Mes chers frères et sœurs !
Le IV dimanche de Pâques, appelé aussi dimanche du Bon Pasteur nous invite à prier pour les prêtres, les vocations sacerdotales et consacrées dans l’Eglise. C’est une occasion de méditer sur le sens d’une vie donnée pour les autres et regarder objectivement sa propre vie en se demandant si notre vie est donnée ou pas. La vie est un donde Dieu et ne s’accomplit, ne se déploie et ne s’épanouit que dans la mesure où elle est donnée. La vie est l’opportunitédonnée à chacun de nous d’apprendre à aimer. Nous savons tous cependant combien ce désir d’aimer est conditionné par quelques paramètres plus ou moins positifs ou négatifs tel que notre caractère, l’éducation reçue, le contexte social… Mais, aimer et être aimé est notre dominateur commun et quandJésus, dans l’évangile nous commande d’aimer, il nous demande de faire exactement ce que nous désirons au plus profond de nous-même !
Pourtant, nous savons tous qu’au quotidien et dans la pratique l’amour porte en soi un immense lot de souffranceset des paradoxes. L’amour est l’un des mots les plus polysémiques qui soient, avec la dignité. Nous pouvons tuer quelqu’un, euthanasier, par amour et pour respecter la dignité d’une personne. Comme c’est paradoxal ! Un criminel pourra aussi dire qu’il a commis le meurtre de sa compagne parce qu’il l’aimait trop et ne supportait pas que quelqu’un d’autre la regarde ou qu’elle regarde quelqu’un d’autre ? Nous souffrons quand notre amour est rejeté. Une petite fille du KT me disait récemment être triste et en larmes parce qu’amoureuse d’un copain de classe qui la repousse ! A 8 ans déjà ! Pensons à toutes ces personnes qui se donnent à fond dans une relation mais qui en sortent détruites parce que la personne en face esttrop égoïste, trop indifférente et trop insensible !
Jésus, le Bon Pasteur nous invite à vivre un amour inconditionnel, c’est-à-dire aimer sans poser des conditions, sans limites, sans calculs. Mais, est-ce réaliste ou utopique ? Est-il humain ou héroïque d’être capables d’aimer les autres sans rien attendre d’eux en retour ? Nous savons tous le bien que ça nous fait de recevoir quelque signe de reconnaissance, de gratitude, surtout quand nous ne nous y attendions pas.Pour ne pas être blessé en amour, on nous dit que nous devons nous protéger et barricader notre coeur, apprendre à être insensibles et tellement détachés pour ne pas souffrir à cause de l’amour ? Certains gourous du développement personnel nous y invitent et de plus en plus, nous refusons de souffrir en amour et je pense que la situation de la famille et les séparations des couples aujourd’hui est dû en partie par ce refus de toute forme de la souffrance en amour.
Pour aimer en vérité, Jésus est notre unique modèle à imiter. Je le vois sur la croix : il souffre terriblement, mais il aime aussi infiniment. Jésus sait aussi nous aimons avec une dose certaine d’égoïsme et d’amour propre parce que nous sommes marqués par le péché et nous avons besoin de la grâce du Seigneur pour aimer comme lui. L’amour humain, depuis toujours, est toujours mêlé à une dose plus ou moins grande d’égoïsme : nous en avons des exemples concrets et parlantsau quotidien, dans notre propre vie si nous sommes honnêtes.
Ce dimanche du Bon Pasteur, je réfléchispersonnellement sur la dose, consciente ou inconsciente d’égoïsme ou d’amour propre présente dans ma manière de me donner à Dieu, à l’Eglise, à la communauté paroissiale et au monde, et quelle conversion personnelle opérer pour m’ajuster à l’amour du Christ. C’est chaque jour que chacun de nous est appelé à grandir en amour.
Lors des préparations au mariage, nos échanges avec les fiancés témoignent de cette difficulté à aimer sans égoïsme. « J’aime mon fiancé parce qu’il me rend heureux (se), je me sens bien avec lui, il fait tellement attention à moi ». En d’autres mots, je pense aimer l’autre mais c’est moi-même qui m’aime à travers ce que l’autre me donne et me renvoie.Certains parents, consciemment ou inconsciemment considèrent leurs enfants comme une extension d’eux-mêmes, une projection, une sorte de reproduction d’un autre soi-même : des papas qui vampirisent leurs enfants en les obligeant à réaliser ce qu’ils n’ont pas pu faire dans leur vie, pour combler ce sentiment d’échec sportif, professionnel, intellectuel, social qui les habitent…? Je me souviens de la lettre de ce jeune collégien confirmand dans une école catho de la ville qui écrivait à l’évêque faisait du rugby mais que chaque fois qu’il allait aux entrainement, il avait la boule au ventre parce qu’obligé à le faire par ses parents : son papa n’a pas pu être un joueur pro, voulait que son enfant le devienne. Du coup, chaque entrainement était une torture pour ce jeune.
Rappelons-nous que personne au monde ne pourra nous aimer gratuitement et sans égoïsme plus que Jésus. Aucun pape, évêque, prêtre, aucun mari, aucune épouse, aucun enfant, aucun ami…bref, personne ne nous aime gratuitement plus que Jésus. Seul Jésus nous aime véritablement de manière gratuite et sans calculs. Et si c’est le cas, je me demande pourquoi nous résistons et refusons même de nous laisser aimer par le Christ. Jésus nous aime d’un amour infini et sans condition ! Attachons-nous au Christ !
Attention à l’attachement parfois démesuré que nous avons aux prêtres, à certains prêtres ! Je vous le redis, vos pasteurs sont tous de passage et tous imparfaits par nature. J’entends souvent : « A l’époque du père Gérard Batisse, Bogdan, Jean-Charles Demelles, Jean-Marie Miquel, Philippe Curbelié, Alain Madrange Jean-Barba, Etienne de Béranger,Bodgan Marie-Pierre Barthez, René Agnero, Gaston Sendateze, René Kouamé, Josselin, Joseph Dao, Willy, Vital,ou Bavurha… comme c’était bien ! Tous ces pasteurs d’énormes qualités, mais savons reconnaître aussi leursdéfauts et fragilités qui vous ont déçu, vous déçoivent ou vous décevront encore… N’oublions jamais que l’unique que Jésus est Bon Pasteur. C’est à lui que nous devons nous attacher fermement car lui ne nous décevra et ne nous abandonnera jamais : sur la croix, il a les bras ouvert et il nous accueille sans conditions.
Pour nous apprendre à aimer, Jésus nous tire vers le hautet nous invite à vaincre notre égoïsme naturel. Jésus nous aimeet veut que nous grandissions dans l’Amour. Si Jésus Bon Berger va à la recherche de la brebis perdue, c’est pour l’aider à rester dans le troupeau, avec les autres. Si Jésus Bon Pasteur donne sa vie pour nous, c’est pour que nous apprenions aussi à donner la nôtre pour les autres.
Prions pour nos pasteurs, les vocations sacerdotales et consacrées. Prions pour que l’Eglise ait des prêtres, religieux et religieuses, mais prions pour que ceux-ci viennent de nos familles. Il parait les vocations, c’est parfois comme l’autoroute : nous voulons des voies rapides, des autoroutes pour nous faciliter la circulation mais nous ne voulons pas du bruit à côté de chez nous. Nous avons besoin de prêtres, des consacrés, mais nous ne voulons surtout pas qu’ils soient pris dans notre propre famille, surtout pas notre propre enfant. Demandons aujiurd’hui au Seigneur de nous donner des vocations parce que nous en besoin et qu’il les prenne dans nos propres familles. Amen.