous coucher de faire une relecture de votre journée pour voir en quoi le Seigneur vous a accompagné dans tous les événements heureux et malheureux que vous pouvez vivre dans une journée !  Il nous a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! La relecture nous permet de nous rendre compte qu’à travers des événements, même apparemment malheureux, il y a de la lumière, il y a des belles choses qui sont nées, que nous avons reçues et apprises, de leçons qui nous invitent à l’espérance.  Dans notre quotidien, Jésus Ressuscité marche avec nous, nous interpelle parfois, nous console, nous explique les Ecritures pour contempler toutes les belles choses qui sont signes de sa Pâques autour de nous et en nous !  Seigneur, avec les disciples d’Emmaüs, nous te prions : « Reste avec nous car le soir approche et déjà le jour baisse » Amen.