Mes chers frères et sœurs !

Le IV dimanche de Pâques, appelé aussi dimanche du Bon Pasteur est une invitation à prier pour les prêtres, les vocations sacerdotales et consacrées dans l’Eglise. C’est une occasion de méditer sur le sens de la vie donnée.  Notre vie est un don de Dieu. Elle ne s’accomplit, ne se déploie et ne s’épanouit pleinement que dans la mesure où elle est donnée à son tour. N’est-ce pas cela que vivent les pasteurs ? Les prêtres, sachant que leur vie est un don gratuit reçu de Dieu, ils la lui redonnent en se consacrant à Lui pour l’Eglise et pour le salut de toute l’humanité. La vie est l’opportunité donnée à chacun de nous d’apprendre à aimer. Cependant, ce désir d’aimer, enraciné en chacun de nous, est parfois étouffé par quelques paramètres négatifs de la vie personnelle tel que notre caractère, l’éducation reçue ! Cela n’enlève en rien le fait qu’aimer et être aimé, soit le désir le plus profond et le plus intense qu’il y a dans le cœur chacun de nous. Quand Jésus, dans l’évangile nous commande d’aimer, il nous demande de faire exactement ce que nous désirons au plus profond de nous !

Pourtant, nous nous rendons compte qu’au quotidien, l’amour porte en soi un immense lot de souffrances et des paradoxes. On en arrive même à tuer par amour, paraît-il! Est-ce possible ? Nous nous sentons profondément blessés quand notre amour est rejeté. Une petite fille de CM2 me l’a fait remarquer récemment. Elle était triste et en larmes parce qu’amoureuse d’un copain de classe qui la repousse et fait comme s’il ne la voyait pas ! Pensons à toutes ces personnes qui se donnent à fond dans une relation mais qui en sortent détruites parce que l’autre partie est égoïste, indifférente et insensible !

L’enjeu dans la vie, et plus encore de la vie chrétienne, est celui de vivre un amour inconditionnel, c’est-à-dire aimer sans poser des conditions, sans limites, sans calculs à l’exemple de Jésus. Mais, est-ce réaliste ou utopique ? Est-il humain ou héroïque d’être capables d’aimer les autres sans rien attendre d’eux en retour ? Ou alors, parce que cela paraît impossible, devons-nous nous protéger et barricader notre coeur, apprendre à être insensibles et tellement détachés pour ne pas souffrir à cause de l’amour ?

Pour aimer en vérité, Jésus est notre unique modèle à imiter. Ce qu’il propose est certainement plus réaliste que toutes les explications philosophiques et psychologiques sur l’amour. Jésus sait que les humains aiment avec une dose certaine d’égoïsme et d’amour propre, comme des mercenaires de l’évangile qui fuient devant les difficultés. L’amour humain, depuis toujours, est toujours mêlé à une dose plus ou moins grande d’égoïsme : nous en avons des exemples concrets et parlants au quotidien, dans notre propre vie si nous sommes honnêtes.

En ce dimanche du Bon Pasteur, je m’interroge personnellement sur la dose, consciente ou inconsciente d’égoïsme ou d’amour propre présente dans ma manière de me donner à Dieu, à l’Eglise, à la communauté paroissiale et au monde. Il m’appelle à une conversion personnelle chaque jour pour m’ajuster à son amour.  S’il vous plaît, priez pour vos pasteurs, ceux que vous désirez avoir, afin que leur vie soit toujours cet agapè, cet amour gratuit qui s’enracine dans le cœur de Jésus, l’Unique Bon Pasteur.

Mais, ne parlons pas que prêtres ! Quand je rencontre les fiancés qui défilent au presbytère pour demander le sacrement de mariage, ou lors des sessions de préparation au mariage, je réalise combien Jésus connait profondément le cœur de l’humain. « J’aime mon fiancé parce qu’il me rend heureux (se), je me sens bien avec lui » Quel narcissisme ! En d’autres mots, je pense aimer l’autre mais c’est moi-même qui m’aime à travers ce que l’autre me donne et me renvoie. Combien des parents, consciemment ou inconsciemment considèrent leurs enfants comme une extension d’eux-mêmes, une projection, une sorte de reproduction d’un autre soi-même, des papas qui vampirisent presque leurs enfants en les obligeant à réaliser ce qu’ils n’ont pas pu faire dans leur vie, pour combler ce sentiment d’échec sportif, professionnel, intellectuel, social qui les habitent… ?

