Mes chers frères et sœurs !

Nous poursuivrons notre chemin pascal avec le Christ Ressuscité. Ces trois derniers dimanches, il s’est d’abord manifesté à Marie-Madeleine, ensuite aux apôtres, puis à Thomas et aux disciples d’Emmaüs. Ce quatrième dimanche interrompt d’une certaine manière le cycle des apparitions du Ressuscité (que nous reverrons à l’Ascension et à la Pentecôte) pour nous faire contempler Jésus, le Vrai Berger, le Bon Pasteur. Le quatrième dimanche de Pâques est en effet aussi appelé le « dimanche du Bon Pasteur » et invite toute l’Eglise à prier pour les vocations.

Contemplons donc Jésus Bon Pasteur dont nous formons ensemble le troupeau des brebis. Quand on parle du Bon Berger, l’icône qui nous vient spontanément à l’esprit est celle que nous trouvons dans le chapitre 15 de l’évangile selon saint Luc :  c’est le berger de la parabole de la brebis perdue, plein de tendresse, de compassion, de douceur et miséricorde, attaché à ses brebis qu’il ne veut en perdre aucune. Ce berger est même en mesure de laisser dans la prairie les 99 brebis pour aller chercher la seule qui s’est perdue, et quand il la retrouve, tout joyeux, il la met sur ses épaules et la ramène au bercail et fait la fête.

L’évangile selon saint Jean lui nous présente un autre visage du Bon Berger : il s’agit d’un berger combatif, qui n’hésite pas à montrer sa force pour défendre ses brebis, surtout quand il les voit en danger. Ce berger est déterminé, prêt à affronter les loups, les voleurs qui osent menacer son troupeau. Il est prêt à donner sa vie pour ses brebis qu’il connait personnellement et appelle chacune par son nom. Ce Bon Berger est au milieu de ses brebis au point, comme dit le pape François, d’en porter sur lui l’odeur.

Jésus nous rappelle que le Vrai Berger est différent du berger-mercenaire qui fait tout par intérêt et pour un salaire ! Le berger-mercenaire ne veut surtout pas risquer pas sa vie pour les brebis parce qu’elles ne lui appartiennent pas. Quand arrive le danger, l’ours des Pyrénées, le mercenaire s’enfuit car il n’aime pas le troupeau au point de lui sacrifier sa propre vie. S’il est au milieu du troupeau, c’est pour son salaire ! Ce n’est pas le bonheur des brebis qui est le moteur premier de son engagement. Le mercenaire, s’il meure sur le champ de bataille, ce n’est pas parce qu’il a décidé de donner sa vie, mais s’est seulement parce qu’il a manqué la possibilité de se sauver.

Chacun de nous devrait se demander comment parfois dans sa vie de prêtre (moi en l’occurrence), de paroissien, de parent, de professionnel… se révèlent des attitudes du berger-mercenaire, c’est-à-dire, les circonstances dans lesquelles nous faisons des choses par pur intérêt personnel en évitant toute dimension de gratuité et de don. Jésus, Bon Berger, est l’opposé de tous ces bergers-mercenaires qui se cachent en chacun de nous et que nous rencontrons souvent dans le monde, voire même dans l’Eglise, comme le dénonçait le pape François il y a quelques années, quand lors ses vœux à la Curie Romaine, en nous mettant en garde contre 15 les maladies dont peuvent souffrir les pasteurs et les fidèles catholiques et qui affaiblissent l’Eglise !  Faisons attention car un berger mercenaire peut se cacher en chacun !

 Le Bon Berger, le vrai Pasteur connait chacun de nous par son prénom ! Dès notre conception, le Seigneur nous a choisis et appelé par chacun par son prénom ! Il sait de quoi nous sommes pétris ! Il connaît nos joies et nos peines. Sa seule présence me rassure et me met en confiance, comme nous le décrit le psaume 22 que nous avons écouté. Sa vie, personne ne la lui prend mais c’est lui-même qui la donne par amour ! Jésus, Bon Pasteur nous invite à écouter sa voix et à demeurer dans son Amour pour être dans la Joie parfaite.

Jésus bon Berger entre en nous par la porte. Il n’escalade pas la clôture et n’avance pas masqué ou cagoulé comme un voleur !  Pour nous rencontrer, Jésus passe forcément par la porte de notre cœur. Mais alors, est-ce que nous lui ouvrons la porte de notre cœur pour qu’il entre en nous ? « Je me tiens à la porte est je frappe, si quelqu’un m’ouvre son cœur, je demeurerai avec lui, et lui avec moi » nous dit Jésus. Il ne forcera pas la porte de notre cœur et respectera notre liberté intérieure de le laisser dehors ou de le laisser entrer ! Saint Augustin rappelle que si Dieu nous a créés sans nous, mais ne peut nous sauver sans nous, sans notre liberté ! Cela veut dire que pour nous sauver, Dieu a besoin de notre pleine liberté et collaboration. Ouvrons largement notre cœur à Jésus, Bon Pasteur qui ne veut que notre bonheur. Beaucoup de nos contemporains n’ouvrent pas leur cœur parce qu’ils ont peur d’un Jésus un moralisateur, celui du permis et du défendu, des interdits ! Nous oublions en cela que la foi chrétienne n’est pas une morale, mais d’abord la rencontre avec le Ressuscité. De cette rencontre naît ensuite naturellement une morale comme conséquence de la joie de notre rencontre avec Jésus.

Si Jésus Bon Berger vient en nous par la porte, il nous rappelle aussi qu’il est la Porte : la seule porte dont nous sommes sûrs qu’elle nous conduit au le Père. Il nous dit : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi ! » Je ne sais pas où  mènent les autres portes, je ne sais pas quel salut offre les autres religions par exemple, mais je sais que la porte que j’ai choisie, celle de Jésus Bon Pasteur me sauve et me conduit directement au Père Céleste ! C’est la grande chance que nous avons dans le christianisme.

Jésus rappelle aussi dans cet évangile que « les brebis écoutent sa voix ». Savons-nous toujours prêter attention, reconnaître et écouter la voix du Seigneur nous appelant par notre prénom, pour le suivre ? Sa voix nous interpelle, nous secoue, nous recadre ! Elle est parfois dure à entendre parce qu’elle est difficile à suivre, surtout quand elle nous appelle à revenir à lui et à quitter les petites joies superficielles et mensongères qui nous empêchent d’entrer dans la Joie parfaite.

Il y a aussi une dimension missionnaire dans cet évangile : « Ses brebis à lui, il les appelle chacun par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent parce qu’elles connaissent sa voix ». Jésus Bon Berger nous pousse dehors ! Il nous invite à une attitude missionnaire de sortie : sortir de nos certitudes figées, sortir des mensonges derrière lesquelles nous pouvons nous cacher parfois, sortir de nos églises, de nos lieux de cultes, de nos paroissiales, de nos maisons pour aller à la rencontre de nos frères et sœurs, sortir pour annoncer ailleurs la Bonne Nouvelle, par  notre témoignage à travers  des engagements qui transforment le monde, sortir de nos petits réseaux fermés et hermétiques qui sont devenus notre seule référence à travers laquelle nous jugeons les autres, l’Eglise et le monde, sortir de la spiritualité bien définie, autarcique et statique de l’Ordre, la congrégation, le groupe, l’association ou le mouvement auquel j’appartiens et qui est devenu dans ma vie plus important que l’Evangile ! Sortie pour aller aux périphéries, comme nous y appelle le pape François ! Jésus Bon-Berger nous pousse dehors et nous invite à sortir pour être ses témoins dans le monde. C’est le message qu’il donne aux disciples quand il les envoie en mission après sa résurrection.

Seul Jésus est le Bon Pasteur, le vrai Berger. Nous autres, pasteurs, le pape, les évêques, les prêtres et les diacres, faisons aussi partie du troupeau et avec lui. Nous sommes, avec vous à la suite de Jésus qui nous parle, nous conduit, nous pousse dehors et nous fait sortir avec les qualités et les défauts les uns et des autres. Vous serez forcément déçus, chers paroissiens et chers amis, si, au lieu de fixer votre regard sur le Christ, le seul Bon et Vrai Pasteur, vous vous attachez à outrance sur un pape, un évêque, un curé, un prêtre, aussi saint et charismatique soit-il ! En ce dimanche du Bon Pasteur, prions pour nos pasteurs et pour que Jésus, Bon Pasteur donne à son Eglise des pasteurs selon son cœur.

Prions pour aussi les vocations ! Le Vrai Pasteur appelle chacun de nous à Le suivre. Le mariage est une saintevocation et si nous sommes en crise de foi aujourd’hui, n’est-ce pas aussi parce que la famille a cessé d’être ce lieu où on apprend, entre époux, avec les enfants, les parents, à écouter le Seigneur nous nous appelle à le suivre ! La famille est le milieu naturel et premier pour faire naitre toutes les vocations. Prions donc pour que nos familles deviennent des pépinières où chacun apprend à écouter la voix du Jésus qui nous appelle à le suivre ! Amen.