En famille, dans le mariage comme dans les relations amicales, Dieu nous invite à résister à la tentation d’être calculateurs ou mercenaires. Il y a une attitude presque instinctive dans l’amour purement humain : nous cherchons d’abord à nous protéger et à sauvegarder nos intérêts, ensuite ceux des personnes que nous aimons, en afin ceux des autres. Un mercenaire, sur un champ de bataille, devant le danger de mort prend naturellement la fuite !  Il se bat pour l’argent et non par patriotisme. J’imagine bien, même si c’est difficile, un berger-éleveur propriétaire des montagnes qui essaye de se battre contre l’ours pyrénéen pour protéger ses brebis, mais je vois mal un mercenaire ne pas s’enfuir quand il voit arriver le gros et menaçant ours qui attaque le troupeau de son patron.

Chers amis, je vous invite à inscrire de manière indélébile ceci dans votre cœur : personne au monde ne pourra vous aimer gratuitement et sans égoïsme plus que Jésus. Aucun pape, évêque, prêtre, aucun mari, aucune épouse, aucun enfant, aucun ami…bref, personne ne nous aime gratuitement plus que Jésus. Il y aura toujours cette dose d’amour propre et d’égoïsme dans tout amour humain, parce que nous sommes tous pécheurs ! Seul Jésus nous aime véritablement de manière gratuite et sans calculs. C’est pour cela que les paroissiens devraient faire attention à leur attachement aux prêtres, tous de passage et imparfaits par nature, qui nous sont donnés dans nos paroisses (Gérard Batisse, Bogdan, Jean-Charles Demelles, Jean-Marie Miquel, Philippe Curbelié, Alain Madrange Jean-Barba, Etienne de Béranger, Marie-Pierre Barthez, René Agnero, Gaston Sendateze, rené Kouamé, Josselin, Joseph Dao ou Bavurha, ou les diacres comme Henri Fischer, Maurice Rochette, Michel Rémaury…).  Nous avons tous nos qualités, défauts et nos fragilités qui vous ont déçu, vous déçoivent ou vous décevront…  Rappelez-vous toujours que l’unique Vrai et le Bon Pasteur est Jésus. C’est à lui que nous devons nous attacher fermement car lui nous ne nous déçoit jamais, ne nous abandonne jamais : sur la croix, il nous accueille sans conditions avec ses bras ouverts et donne sa vie pour nous.

Pour nous apprendre à aimer, Jésus nous tire vers le haut et nous invite à vaincre notre égoïsme naturel. Il y a une sorte d’infantilisation de l’Amour de Dieu dans certains milieux chrétiens, quand nous cherchons un Dieu Baba Cool : un Dieu copain qui nous aime et qui se fiche de ce que nous faisons, de bon ou de mauvais ! Ce n’est pas une bonne vision de Dieu ! Parce que Dieu nous aime, il nous tire vers le haut. Un bon parent ne se réjouit pas de voir son enfant se détruire en vivant dans un libertinage qui tue au lieu de vivre dans la liberté vraie qui élève et fait grandir. Jésus nous aime pour que nous grandissions dans l’Amour. Si Jésus Bon Berger va à la recherche de la brebis perdue, c’est pour l’aider à rester dans le troupeau, avec les autres. Si Jésus Bon Pasteur donne sa vie pour nous, c’est pour que nous apprenions aussi à donner la nôtre pour les autres.

Prions aujourd’hui pour les prêtres, les vocations sacerdotales et consacrées. Prions pour que l’Eglise ait des prêtres qui, comme Jésus, donnent leur vie sans égoïsme, et qui sachent conduire chaque membre de l’Eglise à grandir en s’enracinant dans le cœur du Seul Vrai et Bon Pasteur qu’est Jésus. Amen.